Outre les articles consacrés à l'actualité, aux interviews et à l'agenda de nos auteurs, voici les livres dont j'ai fait le compte-rendu sur ce blog au cours de l'année 2009 :
Ouvrage collectif, "L'école des Belges : dix romanciers d'aujourd'hui" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/02/lecole-des-belges-dix-romanciers.html
BERTRAND Rémi, "La mandarine blanche" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/06/la-mandarine-blanche-remi-bertrand.html
BERTRAND Rémi, "Coxyde" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/10/coxyde-remi-bertrand.html
DESESSARTS Robert, "Sur les pas des écrivains en Hainaut" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/03/sur-les-pas-des-ecrivains-en-hainaut.html
DE XHAVEE Edmée, "Les Romanichels" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/02/les-romanichels-edmee-de-xhavee.html
DUSAUSOIT Yves, "Sur les pas des écrivains de la Mer du Nord"
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/02/sur-les-pas-des-ecrivains-de-la-mer-du.html
GUNZIG Thomas, "A part moi, personne n'est mort" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/10/part-moi-personne-nest-mort-thomas.html
HOUDART Françoise, "...née Pélagie D." :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/12/nee-pelagie-d-francoise-houdart.html
JOB Armel, "Helena Vannek" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/04/helena-vannek-armel-job.html
LEROY Vincent, "Le poète belge Emile Verhaeren" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/09/le-poete-belge-emile-verhaeren-vincent.html
MERCIER Jacques, "Un équilibre fragile" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/08/un-equilibre-fragile-jacques-mercier.html
NYS-MAZURE Colette, "L'enfant neuf" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/02/lenfant-neuf-de-colette-nys-mazure.html
NYS-MAZURE Colette et HENNING Christophe : "La liberté de l'amour" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/06/la-liberte-de-lamour-c-nys-mazure-et-c.html
NYS-MAZURE Colette, "Secrète présence" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/11/secrete-presence-colette-nys-mazure.html
NYS-MAZURE Colette, "Contes d'espérance" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/12/contes-desperance-colette-nys-mazure.html
SCHMITT Eric-Emmanuel, "L'enfant de Noë" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/04/lenfant-de-noe-eric-emmanuel-schmitt.html
SCHMITT Eric-Emmanuel, "Oscar et la dame rose" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/11/oscar-et-la-dame-rose-eric-emmanuel.html
VERSCHOORE Nicole, "Les parchemins de la tour" :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/09/les-parchemins-de-la-tour-nicole.html
ZUMKIR Michel, "Amélie Nothomb de A à Z : portrait d'un monstre littéraire"
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/08/amelie-nothomb-de-a-z-portrait-dun.html
J'ai également consacré deux articles à l'écrivain René Henoumont (décédé en septembre 2009):
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/09/deces-de-rene-henoumont.html
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/10/chroniques-de-rene-henoumont.html
Rendez-vous à l'année prochaine...
mardi 29 décembre 2009
lundi 21 décembre 2009
"Contes d'espérance" (Colette Nys-Mazure)
Née en 1939 à Wavre, Colette Nys-Mazure vit au bord de l'Escaut dans le Tournaisis (Belgique). Elle est titulaire d'une maîtrise de lettres modernes de l'Université Catholique de Louvain. Longtemps professeur de français, elle donne régulièrement des conférences et continue d'animer des ateliers d'écriture et de lecture. Sa première publication date de 1975. Si la poésie reste son territoire privilégié, elle écrit aussi du théâtre, des nouvelles, des essais et des livres pour jeunesse.
Dans cet ouvrage paru en 1998, Colette Nys-Mazure nous présente 19 contes qui n'ont rien de fantastique ou d'irréel. Elle a puisé l'inspiration dans notre vie quotidienne et raconte l'histoire de personnes ordinaires qui souffrent (dans tous les sens du terme) à l'approche de Noël : Françoise qui a perdu l'appétit de vivre, Antoinette qui attend la naissance d'un enfant avant de mourir, Laura et le chat perdu, Mr Brice qui redonne le goût d'apprendre à deux cancres rencontrés dans la rue, Chantal et son amour impossible pour un homme marié, Mme Bravoure qui n'a plus d'énergie suite au décès de son mari, Antoine et son premier Noël sans sa maman, etc. J'ai parfois eu l'impression d'y reconnaître certaines de mes connaissances dont l'issue de leurs problèmes n'a pas toujours été aussi heureuse...
Des lecteurs reprocheront probablement l'abondance de bons sentiments, les happy end systématiques et les références chrétiennes de ce livre, mais ce n'est pas mon cas. A l'image de Colette Nys-Mazure, ces 19 nouvelles nous incitent à mieux apprécier les joies simples de notre quotidien et apportent de la douceur, de l'amour, de la sagesse et de l'espérance dans un monde qui en manque si souvent... Si des lecteurs traversant une épreuve difficile retrouvent un peu de courage après avoir lu cet ouvrage, Colette Nys-Mazure aura, selon moi, atteint son objectif.
P.S. Cliquer ci-dessous sur le libellé "Nys-Mazure Colette" pour lire mes autres articles sur cet auteur.
Dans cet ouvrage paru en 1998, Colette Nys-Mazure nous présente 19 contes qui n'ont rien de fantastique ou d'irréel. Elle a puisé l'inspiration dans notre vie quotidienne et raconte l'histoire de personnes ordinaires qui souffrent (dans tous les sens du terme) à l'approche de Noël : Françoise qui a perdu l'appétit de vivre, Antoinette qui attend la naissance d'un enfant avant de mourir, Laura et le chat perdu, Mr Brice qui redonne le goût d'apprendre à deux cancres rencontrés dans la rue, Chantal et son amour impossible pour un homme marié, Mme Bravoure qui n'a plus d'énergie suite au décès de son mari, Antoine et son premier Noël sans sa maman, etc. J'ai parfois eu l'impression d'y reconnaître certaines de mes connaissances dont l'issue de leurs problèmes n'a pas toujours été aussi heureuse...
Des lecteurs reprocheront probablement l'abondance de bons sentiments, les happy end systématiques et les références chrétiennes de ce livre, mais ce n'est pas mon cas. A l'image de Colette Nys-Mazure, ces 19 nouvelles nous incitent à mieux apprécier les joies simples de notre quotidien et apportent de la douceur, de l'amour, de la sagesse et de l'espérance dans un monde qui en manque si souvent... Si des lecteurs traversant une épreuve difficile retrouvent un peu de courage après avoir lu cet ouvrage, Colette Nys-Mazure aura, selon moi, atteint son objectif.
P.S. Cliquer ci-dessous sur le libellé "Nys-Mazure Colette" pour lire mes autres articles sur cet auteur.
lundi 14 décembre 2009
"...née Pélagie D." (Françoise Houdart)
Née à Boussu (Hainaut) en 1948, Françoise Houdart est la petite-fille d'un mineur et a passé son enfance au pied des terrils du Borinage. Mariée, mère de trois enfants, elle est traductrice de formation et a ensuite été professeur d'allemand dans l'enseignement supérieur à Mons. Paru en 1996, "...née Pélagie D." est son cinquième roman. Elle a été admise au sein de l'Association des Ecrivains Belges de langue française.
Ce roman très bien écrit se passe à bord du ferry "Prins Filip" entre Ostende et Douvres. C'est la première fois que Pélagie Depluvrée voit la Mer du Nord. Au cours de la traversée, elle rencontre un autre septuagénaire Maximilien Debos dont l'épouse l'a quitté le jour de sa retraite. Pélagie lui raconte sa vie : ses cours de géographie, sa nuit de noces, sa collection de cartes postales de la Mer du Nord, son défunt époux alcoolique Oscar, son inscription à l'Université du Temps Libre, ses enfants Louise et Bernard, son permis de conduire passé à plus de septante ans, sa mémorisation des horaires de train, etc.
J'ai eu l'impression que l'auteur souhaitait rendre hommage à toutes ces femmes des anciennes générations dont le seul horizon était leur vie de mère au foyer à l'ombre de leur époux. Voici un extrait révélateur du livre : "J'en ai toujours eu conscience : j'aurais pu être quelqu'un... Autre chose que Pélagie. J'aurais pu être institutrice! On l'avait dit à mon père. Institutrice... On aurait écrit mon nom, Pélagie Depluvrée, en haut d'un registre de classe, sur la couverture des bulletins des enfants... J'aurais signé de mon nom, le mien, sous la rubrique "Le titulaire de classe"... Et rien n'aurait été possible sans cela. Mais je n'ai été que Pélagie, madame Oscar Galant, et ma signature pouvait se résumer à une croix en-dessous de celle d'Oscar, l'époux, titulaire du titre. Rien ne pourra jamais racheter toute la vexation, les petites injustices journalières, le manque à vivre et à gagner".
Cela m'a fait penser à l'histoire de ma grand-mère maternelle qui rêvait d'être puéricultrice. Mais ses parents lui avaient répondu que savoir cuisiner et coudre était suffisant pour une femme au foyer. Elle s'est rattrapée en nous élevant, mon frère et moi, avec beaucoup d'amour, de patience et de tendresse.
La fin du roman de Françoise Houdart m'a un peu déçu. Je m'attendais à un épilogue plus heureux : Pélagie et Maximilien auraient décidé de passer ensemble le reste de leur vie de l'autre côté de l'Atlantique...
Ce roman très bien écrit se passe à bord du ferry "Prins Filip" entre Ostende et Douvres. C'est la première fois que Pélagie Depluvrée voit la Mer du Nord. Au cours de la traversée, elle rencontre un autre septuagénaire Maximilien Debos dont l'épouse l'a quitté le jour de sa retraite. Pélagie lui raconte sa vie : ses cours de géographie, sa nuit de noces, sa collection de cartes postales de la Mer du Nord, son défunt époux alcoolique Oscar, son inscription à l'Université du Temps Libre, ses enfants Louise et Bernard, son permis de conduire passé à plus de septante ans, sa mémorisation des horaires de train, etc.
J'ai eu l'impression que l'auteur souhaitait rendre hommage à toutes ces femmes des anciennes générations dont le seul horizon était leur vie de mère au foyer à l'ombre de leur époux. Voici un extrait révélateur du livre : "J'en ai toujours eu conscience : j'aurais pu être quelqu'un... Autre chose que Pélagie. J'aurais pu être institutrice! On l'avait dit à mon père. Institutrice... On aurait écrit mon nom, Pélagie Depluvrée, en haut d'un registre de classe, sur la couverture des bulletins des enfants... J'aurais signé de mon nom, le mien, sous la rubrique "Le titulaire de classe"... Et rien n'aurait été possible sans cela. Mais je n'ai été que Pélagie, madame Oscar Galant, et ma signature pouvait se résumer à une croix en-dessous de celle d'Oscar, l'époux, titulaire du titre. Rien ne pourra jamais racheter toute la vexation, les petites injustices journalières, le manque à vivre et à gagner".
Cela m'a fait penser à l'histoire de ma grand-mère maternelle qui rêvait d'être puéricultrice. Mais ses parents lui avaient répondu que savoir cuisiner et coudre était suffisant pour une femme au foyer. Elle s'est rattrapée en nous élevant, mon frère et moi, avec beaucoup d'amour, de patience et de tendresse.
La fin du roman de Françoise Houdart m'a un peu déçu. Je m'attendais à un épilogue plus heureux : Pélagie et Maximilien auraient décidé de passer ensemble le reste de leur vie de l'autre côté de l'Atlantique...
mercredi 9 décembre 2009
Récompenses pour nos auteurs
1° Le Prix Rossel 2009 a été attribué à l'écrivain liégeois Serge Delaive pour son roman "Argentine".
2° Jacqueline Harpman a obtenu le Prix littéraire des bibliothèques de la Ville de Bruxelles 2009 pour son roman "Ce que Dominique n'a pas su".
3° Le Prix International Guillevic-Ville de Saint-Malo 2009 a été attribué à l'unanimité à Liliane Wouters pour l'ensemble de son oeuvre poétique. Le même jour, à Saint-Malo, le prix Georges Peros a couronné un autre de nos poètes, Philippe Mathy.
4° Eric Brogniet vient de recevoir le prix Gauchez-Philippot 2009 (620 euros), consacré cette année à la poésie, pour son recueil "Ce fragile aujourd'hui".
5° A la Maison de la poésie de Saint-Quentin en Yvelines (France), notre compatriote Michel Voiturier a reçu le Prix Poés'Yvelines 2009 pour son recueil "Dits en plein désert".
6° Enfin, mon coup de coeur va en particulier à l'écrivain liégeois Nicolas Ancion qui a reçu le Prix Rossel des Jeunes 2009 pour son dernier roman, "L'homme qui valait 35 milliards", dont je vous avais annoncé la sortie sur ce blog. J'ai également eu le plaisir de rencontrer Nicolas à la Foire du Livre de Bruxelles en mars dernier et il a déjà fait quelques passages sur mes blogs. Bravo Nicolas!
2° Jacqueline Harpman a obtenu le Prix littéraire des bibliothèques de la Ville de Bruxelles 2009 pour son roman "Ce que Dominique n'a pas su".
3° Le Prix International Guillevic-Ville de Saint-Malo 2009 a été attribué à l'unanimité à Liliane Wouters pour l'ensemble de son oeuvre poétique. Le même jour, à Saint-Malo, le prix Georges Peros a couronné un autre de nos poètes, Philippe Mathy.
4° Eric Brogniet vient de recevoir le prix Gauchez-Philippot 2009 (620 euros), consacré cette année à la poésie, pour son recueil "Ce fragile aujourd'hui".
5° A la Maison de la poésie de Saint-Quentin en Yvelines (France), notre compatriote Michel Voiturier a reçu le Prix Poés'Yvelines 2009 pour son recueil "Dits en plein désert".
6° Enfin, mon coup de coeur va en particulier à l'écrivain liégeois Nicolas Ancion qui a reçu le Prix Rossel des Jeunes 2009 pour son dernier roman, "L'homme qui valait 35 milliards", dont je vous avais annoncé la sortie sur ce blog. J'ai également eu le plaisir de rencontrer Nicolas à la Foire du Livre de Bruxelles en mars dernier et il a déjà fait quelques passages sur mes blogs. Bravo Nicolas!
Libellés :
Ancion Nicolas
,
Harpman Jacqueline
,
Prix littéraires
,
Voiturier Michel
mercredi 2 décembre 2009
Micheline Boland
Née en 1946, Micheline Boland est psychologue retraitée et habite Mont-sur-Marchienne dans la province du Hainaut. Outre ses talents de conteuse, elle collabore au site www.carolo.be , elle participe à de nombreux concours littéraires et en a remporté plusieurs d'entre eux. Depuis 2004, plusieurs de ses livres ont été publiés par les Editions Chloé des Lys : "Contes à travers les saisons", "Comment rendre votre quotidien plus plaisant", "Nouvelles à travers les saisons", "Nouvelles à travers les passions" et "Nouvelles entre chien et loup". Plus d'infos sur son site Internet (http://homeusers.brutele.be/bolandecrits/divers.html) et sur son blog (http://micheline-ecrit.blogspot.com).
Novembre 2009 marque la sortie de son cinquième livre : "Nouvelles à fleur de peau" (éditions Chloé des Lys). Ces 21 nouvelles mettent en scène des personnes à fleur de peau face à des situations qu'on peut rencontrer dans la vie de tous les jours. De nombreux thèmes sont évoqués dans cet ouvrage agréable à lire : la relation belle-mère/belle-fille, Internet, les enfants battus, la retraite, les liens intergénérationnels, les critiques littéraires, etc. Voici l'article de Cathy Bonte sur ce livre : http://cathybonte.over-blog.com/article--nouvelles-a-fleur-de-peau-de-micheline-boland-40253358.html
A lire également : la Belgique de Micheline Boland (http://journalpetitbelge.blogspot.com/2008/09/la-belgique-de-micheline-boland.html)
Novembre 2009 marque la sortie de son cinquième livre : "Nouvelles à fleur de peau" (éditions Chloé des Lys). Ces 21 nouvelles mettent en scène des personnes à fleur de peau face à des situations qu'on peut rencontrer dans la vie de tous les jours. De nombreux thèmes sont évoqués dans cet ouvrage agréable à lire : la relation belle-mère/belle-fille, Internet, les enfants battus, la retraite, les liens intergénérationnels, les critiques littéraires, etc. Voici l'article de Cathy Bonte sur ce livre : http://cathybonte.over-blog.com/article--nouvelles-a-fleur-de-peau-de-micheline-boland-40253358.html
A lire également : la Belgique de Micheline Boland (http://journalpetitbelge.blogspot.com/2008/09/la-belgique-de-micheline-boland.html)
mardi 24 novembre 2009
"Oscar et la dame rose" (Eric-Emmanuel Schmitt)
"Oscar et la dame rose" est un livre qui se lit en une petite heure. Il contient des lettres adressées à Dieu par un enfant de dix ans atteint d'une leucémie et qui sait qu'il va mourir. Elles ont été retrouvées par Mamie Rose qui vient lui rendre visite à l'hôpital pour enfants. Elle est la seule à ne pas lui cacher la vérité sur son état de santé, contrairement à ses parents, aux médecins et aux infirmières. Les lettres décrivent douze jours de la vie d'Oscar, chaque journée correspondant à une décennie. Les trois derniers jours, il avait posé une pancarte sur sa table de chevet : "Seul Dieu a le droit de me réveiller". La fin du récit est prévisible dès la première page : le petit garçon quitte notre monde. Malgré la gravité de la situation, "Oscar et la dame rose" est un livre rempli d'optimisme, de sincérité et d'humour. L'émotion y est présente également mais ce n'est pas un ouvrage larmoyant. Eric-Emmanuel Schmitt tente de nous faire accepter la maladie et la mort. Pour terminer, j'ai relevé un extrait du livre qui correspond bien à son esprit : "La souffrance physique, on la subit. La souffrance morale, on la choisit". Une vraie leçon de vie...
A lire également :
Eric-Emmanuel Schmitt, un nouveau Belge célèbre : http://journalpetitbelge.blogspot.com/2008/06/un-nouveau-belge-clbre-eric-emmanuel.html
Mon compte-rendu du livre "L'enfant de Noë" d'Eric-Emmanuel Schmitt :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/04/lenfant-de-noe-eric-emmanuel-schmitt.html
Interview d'Eric-Emmanuel Schmitt :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/05/interview-de-lecrivain-belge-eric.html
A lire également :
Eric-Emmanuel Schmitt, un nouveau Belge célèbre : http://journalpetitbelge.blogspot.com/2008/06/un-nouveau-belge-clbre-eric-emmanuel.html
Mon compte-rendu du livre "L'enfant de Noë" d'Eric-Emmanuel Schmitt :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/04/lenfant-de-noe-eric-emmanuel-schmitt.html
Interview d'Eric-Emmanuel Schmitt :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/05/interview-de-lecrivain-belge-eric.html
jeudi 19 novembre 2009
Agenda de Colette Nys-Mazure
A l'occasion de la sortie de ses livres "Courir sous l'averse" et "Noël en ce monde : contes pour aujourd'hui", vous pourrez rencontrer l'auteur belge Colette Nys-Mazure :
- Jeudi 19 novembre 2009 de 16h à 18h : Séance de dédicaces à la Librairie Saint-Paul à Lyon.
- Vendredi 20 novembre 2009 à 16h : Séance de dédicaces à la Librairie Furet du Nord à Lille.
- Samedi 28 novembre 2009 de 15h à 17h : Séance de dédicaces à la Librairie Decallonne à Tournai.
- Mardi 8 décembre 2009 à 17h : Rencontre avec Colette à Libris Agora à Louvain-la-Neuve autour de ses deux derniers ouvrages : "Courir sous l'averse" et "Noël en ce monde".
- Vendredi 11 décembre 2009 à 18h : Rencontre avec Colette autour de son livre "Courir sous l'averse" à la Librairie Siloë à Liège (inscription nécessaire).
- Samedi 12 décembre 2009 à 13h30 : Rencontre avec Colette autour d'un de ses contes de Noël à la Librairie Siloë à Liège (inscription nécessaire).
- Samedi 19 décembre 2009 à 15h30 : Lecture de contes de Noël par Colette à la Librairie UPOC d'Auderghem (14-16, avenue Gustave Demey). Réservation souhaitée.
Cliquez ci-dessous sur "Nys-Mazure Colette" pour lire mes autres articles sur cet auteur.
- Jeudi 19 novembre 2009 de 16h à 18h : Séance de dédicaces à la Librairie Saint-Paul à Lyon.
- Vendredi 20 novembre 2009 à 16h : Séance de dédicaces à la Librairie Furet du Nord à Lille.
- Samedi 28 novembre 2009 de 15h à 17h : Séance de dédicaces à la Librairie Decallonne à Tournai.
- Mardi 8 décembre 2009 à 17h : Rencontre avec Colette à Libris Agora à Louvain-la-Neuve autour de ses deux derniers ouvrages : "Courir sous l'averse" et "Noël en ce monde".
- Vendredi 11 décembre 2009 à 18h : Rencontre avec Colette autour de son livre "Courir sous l'averse" à la Librairie Siloë à Liège (inscription nécessaire).
- Samedi 12 décembre 2009 à 13h30 : Rencontre avec Colette autour d'un de ses contes de Noël à la Librairie Siloë à Liège (inscription nécessaire).
- Samedi 19 décembre 2009 à 15h30 : Lecture de contes de Noël par Colette à la Librairie UPOC d'Auderghem (14-16, avenue Gustave Demey). Réservation souhaitée.
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mercredi 18 novembre 2009
Foire du Livre Belge à Uccle
La 7ème Foire du Livre Belge aura lieu le week-end des 20-21-22 novembre 2009 au Centre Culturel d'Uccle (47, rue Rouge à Uccle) et aura pour thème "Les sentiments" (amour, colère, envie, frustration, bien-être, etc). Parmi les auteurs belges présents, citons Jacqueline Harpman, Jean Tordeur, Alain Berenboom, Xavier Deutsch, Nicole Verschoore, Daniel Charneux, etc. Côté bande dessinée, Jean Van Hamme et Frédéric Jannin, entre autres, sont attendus pour une séance de dédicaces. L'entrée est gratuite. Plus d'infos sur http://www.ccu.be/ .
vendredi 13 novembre 2009
Tournai La Page 2009
La 15ème édition du salon Tournai La Page 2009 aura lieu ces samedi 14 et dimanche 15 novembre 2009 à la Halle aux Draps sur la grand-place de Tournai (de 10h à 19h). Parmi les nombreux auteurs belges présents, citons Micheline Boland, Jean Botquin, Bob Boutique, Elisa Brunne, Colette Cambier, Bruno Coppens, Jacques Goyens, Philippe Mathy, Colette Nys-Mazure, Jean-Luc Outers, Françoise Pirart, Stéphane Steeman, etc.
De nombreuses activités littéraires auront lieu en marge de Tournai La Page 2009 : le 60ème anniversaire du groupe Unimuse qui rassemble des écrivains du Tournaisis (www.unimuse.be), le Prix de la Nouvelle Historique (thème 2009 : La missive oubliée), un hommage au poète Robert-Lucien Geeraert au Conservatoire de la Ville de Tournai, une exposition sur Gilbert Delahaye à la bibliothèque de la Ville de Tournai, un hommage à Paul André (décédé fin 2008), etc. Plus d'infos sur www.lesamisdetournai.be .
De nombreuses activités littéraires auront lieu en marge de Tournai La Page 2009 : le 60ème anniversaire du groupe Unimuse qui rassemble des écrivains du Tournaisis (www.unimuse.be), le Prix de la Nouvelle Historique (thème 2009 : La missive oubliée), un hommage au poète Robert-Lucien Geeraert au Conservatoire de la Ville de Tournai, une exposition sur Gilbert Delahaye à la bibliothèque de la Ville de Tournai, un hommage à Paul André (décédé fin 2008), etc. Plus d'infos sur www.lesamisdetournai.be .
samedi 7 novembre 2009
Récompense pour Jean-Philippe Toussaint
Le Prix Décembre 2009 a été attribué mardi à l'écrivain belge Jean-Philippe Toussaint pour "La vérité sur Marie" (éditions Minuit). Jean-Philippe Toussaint a été récompensé au premier tour du scrutin par 7 voix contre 3 à Philippe Besson pour "Mais le fleuve tuera l'homme blanc" et 2 à Simon Leberati pour "L'hyper-Justine". Ecrivain et réalisateur belge de langue française, Jean-Philippe Toussaint est né le 29 novembre 1957 à Bruxelles. Il est l'auteur de neuf romans, tous publiés aux éditions de Minuit, et se situe, selon la critique, dans la continuité du nouveau roman qui a fait la réputation de la maison. Après des études de sciences politiques et d'histoire contemporaine, Jean-Philippe Toussaint publie en 1985 son premier roman, "La salle de bain", dont le héros reclus dans sa salle de bains rappelle les personnages de Samuel Beckett.
Personnellement, je n'ai jamais lu un livre de Jean-Philippe Toussaint et ne peux donc émettre un avis à son sujet, mais je suis toujours très heureux lorsqu'un de nos compatriotes se voit récompensé.
Personnellement, je n'ai jamais lu un livre de Jean-Philippe Toussaint et ne peux donc émettre un avis à son sujet, mais je suis toujours très heureux lorsqu'un de nos compatriotes se voit récompensé.
lundi 2 novembre 2009
"Secrète présence" (Colette Nys-Mazure)
Après "Célébration du quotidien", l'écrivain belge Colette Nys-Mazure s'interroge sur quelle présence nous pouvons offrir à nos proches : ni trop près, ni trop loin, sans l'imposer ou réclamer des comptes. Elle revient sur son enfance marquée par le décès de ses parents et témoigne : "Je redoutais les adultes - souvent les parents de compagnes de classe ou des amis de la famille - qui me figeaient dans ma situation d'orpheline et me couvaient de regards compatissants. Envie de secouer cette chape de pitié et de courir rejoindre les insouciants dans la cour, sur la plage. Etre comme tout le monde. Ne pas me sentir marquée. Oui, il s'agit de ne pas entretenir le goût du malheur, mais de délivrer les sources, d'accompagner le chant profond de la vie toujours la plus forte".
Epouse, maman de cinq enfants et plusieurs fois grand-mère, Colette évoque les amis qu'on laisse en chemin, son amour de la famille ("Orpheline à sept ans, j'ai reçu de celle dont je suis issue amour et secours pour croître comme les autres. J'ai littéralement vécu de cette solidarité, j'y ai puisé des forces pour l'existence"), les difficultés à laisser ses enfants vivre leur propre vie ("Sans doute sommes-nous plus soucieux de donner des racines à nos enfants que de leur ouvrir les ailes"), le besoin d'un jardin secret pour tous, la vie de couple, la retraite, la place de la femme dans notre société, la vieillesse ("Dans les maisons pudiquement appelées de repos, certains ne reçoivent plus jamais un baiser et meurent de faim du coeur") et la mort.
J'apprécie beaucoup la sagesse, l'optimisme et l'humanisme de Colette qui nous donne "des leçons de vie", et nous fait profiter de son expérience et de ses erreurs. Ses conseils et remarques me font penser et m'interroger sur ma propre vie ou celle de mes proches. Cette phrase de Colette résume bien son livre : "Trouver sa place, la garder sans croire qu'on la perd lorsque le cercle familial, amical ou professionnel s'élargit ou se modifie, l'histoire de toute une vie, non?". Par ailleurs, n'oublions pas de signaler que ce livre est très bien écrit.
Enfin, Colette conclut son ouvrage par cette citation de Rilke : "Si ta vie quotidienne te paraît pauvre, ne l'accuse pas, accuse-toi plutôt. Dis-toi que tu n'es pas assez poète pour en convoquer les richesses".
P.S. Cliquez ci-dessous sur "Nys-Mazure Colette" pour relire mes précédents articles sur Colette
Epouse, maman de cinq enfants et plusieurs fois grand-mère, Colette évoque les amis qu'on laisse en chemin, son amour de la famille ("Orpheline à sept ans, j'ai reçu de celle dont je suis issue amour et secours pour croître comme les autres. J'ai littéralement vécu de cette solidarité, j'y ai puisé des forces pour l'existence"), les difficultés à laisser ses enfants vivre leur propre vie ("Sans doute sommes-nous plus soucieux de donner des racines à nos enfants que de leur ouvrir les ailes"), le besoin d'un jardin secret pour tous, la vie de couple, la retraite, la place de la femme dans notre société, la vieillesse ("Dans les maisons pudiquement appelées de repos, certains ne reçoivent plus jamais un baiser et meurent de faim du coeur") et la mort.
J'apprécie beaucoup la sagesse, l'optimisme et l'humanisme de Colette qui nous donne "des leçons de vie", et nous fait profiter de son expérience et de ses erreurs. Ses conseils et remarques me font penser et m'interroger sur ma propre vie ou celle de mes proches. Cette phrase de Colette résume bien son livre : "Trouver sa place, la garder sans croire qu'on la perd lorsque le cercle familial, amical ou professionnel s'élargit ou se modifie, l'histoire de toute une vie, non?". Par ailleurs, n'oublions pas de signaler que ce livre est très bien écrit.
Enfin, Colette conclut son ouvrage par cette citation de Rilke : "Si ta vie quotidienne te paraît pauvre, ne l'accuse pas, accuse-toi plutôt. Dis-toi que tu n'es pas assez poète pour en convoquer les richesses".
P.S. Cliquez ci-dessous sur "Nys-Mazure Colette" pour relire mes précédents articles sur Colette
jeudi 29 octobre 2009
Chroniques de René Henoumont
Suite au décès de René Henoumont en septembre dernier, "Le Soir Magazine" a la bonne idée de republier ses meilleures chroniques. En voici quatre d'entre elles.
"Premier article le 7 septembre 1944. Le lendemain, je découvre le grand meccano de l'imprimerie, le temps du plomb. On me balade de la "clicherie" à la rotative, mais ce sont les grandes tables de marbre empreintes d'encre qui me fascinent. C'est là que le journal, ligne après ligne, caractères mobiles pour les titres, est mis en forme. La mise en page d'un journal est comme une robe de mariée. On part des escarpins pour arriver à la couronne de roses. J'assimile le vocabulaire de l'atelier. Me voilà bombardé rédacteur au marbre, responsable d'un quotidien mis en page la nuit. Ces mois d'initiation, malgré les bombes volantes et la fin d'une guerre qui revint nous frapper de plein fouet en Ardenne, furent décisifs. Reste l'écriture, le plus important. L'essentiel est de toujours raconter une histoire. Un fait divers en dix lignes est un bref roman. Difficile d'écrire court! L'école du fait divers est la meilleure. Je l'ai apprise dans des locaux de la police liégeoise où le décor n'avait pas changé depuis le passage du petit Sim de la "Gazette de Liège", parti à Paris en 1922 pour s'y faire un nom : Simenon. Dans un hebdo, il faut cinq ans pour imposer une nouvelle chronique, malgré un départ foudroyant. J'ai commencé l'homme à la pipe au "Pourquoi pas?", au début des années 70, la mutation de l'hebdo étant assurée, par la "télé, ce chewing-gum de l'oeil". Et la semaine suivante : A la case Kafka (Reyers), seules les toilettes étaient humaines!".
"C'est fou ce que le journalisme séduit les jeunes. Deux chroniques à ce propos et on me demande comment l'on devient journaliste. J'ai conté mes débuts à la Libération, période exceptionnellement ouverte où fleurissait une presse nouvelle et où bien des aînés étaient en prison pour collaboration. C'est une génération qui aura appris le métier à chaud, sur le terrain. Ce n'est plus possible aujourd'hui. L'intérêt porté à l'économique, l'investigation, une presse plus pragmatique imposent le passage par les écoles. Hélàs, les places sont rares dans la presse écrite. C'est du côté de la radio, de la télé, du cinéma qu'un débutant aura le plus de chance. Est-ce à dire que la presse écrite est plus exigeante? Sans doute que oui! Les nouveaux médias privilégient l'image et la langue parlée. Ecrire n'est pas donné sans un peu de magie ; écrire court, c'est le plus difficile. Ecrire juste demande une attention sans faille. Un gourou parisien assurait que le journalisme était le degré zéro de l'écriture. Faux! Je vous cite dix grands écrivains, de Simenon à Hemingway, qui ont appris à écrire en journalisme, dix autres, de Vandromme à d'Ormesson, qui le sont restés tout en produisant une oeuvre littéraire considérable. Tout d'abord, savoir pour qui on écrit. Ce grand patron avait dans son bureau une photo de l'homme de la rue. C'est pour lui qu'il fallait écrire, oui da, mais à condition de ne pas considérer le lecteur comme un idiot. Répondre à "Où, quand, comment, pourquoi?", on connaît la règle. Il faut y ajouter sa petite musique. Il pleut est un constat, il pleuvait est le début d'une histoire. Dans les années 60, j'ai été personnellement fasciné par ce journaliste américain qui, depuis sa cabane dans les Rocheuses où il pêchait, chassait, écrivait, rédigeait en plus un édito hebdomadaire d'un feuillet tiré à mille exemplaires sur une petite presse à pédales. Ses abonnés? Tout ce qui comptait en Amérique. On dit que les Kennedy durant la crise de Cuba ont tenu compte de ce solitaire. C'est un rêve américain. Il est en partie réalisable si vous parvenez à trouver un ton, de l'humeur, de l'humour, de l'émotion et un peu de tendresse, bordel! Je vous laisse... Le dernier cavaillon de l'été, accompagné de jambon corse, m'attend. C'est aussi très important".
"On m'a fait remarquer que je m'indigne contre la disparition de certaines espèces animales alors que je regrette les glorieuses ouvertures de la chasse aux perdreaux en août. Il n'y a pas contradiction sinon apparente. La disparition de certaines espèces n'est pas due à la chasse. Si le petit gibier, surtout en moyenne Belgique, est de plus en plus menacé, il faut imputer plusieurs raisons qui n'ont rien à voir avec la chasse. Pourquoi la chasse d'ailleurs? Parce que les lois ont privilégié les chasseurs nantis au détriment du chasseur paysan conservateur. L'élevage intensif du faisan et son abbatage au cours de battues tir à la pipe les reléguant au sort de poulets ont indigné les citadins venus s'installer à la campagne. Ce n'est pas, ce n'était pas cela la chasse. Manque de place pour traiter le sujet, mais je vais en trouver pour citer à la barre l'industrialisation de l'agriculture, la domestication des campagnes par les lotissements, les zonings et les autoroutes. L'utilisation massive des pesticides et des insecticides a été mortelle pour les oiseaux et les insectes, sans compter la flore. Les terres de culture réduites à l'état de Sahel ne produisent plus sans l'apport d'engrais, empoisonnant nos eaux. La banlieue galope au détriment des villages et les fusions de communes ont eu pour effet pervers l'utilisation de machines pour l'entretien des talus. Tout pour l'automobile! Tout pour produire...des surplus! Il suffit d'une infime quantité de "Gaucho", de "Régent" ou de "Temmik" pour foudroyer sur place un animal de cinq kilos (j'en ai été le témoin). Dites-moi, avez-vous déjà vu un chasseur poursuivre les hannetons en battue, traquer les abeilles, tirer les moineaux et les hirondelles? Le hanneton, ce bouffeur d'aubépine, a disparu, les abeilles sont menacées. Des lecteurs, photos à l'appui, me disent qu'il y a encore des hirondelles oui, mais autour des bâtiments de fermes. Pour le reste, terminé, plus de nids, plus rien à manger (insectes ou graines) ; alors où est le chasseur dans tout cela? Il y en a de moins en moins, le double permis Wallonie Flandre étant obligatoire. En cause aussi, la disparition du petit gibier massacré, broyé, déchiqueté par les machines lors des récoltes. Alors, plus facile de crier "chasseur assassin" que de montrer du doigt les lobbies agrochimiques. Eau, terre, air, notre vie est menacée. Et que fait le parti Ecolo? De la bicyclette. C'est toujours çà!".
"Bardot, je la revois un jour de 1955 dans tout l'éclat de sa juvénile beauté, pas encore star mais déjà Bardot. J'étais aux studios de Boulogne-Billancourt pour le tournage des "Grandes manoeuvres" de René Clair. J'en avais terminé lorsque je l'aperçus dans les coulisses, blottie dans une calèche, s'embêtant ferme. Le cinéma est une longue attente, surtout pour les seconds rôles. Je lui demandais quel était son écrivain préféré. Hemingway, me dit-elle du bout des lèvres. Quel roman? Silence. J'avais ma petite interview un peu vacharde. Planter là Bardot, idiot que j'ai été! Michèle Morgan, d'accord pour trois minutes d'interview. Elle tournait "Marie-Antoinette". D'avoir devant moi la Nelly du "Quai des Brumes", idole de ma génération, j'ai été nul. Elle daigna sourire et demanda une retouche à sa maquilleuse. Gabin, lui aussi, était au maquillage : "Sont chiants les journalistes", dit-il, "Qu'en penses-tu mon petit gars? (...) Eh ben voilà, on s'est tout dit!". Ce fut l'interview la plus courte. Du pur Gabin! En revanche, Louis de Funès, l'homme le plus triste et le plus inquiet au monde, m'accorda deux heures. Tchernia, le bonheur, toutes nos lectures enfantines, des "Pieds Nickelés" à Curwood. En télé, l'intervieweur est dominant. Ils veulent tous passer au petit écran. Goscinny fut génial, le prince Rainier d'une grande cordialité. C'est peut-être dans les "Mémoires d'enfance" pour le "Pourquoi pas?" que j'ai peaufiné l'interview de tout ce que la Belgique comptait de seniors. Je revois André Cools me ramenant chez lui pour déjeuner en famille : "M'man, c'est moi!". Armand Bachelier, que je connaissais depuis trente ans, me révéla qu'il haïssait son père et qu'il avait survécu durant l'Occupation grâce aux croûtes de fromage que sa mère recevait gratis dans les épiceries. Pierre Devos m'a dit d'entrée : "Mon père était un con!". Le plus dur, les sportifs : tel grand champion se souvenait d'un ballon de foot en papier mâché. C'était un peu mince! Desgraupes n'intervint pas alors que mon stylo pissait l'encre sur mes feuillets... Ah la vache!".
A lire également sur René Henoumont : http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/09/deces-de-rene-henoumont.html
"Premier article le 7 septembre 1944. Le lendemain, je découvre le grand meccano de l'imprimerie, le temps du plomb. On me balade de la "clicherie" à la rotative, mais ce sont les grandes tables de marbre empreintes d'encre qui me fascinent. C'est là que le journal, ligne après ligne, caractères mobiles pour les titres, est mis en forme. La mise en page d'un journal est comme une robe de mariée. On part des escarpins pour arriver à la couronne de roses. J'assimile le vocabulaire de l'atelier. Me voilà bombardé rédacteur au marbre, responsable d'un quotidien mis en page la nuit. Ces mois d'initiation, malgré les bombes volantes et la fin d'une guerre qui revint nous frapper de plein fouet en Ardenne, furent décisifs. Reste l'écriture, le plus important. L'essentiel est de toujours raconter une histoire. Un fait divers en dix lignes est un bref roman. Difficile d'écrire court! L'école du fait divers est la meilleure. Je l'ai apprise dans des locaux de la police liégeoise où le décor n'avait pas changé depuis le passage du petit Sim de la "Gazette de Liège", parti à Paris en 1922 pour s'y faire un nom : Simenon. Dans un hebdo, il faut cinq ans pour imposer une nouvelle chronique, malgré un départ foudroyant. J'ai commencé l'homme à la pipe au "Pourquoi pas?", au début des années 70, la mutation de l'hebdo étant assurée, par la "télé, ce chewing-gum de l'oeil". Et la semaine suivante : A la case Kafka (Reyers), seules les toilettes étaient humaines!".
"C'est fou ce que le journalisme séduit les jeunes. Deux chroniques à ce propos et on me demande comment l'on devient journaliste. J'ai conté mes débuts à la Libération, période exceptionnellement ouverte où fleurissait une presse nouvelle et où bien des aînés étaient en prison pour collaboration. C'est une génération qui aura appris le métier à chaud, sur le terrain. Ce n'est plus possible aujourd'hui. L'intérêt porté à l'économique, l'investigation, une presse plus pragmatique imposent le passage par les écoles. Hélàs, les places sont rares dans la presse écrite. C'est du côté de la radio, de la télé, du cinéma qu'un débutant aura le plus de chance. Est-ce à dire que la presse écrite est plus exigeante? Sans doute que oui! Les nouveaux médias privilégient l'image et la langue parlée. Ecrire n'est pas donné sans un peu de magie ; écrire court, c'est le plus difficile. Ecrire juste demande une attention sans faille. Un gourou parisien assurait que le journalisme était le degré zéro de l'écriture. Faux! Je vous cite dix grands écrivains, de Simenon à Hemingway, qui ont appris à écrire en journalisme, dix autres, de Vandromme à d'Ormesson, qui le sont restés tout en produisant une oeuvre littéraire considérable. Tout d'abord, savoir pour qui on écrit. Ce grand patron avait dans son bureau une photo de l'homme de la rue. C'est pour lui qu'il fallait écrire, oui da, mais à condition de ne pas considérer le lecteur comme un idiot. Répondre à "Où, quand, comment, pourquoi?", on connaît la règle. Il faut y ajouter sa petite musique. Il pleut est un constat, il pleuvait est le début d'une histoire. Dans les années 60, j'ai été personnellement fasciné par ce journaliste américain qui, depuis sa cabane dans les Rocheuses où il pêchait, chassait, écrivait, rédigeait en plus un édito hebdomadaire d'un feuillet tiré à mille exemplaires sur une petite presse à pédales. Ses abonnés? Tout ce qui comptait en Amérique. On dit que les Kennedy durant la crise de Cuba ont tenu compte de ce solitaire. C'est un rêve américain. Il est en partie réalisable si vous parvenez à trouver un ton, de l'humeur, de l'humour, de l'émotion et un peu de tendresse, bordel! Je vous laisse... Le dernier cavaillon de l'été, accompagné de jambon corse, m'attend. C'est aussi très important".
"On m'a fait remarquer que je m'indigne contre la disparition de certaines espèces animales alors que je regrette les glorieuses ouvertures de la chasse aux perdreaux en août. Il n'y a pas contradiction sinon apparente. La disparition de certaines espèces n'est pas due à la chasse. Si le petit gibier, surtout en moyenne Belgique, est de plus en plus menacé, il faut imputer plusieurs raisons qui n'ont rien à voir avec la chasse. Pourquoi la chasse d'ailleurs? Parce que les lois ont privilégié les chasseurs nantis au détriment du chasseur paysan conservateur. L'élevage intensif du faisan et son abbatage au cours de battues tir à la pipe les reléguant au sort de poulets ont indigné les citadins venus s'installer à la campagne. Ce n'est pas, ce n'était pas cela la chasse. Manque de place pour traiter le sujet, mais je vais en trouver pour citer à la barre l'industrialisation de l'agriculture, la domestication des campagnes par les lotissements, les zonings et les autoroutes. L'utilisation massive des pesticides et des insecticides a été mortelle pour les oiseaux et les insectes, sans compter la flore. Les terres de culture réduites à l'état de Sahel ne produisent plus sans l'apport d'engrais, empoisonnant nos eaux. La banlieue galope au détriment des villages et les fusions de communes ont eu pour effet pervers l'utilisation de machines pour l'entretien des talus. Tout pour l'automobile! Tout pour produire...des surplus! Il suffit d'une infime quantité de "Gaucho", de "Régent" ou de "Temmik" pour foudroyer sur place un animal de cinq kilos (j'en ai été le témoin). Dites-moi, avez-vous déjà vu un chasseur poursuivre les hannetons en battue, traquer les abeilles, tirer les moineaux et les hirondelles? Le hanneton, ce bouffeur d'aubépine, a disparu, les abeilles sont menacées. Des lecteurs, photos à l'appui, me disent qu'il y a encore des hirondelles oui, mais autour des bâtiments de fermes. Pour le reste, terminé, plus de nids, plus rien à manger (insectes ou graines) ; alors où est le chasseur dans tout cela? Il y en a de moins en moins, le double permis Wallonie Flandre étant obligatoire. En cause aussi, la disparition du petit gibier massacré, broyé, déchiqueté par les machines lors des récoltes. Alors, plus facile de crier "chasseur assassin" que de montrer du doigt les lobbies agrochimiques. Eau, terre, air, notre vie est menacée. Et que fait le parti Ecolo? De la bicyclette. C'est toujours çà!".
"Bardot, je la revois un jour de 1955 dans tout l'éclat de sa juvénile beauté, pas encore star mais déjà Bardot. J'étais aux studios de Boulogne-Billancourt pour le tournage des "Grandes manoeuvres" de René Clair. J'en avais terminé lorsque je l'aperçus dans les coulisses, blottie dans une calèche, s'embêtant ferme. Le cinéma est une longue attente, surtout pour les seconds rôles. Je lui demandais quel était son écrivain préféré. Hemingway, me dit-elle du bout des lèvres. Quel roman? Silence. J'avais ma petite interview un peu vacharde. Planter là Bardot, idiot que j'ai été! Michèle Morgan, d'accord pour trois minutes d'interview. Elle tournait "Marie-Antoinette". D'avoir devant moi la Nelly du "Quai des Brumes", idole de ma génération, j'ai été nul. Elle daigna sourire et demanda une retouche à sa maquilleuse. Gabin, lui aussi, était au maquillage : "Sont chiants les journalistes", dit-il, "Qu'en penses-tu mon petit gars? (...) Eh ben voilà, on s'est tout dit!". Ce fut l'interview la plus courte. Du pur Gabin! En revanche, Louis de Funès, l'homme le plus triste et le plus inquiet au monde, m'accorda deux heures. Tchernia, le bonheur, toutes nos lectures enfantines, des "Pieds Nickelés" à Curwood. En télé, l'intervieweur est dominant. Ils veulent tous passer au petit écran. Goscinny fut génial, le prince Rainier d'une grande cordialité. C'est peut-être dans les "Mémoires d'enfance" pour le "Pourquoi pas?" que j'ai peaufiné l'interview de tout ce que la Belgique comptait de seniors. Je revois André Cools me ramenant chez lui pour déjeuner en famille : "M'man, c'est moi!". Armand Bachelier, que je connaissais depuis trente ans, me révéla qu'il haïssait son père et qu'il avait survécu durant l'Occupation grâce aux croûtes de fromage que sa mère recevait gratis dans les épiceries. Pierre Devos m'a dit d'entrée : "Mon père était un con!". Le plus dur, les sportifs : tel grand champion se souvenait d'un ballon de foot en papier mâché. C'était un peu mince! Desgraupes n'intervint pas alors que mon stylo pissait l'encre sur mes feuillets... Ah la vache!".
A lire également sur René Henoumont : http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/09/deces-de-rene-henoumont.html
samedi 24 octobre 2009
"Coxyde" (Rémi Bertrand)
Licencié en philologie romane de l'Université Catholique de Louvain-la-Neuve, le jeune écrivain belge Rémi Bertrand (né en 1982) est déjà l'auteur de trois autres livres : "Philippe Delerm et le minimalisme positif" , "La Mandarine Blanche" et "Un bouquin n'est pas un livre : les nuances des synonymes".
"Coxyde" est un court roman de 64 pages qui raconte l'histoire d'un jeune couple, Marie et Clément. Tout commence par une question existentielle de Marie à son compagnon : "Pourrais-tu retrouver des éléments plus ou moins lointains qui feraient dire à un observateur quelconque : il était donc destiné à faire des livres?" (page 8). Marie ne se doute pas des conséquences de sa question : "L'état d'hébétude dans lequel j'avais involontairement plongé Clément commençait à m'inquiéter" (page 12).
L'histoire les emmène ensuite à Paris et Versailles. Les lecteurs peuvent apprécier le remarquable travail d'écriture et les choix judicieux des mots de Rémi Bertrand. Comme dans son premier roman "La Mandarine Blanche", il a découpé son texte de façon originale : le narrateur de chaque chapitre est alternativement Marie ou Clément. Peut-être cela va-t-il devenir une "marque de fabrique" de l'auteur?
Coxyde arrive dans le récit à la page 41 : "Comment avions-nous pu jusqu'à ce jour ignorer nos ancrages parallèles dans ce village côtier? Toi, vacancier annuel de la période de Pâques, et moi, Coxydoise tous les week-ends de l'année ou presque...". Le couple nous parle de l'Horloge, des cuistax de Marcel, des gaufres, du Musée Paul Delvaux, des trains de la Route Royale et du Monument des Zouaves qui m'ont rappellé de nombreux souvenirs de vacances...
Après Paris, Versailles et Coxyde, retour enfin dans la maison des parents de Clément pour obtenir une réponse à la question posée par Marie au début du livre... Personnellement, j'ai préféré "Coxyde" à la "Mandarine Blanche". Je n'ai rien à reprocher à l'auteur qui me semble promis à une belle carrière littéraire. Quand on connaît un peu la vie de Rémi Bertrand grâce à son site Internet, on a l'impression que "Coxyde" est en partie ou totalement autobiographique, car Clément ressemble beaucoup à Rémi...
A lire également : mon compte-rendu de "La Mandarine Blanche" (http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/06/la-mandarine-blanche-remi-bertrand.html ).
"Coxyde" est un court roman de 64 pages qui raconte l'histoire d'un jeune couple, Marie et Clément. Tout commence par une question existentielle de Marie à son compagnon : "Pourrais-tu retrouver des éléments plus ou moins lointains qui feraient dire à un observateur quelconque : il était donc destiné à faire des livres?" (page 8). Marie ne se doute pas des conséquences de sa question : "L'état d'hébétude dans lequel j'avais involontairement plongé Clément commençait à m'inquiéter" (page 12).
L'histoire les emmène ensuite à Paris et Versailles. Les lecteurs peuvent apprécier le remarquable travail d'écriture et les choix judicieux des mots de Rémi Bertrand. Comme dans son premier roman "La Mandarine Blanche", il a découpé son texte de façon originale : le narrateur de chaque chapitre est alternativement Marie ou Clément. Peut-être cela va-t-il devenir une "marque de fabrique" de l'auteur?
Coxyde arrive dans le récit à la page 41 : "Comment avions-nous pu jusqu'à ce jour ignorer nos ancrages parallèles dans ce village côtier? Toi, vacancier annuel de la période de Pâques, et moi, Coxydoise tous les week-ends de l'année ou presque...". Le couple nous parle de l'Horloge, des cuistax de Marcel, des gaufres, du Musée Paul Delvaux, des trains de la Route Royale et du Monument des Zouaves qui m'ont rappellé de nombreux souvenirs de vacances...
Après Paris, Versailles et Coxyde, retour enfin dans la maison des parents de Clément pour obtenir une réponse à la question posée par Marie au début du livre... Personnellement, j'ai préféré "Coxyde" à la "Mandarine Blanche". Je n'ai rien à reprocher à l'auteur qui me semble promis à une belle carrière littéraire. Quand on connaît un peu la vie de Rémi Bertrand grâce à son site Internet, on a l'impression que "Coxyde" est en partie ou totalement autobiographique, car Clément ressemble beaucoup à Rémi...
A lire également : mon compte-rendu de "La Mandarine Blanche" (http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/06/la-mandarine-blanche-remi-bertrand.html ).
mardi 13 octobre 2009
Editorial sur les traductions par Jean-Luc Outers
Voici l'éditorial de Jean-Luc Outers dans la dernière revue bimensuelle "Le Carnet et les Instants" (que vous pouvez recevoir gratuitement sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres de la communauté française) :
Joseph Hanse cite le maréchal Vorochilov, président de l'URSS, venu à Bruxelles inaugurer le pavillon soviétique de l'Exposition Universelle de 1958 : "L'oeuvre immortelle de Charles De Coster, La légende d'Ulenspiegel, a connu chez nous 42 éditions, en langues russe, ukrainienne, biélorusse, arménienne, lettonne, lituanienne, estonienne, tchouave et autres. N'est-il pas éloquent au point de vue de l'intérêt qu'ont les Soviétiques pour l'héritage culturel d'autres peuples, le fait même que le peuple de Tchouvachie, autrefois à peu près totalement illettré, lise aujourd'hui dans sa langue maternelle l'oeuvre du classique belge?".
Etrange destin que cette oeuvre, écrite en langue française mais qui fut davantage lue dans ses multiples traductions. Il est vrai que la critique parisienne avait reproché à l'auteur son "charabia", lui qui précisément s'était élevé contre ceux qui "finiront par user la langue à force de la polir". "La légende d'Ulenspiegel", traduite dans la plupart des langues européennes, a fait à peu près le tour du monde aux côtés des fresques picaresques qui sont l'abrégé d'une époque comme "Don Quichotte" ou "Le brave soldat Schweik".
Maurice Maeterlinck connut un succès mondial sans précédent. Ses pièces furent jouées sur les plus grandes scènes européennes et américaines avant même que Debussy n'adapte pour l'opéra "Pelleas et Mélissande" que, chaque année encore, on représente de par le monde. "L'oiseau bleu" fut créé à Moscou en 1908 par Stanislavski, metteur en scène à la pointe de la modernité, avant d'être monté à Londres, à New York, et à Paris en 1911 seulement, l'année du Prix Nobel de littérature. Et jusqu'à ces dernières années sans discontinuer, malgré les bouleversements politiques, cette féerie fut représentée dans la capitale russe. Les Archives et Musée de la Littérature ont dénombré pas moins de 700 traductions d'oeuvres de Maeterlinck, même s'il se peut que ce chiffre soit plus révélateur du nombre d'éditions que de traductions originales. Les romans de Simenon constituent un autre exemple d'une oeuvre qui s'est répandue dans le monde entier comme une traînée de poudre. Cinq cent millions d'exemplaires vendus, toutes langues confondues, est un chiffre souvent cité qui en fait l'auteur contemporain de langue française le plus lu sur la planète.
Aujourd'hui, Amélie Nothomb et Jean-Philippe Toussaint sont les auteurs belges les plus traduits. La traduction de "Stupeur et tremblements", par exemple, s'est, pour plusieurs langues, négociée aux enchères à la Foire du Livre de Francfort. Les romans de Jean-Philippe Toussaint sont traduits dans vingt langues et le premier, "La salle de bain", s'est vendu au Japon à 120.000 exemplaires, à tel point que cette oeuvre fut davantage lue en japonais qu'en français! Ce rayonnement inimaginable au pays du Soleil Levant a d'ailleurs valu à son traducteur Kan Nozaki le prix de la traduction de la Communauté française.
Il ne faudrait surtout pas déduire des exemples cités que les éditeurs du monde entier se précipitent sur nos Lettres pour les traduire et les diffuser en masse. Bien au contraire, puisque nombre de nos auteurs, sinon la majorité, ne sont traduits dans aucune langue. Il n'y a là rien de surprenant si ce n'est que certaines oeuvres, bénéficiant pourtant chez nous d'une reconnaissance publique et critique, sont à peu près inconnues à l'étranger. Par ailleurs, il est des mondes éditoriaux relativement fermés à la traduction littéraire contemporaine. C'est le cas de l'édition anglo-saxonne où seuls 3% des ouvrages publiés sont traduits d'une littérature étrangère. A l'inverse, nos Lettres bénéficient d'une attention constante des éditeurs d'Europe centrale et orientale, où la Roumanie surtout fait figure d'exemple.
Le marché éditorial international impose donc un effort de promotion des éditeurs mais également des pouvoirs publics. Le Service de Promotion des Lettres s'y emploie de multiples manières. Il envoie chaque année une moyenne de 20.000 ouvrages sélectionnés par la Commission des Lettres à destination des bibliothèques des facultés de lettres universitaires réparties dans quarante pays. Il assure, en collaboration avec Wallonie-Bruxelles International, une présence dans les principaux salons du livre. Il octroie un soutien financier aux éditeurs étrangers publiant des ouvrages de nos auteurs. Une vingtaine de traductions sont ainsi subventionnées chaque année. Il est enfin partenaire du Collège européen des traducteurs littéraires de Seneffe qui accueille en résidence des traducteurs du monde entier se consacrant à la traduction de nos Lettres. Ces efforts contribuent sans doute à promouvoir les lettres françaises de Belgique au delà des frontières de la langue.
Jean-Luc Outers
Joseph Hanse cite le maréchal Vorochilov, président de l'URSS, venu à Bruxelles inaugurer le pavillon soviétique de l'Exposition Universelle de 1958 : "L'oeuvre immortelle de Charles De Coster, La légende d'Ulenspiegel, a connu chez nous 42 éditions, en langues russe, ukrainienne, biélorusse, arménienne, lettonne, lituanienne, estonienne, tchouave et autres. N'est-il pas éloquent au point de vue de l'intérêt qu'ont les Soviétiques pour l'héritage culturel d'autres peuples, le fait même que le peuple de Tchouvachie, autrefois à peu près totalement illettré, lise aujourd'hui dans sa langue maternelle l'oeuvre du classique belge?".
Etrange destin que cette oeuvre, écrite en langue française mais qui fut davantage lue dans ses multiples traductions. Il est vrai que la critique parisienne avait reproché à l'auteur son "charabia", lui qui précisément s'était élevé contre ceux qui "finiront par user la langue à force de la polir". "La légende d'Ulenspiegel", traduite dans la plupart des langues européennes, a fait à peu près le tour du monde aux côtés des fresques picaresques qui sont l'abrégé d'une époque comme "Don Quichotte" ou "Le brave soldat Schweik".
Maurice Maeterlinck connut un succès mondial sans précédent. Ses pièces furent jouées sur les plus grandes scènes européennes et américaines avant même que Debussy n'adapte pour l'opéra "Pelleas et Mélissande" que, chaque année encore, on représente de par le monde. "L'oiseau bleu" fut créé à Moscou en 1908 par Stanislavski, metteur en scène à la pointe de la modernité, avant d'être monté à Londres, à New York, et à Paris en 1911 seulement, l'année du Prix Nobel de littérature. Et jusqu'à ces dernières années sans discontinuer, malgré les bouleversements politiques, cette féerie fut représentée dans la capitale russe. Les Archives et Musée de la Littérature ont dénombré pas moins de 700 traductions d'oeuvres de Maeterlinck, même s'il se peut que ce chiffre soit plus révélateur du nombre d'éditions que de traductions originales. Les romans de Simenon constituent un autre exemple d'une oeuvre qui s'est répandue dans le monde entier comme une traînée de poudre. Cinq cent millions d'exemplaires vendus, toutes langues confondues, est un chiffre souvent cité qui en fait l'auteur contemporain de langue française le plus lu sur la planète.
Aujourd'hui, Amélie Nothomb et Jean-Philippe Toussaint sont les auteurs belges les plus traduits. La traduction de "Stupeur et tremblements", par exemple, s'est, pour plusieurs langues, négociée aux enchères à la Foire du Livre de Francfort. Les romans de Jean-Philippe Toussaint sont traduits dans vingt langues et le premier, "La salle de bain", s'est vendu au Japon à 120.000 exemplaires, à tel point que cette oeuvre fut davantage lue en japonais qu'en français! Ce rayonnement inimaginable au pays du Soleil Levant a d'ailleurs valu à son traducteur Kan Nozaki le prix de la traduction de la Communauté française.
Il ne faudrait surtout pas déduire des exemples cités que les éditeurs du monde entier se précipitent sur nos Lettres pour les traduire et les diffuser en masse. Bien au contraire, puisque nombre de nos auteurs, sinon la majorité, ne sont traduits dans aucune langue. Il n'y a là rien de surprenant si ce n'est que certaines oeuvres, bénéficiant pourtant chez nous d'une reconnaissance publique et critique, sont à peu près inconnues à l'étranger. Par ailleurs, il est des mondes éditoriaux relativement fermés à la traduction littéraire contemporaine. C'est le cas de l'édition anglo-saxonne où seuls 3% des ouvrages publiés sont traduits d'une littérature étrangère. A l'inverse, nos Lettres bénéficient d'une attention constante des éditeurs d'Europe centrale et orientale, où la Roumanie surtout fait figure d'exemple.
Le marché éditorial international impose donc un effort de promotion des éditeurs mais également des pouvoirs publics. Le Service de Promotion des Lettres s'y emploie de multiples manières. Il envoie chaque année une moyenne de 20.000 ouvrages sélectionnés par la Commission des Lettres à destination des bibliothèques des facultés de lettres universitaires réparties dans quarante pays. Il assure, en collaboration avec Wallonie-Bruxelles International, une présence dans les principaux salons du livre. Il octroie un soutien financier aux éditeurs étrangers publiant des ouvrages de nos auteurs. Une vingtaine de traductions sont ainsi subventionnées chaque année. Il est enfin partenaire du Collège européen des traducteurs littéraires de Seneffe qui accueille en résidence des traducteurs du monde entier se consacrant à la traduction de nos Lettres. Ces efforts contribuent sans doute à promouvoir les lettres françaises de Belgique au delà des frontières de la langue.
Jean-Luc Outers
samedi 10 octobre 2009
"A part moi, personne n'est mort" (Thomas Gunzig)
Né en 1970 à Bruxelles, Thomas Gunzig est un écrivain belge de langue française. Il a commencé sa carrière littéraire en 1993 et a reçu le Prix Rossel 2001 pour son roman "Mort d'un parfait bilingue". Il est actuellement chroniqueur pour l'émission radio "Le jeu des dictionnaires".
"A part moi, personne n'est mort" est un recueil de 12 nouvelles écrites par Thomas Gunzig dans les années 90 suite à diverses demandes. Sur la quatrième de couverture, on peut lire : "Thomas Gunzig aborde les sujets les plus délicats de façon frontale. Son monde sans pitié est celui de l'instabilité, d'une menace planant sans cesse sur nos vies". Je n'ai aimé aucune des 12 nouvelles . C'est un recueil morbide, glauque, dégoûtant et immoral, où le fait de tuer est banalisé. La vision noire et négative de l'auteur sur notre société est exagérée. De plus, sous prétexte de vouloir être moderne, l'utilisation répétée et inutile d'insultes et de "gros mots" me choque. C'est un nivellement par le bas de la littérature.
"A part moi, personne n'est mort" est un recueil de 12 nouvelles écrites par Thomas Gunzig dans les années 90 suite à diverses demandes. Sur la quatrième de couverture, on peut lire : "Thomas Gunzig aborde les sujets les plus délicats de façon frontale. Son monde sans pitié est celui de l'instabilité, d'une menace planant sans cesse sur nos vies". Je n'ai aimé aucune des 12 nouvelles . C'est un recueil morbide, glauque, dégoûtant et immoral, où le fait de tuer est banalisé. La vision noire et négative de l'auteur sur notre société est exagérée. De plus, sous prétexte de vouloir être moderne, l'utilisation répétée et inutile d'insultes et de "gros mots" me choque. C'est un nivellement par le bas de la littérature.
samedi 3 octobre 2009
Agenda de nos écrivains
13 octobre 2009 à 8h15 : L'écrivain Rémy Bertrand sera l'invité de Sébastien Ministru sur Pure FM pour son nouveau livre "Le goût des mots".
15 octobre 2009 à 16h : Présentation et lectures de "La gondole de l'Orient Express" de Jean Botquin à la bibliothèque communale de Binche (dans le cadre de la Fureur de lire).
15 octobre 2009 à 18h30 : Présentation des livres de Rémi Bertrand à la bibliothèque d'Auvelais (dans le cadre de la Fureur de lire).
15 octobre 2009 à 12h30 : Rencontre au palais des Beaux-Arts de Bruxelles avec Jean-Philippe Toussaint autour de ses livres "La vérité sur Marie", "Faire l'amour" et "Fuir".
16 au 18 octobre 2009 : 2ème édition de la Foire du Livre Politique de Liège (à l'ancienne halle aux viandes, rue de la Halle).
16 octobre 2009 à 13h30 : Rencontre à la bibliothèque Les Riches Claires (Bruxelles) avec Pierre Mertens pour ses ouvrages "Paysage avec la chute d'Icare" et "Don d'avoir été vivant".
17 octobre 2009 à 17h : Présentation au Théâtre-Poème (Bruxelles) des deux dernières anthologies de poètes belges rédigées par Yves Namur et Liliane Wauters, dans le cadre du Cercle de la Rotonde.
21 octobre 2009 à 18h : Présentation du livre "La Chambre noire du calligraphe" de Jean Botquin au siège bruxellois de l'Association des Ecrivains Belges.
21 au 25 octobre 2009 : Salon du livre de jeunesse à Namur Expo.
29 octobre 2009 de 18h à 20h : Séance de dédicaces de Nicolas Ancion à la librairie Filigranes à Bruxelles.
30 octobre 2009 de 17h30 à 19h30 : Séance de dédicaces de Nicolas Ancion à la librairie L'Echappée belle à Liège.
1er novembre 2009 (toute la journée) : Participation de Nicolas Ancion à une rencontre autour de la nouvelle à la bibliothèque communale de Herve.
5 novembre 2009 : Présentation des livres de Rémy Bertrand à la librairie Graffiti à Wavre.
14 et 15 novembre 2009 : Présence de nombreux auteurs au Salon Tournai La Page.
19 novembre 2009 à 12h30 : Présentation au palais des Beaux-Arts de Bruxelles du roman "La peur du paradis" de Vincent Engel.
20, 21 et 22 novembre 2009 : Présence de nombreux auteurs à la Foire du Livre Belge à Uccle.
27 novembre 2009 : Rencontre à la bibliothèque communale d'Ath avec deux auteurs belges ayant écrit sur la première guerre mondiale : Xavier Hanotte ("Derrière la colline, "De secrètes injustices", ...) et Françoise Houdart ("Tu signais Ernst K.").
2 décembre 2009 à 17h : Entretien de Michel Ducobu avec l'auteur Jean Botquin à propos de "La chambre noire du calligraphe" (Espace Wallonie-Bruxelles).
5 décembre 2009 à 16h : Nouvelle présentation de "La chambre noire du calligraphe" de Jean Botquin (Fleurs en papier doré, rue des Alexiens, Bruxelles).
7 décembre 2009 à 20h15 : Présentation à la bibliothèque Charles Bertin à Rhode-Saint-Genèse du premier roman de Nicolas Marchal, "Les conquêtes véritables".
15 octobre 2009 à 16h : Présentation et lectures de "La gondole de l'Orient Express" de Jean Botquin à la bibliothèque communale de Binche (dans le cadre de la Fureur de lire).
15 octobre 2009 à 18h30 : Présentation des livres de Rémi Bertrand à la bibliothèque d'Auvelais (dans le cadre de la Fureur de lire).
15 octobre 2009 à 12h30 : Rencontre au palais des Beaux-Arts de Bruxelles avec Jean-Philippe Toussaint autour de ses livres "La vérité sur Marie", "Faire l'amour" et "Fuir".
16 au 18 octobre 2009 : 2ème édition de la Foire du Livre Politique de Liège (à l'ancienne halle aux viandes, rue de la Halle).
16 octobre 2009 à 13h30 : Rencontre à la bibliothèque Les Riches Claires (Bruxelles) avec Pierre Mertens pour ses ouvrages "Paysage avec la chute d'Icare" et "Don d'avoir été vivant".
17 octobre 2009 à 17h : Présentation au Théâtre-Poème (Bruxelles) des deux dernières anthologies de poètes belges rédigées par Yves Namur et Liliane Wauters, dans le cadre du Cercle de la Rotonde.
21 octobre 2009 à 18h : Présentation du livre "La Chambre noire du calligraphe" de Jean Botquin au siège bruxellois de l'Association des Ecrivains Belges.
21 au 25 octobre 2009 : Salon du livre de jeunesse à Namur Expo.
29 octobre 2009 de 18h à 20h : Séance de dédicaces de Nicolas Ancion à la librairie Filigranes à Bruxelles.
30 octobre 2009 de 17h30 à 19h30 : Séance de dédicaces de Nicolas Ancion à la librairie L'Echappée belle à Liège.
1er novembre 2009 (toute la journée) : Participation de Nicolas Ancion à une rencontre autour de la nouvelle à la bibliothèque communale de Herve.
5 novembre 2009 : Présentation des livres de Rémy Bertrand à la librairie Graffiti à Wavre.
14 et 15 novembre 2009 : Présence de nombreux auteurs au Salon Tournai La Page.
19 novembre 2009 à 12h30 : Présentation au palais des Beaux-Arts de Bruxelles du roman "La peur du paradis" de Vincent Engel.
20, 21 et 22 novembre 2009 : Présence de nombreux auteurs à la Foire du Livre Belge à Uccle.
27 novembre 2009 : Rencontre à la bibliothèque communale d'Ath avec deux auteurs belges ayant écrit sur la première guerre mondiale : Xavier Hanotte ("Derrière la colline, "De secrètes injustices", ...) et Françoise Houdart ("Tu signais Ernst K.").
2 décembre 2009 à 17h : Entretien de Michel Ducobu avec l'auteur Jean Botquin à propos de "La chambre noire du calligraphe" (Espace Wallonie-Bruxelles).
5 décembre 2009 à 16h : Nouvelle présentation de "La chambre noire du calligraphe" de Jean Botquin (Fleurs en papier doré, rue des Alexiens, Bruxelles).
7 décembre 2009 à 20h15 : Présentation à la bibliothèque Charles Bertin à Rhode-Saint-Genèse du premier roman de Nicolas Marchal, "Les conquêtes véritables".
dimanche 27 septembre 2009
Décès de René Henoumont
Le journaliste et écrivain belge René Henoumont (1922-2009) nous a quittés en ce début de septembre. Engagé dans la résistance durant la deuxième guerre mondiale, il a ensuite commencé sa carrière de journaliste et rédigeait toujours actuellement une chronique dans l'hebdomadaire "Le Soir Magazine". Il a également écrit de nombreux romans et essais. La bibliothèque d'Herstal (sa commune natale) porte son nom et dispose de toutes ses archives. Il s'est éteint chez lui à Steenkerque, un petit village entre Enghien et Soignies où il s'était retiré.
Afin de lui rendre hommage, "Le Soir Magazine" a eu la bonne idée de republier ses meilleures chroniques. En voici une intitulée "Un jour de septembre" :
"Le 7 septembre 1944, peu avant 15h, je traversais la rue Léopold à Liège, à hauteur de la maison natale de Simenon. Depuis la rive droite, des snipers allemands faisaient des cartons sur les passants circulant dans les rues perpendiculaires à la Meuse. Une volée de balles ricocha sur les façades, à deux pas du drapeau belge, ex-magasin de confection, local de la Légion Wallonie réquisitionné le jour même par le parti socialiste sorti de la clandestinité. Elles n'étaient pas pour moi, ces balles folles ; j'avais rendez-vous au drapeau belge. Je me retrouvais au cinquième étage, devant un homme jeune aux yeux bleus intimidants, un revolver 7.65 était posé sur la table près de feuillets couverts d'une petite écriture nette. Par les fenêtres, j'apercevais les pigeons de la place Saint-Lambert, tournoyants. J'entendais des hauts-parleurs diffuser le "Chant des Partisans", l' "Internationale" et la "Marseillaise". Le canon grondait encore quelque part. Une armée haïe était partie, une armée amie prenait possession de la ville. Une foule en délire se jetait au devant des tanks à l'étoile blanche, d'où des soldats rieurs distribuaient chocolats, cigarettes et chewing-gums comme du pain aux moineaux. L'homme aux yeux bleus leva la tête : "Camarade, il paraît que tu es fou de cinéma. Va faire un tour en ville, reviens, et en 30 lignes, dis-moi ce que les cinémas programment". Je titrais ma bafouille : "Le retour de Mickey". Disney avait appelé Oswald un lapin dont il rogna les oreilles et lui ajouta une longue et mince queue : une immense vedette était née, Mickey. Pour le reste, les exploitants avaient sorti des caves Popeye, Donald, Laurel et Hardy et un Charlot soldat. L'heure n'était plus au cinéma allemand mais américain. Un music-hall, le Walhala, changeait son enseigne, il devenait l'Eden. L'homme aux yeux bleus lut ma copie : "Je ne connaissais pas cette histoire de lapin, c'est une information. Je t'engage, tu assumeras entre autres la critique de cinéma dans le "Monde du Travail". Notre premier numéro tombe demain à 5h. Sois-là à 8h pour le suivant". Mon article (?) était signé R.H. sur papier-sachet bistre réquisitionné dans un grand magasin. C'est comme çà que je suis entré en journalisme...".
Afin de lui rendre hommage, "Le Soir Magazine" a eu la bonne idée de republier ses meilleures chroniques. En voici une intitulée "Un jour de septembre" :
"Le 7 septembre 1944, peu avant 15h, je traversais la rue Léopold à Liège, à hauteur de la maison natale de Simenon. Depuis la rive droite, des snipers allemands faisaient des cartons sur les passants circulant dans les rues perpendiculaires à la Meuse. Une volée de balles ricocha sur les façades, à deux pas du drapeau belge, ex-magasin de confection, local de la Légion Wallonie réquisitionné le jour même par le parti socialiste sorti de la clandestinité. Elles n'étaient pas pour moi, ces balles folles ; j'avais rendez-vous au drapeau belge. Je me retrouvais au cinquième étage, devant un homme jeune aux yeux bleus intimidants, un revolver 7.65 était posé sur la table près de feuillets couverts d'une petite écriture nette. Par les fenêtres, j'apercevais les pigeons de la place Saint-Lambert, tournoyants. J'entendais des hauts-parleurs diffuser le "Chant des Partisans", l' "Internationale" et la "Marseillaise". Le canon grondait encore quelque part. Une armée haïe était partie, une armée amie prenait possession de la ville. Une foule en délire se jetait au devant des tanks à l'étoile blanche, d'où des soldats rieurs distribuaient chocolats, cigarettes et chewing-gums comme du pain aux moineaux. L'homme aux yeux bleus leva la tête : "Camarade, il paraît que tu es fou de cinéma. Va faire un tour en ville, reviens, et en 30 lignes, dis-moi ce que les cinémas programment". Je titrais ma bafouille : "Le retour de Mickey". Disney avait appelé Oswald un lapin dont il rogna les oreilles et lui ajouta une longue et mince queue : une immense vedette était née, Mickey. Pour le reste, les exploitants avaient sorti des caves Popeye, Donald, Laurel et Hardy et un Charlot soldat. L'heure n'était plus au cinéma allemand mais américain. Un music-hall, le Walhala, changeait son enseigne, il devenait l'Eden. L'homme aux yeux bleus lut ma copie : "Je ne connaissais pas cette histoire de lapin, c'est une information. Je t'engage, tu assumeras entre autres la critique de cinéma dans le "Monde du Travail". Notre premier numéro tombe demain à 5h. Sois-là à 8h pour le suivant". Mon article (?) était signé R.H. sur papier-sachet bistre réquisitionné dans un grand magasin. C'est comme çà que je suis entré en journalisme...".
mercredi 16 septembre 2009
"Les parchemins de la tour" (Nicole Verschoore)
Née à Gand en 1939, Nicole Verschoore est docteur en philosophie et lettres. Au cours de sa carrière de journaliste, elle travaille pour le quotidien "Het Laatste Nieuws", "Le Nouveau Courrier" et "La Revue Générale". Son premier roman, "Le maître du bourg", est publié en 1994 et reçoit le Prix France-Belgique 1995.
Dans "Les parchemins de la tour", Nicole Verschoore raconte, à la première personne, la vie d'Edmond Beaucarne (1807-1895), le grand-oncle de son arrière-grand-mère, à partir de ses archives retrouvées. Après avoir grandi à Eename auprès de son vieux père, il entre dans un collège jésuite d'Alost, où ses professeurs l'initient à la politique : "Quant au roi Guillaume que le Congrès de Vienne avait imposé aux Pays-Bas catholiques, ce mécréant était un homme nouveau, ses idées néfastes se propageraient, le désordre s'ensuivrait. Il fallait que l'Eglise reconquisse le pouvoir. Les élèves devraient aider leurs maîtres à renverser le gouvernement hollandais (...) Je suis bien placé pour savoir que Guillaume, ce roi sans grande allure, bien intentionné et maladroit, aurait été écouté et compris s'il n'avait pas été victime de l'opposition féroce et dûment inspirée à laquelle j'ai moi-même prêté l'ardeur de mes jeunes années".
Sur le conseil de ses maîtres, Edmond entre, à l'âge de 22 ans, à la rédaction gantoise du journal contestataire et antigouvernemental, "Le Catholique des Pays-Bas", qui joue un rôle non négligeable dans la révolution et l'indépendance de la Belgique en 1830. Un an plus tard, il quitte le journal et retourne dans son village natal. Le récit se concentre ensuite sur sa vie sentimentale qui se déroule en trois temps.
1° Lors d'un séjour à Vienne en 1832, Edmond tombe amoureux d'Hortense d'Hoogvorst : "La femme qu'on rêve est la décalque exacte de nos désirs. Pour cette raison, le premier amour et le désir qui ne s'accomplit pas laissent le souvenir d'un bonheur complet". Mais il ne chercha pas à la revoir et Hortense se maria...
2° De retour à Eename, Edmond en devient le bourgmestre. Il habite avec son frère Louis-Maur, sa belle-soeur Baudouine et ses neveux et nièces dans la maison familiale. Au fond du jardin, il aménage une vieille tour fortifiée pour y ranger ses livres et documents. Eudaxie, la femme de ménage, est aussi sa maîtresse : "Le délice s'avérait être le contraire du pêché décrit par l'Eglise. Pouvoir honorer notre nature humaine comme nous le faisions, avec la fantaisie, la créativité, la légèreté ou la patience nécessaires, c'était faire oeuvre de vie, productrice d'énergie et de jeunesse". Mais Eudaxie met fin à leur relation.
3° Quelques années plus tard, à la demande de ses amis, le célibataire solitaire Edmond accueille chez lui Isabelle, venue trouver à Eename le calme pour écrire ses traductions et articles. Après son décès accidentel, il se rend compte de la place qu'elle avait prise dans ses vieux jours : "Je n'ai pas été bon pour Isabelle parce que je ne l'aimais pas assez. Je n'avais de sentiment pour elle qu'en son absence, je n'ai souffert que de ses départs. Le dernier départ, l'irrévocable, a éveillé les remords, le regret posthume, l'effroi de l'irréparable".
Malgré ces rendez-vous manqués avec les femmes, les dernières pages de ce livre très bien écrit montrent un Edmond serein et apaisé qui vante les joies de la famille et des liens intergénérationnels : "Grâce aux saisons qui se répètent, aux enfants qui naissent, à l'exaltation des parents et à l'instinct du vieil oncle, un jour, dans un élan incompréhensible d'éclatante allégresse, subitement, ce vieil oncle soulève de nouvelles pelotes vivantes qui hurlent de surprise et de joie, agitent des petits pieds aussi informes que les boutons de magnolias au bout de leurs tiges minuscules. Grâce à ces miracles du quotidien et à l'éternel recommencement, on finit par accepter que meurent ceux qu'on aime, comme s'étiolent les fleurs".
Plus d'infos sur http://www.nicoleverschoore.be/
Dans "Les parchemins de la tour", Nicole Verschoore raconte, à la première personne, la vie d'Edmond Beaucarne (1807-1895), le grand-oncle de son arrière-grand-mère, à partir de ses archives retrouvées. Après avoir grandi à Eename auprès de son vieux père, il entre dans un collège jésuite d'Alost, où ses professeurs l'initient à la politique : "Quant au roi Guillaume que le Congrès de Vienne avait imposé aux Pays-Bas catholiques, ce mécréant était un homme nouveau, ses idées néfastes se propageraient, le désordre s'ensuivrait. Il fallait que l'Eglise reconquisse le pouvoir. Les élèves devraient aider leurs maîtres à renverser le gouvernement hollandais (...) Je suis bien placé pour savoir que Guillaume, ce roi sans grande allure, bien intentionné et maladroit, aurait été écouté et compris s'il n'avait pas été victime de l'opposition féroce et dûment inspirée à laquelle j'ai moi-même prêté l'ardeur de mes jeunes années".
Sur le conseil de ses maîtres, Edmond entre, à l'âge de 22 ans, à la rédaction gantoise du journal contestataire et antigouvernemental, "Le Catholique des Pays-Bas", qui joue un rôle non négligeable dans la révolution et l'indépendance de la Belgique en 1830. Un an plus tard, il quitte le journal et retourne dans son village natal. Le récit se concentre ensuite sur sa vie sentimentale qui se déroule en trois temps.
1° Lors d'un séjour à Vienne en 1832, Edmond tombe amoureux d'Hortense d'Hoogvorst : "La femme qu'on rêve est la décalque exacte de nos désirs. Pour cette raison, le premier amour et le désir qui ne s'accomplit pas laissent le souvenir d'un bonheur complet". Mais il ne chercha pas à la revoir et Hortense se maria...
2° De retour à Eename, Edmond en devient le bourgmestre. Il habite avec son frère Louis-Maur, sa belle-soeur Baudouine et ses neveux et nièces dans la maison familiale. Au fond du jardin, il aménage une vieille tour fortifiée pour y ranger ses livres et documents. Eudaxie, la femme de ménage, est aussi sa maîtresse : "Le délice s'avérait être le contraire du pêché décrit par l'Eglise. Pouvoir honorer notre nature humaine comme nous le faisions, avec la fantaisie, la créativité, la légèreté ou la patience nécessaires, c'était faire oeuvre de vie, productrice d'énergie et de jeunesse". Mais Eudaxie met fin à leur relation.
3° Quelques années plus tard, à la demande de ses amis, le célibataire solitaire Edmond accueille chez lui Isabelle, venue trouver à Eename le calme pour écrire ses traductions et articles. Après son décès accidentel, il se rend compte de la place qu'elle avait prise dans ses vieux jours : "Je n'ai pas été bon pour Isabelle parce que je ne l'aimais pas assez. Je n'avais de sentiment pour elle qu'en son absence, je n'ai souffert que de ses départs. Le dernier départ, l'irrévocable, a éveillé les remords, le regret posthume, l'effroi de l'irréparable".
Malgré ces rendez-vous manqués avec les femmes, les dernières pages de ce livre très bien écrit montrent un Edmond serein et apaisé qui vante les joies de la famille et des liens intergénérationnels : "Grâce aux saisons qui se répètent, aux enfants qui naissent, à l'exaltation des parents et à l'instinct du vieil oncle, un jour, dans un élan incompréhensible d'éclatante allégresse, subitement, ce vieil oncle soulève de nouvelles pelotes vivantes qui hurlent de surprise et de joie, agitent des petits pieds aussi informes que les boutons de magnolias au bout de leurs tiges minuscules. Grâce à ces miracles du quotidien et à l'éternel recommencement, on finit par accepter que meurent ceux qu'on aime, comme s'étiolent les fleurs".
Plus d'infos sur http://www.nicoleverschoore.be/
mercredi 9 septembre 2009
"Le poète belge Emile Verhaeren" (Vincent Leroy)
Né à Gand en 1855, Emile Verhaeren effectue des études de droit à l'UCL, mais une carrière d'avocat ne l'intéresse pas. "Les Flamandes", son premier recueil de poésies, est publié en 1883. Sa bibliographie contient une longue liste de critiques d'art, d'essais, de poèmes et de pièces de théâtre rédigés pendant trente-trois ans. Sur le plan personnel, après une série de deuils successifs qui ébranlent sa santé mentale, il rencontre sa future épouse, Marthe Massin, qui lui apporte bonheur et sérénité.
Ami personnel du roi Albert Ier et de la reine Elisabeth de Belgique, Emile Verhaeren a côtoyé au cours de sa vie de nombreux écrivains (Rodenbach, Maeterlinck, Mallarmé, Verlaine, Gevers, Lemonnier,...), artistes (Ensor, Van Rysselberghe, Khnopff, Toulouse-Lautrec, Rodin,...) et leaders socialistes (Vandervelde, Volders, Destrée,...). Lors de la première guerre mondiale, Emile Verhaeren est trop âgé pour se battre, mais il défend et glorifie la Belgique et ses souverains à travers ses poésies, ses articles de journaux et ses conférences. Ce grand poète belge décède accidentellement en 1916 à la gare de Rouen en France. Ses derniers mots seront : "Je meurs...ma femme...ma patrie!".
"Le poète belge Emile Verhaeren" par Vincent Leroy, éditions Azimuts, 113 pages, 2006.
Voici plusieurs commentaires sur ce livre destiné au grand public :
Rémi Bertrand : www.remibertrand.net/index7.php?page=table
Edmée De Xhavée : http://edmee.de.xhavee.over-blog.com/article-32866242.html
Alain Fauconnier : http://universel.skynetblogs.be/archive-day/20090627
Delphine Gillès : http://delphine-encoreetencore.blogspot.com/2009/07/comme-promis-je-vous-parle-de-mes.html
Appoline Elter : http://editionsdelermitage.skynetblogs.be/post/7563819/le-poete-belge-emile-verhaeren
Ami personnel du roi Albert Ier et de la reine Elisabeth de Belgique, Emile Verhaeren a côtoyé au cours de sa vie de nombreux écrivains (Rodenbach, Maeterlinck, Mallarmé, Verlaine, Gevers, Lemonnier,...), artistes (Ensor, Van Rysselberghe, Khnopff, Toulouse-Lautrec, Rodin,...) et leaders socialistes (Vandervelde, Volders, Destrée,...). Lors de la première guerre mondiale, Emile Verhaeren est trop âgé pour se battre, mais il défend et glorifie la Belgique et ses souverains à travers ses poésies, ses articles de journaux et ses conférences. Ce grand poète belge décède accidentellement en 1916 à la gare de Rouen en France. Ses derniers mots seront : "Je meurs...ma femme...ma patrie!".
"Le poète belge Emile Verhaeren" par Vincent Leroy, éditions Azimuts, 113 pages, 2006.
Voici plusieurs commentaires sur ce livre destiné au grand public :
Rémi Bertrand : www.remibertrand.net/index7.php?page=table
Edmée De Xhavée : http://edmee.de.xhavee.over-blog.com/article-32866242.html
Alain Fauconnier : http://universel.skynetblogs.be/archive-day/20090627
Delphine Gillès : http://delphine-encoreetencore.blogspot.com/2009/07/comme-promis-je-vous-parle-de-mes.html
Appoline Elter : http://editionsdelermitage.skynetblogs.be/post/7563819/le-poete-belge-emile-verhaeren
samedi 5 septembre 2009
Il y a 20 ans nous quittait Georges Simenon
Son père étant malade, Georges Simenon (1903-1989) arrête ses études en 1918 et devient journaliste à "La Gazette de Liège". Il part vivre à Paris en 1922. Au cours de sa carrière très féconde, Simenon publie environ 400 livres, mais il est surtout connu pour sa série des Maigret qu'il lance en 1931. Les aventures du commissaire Maigret connaissent un succès immédiat et sont traduites en une cinquantaine de langues. Maigret conçoit ses enquêtes policières comme des enquêtes pyschologiques : il tente de s'identifier au coupable et fréquente ses proches et les lieux où il vit. En 1972, Georges Simenon arrête d'écrire ses romans et se retire en Suisse. Il publie cependant ses mémoires, fait don de ses archives littéraires à l'Université de Liège et crée le Fonds Simenon.
Plus d'infos sur www.libnet.ulg.ac.be/simenon http://www.toutsimenon.com/ http://lesamisdegeorgessimenon.blogspot.com/
Plus d'infos sur www.libnet.ulg.ac.be/simenon http://www.toutsimenon.com/ http://lesamisdegeorgessimenon.blogspot.com/
dimanche 30 août 2009
"Un équilibre fragile" (Jacques Mercier)
Né à Mouscron en 1943, Jacques Mercier est un homme polyvalent. Journaliste de formation, il a animé de nombreuses émissions populaires de radio et de télévision sur la RTBF ("Dimanche Musique", "Musique au petit-déjeuner", "Le jeu des dictionnaires", "Forts en têtes", etc), il tient une rubrique quotidienne "Monsieur Dico" dans le journal "La Libre Belgique" depuis plusieurs années, il est l'auteur de romans, d'essais mais aussi de livres pour enfants.
"Un équilibre fragile" raconte l'histoire de Gustave, un écrivain trentenaire connaissant le succès et élu précocement à l'Académie. Secondé par son assistant Gilles, il est emporté par les nombreuses obligations de sa carrière littéraire qui l'ennuient : interviews, conférences, séances de dédicaces ou négociations de contrats. Il leur préfère le travail d'écriture.
Jusqu'à la page 134, on suit Gustave qui tente de concilier sa carrière, son amour pour Charlotte et...ses infidélités. Ce passage traduit son état d'esprit : "Notre couple est à l'image d'un tricot de ma grand-mère. En jouant, j'avais heurté l'ouvrage et l'aiguille avait glissé, relâchant tous les points. Le travail avait encore l'air d'être structuré, mais il pouvait se désarticuler au moindre mouvement. L'envie de liberté monte en moi, grossit en rejetant toutes les objections, ne les relevant plus".
Après le divorce de Gustave et Charlotte, aucun élément nouveau n'apparaît jusqu'à la fin du récit devenu monotone et répétitif. On continue de suivre Gustave entre ses activités littéraires et les femmes qu'il rencontre. Mais il faut féliciter Jacques Mercier, un passionné de la langue française, pour l'excellent travail d'écriture, marqué par de fréquents flash-backs dans le passé de Gustave.
Je laisse la conclusion à l'auteur qui résume assez bien le roman : "Quand je suis moi-même et me fie à mes intuitions (ou mon instinct qui est inné, irréfléchi, animal, spontané?), je réussis ma vie professionnelle mais pas ma vie amoureuse. L'échec avec Charlotte est d'autant plus douloureux que mes succès littéraires foisonnent en parallèle. Ces deux pans de ma vie relèvent de la même énergie, il me semble y consacrer autant de temps et j'en conclus que s'engager totalement dans deux entreprises est impossible (...) La compréhension que j'ai de l'amour n'est pas aussi claire que celle que j'ai de la création" (p.167).
"Un équilibre fragile" raconte l'histoire de Gustave, un écrivain trentenaire connaissant le succès et élu précocement à l'Académie. Secondé par son assistant Gilles, il est emporté par les nombreuses obligations de sa carrière littéraire qui l'ennuient : interviews, conférences, séances de dédicaces ou négociations de contrats. Il leur préfère le travail d'écriture.
Jusqu'à la page 134, on suit Gustave qui tente de concilier sa carrière, son amour pour Charlotte et...ses infidélités. Ce passage traduit son état d'esprit : "Notre couple est à l'image d'un tricot de ma grand-mère. En jouant, j'avais heurté l'ouvrage et l'aiguille avait glissé, relâchant tous les points. Le travail avait encore l'air d'être structuré, mais il pouvait se désarticuler au moindre mouvement. L'envie de liberté monte en moi, grossit en rejetant toutes les objections, ne les relevant plus".
Après le divorce de Gustave et Charlotte, aucun élément nouveau n'apparaît jusqu'à la fin du récit devenu monotone et répétitif. On continue de suivre Gustave entre ses activités littéraires et les femmes qu'il rencontre. Mais il faut féliciter Jacques Mercier, un passionné de la langue française, pour l'excellent travail d'écriture, marqué par de fréquents flash-backs dans le passé de Gustave.
Je laisse la conclusion à l'auteur qui résume assez bien le roman : "Quand je suis moi-même et me fie à mes intuitions (ou mon instinct qui est inné, irréfléchi, animal, spontané?), je réussis ma vie professionnelle mais pas ma vie amoureuse. L'échec avec Charlotte est d'autant plus douloureux que mes succès littéraires foisonnent en parallèle. Ces deux pans de ma vie relèvent de la même énergie, il me semble y consacrer autant de temps et j'en conclus que s'engager totalement dans deux entreprises est impossible (...) La compréhension que j'ai de l'amour n'est pas aussi claire que celle que j'ai de la création" (p.167).
samedi 22 août 2009
"Amélie Nothomb de A à Z : portrait d'un monstre littéraire" (Michel Zumkir)
A chacune de mes visites à la Foire du Livre de Bruxelles, je suis fascinné par les dizaines et dizaines de personnes (en particulier des jeunes) qui font la file pendant des heures pour se faire dédicacer un roman par Amélie Nothomb. Cette dernière a toujours l'air disponible, agréable et simple. Qu'on aime ou qu'on déteste ce qu'elle écrit, elle mérite le respect car elle donne le goût de la lecture à de très nombreux jeunes. J'ai voulu découvrir sa personnalité, la femme qui se cache sous son chapeau noir.
Issue d'une famille très connue en Belgique et fille d'un diplomate, Amélie est née au Japon en 1967 et a vécu ensuite en Chine, aux Etats-Unis, au Laos, en Birmanie et au Bangladesh. A l'âge de 17 ans, elle vient habiter en Europe et effectue des études de philologie romane à l'Université Libre de Bruxelles, où elle aura du mal à se faire intégrer à cause de son nom et de sa personnalité décalée. Elle consacre son mémoire à l'oeuvre de Bernanos.
Son diplôme en poche, Amélie retourne au Japon où elle travaille dans une grande entreprise. Après cette expérience pénible qu'elle raconte dans "Stupeur et tremblements", elle rentre en Belgique et publie "Hygiène de l'assassin" aux éditions Albin Michel en 1992. C'est un succès. Désormais, elle peut vivre de sa passion pour l'écriture et publie chaque année un roman en septembre. Elle est également l'auteur de textes pour la chanteuse française Robert et a reçu divers prix.
Construit sous forme d'abécédaire, cette biographie d'Amélie Nothomb contient des entretiens avec ses parents, sa soeur, son attachée de presse et des professionnels du monde de l'édition. On y apprend que ses livres sont traduits en 35 langues, qu'elle prend ses congés entre le 15 juillet et le 15 août, qu'elle est amoureuse mais ne souhaite pas avoir d'enfants. Elle aime, entre autres, la correspondance, l'art nouveau bruxellois, le Japon, la culture gréco-latine, le thé, la famille royale belge, Jacqueline Harpman et Mylène Farmer. Elle déteste être prise en photo et aller dans des cocktaïls mondains.
Une remarque de la mère d'Amélie m'a particulièrement surpris : "Ce succès me prive de mon enfant. Je ne la vois que quelques jours par an. A part çà, j'ai droit à un coup de fil de trois minutes par jour. J'en sais moins sur sa vie privée que beaucoup de mères. J'ignore où elle vit et avec qui. Nous ne pouvons jamais aller la voir chez elle. Elle est terriblement secrète".
Enfin, il faut noter l'objectivité sans complaisance et sans préjugé de Michel Zumkir qui s'est consacré à l'oeuvre d'Amélie Nothomb et n'a pas cherché à entrer dans sa vie privée. Il a également le mérite d'avoir écrit un livre accessible au grand public.
Issue d'une famille très connue en Belgique et fille d'un diplomate, Amélie est née au Japon en 1967 et a vécu ensuite en Chine, aux Etats-Unis, au Laos, en Birmanie et au Bangladesh. A l'âge de 17 ans, elle vient habiter en Europe et effectue des études de philologie romane à l'Université Libre de Bruxelles, où elle aura du mal à se faire intégrer à cause de son nom et de sa personnalité décalée. Elle consacre son mémoire à l'oeuvre de Bernanos.
Son diplôme en poche, Amélie retourne au Japon où elle travaille dans une grande entreprise. Après cette expérience pénible qu'elle raconte dans "Stupeur et tremblements", elle rentre en Belgique et publie "Hygiène de l'assassin" aux éditions Albin Michel en 1992. C'est un succès. Désormais, elle peut vivre de sa passion pour l'écriture et publie chaque année un roman en septembre. Elle est également l'auteur de textes pour la chanteuse française Robert et a reçu divers prix.
Construit sous forme d'abécédaire, cette biographie d'Amélie Nothomb contient des entretiens avec ses parents, sa soeur, son attachée de presse et des professionnels du monde de l'édition. On y apprend que ses livres sont traduits en 35 langues, qu'elle prend ses congés entre le 15 juillet et le 15 août, qu'elle est amoureuse mais ne souhaite pas avoir d'enfants. Elle aime, entre autres, la correspondance, l'art nouveau bruxellois, le Japon, la culture gréco-latine, le thé, la famille royale belge, Jacqueline Harpman et Mylène Farmer. Elle déteste être prise en photo et aller dans des cocktaïls mondains.
Une remarque de la mère d'Amélie m'a particulièrement surpris : "Ce succès me prive de mon enfant. Je ne la vois que quelques jours par an. A part çà, j'ai droit à un coup de fil de trois minutes par jour. J'en sais moins sur sa vie privée que beaucoup de mères. J'ignore où elle vit et avec qui. Nous ne pouvons jamais aller la voir chez elle. Elle est terriblement secrète".
Enfin, il faut noter l'objectivité sans complaisance et sans préjugé de Michel Zumkir qui s'est consacré à l'oeuvre d'Amélie Nothomb et n'a pas cherché à entrer dans sa vie privée. Il a également le mérite d'avoir écrit un livre accessible au grand public.
dimanche 16 août 2009
Nouveau livre de Nicolas Ancion
Et oui, la rentrée littéraire approche... Le 27 août, le nouveau livre de l'écrivain belge Nicolas Ancion (http://www.nicolasancion.com/), "L'homme qui valait 35 milliards", sortira au Grand Miroir (éditions Luc Pire). Je ne l'ai pas lu, mais l'action se passe dans la Cité Ardente avec la sidérurgie en toile de fond. Outre ses talents d'écrivain, Nicolas est également un pro de la communication : site Internet, blog, Facebook, visite dans les classes, etc. (cette remarque vaut aussi pour l'auteur belge Vincent Engel). Pour marquer la sortie de son nouveau livre, il a pensé à une vidéo très bien faite que vous pouvez trouver sur YouTube ou sur son blog http://ancion.hautetfort.com/ . Bien pensé! Et comme il sait que je suis son travail et que nous nous sommes rencontrés en mars à la Foire du Livre de Bruxelles (en plus, il est sympa!), il a eu la gentillesse de m'avertir personnellement de cette sortie, ainsi que d'autres bloggeurs probablement. Comment dès lors ne pas avoir envie de l'aider?
Allez, chers lecteurs fidèles de ce blog, apportez un petit coup de pouce à un auteur belge et vous aurez en plus le plaisir de pouvoir discuter par mail avec lui. Bon vent Nicolas!
P.S. Ce serait intéressant d'avoir l'avis d'autres écrivains (la Bande des Nez Rouges, Philippe Desterbecq, Jean Botquin, etc.) et de Bob, notre ami libraire : que pensez-vous de la communication de Nicolas?
Allez, chers lecteurs fidèles de ce blog, apportez un petit coup de pouce à un auteur belge et vous aurez en plus le plaisir de pouvoir discuter par mail avec lui. Bon vent Nicolas!
P.S. Ce serait intéressant d'avoir l'avis d'autres écrivains (la Bande des Nez Rouges, Philippe Desterbecq, Jean Botquin, etc.) et de Bob, notre ami libraire : que pensez-vous de la communication de Nicolas?
lundi 3 août 2009
Interview de l'auteur belge Pierre Coran
Il y a quelques semaines, je vous avais déjà parlé de Pierre Coran qui fête en 2009 ses 50 ans de carrière littéraire. J'ai retrouvé une longue interview qu'il avait accordée l'an dernier à la revue "Le Carnet et les Instants" :
"Comment en êtes-vous venu, en étant instituteur, à vous lancer dans l'écriture pour la jeunesse?
- J'avais publié un premier livre de poésie. Un élève de 5ème primaire m'a dit : "Pourquoi avez-vous écrit pour les parents et pas pour nous?". Interloqué, j'ai écrit ce soir-là un poème que j'ai mis au tableau le lendemain. Les élèves m'ont dit : "Ce n'est pas mal mais il faudra nous en écrire d'autres". Je me suis rendu compte qu'en 1960, la littérature de jeunesse n'existait pas, qu'elle était tout au plus embryonnaire. Même Maurice Carême faisait alors ses livres à compte d'auteur! Moi aussi, je faisais paraître mes livres moi-même aux Editions Le Cyclope. Des tirages de 5.000 exemplaires parfois, sans même d'illustration! Je les vendais très bon marché à des associations. Ma mise récupérée, je sortais un autre livre de poèmes. A la fin des années 70, Casterman m'a fait confiance et j'ai commencé à faire carrière dans l'écriture pour enfants. Entretemps, j'étais devenu directeur d'école et çà devenait dur de faire les deux. C'est donc en 1978 que j'ai décidé de quitter l'enseignement pour vivre de ma plume. Je gardais un jour de cours comme professeur d'histoire de la littérature au Conservatoire Royal de Mons. Cela m'a permis de faire carrière.
- A cette époque, était-il possible de vivre de sa plume en écrivant pour la jeunesse?
- C'était très difficile, mais possible. Bien sûr, j'ai fait d'autres choses, comme des scénarios pour la télévision, principalement pour des dessins animés. J'ai aussi écrit sur commande. Je ne revendique pas ces livres-là, mais on peut dire qu'ils m'ont appris mon métier. D'ailleurs, c'était cela ou rentrer dans l'enseignement. J'avais un congé de deux ans pour convenance personnelle et c'était la débrouille! Je n'ai jamais signé de contrat avec un éditeur, ni Grasset, ni le Seuil, ni Flammarion. C'est trop contraignant et çà ne permet pas de vivre de ses livres.
- Vous écrivez tous les jours?
- J'écris presque quotidiennement quand j'écris un roman. Quant aux poèmes, c'est quand ils viennent, quelquefois en pleine nuit! Je les accumule jusqu'au jour où je les réunis. Je publie aujourd'hui cinquante fables. On m'avait mis en garde : "Les fables, ce n'est pas du tout commercial!". Mais finalement, le livre sort chez Grasset. J'ai eu le Prix La Fontaine dans le temps, mais je n'avais jamais utilisé les fables. Avec l'illustrateur français Christophe Besse, on vient de signer des "Antifables". Il faut comprendre que c'est un livre anti-gnangnan. Avant nous, il y a bien eu les "Antimémoires" d'André Malraux!
- Quel conseil donneriez-vous à un auteur débutant?
- Si j'avais un conseil à donner aux plus jeunes, c'est qu'il faut se battre et ne surtout pas tenir compte des modes. Si on y croit, on se bat pour. Aujourd'hui, c'est un phénomène, la littérature de jeunesse. A condition de publier beaucoup, on peut en vivre. Les livres qui marchent bien permettent d'avoir des animations et ce sont ces animations qui font vivre les auteurs. Il faut savoir que ce ne sont jamais les livres ni leurs droits d'auteur qui permette d'avoir une vie d'auteur à temps plein, mais les animations autour de nos livres. Si on ne sort pas assez de livre, on n'a plus d'animations... Si on fait un métier d'écriture, il ne faut pas privilégier l'argent. J'aimais bien être directeur d'école, mais je ne pouvais pas faire les deux en même temps. Ce métier m'a permis de voyager, d'être invité à des salons du livre, de faire des animations jusqu'au Sénégal ou en Louisiane. Je n'ai jamais regretté, mais bien sûr j'ai un mode de vie beaucoup plus modeste que celui que j'aurais pu avoir.
- Pouvez-vous nous dire un mot de vos animations dans les écoles?
- Dans les salons du livre, je participe à des animations sur mes romans et ma poésie. Il existe aussi une animation dans mon village natal, où je suis né en 1934, à Saint-Denis dans la banlieue de Mons. Je lui ai consacré une trilogie romanesque inspirée de mon enfance pendant la guerre. Les écoles peuvent venir y passer trois heures, découvrir le village et les lieux réels où s'est déroulée l'action des "Commandos des pièces-à-trous". Au préalable, ils ont lu l'un ou l'autre des romans de la trilogie qui vient de reparaître chez Milan dans une édition à 6 euros.
- Quel est l'auteur vivant que vous aimez particulièrement en littérature de jeunesse?
- Ce sont des femmes et elles sont deux, autant pour ce qu'elles écrivent que pour ce qu'elles sont : Susie Morgenstern et Marie-Aude Murail.
- Quels sont les poètes qui vous ont nourri?
- Raymond Queneau tout d'abord! Ses textes me parlent et je les écoute! En 1966, quand j'ai sorti "Enfants du Monde", une anthologie de poésies écrites par des enfants des écoles Freinet, il a salué publiquement l'initiative. Ensuite, Jacques Prévert, qui fut pour moi un premier choc, à seize ans. A la bibliothèque de l'école normale pour instituteurs, j'emprunte "Paroles" et lis avec délectation ses poèmes à dire si différents des chefs d'oeuvre classiques qu'il nous était demandé de mémoriser. Parmi les Belges, il y a Norge pour qui j'ai une admiration sans réserve. On ne s'est jamais rencontrés mais on s'est écrit. Quant à Henri Michaux, ce qui m'a épaté et amené à découvrir ses voyages en mots et ses hallucinations, c'est le "Plume" joué admirablement au théâtre par Philippe Geluck. Je m'en voudrais de ne pas citer Achille Chavée. Il m'est arrivé, un jour, de signer mes premiers albums à compte d'auteur en sa compagnie. Ce samedi-là, il a fait danser mon fils Carl sur ses genoux.
- Comment considérez-vous le fait que votre fils Carl Norac marche dans vos pas?
- J'en suis heureux. L'autre jour, il devait recevoir la médaille de la province du Hainaut. Comme les trains ne roulaient pas, c'est moi qui suis allé la recevoir pour lui! Je crois n'avoir jamais rien fait pour que Carl m'imite. Simplement, si j'avais été cordonnier, il aurait commencé à taper sur des bottines dès l'enfance. J'ai été son instituteur pendant deux ans et je n'ai pas voulu jouer au papa contraignant. Je lui avais dit : "Si tu veux écrire, il te reste à travailler beaucoup". Disons que j'ai sans doute été le déclic. Bien sûr, il y a des similitudes : il a démissionné de son travail au même âge que moi. Il a fait sa vie tout seul et je ne l'ai jamais aidé. Ce que nous faisons est tout à fait différent et j'en suis ravi.
- Vous avez collectionné les prix prestigieux (prix de la Pléiade 1964, prix Jean de la Fontaine 1979, grand prix de poésie pour la jeunesse à Paris en 1989 pour n'en citer que quelques-uns). Qu'a représenté pour vous le prix triennal?
- J'ai eu peu de prix mais des prix importants. Ici, dans ce premier prix triennal, ce qui m'intéresse surtout, c'est qu'une ministre a reconnu la littérature de jeunesse comme littérature à part entière. On nous a reconnus, Marie Wabbes, Kitty Crowther et moi-mêmes, comme auteurs de littérature de jeunesse, mais aussi tous les autres qui vont suivre. Cela compte, car toutes les générations qui suivent vont s'installer dans quelque chose d'enfin reconnu. Il y aura des prix l'année prochaine et les suivantes. C'est çà qui est formidable. Et Fadila Laanan va entrer dans l'histoire de la culture en Belgique comme la première à avoir réellement reconnu la littérature de jeunesse.
- Jusqu'ici, vous pensez qu'il y avait une sorte de condescendance?
- Oui, je le pense. Surtout à l'époque où j'ai commencé à écrire. On n'est pas vraiment pris au sérieux quand on écrit pour les enfants. Ca me poursuit parfois encore aujourd'hui : certains de mes romans dits pour adolescents pourraient tout aussi bien être lus comme romans pour adultes. Une autre conséquence, pour ma poésie celle-là, est que je suis rarement repris dans les anthologies alors que j'ai écrit pas mal de poèmes pour adultes. Mais je n'en souffre pas. Je ne suis pas tellement dans le milieu littéraire et je n'entends pas ses rumeurs... Quand j'aime bien quelqu'un qui écrit bien, je le lui dis. Si je n'aime pas, je me tais".
(interview extraite de la revue bimestrielle "Le Carnet et les Instants").
"Comment en êtes-vous venu, en étant instituteur, à vous lancer dans l'écriture pour la jeunesse?
- J'avais publié un premier livre de poésie. Un élève de 5ème primaire m'a dit : "Pourquoi avez-vous écrit pour les parents et pas pour nous?". Interloqué, j'ai écrit ce soir-là un poème que j'ai mis au tableau le lendemain. Les élèves m'ont dit : "Ce n'est pas mal mais il faudra nous en écrire d'autres". Je me suis rendu compte qu'en 1960, la littérature de jeunesse n'existait pas, qu'elle était tout au plus embryonnaire. Même Maurice Carême faisait alors ses livres à compte d'auteur! Moi aussi, je faisais paraître mes livres moi-même aux Editions Le Cyclope. Des tirages de 5.000 exemplaires parfois, sans même d'illustration! Je les vendais très bon marché à des associations. Ma mise récupérée, je sortais un autre livre de poèmes. A la fin des années 70, Casterman m'a fait confiance et j'ai commencé à faire carrière dans l'écriture pour enfants. Entretemps, j'étais devenu directeur d'école et çà devenait dur de faire les deux. C'est donc en 1978 que j'ai décidé de quitter l'enseignement pour vivre de ma plume. Je gardais un jour de cours comme professeur d'histoire de la littérature au Conservatoire Royal de Mons. Cela m'a permis de faire carrière.
- A cette époque, était-il possible de vivre de sa plume en écrivant pour la jeunesse?
- C'était très difficile, mais possible. Bien sûr, j'ai fait d'autres choses, comme des scénarios pour la télévision, principalement pour des dessins animés. J'ai aussi écrit sur commande. Je ne revendique pas ces livres-là, mais on peut dire qu'ils m'ont appris mon métier. D'ailleurs, c'était cela ou rentrer dans l'enseignement. J'avais un congé de deux ans pour convenance personnelle et c'était la débrouille! Je n'ai jamais signé de contrat avec un éditeur, ni Grasset, ni le Seuil, ni Flammarion. C'est trop contraignant et çà ne permet pas de vivre de ses livres.
- Vous écrivez tous les jours?
- J'écris presque quotidiennement quand j'écris un roman. Quant aux poèmes, c'est quand ils viennent, quelquefois en pleine nuit! Je les accumule jusqu'au jour où je les réunis. Je publie aujourd'hui cinquante fables. On m'avait mis en garde : "Les fables, ce n'est pas du tout commercial!". Mais finalement, le livre sort chez Grasset. J'ai eu le Prix La Fontaine dans le temps, mais je n'avais jamais utilisé les fables. Avec l'illustrateur français Christophe Besse, on vient de signer des "Antifables". Il faut comprendre que c'est un livre anti-gnangnan. Avant nous, il y a bien eu les "Antimémoires" d'André Malraux!
- Quel conseil donneriez-vous à un auteur débutant?
- Si j'avais un conseil à donner aux plus jeunes, c'est qu'il faut se battre et ne surtout pas tenir compte des modes. Si on y croit, on se bat pour. Aujourd'hui, c'est un phénomène, la littérature de jeunesse. A condition de publier beaucoup, on peut en vivre. Les livres qui marchent bien permettent d'avoir des animations et ce sont ces animations qui font vivre les auteurs. Il faut savoir que ce ne sont jamais les livres ni leurs droits d'auteur qui permette d'avoir une vie d'auteur à temps plein, mais les animations autour de nos livres. Si on ne sort pas assez de livre, on n'a plus d'animations... Si on fait un métier d'écriture, il ne faut pas privilégier l'argent. J'aimais bien être directeur d'école, mais je ne pouvais pas faire les deux en même temps. Ce métier m'a permis de voyager, d'être invité à des salons du livre, de faire des animations jusqu'au Sénégal ou en Louisiane. Je n'ai jamais regretté, mais bien sûr j'ai un mode de vie beaucoup plus modeste que celui que j'aurais pu avoir.
- Pouvez-vous nous dire un mot de vos animations dans les écoles?
- Dans les salons du livre, je participe à des animations sur mes romans et ma poésie. Il existe aussi une animation dans mon village natal, où je suis né en 1934, à Saint-Denis dans la banlieue de Mons. Je lui ai consacré une trilogie romanesque inspirée de mon enfance pendant la guerre. Les écoles peuvent venir y passer trois heures, découvrir le village et les lieux réels où s'est déroulée l'action des "Commandos des pièces-à-trous". Au préalable, ils ont lu l'un ou l'autre des romans de la trilogie qui vient de reparaître chez Milan dans une édition à 6 euros.
- Quel est l'auteur vivant que vous aimez particulièrement en littérature de jeunesse?
- Ce sont des femmes et elles sont deux, autant pour ce qu'elles écrivent que pour ce qu'elles sont : Susie Morgenstern et Marie-Aude Murail.
- Quels sont les poètes qui vous ont nourri?
- Raymond Queneau tout d'abord! Ses textes me parlent et je les écoute! En 1966, quand j'ai sorti "Enfants du Monde", une anthologie de poésies écrites par des enfants des écoles Freinet, il a salué publiquement l'initiative. Ensuite, Jacques Prévert, qui fut pour moi un premier choc, à seize ans. A la bibliothèque de l'école normale pour instituteurs, j'emprunte "Paroles" et lis avec délectation ses poèmes à dire si différents des chefs d'oeuvre classiques qu'il nous était demandé de mémoriser. Parmi les Belges, il y a Norge pour qui j'ai une admiration sans réserve. On ne s'est jamais rencontrés mais on s'est écrit. Quant à Henri Michaux, ce qui m'a épaté et amené à découvrir ses voyages en mots et ses hallucinations, c'est le "Plume" joué admirablement au théâtre par Philippe Geluck. Je m'en voudrais de ne pas citer Achille Chavée. Il m'est arrivé, un jour, de signer mes premiers albums à compte d'auteur en sa compagnie. Ce samedi-là, il a fait danser mon fils Carl sur ses genoux.
- Comment considérez-vous le fait que votre fils Carl Norac marche dans vos pas?
- J'en suis heureux. L'autre jour, il devait recevoir la médaille de la province du Hainaut. Comme les trains ne roulaient pas, c'est moi qui suis allé la recevoir pour lui! Je crois n'avoir jamais rien fait pour que Carl m'imite. Simplement, si j'avais été cordonnier, il aurait commencé à taper sur des bottines dès l'enfance. J'ai été son instituteur pendant deux ans et je n'ai pas voulu jouer au papa contraignant. Je lui avais dit : "Si tu veux écrire, il te reste à travailler beaucoup". Disons que j'ai sans doute été le déclic. Bien sûr, il y a des similitudes : il a démissionné de son travail au même âge que moi. Il a fait sa vie tout seul et je ne l'ai jamais aidé. Ce que nous faisons est tout à fait différent et j'en suis ravi.
- Vous avez collectionné les prix prestigieux (prix de la Pléiade 1964, prix Jean de la Fontaine 1979, grand prix de poésie pour la jeunesse à Paris en 1989 pour n'en citer que quelques-uns). Qu'a représenté pour vous le prix triennal?
- J'ai eu peu de prix mais des prix importants. Ici, dans ce premier prix triennal, ce qui m'intéresse surtout, c'est qu'une ministre a reconnu la littérature de jeunesse comme littérature à part entière. On nous a reconnus, Marie Wabbes, Kitty Crowther et moi-mêmes, comme auteurs de littérature de jeunesse, mais aussi tous les autres qui vont suivre. Cela compte, car toutes les générations qui suivent vont s'installer dans quelque chose d'enfin reconnu. Il y aura des prix l'année prochaine et les suivantes. C'est çà qui est formidable. Et Fadila Laanan va entrer dans l'histoire de la culture en Belgique comme la première à avoir réellement reconnu la littérature de jeunesse.
- Jusqu'ici, vous pensez qu'il y avait une sorte de condescendance?
- Oui, je le pense. Surtout à l'époque où j'ai commencé à écrire. On n'est pas vraiment pris au sérieux quand on écrit pour les enfants. Ca me poursuit parfois encore aujourd'hui : certains de mes romans dits pour adolescents pourraient tout aussi bien être lus comme romans pour adultes. Une autre conséquence, pour ma poésie celle-là, est que je suis rarement repris dans les anthologies alors que j'ai écrit pas mal de poèmes pour adultes. Mais je n'en souffre pas. Je ne suis pas tellement dans le milieu littéraire et je n'entends pas ses rumeurs... Quand j'aime bien quelqu'un qui écrit bien, je le lui dis. Si je n'aime pas, je me tais".
(interview extraite de la revue bimestrielle "Le Carnet et les Instants").
samedi 25 juillet 2009
Sauvons le Musée Emile Verhaeren à Roisin
Alors qu'on ne cesse de nous parler de la candidature de Mons au titre de capitale culturelle européenne en 2015, un groupe de citoyens tente d'attirer l'attention sur le Musée Emile Verhaeren à Roisin (à une vingtaine de kilomètres de Mons) qui attend depuis des années pour être rénové et réouvert au public... Pour ceux qui ne le connaissent pas, Emile Verhaeren (1855-1916) est un grand poète belge qui est né près d'Anvers, écrivait en français, a été traduit dans de nombreuses langues et passait ses vacances à Roisin.
Pourtant, le Musée Emile Verhaeren dans son village natal de Sint-Amands fonctionne parfaitement. Le village de Roisin est situé au milieu du Parc Naturel des Hauts-Pays qui connaît un bel essor touristique et possède de chaleureux gîtes ruraux. Le site du "Caillou-qui-bique" est fréquenté tout au long de l'année par des écoliers en classe de forêt qui ont un atelier poésie autour de Verhaeren à leur programme...sans pouvoir entrer dans le musée qui lui est consacré! Le parking accueille les voitures de nombreux promeneurs qui vont se balader dans le bois tout proche.
Bref, toutes les conditions sont remplies...sauf la bonne volonté du monde politique. La Province du Hainaut avait racheté le bâtiment et avait prévu 750.000 euros pour l'aménagement en Musée Verhaeren d'une part, et en siège du Parc Naturel des Hauts-Pays d'autre part. Mais le dossier bloque au niveau de la région wallone et de la commune des Honnelles. Aussi des citoyens se mobilisent pour mettre toutes les autorités compétentes autour d'une table et trouver une solution à cette situation qui dure depuis plusieurs années...
Une journée de sensibilisation aura lieu le samedi 1er août 2009 à Roisin : cérémonie officielle à 11h au château de Bargette (rue Emile Verhaeren,3 - Roisin) avec dépôt de fleurs devant la statue du poète, suivi d'une promenade familiale de 4km autour du site du "Caillou-qui-bique" afin de découvrir le circuit des pierres gravées de poèmes d'Emile Verhaeren.
Plus d'infos auprès des organisateurs René Legrand (legrandrene@skynet.be) et Muriel Vigneron (muvigneron@hotmail.com).
Pourtant, le Musée Emile Verhaeren dans son village natal de Sint-Amands fonctionne parfaitement. Le village de Roisin est situé au milieu du Parc Naturel des Hauts-Pays qui connaît un bel essor touristique et possède de chaleureux gîtes ruraux. Le site du "Caillou-qui-bique" est fréquenté tout au long de l'année par des écoliers en classe de forêt qui ont un atelier poésie autour de Verhaeren à leur programme...sans pouvoir entrer dans le musée qui lui est consacré! Le parking accueille les voitures de nombreux promeneurs qui vont se balader dans le bois tout proche.
Bref, toutes les conditions sont remplies...sauf la bonne volonté du monde politique. La Province du Hainaut avait racheté le bâtiment et avait prévu 750.000 euros pour l'aménagement en Musée Verhaeren d'une part, et en siège du Parc Naturel des Hauts-Pays d'autre part. Mais le dossier bloque au niveau de la région wallone et de la commune des Honnelles. Aussi des citoyens se mobilisent pour mettre toutes les autorités compétentes autour d'une table et trouver une solution à cette situation qui dure depuis plusieurs années...
Une journée de sensibilisation aura lieu le samedi 1er août 2009 à Roisin : cérémonie officielle à 11h au château de Bargette (rue Emile Verhaeren,3 - Roisin) avec dépôt de fleurs devant la statue du poète, suivi d'une promenade familiale de 4km autour du site du "Caillou-qui-bique" afin de découvrir le circuit des pierres gravées de poèmes d'Emile Verhaeren.
Plus d'infos auprès des organisateurs René Legrand (legrandrene@skynet.be) et Muriel Vigneron (muvigneron@hotmail.com).
vendredi 17 juillet 2009
50 ans de carrière de Pierre Coran
Né en 1934 à Saint-Denis près de Mons, Eugène Delaisse devient instituteur et sort son premier livre, "Le fiel" en 1959. Il choisit d'écrire sous le nom de Pierre Coran, puis de quitter son métier pour se consacrer entièrement à la littérature de jeunesse (poèmes, romans, etc.). Il a reçu différentes récompenses (comme le Prix Jean de la Fontaine 1979) et une école primaire de Mons porte son nom. Sa bibliographie compte 130 livres... En cette année 2009, l'auteur belge Pierre Coran fête donc ses 75 ans et ses 50 ans de carrière, aura droit cet automne à une exposition rétrospective au Centre de Littérature de Jeunesse de Bruxelles, et est nominé pour le Prix Hans Christian Andersen 2009 ("le Prix Nobel de littérature de jeunesse") qu'aucun Belge n'a jamais reçu. Sa recette pour réussir? "Il ne faut pas être pressé, il faut durer. Quand un livre sort, même si c'est un succès, je repars à zéro. Et il faut rester libre, ne pas demander de subsides, d'aides. Ca doit être au mérite. J'ai toujours voulu rester indépendant. Mon papa est mort quand j'avais 13 ans. J'ai dû m'assumer. J'avais une maman formidable. Pour elle, que je sois instituteur était le sommet". Notons que le fils de Pierre Coran est également écrivain sous le nom de Carl Norac (C-O-R-A-N dans le désordre). Bon anniversaire Pierre!
samedi 27 juin 2009
"La liberté de l'amour" (C. Nys-Mazure et C. Henning)
"La liberté de l'amour" est une conversation de 2005 entre le journaliste Christophe Henning et Colette Nys-Mazure (née en 1939) qui dédie cet ouvrage "à ceux et celles qui m'ont communiqué l'intime conviction d'un amour plus fort que la mort". Son enfance est, en effet, marquée par le décès de ses parents qu'elle raconte en détail dans son livre "L'enfant neuf". Elle rend hommage à l'attention que lui ont prodiguée ses oncles et tantes du Tournaisis, ainsi que Mère Marie-Tarcisius qui lui a transmis sa foi mais l'a découragée d'entrer au couvent : "Je la sentais désireuse de m'aider à trouver ma voie propre, sans aucun préjugé. Outre l'amour inconditionnel, elle m'a révélé le respect de la liberté, l'autonomie de chacun (...) Je suis convaincue que c'est une sainte authentique de notre temps, mais elle n'a nul besoin de canonisation officielle".
Colette raconte ensuite sa rencontre avec son époux - qui avait perdu, lui aussi, sa maman - et confie : "Il se peut qu'influencés par ces débuts tragiques et par la qualité de notre entourage, nous ayons jeté toutes nos forces dans un couple résolu à durer. C'était et c'est un projet fort. Nous avons souhaité une famille nombreuse et désiré l'élargir en accueillant des enfants d'ailleurs, par le biais d'un organisme international". Elle évoque aussi la maternité ("Le fait de donner la vie n'implique pas de donner sa vie pour les enfants"). Trois de ses cinq enfants vivent aujourd'hui à l'étranger et on sent une pointe de tristesse de ne voir ses petits-enfants que deux ou trois fois par an. Mais elle ajoute : "Allons! Ils sont heureux et font leur vie avec allégresse, n'est-ce pas ce que tu souhaites?".
Professeur de français de 1961 à 1999, Colette Nys-Mazure obtient en 1975 le Prix Froissart dont la récompense était l'édition de son premier livre, "La vie à foison". Elle revient sur "Célébration du quotidien", publié en 1997, qui a marqué sa carrière littéraire : "Nous nous masquons notre réalité mortelle, nous fuyons vers l'arrière ou vers l'avant en négligeant ce présent très quotidien qu'il nous est donné de vivre ; nous recherchons l'extraordinaire et c'est lorsque l'ordinaire nous est interdit que nous en mesurons la valeur". Colette Nys-Mazure refuse cependant d'être enfermée dans le courant minimaliste cher à Philippe Delerm. Elle nous raconte ensuite ses quatre résidences d'écrivain - notamment à l'Academia Belgica à Rome - et son besoin d'avoir deux heures solitaires le matin pour lire et écrire.
Dans le chapitre intitulé "Enseigner savoir et saveur", Colette confie : "Aujourd'hui, le travail de l'enseignant se trouve sérieusement compliqué : d'une part, l'école n'est qu'un des accès à l'information et son crédit s'est affaibli ; d'autre part, les élèves sont habitués à zapper lorsqu'une émission les ennuie, et surtout, ils ont tant d'énergie à dépenser que, faute d'activité physique quotidienne, l'attention soutenue au cours leur devient difficile, voire impossible". Aujourd'hui retraitée, elle préfère animer des ateliers d'écriture que donner une conférence, et tente de faire redécouvrir le plaisir de la lecture à ses stagiaires.
Colette Nys-Mazure évoque ensuite la société de consommation, les nouvelles technologies, la religion et son souhait d'être enterrée au Jardin des Poètes au sommet du Mont Saint-Aubert. Même si la mort est souvent évoquée dans cet ouvrage, on le termine avec un message positif d'espoir et d'optimisme. C'est un bon résumé de la vie et de l'oeuvre de cette Grande Dame de la littérature belge dont les médias ne parlent pas assez.
Colette raconte ensuite sa rencontre avec son époux - qui avait perdu, lui aussi, sa maman - et confie : "Il se peut qu'influencés par ces débuts tragiques et par la qualité de notre entourage, nous ayons jeté toutes nos forces dans un couple résolu à durer. C'était et c'est un projet fort. Nous avons souhaité une famille nombreuse et désiré l'élargir en accueillant des enfants d'ailleurs, par le biais d'un organisme international". Elle évoque aussi la maternité ("Le fait de donner la vie n'implique pas de donner sa vie pour les enfants"). Trois de ses cinq enfants vivent aujourd'hui à l'étranger et on sent une pointe de tristesse de ne voir ses petits-enfants que deux ou trois fois par an. Mais elle ajoute : "Allons! Ils sont heureux et font leur vie avec allégresse, n'est-ce pas ce que tu souhaites?".
Professeur de français de 1961 à 1999, Colette Nys-Mazure obtient en 1975 le Prix Froissart dont la récompense était l'édition de son premier livre, "La vie à foison". Elle revient sur "Célébration du quotidien", publié en 1997, qui a marqué sa carrière littéraire : "Nous nous masquons notre réalité mortelle, nous fuyons vers l'arrière ou vers l'avant en négligeant ce présent très quotidien qu'il nous est donné de vivre ; nous recherchons l'extraordinaire et c'est lorsque l'ordinaire nous est interdit que nous en mesurons la valeur". Colette Nys-Mazure refuse cependant d'être enfermée dans le courant minimaliste cher à Philippe Delerm. Elle nous raconte ensuite ses quatre résidences d'écrivain - notamment à l'Academia Belgica à Rome - et son besoin d'avoir deux heures solitaires le matin pour lire et écrire.
Dans le chapitre intitulé "Enseigner savoir et saveur", Colette confie : "Aujourd'hui, le travail de l'enseignant se trouve sérieusement compliqué : d'une part, l'école n'est qu'un des accès à l'information et son crédit s'est affaibli ; d'autre part, les élèves sont habitués à zapper lorsqu'une émission les ennuie, et surtout, ils ont tant d'énergie à dépenser que, faute d'activité physique quotidienne, l'attention soutenue au cours leur devient difficile, voire impossible". Aujourd'hui retraitée, elle préfère animer des ateliers d'écriture que donner une conférence, et tente de faire redécouvrir le plaisir de la lecture à ses stagiaires.
Colette Nys-Mazure évoque ensuite la société de consommation, les nouvelles technologies, la religion et son souhait d'être enterrée au Jardin des Poètes au sommet du Mont Saint-Aubert. Même si la mort est souvent évoquée dans cet ouvrage, on le termine avec un message positif d'espoir et d'optimisme. C'est un bon résumé de la vie et de l'oeuvre de cette Grande Dame de la littérature belge dont les médias ne parlent pas assez.
samedi 20 juin 2009
"La Mandarine Blanche" (Rémi Bertrand)
Né à Charleroi (Belgique) en 1982, Rémi Bertrand a effectué des études de philologie romane et d'édition à l'Université Catholique de Louvain-la-Neuve. En 2001, il participe à un séminaire d'écriture organisé par l'écrivain belge Vincent Engel qui débouche sur la publication confidentielle de sa nouvelle "Le gant". Après des stages chez les éditions Fayard et Gallimard à Paris, l'année 2005 voit le début de sa carrière littéraire : les Editions du Rocher publient son essai "Philippe Delerm et le minimalisme positif" (en janvier) et son premier roman "La Mandarine Blanche" (en octobre).
"La Mandarine Blanche" est une courte fiction de 74 pages sur l'euthanasie et l'acharnement thérapeutique qui se lit en une bonne heure. Au début, j'ai été un peu perturbé par la construction originale de cet ouvrage, conçu comme un puzzle en trois histoires, répondant chacune à trois périodes de la vie du narrateur (l'enfance, l'âge adulte et la mort). Au fil des pages, j'ai cependant mieux compris les intentions de Rémi Bertrand. Je conseille d'ailleurs une deuxième lecture qui fait apparaître avec évidence l'agencement du texte et fait mieux comprendre certains jeux de mots et allusions.
L'histoire : de son enfance à sa mort, le narrateur trentenaire Jonathan Demain semble n'avoir jamais quitté l'univers blanc et mystérieux de l'hôpital. A l'âge de six ans, il rencontre Robert le Toubib qui lui explique la signification des soins palliatifs. J'aime beaucoup cette phrase pleine de poésie ("Moi, j'aurais plutôt appelé çà la salle d'apaisement ou le coin des fées").
Victime d'un accident de travail, Jonathan est maintenu artificiellement en vie, mais refuse l'acharnement thérapeutique dont son père a été victime avant lui.
En jouant sur la corde sensible des lecteurs, ce roman est un plaidoyer pour l'euthanasie, comme le prouve cet extrait : "La vie ne m'intéresse plus. Ni celle des autres, ni la mienne. J'ai trop mal pour m'en préoccuper. Je souffre trop pour la désirer encore. Dis-moi où est l'interrupteur : j'appuierai moi-même puisque tu ne t'y résous pas. Donne-moi la morphine. Calme mes convulsions. Soulage mon thorax ; ma poitrine brûle à chaque inspiration. Fais-moi ingurgiter toutes tes substances ; apporte-moi les gélules pour qu'on les voie enfin, pour que la chimie tue la chimie et que l'homme retrouve sa dignité. Je te l'ai dit : je n'attendrai pas demain. C'est maintenant ; il faut agir. Je ne veux pas revivre le destin de mon père. Je ne veux pas disparaître : je veux mourir".
Un seul reproche : je regrette l'absence des arguments des adversaires de l'euthanasie que le narrateur aurait pu discuter. Ce mini-débat aurait été intéressant au sein du roman. Souhaitons une longue carrière à ce jeune et talentueux écrivain belge...
"La Mandarine Blanche" est une courte fiction de 74 pages sur l'euthanasie et l'acharnement thérapeutique qui se lit en une bonne heure. Au début, j'ai été un peu perturbé par la construction originale de cet ouvrage, conçu comme un puzzle en trois histoires, répondant chacune à trois périodes de la vie du narrateur (l'enfance, l'âge adulte et la mort). Au fil des pages, j'ai cependant mieux compris les intentions de Rémi Bertrand. Je conseille d'ailleurs une deuxième lecture qui fait apparaître avec évidence l'agencement du texte et fait mieux comprendre certains jeux de mots et allusions.
L'histoire : de son enfance à sa mort, le narrateur trentenaire Jonathan Demain semble n'avoir jamais quitté l'univers blanc et mystérieux de l'hôpital. A l'âge de six ans, il rencontre Robert le Toubib qui lui explique la signification des soins palliatifs. J'aime beaucoup cette phrase pleine de poésie ("Moi, j'aurais plutôt appelé çà la salle d'apaisement ou le coin des fées").
Victime d'un accident de travail, Jonathan est maintenu artificiellement en vie, mais refuse l'acharnement thérapeutique dont son père a été victime avant lui.
En jouant sur la corde sensible des lecteurs, ce roman est un plaidoyer pour l'euthanasie, comme le prouve cet extrait : "La vie ne m'intéresse plus. Ni celle des autres, ni la mienne. J'ai trop mal pour m'en préoccuper. Je souffre trop pour la désirer encore. Dis-moi où est l'interrupteur : j'appuierai moi-même puisque tu ne t'y résous pas. Donne-moi la morphine. Calme mes convulsions. Soulage mon thorax ; ma poitrine brûle à chaque inspiration. Fais-moi ingurgiter toutes tes substances ; apporte-moi les gélules pour qu'on les voie enfin, pour que la chimie tue la chimie et que l'homme retrouve sa dignité. Je te l'ai dit : je n'attendrai pas demain. C'est maintenant ; il faut agir. Je ne veux pas revivre le destin de mon père. Je ne veux pas disparaître : je veux mourir".
Un seul reproche : je regrette l'absence des arguments des adversaires de l'euthanasie que le narrateur aurait pu discuter. Ce mini-débat aurait été intéressant au sein du roman. Souhaitons une longue carrière à ce jeune et talentueux écrivain belge...
jeudi 11 juin 2009
Chronique de Michel Lambert
A certains, le monde des Lettres fait peur. Il apparaît comme mystérieux, replié sur lui-même, plein de morgue, cultivant l'ego, tout petit monde dans le vaste monde. Pourtant on y trouve en raccourci, comme disait Brassens à propos des amours d'un jour, l'essentiel de ce qui fait la vie du vaste monde : ses problèmes, ses farces, ses drames, ses fidélités, ses injustices, sa gravité, sa légèreté. A l'instar du vaste monde, il fonctionne grâce à des institutions, vit de son commerce, de ses marchés, sa géographie est complexe, traversée de cénacles, de réseaux, d'instances qui distribuent blâmes et récompenses. Sa légitimité, il la tire de son lectorat qui choisit avec plus ou moins de goût, mais librement, ses élus sur les tables des libraires.
C'est un monde où il se passe toujours quelque chose. L'actualité n'y a pas de répit. Ainsi cette information datant de la fin mars mais qui ne risque pas de vieillir : François Weyergans a été élu à l'Académie française où il succède à l'ancien commissaire-priseur Maurice Rheims. Bravo le Belge! Ou plutôt le Franco-Belge. Décidément, le nouvel immortel aura obtenu les plus belles reconnaissances des deux côtés de la frontière : prix Rossel, prix Renaudot, prix Goncourt et maintenant la Coupole.
La joie, la peine. Peu de temps avant cette élection, une voix émue au téléphone nous annonçait au téléphone la disparition du poète Claude Haumont, parti sur la pointe des pieds. Cet homme discret, ami de Balthazar, Prévot, Chavée, Norge, pour n'en citer que quelques-uns, nul doute qu'il sera immortel dans la mémoire de cette voix émue. Immortel, le fameux mot! Un qui est assuré de l'être pendant longtemps, c'est Georges Simenon : à l'heure où on va bientôt célébrer le vingtième anniversaire de son décès, ses lecteurs restent très nombreux. En poche mais aussi dans la prestigieuse Pléiade, où il figure parmi les meilleures ventes. Pour la petite histoire, sait-on que le père de Maigret faillit être des deux Académies? La Belge et la Française, où François Mauriac le pressait de faire candidature.
Une autre forme d'immortalité, c'est le Nobel. Un seul écrivain belge, Maurice Maeterlinck, eut cette récompense suprême. A l'époque, sa renommée était immense. Aujourd'hui, des colloques se préparent pour commémorer l'événement en automne 2011. Bref, même si on ne le lit plus guère (mais on le joue), il est toujours là. Avec une oeuvre que certains se préparent à revisiter.
Et puis, il y a tous ceux qui ont déserté le monde des Lettres, pour qui, depuis belle lurette, il n'y a plus d'actualité. Ce n'est pas toujours la mort qui les a soustraits au plaisir qu'on avait de les lire. C'est parfois autre chose, mais quoi? Peut-être que le monde des Lettres n'était pas fait pour eux, qu'ils s'y sentaient mal à l'aise? Peut-être que ce monde, après les avoir acceptés, encensés quelquefois, les a rejetés tout à coup. Plus d'éditeur, plus de presse, plus de lecteurs. A moins que la source ne se soit tarie. Des périodes sèches, tous les écrivains en connaissent, ils sont alors déprimés, invivables, scrutant la plus petite goutte annonçant le retour du flux fécond. Dans d'autres cas, les difficultés matérielles ont eu raison de leur disponibilité, les malheurs les ont frappés, et la littérature n'a pu les consoler.
Mais ici comme ailleurs, il ne faut jamais dire jamais. La vie littéraire nous a habitués à des résurrections où le talent l'emporte sur l'oubli. C'est une question d'années, parfois de décennies. Emmanuel Bove, Pierre Bost, André Fraigneau, Jean Freustié, Madeleine Bourdouxhe, Jacqueline Harpman, René Swennen, et combien d'autres, sont de retour parmi nous. Dans le monde des Lettres comme dans le vaste monde, une éclipse ne dure que le temps d'une éclipse.
Chronique de Michel Lambert dans la revue bimensuelle et gratuite "Le Carnet et les Instants" (juin 2009) publiée par le Service de Promotion des Lettres Belges de langue française.
C'est un monde où il se passe toujours quelque chose. L'actualité n'y a pas de répit. Ainsi cette information datant de la fin mars mais qui ne risque pas de vieillir : François Weyergans a été élu à l'Académie française où il succède à l'ancien commissaire-priseur Maurice Rheims. Bravo le Belge! Ou plutôt le Franco-Belge. Décidément, le nouvel immortel aura obtenu les plus belles reconnaissances des deux côtés de la frontière : prix Rossel, prix Renaudot, prix Goncourt et maintenant la Coupole.
La joie, la peine. Peu de temps avant cette élection, une voix émue au téléphone nous annonçait au téléphone la disparition du poète Claude Haumont, parti sur la pointe des pieds. Cet homme discret, ami de Balthazar, Prévot, Chavée, Norge, pour n'en citer que quelques-uns, nul doute qu'il sera immortel dans la mémoire de cette voix émue. Immortel, le fameux mot! Un qui est assuré de l'être pendant longtemps, c'est Georges Simenon : à l'heure où on va bientôt célébrer le vingtième anniversaire de son décès, ses lecteurs restent très nombreux. En poche mais aussi dans la prestigieuse Pléiade, où il figure parmi les meilleures ventes. Pour la petite histoire, sait-on que le père de Maigret faillit être des deux Académies? La Belge et la Française, où François Mauriac le pressait de faire candidature.
Une autre forme d'immortalité, c'est le Nobel. Un seul écrivain belge, Maurice Maeterlinck, eut cette récompense suprême. A l'époque, sa renommée était immense. Aujourd'hui, des colloques se préparent pour commémorer l'événement en automne 2011. Bref, même si on ne le lit plus guère (mais on le joue), il est toujours là. Avec une oeuvre que certains se préparent à revisiter.
Et puis, il y a tous ceux qui ont déserté le monde des Lettres, pour qui, depuis belle lurette, il n'y a plus d'actualité. Ce n'est pas toujours la mort qui les a soustraits au plaisir qu'on avait de les lire. C'est parfois autre chose, mais quoi? Peut-être que le monde des Lettres n'était pas fait pour eux, qu'ils s'y sentaient mal à l'aise? Peut-être que ce monde, après les avoir acceptés, encensés quelquefois, les a rejetés tout à coup. Plus d'éditeur, plus de presse, plus de lecteurs. A moins que la source ne se soit tarie. Des périodes sèches, tous les écrivains en connaissent, ils sont alors déprimés, invivables, scrutant la plus petite goutte annonçant le retour du flux fécond. Dans d'autres cas, les difficultés matérielles ont eu raison de leur disponibilité, les malheurs les ont frappés, et la littérature n'a pu les consoler.
Mais ici comme ailleurs, il ne faut jamais dire jamais. La vie littéraire nous a habitués à des résurrections où le talent l'emporte sur l'oubli. C'est une question d'années, parfois de décennies. Emmanuel Bove, Pierre Bost, André Fraigneau, Jean Freustié, Madeleine Bourdouxhe, Jacqueline Harpman, René Swennen, et combien d'autres, sont de retour parmi nous. Dans le monde des Lettres comme dans le vaste monde, une éclipse ne dure que le temps d'une éclipse.
Chronique de Michel Lambert dans la revue bimensuelle et gratuite "Le Carnet et les Instants" (juin 2009) publiée par le Service de Promotion des Lettres Belges de langue française.
samedi 23 mai 2009
Interview de l'écrivain belge Eric-Emmanuel Schmitt
A l'occasion de la sortie de son nouveau roman "Le sumo qui ne pouvait pas grossir" (qui raconte la rencontre entre un adolescent fugueur et un maître du sumo), l'écrivain belge Eric-Emmanuel Schmitt s'est confié cette semaine au journal "La Dernière Heure" :
"Comment avez-vous fait pour vous immiscer à ce point dans cette culture?
- J'ai eu un grand choc la première fois que je suis allé au Japon. Je ne me suis jamais autant senti à l'étranger que là-bas. Et pourtant, j'ai beaucoup voyagé. Je me sentais dans d'autres repères, y compris spatiaux. La nourriture est différente, les rapports hommes-femmes, les rapports sociaux. J'étais dans une étrangeté totale et une certaine fascination, aussi.
- Et quelle a été votre voie d'accès?
- Un jour, j'étais à Kyoto, dans un jardin zen par désoeuvrement et par respect de mes hôtes qui étaient japonais. Tout à coup, j'ai été happé par ce jardin et j'ai commencé à faire le trajet des yeux qu'il me demandait, puis le trajet imaginaire. J'ai vécu cette expérience que je fais vivre à June : cesser de penser avec ma conscience, mais avec une conscience plus cosmique. Penser avec le vide qui est entre toutes choses. C'est un concept que je ne pouvais concevoir avec ma tête, mais que mon corps a compris.
- Comment avez-vous trouvé les mots pour dire ce que votre corps avait ressenti?
- C'est là que je suis heureux d'écrire de la fiction : je trouve des images et des émotions pour dire les choses. Cet adolescent est japonais, mais universel...
- Cet adolescent, c'est celui que vous étiez et ce sage, c'est celui que vous avez envie d'être?
- Oui... Cet adolescent me ressemble beaucoup et ce sage m'attire beaucoup. En même temps, je crois que sagesse et adolescence ne sont pas des âges, mais des états que l'on porte en soi toute sa vie.
- La sagesse, quand vous la cherchez, vous la trouvez où?
- Je l'ai cherchée pour me libérer de la souffrance et de la violence que j'ai en moi. J'ai une grande capacité de souffrir, qui n'apparaît pas parce que j'ai réussi mon chemin. Et puis, j'étais très colérique quand j'étais jeune.
- Le héros reçoit de sa mère des lettres sans mots. Un comble d'imagination pour un auteur!
- Il y a moyen de communiquer sans les mots. J'avais envie de dire çà dans un livre. On peut être analphabète et s'exprimer avec infiniment de délicatesse. Je me suis dit que j'allais vraiment le faire avec mes amis : c'est bien de réveiller l'imagination de l'autre en changeant les symboles.
- A une époque où tout le monde veut être mince, lui fait tout pour être gros : çà fait du bien?
- N'est-ce pas? Il faut dire qu'on est au Japon. Là, les gens ne sont pas gros du tout. Le régime alimentaire fait des centenaires et des gens minces. Donc, quand on est gros là-bas, c'est qu'on l'a voulu. Les sumos sont des êtres à part, qui grossissent volontairement, et c'est pour çà qu'ils ont ce statut d'idoles. Pour les hommes, ce sont des champions et pour les femmes, des sex-symbols... Mon grand-père était très rond et ma grand-mère disait toujours : "C'est un bel homme". A l'époque, quand on avait réussi, on avait de la prestance et du volume.
- Vous avez eu des réactions auxquelles vous ne vous attendiez pas?
- J'ai découvert un usage de ce livre auquel je n'avais pas pensé : des parents d'enfants anorexiques lisent ce livre et l'offrent à leur enfant. Car ce garçon est un anorexique mental. Souvent, c'est dû à un deuil qui n'a pas été fait. J'ai été bouleversé par cette idée. Quand j'avais écrit "Oscar et la dame rose", on m'avait dit qu'on le faisait lire à des patients en fin de vie. Je trouvais çà dingue, mais juste. On ne sait pas ce qu'on écrit, en fait..."
"Comment avez-vous fait pour vous immiscer à ce point dans cette culture?
- J'ai eu un grand choc la première fois que je suis allé au Japon. Je ne me suis jamais autant senti à l'étranger que là-bas. Et pourtant, j'ai beaucoup voyagé. Je me sentais dans d'autres repères, y compris spatiaux. La nourriture est différente, les rapports hommes-femmes, les rapports sociaux. J'étais dans une étrangeté totale et une certaine fascination, aussi.
- Et quelle a été votre voie d'accès?
- Un jour, j'étais à Kyoto, dans un jardin zen par désoeuvrement et par respect de mes hôtes qui étaient japonais. Tout à coup, j'ai été happé par ce jardin et j'ai commencé à faire le trajet des yeux qu'il me demandait, puis le trajet imaginaire. J'ai vécu cette expérience que je fais vivre à June : cesser de penser avec ma conscience, mais avec une conscience plus cosmique. Penser avec le vide qui est entre toutes choses. C'est un concept que je ne pouvais concevoir avec ma tête, mais que mon corps a compris.
- Comment avez-vous trouvé les mots pour dire ce que votre corps avait ressenti?
- C'est là que je suis heureux d'écrire de la fiction : je trouve des images et des émotions pour dire les choses. Cet adolescent est japonais, mais universel...
- Cet adolescent, c'est celui que vous étiez et ce sage, c'est celui que vous avez envie d'être?
- Oui... Cet adolescent me ressemble beaucoup et ce sage m'attire beaucoup. En même temps, je crois que sagesse et adolescence ne sont pas des âges, mais des états que l'on porte en soi toute sa vie.
- La sagesse, quand vous la cherchez, vous la trouvez où?
- Je l'ai cherchée pour me libérer de la souffrance et de la violence que j'ai en moi. J'ai une grande capacité de souffrir, qui n'apparaît pas parce que j'ai réussi mon chemin. Et puis, j'étais très colérique quand j'étais jeune.
- Le héros reçoit de sa mère des lettres sans mots. Un comble d'imagination pour un auteur!
- Il y a moyen de communiquer sans les mots. J'avais envie de dire çà dans un livre. On peut être analphabète et s'exprimer avec infiniment de délicatesse. Je me suis dit que j'allais vraiment le faire avec mes amis : c'est bien de réveiller l'imagination de l'autre en changeant les symboles.
- A une époque où tout le monde veut être mince, lui fait tout pour être gros : çà fait du bien?
- N'est-ce pas? Il faut dire qu'on est au Japon. Là, les gens ne sont pas gros du tout. Le régime alimentaire fait des centenaires et des gens minces. Donc, quand on est gros là-bas, c'est qu'on l'a voulu. Les sumos sont des êtres à part, qui grossissent volontairement, et c'est pour çà qu'ils ont ce statut d'idoles. Pour les hommes, ce sont des champions et pour les femmes, des sex-symbols... Mon grand-père était très rond et ma grand-mère disait toujours : "C'est un bel homme". A l'époque, quand on avait réussi, on avait de la prestance et du volume.
- Vous avez eu des réactions auxquelles vous ne vous attendiez pas?
- J'ai découvert un usage de ce livre auquel je n'avais pas pensé : des parents d'enfants anorexiques lisent ce livre et l'offrent à leur enfant. Car ce garçon est un anorexique mental. Souvent, c'est dû à un deuil qui n'a pas été fait. J'ai été bouleversé par cette idée. Quand j'avais écrit "Oscar et la dame rose", on m'avait dit qu'on le faisait lire à des patients en fin de vie. Je trouvais çà dingue, mais juste. On ne sait pas ce qu'on écrit, en fait..."
samedi 9 mai 2009
6ème Festival International et Marché de Poésie à Namur
Pour la sixième année consécutive, la poésie sera à l'honneur à Namur du mercredi 10 au dimanche 14 juin 2009. Le programme complet se trouve sur le site de la Maison de la Poésie de Namur (www.mplf.be). Parmi les poètes belges invités à ces activités :
Alain Dantinne : Né à Namur, fils naturel du Velvet Underground et de mai 68, il n'a jamais pu placer ses mots dans les vers cadencés de la poésie élégiaque. A partir de l'an 2000, il consacre une plus grande partie de son temps à l'écriture, il écrit des romans, dont un pastiche "Hygiène de l'intestin". Prof de philosophie et de littérature, c'est le doute qu'il enseigne, une rage de vivre qu'il veut transmettre à ses étudiants. La poésie est pour lui le dieu, le seul, de la réconciliation impossible. Un recueil d'aphorismes vient de sortir aux éditions Finitude.
Franz De Haes : Poète, essayiste et traducteur né à Bruxelles. Publication de cinq livres de poésie parmi lesquels "Bréviaire d'un week-end avec l'ennemi" (éditions Le Cormier), prix triennal de la communauté française de Belgique en 1983, et "Terrasses et tableaux" (éditions Le Taillis-Pré). En 2001 paraît sa traduction de Samuel Ha-Naguid, "Guerre, amour, vin et vanité" aux éditions du Rocher. Publication d'une nouvelle traduction commentée de sept prophètes bibliques dans la revue "L'Infini" en 2001-2008.
Jacques Demaude : Né à Quaregnon (Borinage), il a fréquenté l'Institut d'Etudes Sociales de Mons et la Faculté Théologique Protestante de Paris. Objecteur de conscience privé de ses droits civils et politiques jusqu'en 1965, il a exercé divers métiers, en dernier celui de journaliste. Après un silence involontaire de vingt ans, il se consacre à la poésie ainsi qu'à la traduction poétique (Hölderlin, Heine, les expressionnistes, les poètes juifs de langue allemande) depuis 1983. Publications de vingt oeuvres à ce jour, dont huit recueils de traduction. Le dernier titre paru est "La Nuit veut une étoile".
Anne-Marie Derèse : Bercée par la Sambre et la Meuse, Anne-Marie Derèse restera fidèle à la Wallonie et à ses légendes. Elle a eu trois rencontres importantes dans sa vie : Andrée Sodenkamp en 1977 qui lui ouvre les portes de la poésie et la conseille ; Alain Bosquet qui va beaucoup l'aider et l'encourager en lui ouvrant des maisons d'éditions parisiennes ; Liliane Wouters qui lui ouvre ses anthologies, une rencontre décisive. De nombreux recueils traduits et laurés virent le jour. En 2008, Le Coudrier proposait "Qu'importe si le sol est rouge". Elle a reçu de nombreux prix dont le Prix Maurice Gauchez en 1980, le Prix Van Lerberghe en 1984 et le Grand Prix de Poésie en 2000.
Rose-Marie François : Poète, philologue, romancière et rhapsode. Auteure d'une trentaine de livres (poèmes, récits, romans, anthologies, essais, ...) sont publiés en divers pays et traduits dans une douzaine de langues. Formée au théâtre, elle dit sur scène ses poèmes et ceux qu'elle traduit. Maître de conférences à l'Université de Liège et membre honoris causa de l'Université de Lettonie. Elle anime des séminaires et ateliers de traduction littéraire. L'auteure a reçu de nombreux prix dont le Prix de la Pensée Wallonne 2002 et le Prix du Hainaut 2008 pour "Et in Picardia ego".
Guy Goffette : Poète et prosauteur, il est né à Jamoigne. Il a été tour à tour enseignant, libraire, éditeur des cahiers de poésie Triangle et de l'Apprentypographe. Il a beaucoup voyagé avant de poser ses valises à Paris où il vit actuellement. Il est membre du comité de lecture Gallimard. Poète avant tout, même lorsqu'il écrit en prose, il a obtenu en 2001 le Grand Prix de Poésie de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre.
Laurent Hendschel : Né à Namur, il est traducteur. Publication de nouvelles et de contes en langue wallone dont "Sacwantès faviretes did hute did ci", "Did lon". Publie également des recueils de poèmes en wallon : "Ridadje" et "Rin n' nos rtint/ Rin n' nos ratind", et des traductions éparses de Neruda, Marti i Pol, Lorca, Bukowski, Rimbaud, Ronsard, ... Il a publié en français un recueil inédit, "Le souffle bref" (2008).
Werner Lambersy : Né à Anvers en 1941, il écrit et vit à Paris depuis 1982 où il fut chargé de la promotion et de la diffusion de la poésie francophone de Belgique. On ne compte plus le nombre de recueils de poésie, de livres d'artistes ou d'ouvrages en prose qu'il a publiés chez de nombreux éditeurs. Il a été également le lauréat de nombreux prix littéraires dont le Prix du Grenier aux Chansons en 1967 et le Prix de Poésie de l'Académie française en 2005. En 2004, Actes Sud publie son anthologie personnelle intitulée "L'éternité est un battement de cils". Werner Lambersy est un des poètes belges francophones les plus traduits en langue étrangère.
Philippe Mathy : Né au Zaïre et de nationalité belge, sa passion pour la peinture le pousse à organiser des expositions : il fonde en 1987 l'asbl "Le front aux vitres", galerie d'art et rencontres poétiques. Il reçoit le Prix George Lockem de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique en 1978 pour "Promesse d'île". Le livre "Le sable et l'olivier" est à l'origine de notes ramenées de voyages dans le Sahara. Eluard, Norge et Philippe Jaccottet sont indéniablement des poètes auxquels il reste très attaché.
Robert Schaus : Né à Nieder-Emmels (Saint-Vith), il a enseigné les langues germaniques à Auvelais, Kinshasa, Eupen et Stavelot. Il vit et travaille depuis 1967 à G'Doumont (Malmedy). A partir de 1990, il débute parallèlement un travail de plasticien. Il a publié en langue française et allemande dans des revues et anthologies. Son dernier recueil est paru aux éditions Krautgarten. Il traduit également des poésies contemporaines.
Alain Dantinne : Né à Namur, fils naturel du Velvet Underground et de mai 68, il n'a jamais pu placer ses mots dans les vers cadencés de la poésie élégiaque. A partir de l'an 2000, il consacre une plus grande partie de son temps à l'écriture, il écrit des romans, dont un pastiche "Hygiène de l'intestin". Prof de philosophie et de littérature, c'est le doute qu'il enseigne, une rage de vivre qu'il veut transmettre à ses étudiants. La poésie est pour lui le dieu, le seul, de la réconciliation impossible. Un recueil d'aphorismes vient de sortir aux éditions Finitude.
Franz De Haes : Poète, essayiste et traducteur né à Bruxelles. Publication de cinq livres de poésie parmi lesquels "Bréviaire d'un week-end avec l'ennemi" (éditions Le Cormier), prix triennal de la communauté française de Belgique en 1983, et "Terrasses et tableaux" (éditions Le Taillis-Pré). En 2001 paraît sa traduction de Samuel Ha-Naguid, "Guerre, amour, vin et vanité" aux éditions du Rocher. Publication d'une nouvelle traduction commentée de sept prophètes bibliques dans la revue "L'Infini" en 2001-2008.
Jacques Demaude : Né à Quaregnon (Borinage), il a fréquenté l'Institut d'Etudes Sociales de Mons et la Faculté Théologique Protestante de Paris. Objecteur de conscience privé de ses droits civils et politiques jusqu'en 1965, il a exercé divers métiers, en dernier celui de journaliste. Après un silence involontaire de vingt ans, il se consacre à la poésie ainsi qu'à la traduction poétique (Hölderlin, Heine, les expressionnistes, les poètes juifs de langue allemande) depuis 1983. Publications de vingt oeuvres à ce jour, dont huit recueils de traduction. Le dernier titre paru est "La Nuit veut une étoile".
Anne-Marie Derèse : Bercée par la Sambre et la Meuse, Anne-Marie Derèse restera fidèle à la Wallonie et à ses légendes. Elle a eu trois rencontres importantes dans sa vie : Andrée Sodenkamp en 1977 qui lui ouvre les portes de la poésie et la conseille ; Alain Bosquet qui va beaucoup l'aider et l'encourager en lui ouvrant des maisons d'éditions parisiennes ; Liliane Wouters qui lui ouvre ses anthologies, une rencontre décisive. De nombreux recueils traduits et laurés virent le jour. En 2008, Le Coudrier proposait "Qu'importe si le sol est rouge". Elle a reçu de nombreux prix dont le Prix Maurice Gauchez en 1980, le Prix Van Lerberghe en 1984 et le Grand Prix de Poésie en 2000.
Rose-Marie François : Poète, philologue, romancière et rhapsode. Auteure d'une trentaine de livres (poèmes, récits, romans, anthologies, essais, ...) sont publiés en divers pays et traduits dans une douzaine de langues. Formée au théâtre, elle dit sur scène ses poèmes et ceux qu'elle traduit. Maître de conférences à l'Université de Liège et membre honoris causa de l'Université de Lettonie. Elle anime des séminaires et ateliers de traduction littéraire. L'auteure a reçu de nombreux prix dont le Prix de la Pensée Wallonne 2002 et le Prix du Hainaut 2008 pour "Et in Picardia ego".
Guy Goffette : Poète et prosauteur, il est né à Jamoigne. Il a été tour à tour enseignant, libraire, éditeur des cahiers de poésie Triangle et de l'Apprentypographe. Il a beaucoup voyagé avant de poser ses valises à Paris où il vit actuellement. Il est membre du comité de lecture Gallimard. Poète avant tout, même lorsqu'il écrit en prose, il a obtenu en 2001 le Grand Prix de Poésie de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre.
Laurent Hendschel : Né à Namur, il est traducteur. Publication de nouvelles et de contes en langue wallone dont "Sacwantès faviretes did hute did ci", "Did lon". Publie également des recueils de poèmes en wallon : "Ridadje" et "Rin n' nos rtint/ Rin n' nos ratind", et des traductions éparses de Neruda, Marti i Pol, Lorca, Bukowski, Rimbaud, Ronsard, ... Il a publié en français un recueil inédit, "Le souffle bref" (2008).
Werner Lambersy : Né à Anvers en 1941, il écrit et vit à Paris depuis 1982 où il fut chargé de la promotion et de la diffusion de la poésie francophone de Belgique. On ne compte plus le nombre de recueils de poésie, de livres d'artistes ou d'ouvrages en prose qu'il a publiés chez de nombreux éditeurs. Il a été également le lauréat de nombreux prix littéraires dont le Prix du Grenier aux Chansons en 1967 et le Prix de Poésie de l'Académie française en 2005. En 2004, Actes Sud publie son anthologie personnelle intitulée "L'éternité est un battement de cils". Werner Lambersy est un des poètes belges francophones les plus traduits en langue étrangère.
Philippe Mathy : Né au Zaïre et de nationalité belge, sa passion pour la peinture le pousse à organiser des expositions : il fonde en 1987 l'asbl "Le front aux vitres", galerie d'art et rencontres poétiques. Il reçoit le Prix George Lockem de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique en 1978 pour "Promesse d'île". Le livre "Le sable et l'olivier" est à l'origine de notes ramenées de voyages dans le Sahara. Eluard, Norge et Philippe Jaccottet sont indéniablement des poètes auxquels il reste très attaché.
Robert Schaus : Né à Nieder-Emmels (Saint-Vith), il a enseigné les langues germaniques à Auvelais, Kinshasa, Eupen et Stavelot. Il vit et travaille depuis 1967 à G'Doumont (Malmedy). A partir de 1990, il débute parallèlement un travail de plasticien. Il a publié en langue française et allemande dans des revues et anthologies. Son dernier recueil est paru aux éditions Krautgarten. Il traduit également des poésies contemporaines.
samedi 2 mai 2009
Nouveau site Internet pour Vincent Engel
Je viens de recevoir un mail m'annonçant la mise en ligne du tout nouveau site de l'écrivain belge Vincent Engel : http://www.vincent-engel.com/ . C'est une plate-forme exhaustive de tout son travail passé, présent et futur qui sera alimentée hebdomadairement de contenus en tous genres (vidéos, chroniques, etc.). Le nouveau site se veut un lieu d'échange (forum, newsletter) et d'interactivité. Sa page Facebook est également actualisée tous les jours. Vincent Engel vient de sortir son nouveau roman : "La Peur du Paradis". Bravo à lui pour sa très bonne communication! Un exemple à suivre pour les autres auteurs belges.
dimanche 19 avril 2009
"L'enfant de Noé" (Eric-Emmanuel Schmitt)
Né en 1960 à Lyon, Eric-Emmanuel Schmitt est l'un des auteurs francophones les plus lus. On lui doit notamment "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran", "Oscar et la dame rose", "La rêveuse d'Ostende" et "Le libertin". Il habite depuis plusieurs années en Belgique, où il a tourné son film "Odette Toulemonde", et a obtenu la nationalité belge en 2008.
Durant la deuxième guerre mondiale, Joseph Bernstein, un juif de 7 ans vivant en Belgique, est confié par ses parents au comte et à la comtesse de Sully afin de le préserver des raffles nazies. Muni de faux papiers, il devient ensuite pensionnaire dans l'école du père Pons et confie : "Etre juif, pour l'instant, signifiait avoir des parents incapables de m'élever, posséder un nom qu'il fallait mieux remplacer, contrôler en permanence mes émotions et mentir. Alors, quel intérêt? J'avais très envie de devenir un petit orphelin catholique".
Malgré son jeune âge, Joseph devient très vite le confident du père Pons qui lui apprend l'hébreu et lui parle de ses doutes : "La religion juive insiste sur le respect, la chrétienne sur l'amour. Or, je m'interroge : le respect n'est-il pas plus fondamental que l'amour? Et plus réalisable aussi... Aimer mon ennemi, comme le propose Jésus, et tendre l'autre joue, je trouve çà admirable mais impraticable. Surtout en ce moment. Tu tendrais ton autre joue à Hitler, toi?".
Avec son ami juif Rudy, Joseph raconte leur quotidien au pensionnat, la peur lors des visites de la Gestapo, leurs interrogations, les dénonciations et la libération de la Belgique. A la fin de la guerre, il a la chance de revoir ses parents, mais les retrouvailles sont loin d'être faciles : "On ne retrouve pas ses parents juste en les embrassant. En trois ans, ils m'étaient devenus étrangers, sans doute parce que j'avais changé. Ils avaient quitté un enfant et récupéré un adolescent. L'appétit de réussite matérielle qui habitait mon père l'avait tellement transformé qu'il m'était difficile de reconnaître l'humble tailleur plaintif de Schaerbeek sous le récent nabab prospère de l'import-export".
Cinquante ans plus tard, Joseph est en Israël. Il nous montre que l'Histoire est un éternel recommencement et nous incite à être tolérants : "Etre pour Israël ne revient pas à approuver tout ce que décide Israël. Il faut faire la paix avec les Palestiniens. Ils ont autant de droits que toi à vivre ici. C'est leur territoire aussi. Ils y vivaient avant qu'on y établisse Israël. L'histoire même de notre persécution devrait nous conduire à leur adresser les paroles que nous-mêmes, nous avons attendues pendant des siècles". Félicitations à Eric-Emmanuel Schmitt pour son humanisme et ce roman très bien écrit, dédié à tous les Justes de la Nation qui ont sauvé des juifs durant la deuxième guerre mondiale.
Durant la deuxième guerre mondiale, Joseph Bernstein, un juif de 7 ans vivant en Belgique, est confié par ses parents au comte et à la comtesse de Sully afin de le préserver des raffles nazies. Muni de faux papiers, il devient ensuite pensionnaire dans l'école du père Pons et confie : "Etre juif, pour l'instant, signifiait avoir des parents incapables de m'élever, posséder un nom qu'il fallait mieux remplacer, contrôler en permanence mes émotions et mentir. Alors, quel intérêt? J'avais très envie de devenir un petit orphelin catholique".
Malgré son jeune âge, Joseph devient très vite le confident du père Pons qui lui apprend l'hébreu et lui parle de ses doutes : "La religion juive insiste sur le respect, la chrétienne sur l'amour. Or, je m'interroge : le respect n'est-il pas plus fondamental que l'amour? Et plus réalisable aussi... Aimer mon ennemi, comme le propose Jésus, et tendre l'autre joue, je trouve çà admirable mais impraticable. Surtout en ce moment. Tu tendrais ton autre joue à Hitler, toi?".
Avec son ami juif Rudy, Joseph raconte leur quotidien au pensionnat, la peur lors des visites de la Gestapo, leurs interrogations, les dénonciations et la libération de la Belgique. A la fin de la guerre, il a la chance de revoir ses parents, mais les retrouvailles sont loin d'être faciles : "On ne retrouve pas ses parents juste en les embrassant. En trois ans, ils m'étaient devenus étrangers, sans doute parce que j'avais changé. Ils avaient quitté un enfant et récupéré un adolescent. L'appétit de réussite matérielle qui habitait mon père l'avait tellement transformé qu'il m'était difficile de reconnaître l'humble tailleur plaintif de Schaerbeek sous le récent nabab prospère de l'import-export".
Cinquante ans plus tard, Joseph est en Israël. Il nous montre que l'Histoire est un éternel recommencement et nous incite à être tolérants : "Etre pour Israël ne revient pas à approuver tout ce que décide Israël. Il faut faire la paix avec les Palestiniens. Ils ont autant de droits que toi à vivre ici. C'est leur territoire aussi. Ils y vivaient avant qu'on y établisse Israël. L'histoire même de notre persécution devrait nous conduire à leur adresser les paroles que nous-mêmes, nous avons attendues pendant des siècles". Félicitations à Eric-Emmanuel Schmitt pour son humanisme et ce roman très bien écrit, dédié à tous les Justes de la Nation qui ont sauvé des juifs durant la deuxième guerre mondiale.
jeudi 9 avril 2009
En bref...
1° Né en 1941 à Bruxelles, l'écrivain belge François Weyergans (Prix Goncourt 2005 pour "Trois jours chez ma mère") a été élu au 3ème tour à l'Académie Française avec 12 voix contre 6 à Didier Van Cauwelaert (écrivain français d'origine belge).
2° Les clubs Richelieu de Belgique et du Luxembourg ont remis le Prix Richelieu 2009 à Colette Nys-Mazure pour sa contribution à la promotion de la langue et de la culture françaises. Le jeudi 23 avril à 12h30, elle présentera son roman "Perdre pied" (éditions Desclée de Brouwer) lors d'une rencontre littéraire au palais des Beaux-Arts de Bruxelles. L'autre invité de cette rencontre est Nicolas Marchal, dont je vous ai déjà parlé, pour son roman "Les conquêtes véritables" (Prix Première 2009) paru aux Editions Namuroises.
3°Le Service de Promotion des Lettres Belges de langue française publie, tous les deux mois, une revue bimensuelle très intéressante et intitulée "Le Carnet et les Instants". Vous y trouverez des articles de fonds sur le marché du livre, des interviews, l'agenda des rencontres littéraires, la liste des dernières parutions, les bourses et prix littéraires, et des comptes-rendus de livres. Vous pouvez recevoir GRATUITEMENT cette revue sur simple demande (carnet.instants@cfwb.be).
4° Ancien vice-recteur de l'Université Catholique de Louvain, auteur de nombreux ouvrages, Gabriel Ringlet a été élu membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Il remplace Roger Foulon, décédé l'an dernier.
5° L'Apa-Bel (Association pour la conservation du patrimoine autobiographique de Belgique) récolte, conserve et archive les autobiographies non publiées. Ce fonds contient déjà 160 dépôts à la bibliothèque Montjoie à Uccle. Un groupe de lecteurs lit les textes et en rend compte dans sa revue "De temps en temps". Prochaine réunion de ce groupe : le 20 avril à 18h (plus d'infos : apabel@hiware.be).
6° La ville de Liège honorera prochainement le poète belge Maurice Carême dans la chapelle Saint-Maur de Cointe. Une exposition y aura lieu les 31 mai et 1er juin (de 14h à 19h), en collaboration avec les écoles du quartier. Jeannine Burny, la compagne du poète, y donnera une conférence intitulée "Maurice Carême : une vie et une oeuvre", et dédicacera son livre de souvenirs (6 mai à 18h).
7° Du 4 avril au 14 juin, le Musée Emile Verhaeren à Sint-Amands accueille l'exposition "Emile Verhaeren : entr'amis" qui présente les amis du poète : l'éditeur Edmond Deman, l'écrivain-avocat Edmond Picard, l'écrivain Stefan Zweig, et les peintres Théo Van Rysselberghe, Dario de Regoyos, William Degouve de Nuncques et Constant Montald. Par contre, on attend toujours la réouverture du Musée Emile Verhaeren à Roisin...
2° Les clubs Richelieu de Belgique et du Luxembourg ont remis le Prix Richelieu 2009 à Colette Nys-Mazure pour sa contribution à la promotion de la langue et de la culture françaises. Le jeudi 23 avril à 12h30, elle présentera son roman "Perdre pied" (éditions Desclée de Brouwer) lors d'une rencontre littéraire au palais des Beaux-Arts de Bruxelles. L'autre invité de cette rencontre est Nicolas Marchal, dont je vous ai déjà parlé, pour son roman "Les conquêtes véritables" (Prix Première 2009) paru aux Editions Namuroises.
3°Le Service de Promotion des Lettres Belges de langue française publie, tous les deux mois, une revue bimensuelle très intéressante et intitulée "Le Carnet et les Instants". Vous y trouverez des articles de fonds sur le marché du livre, des interviews, l'agenda des rencontres littéraires, la liste des dernières parutions, les bourses et prix littéraires, et des comptes-rendus de livres. Vous pouvez recevoir GRATUITEMENT cette revue sur simple demande (carnet.instants@cfwb.be).
4° Ancien vice-recteur de l'Université Catholique de Louvain, auteur de nombreux ouvrages, Gabriel Ringlet a été élu membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Il remplace Roger Foulon, décédé l'an dernier.
5° L'Apa-Bel (Association pour la conservation du patrimoine autobiographique de Belgique) récolte, conserve et archive les autobiographies non publiées. Ce fonds contient déjà 160 dépôts à la bibliothèque Montjoie à Uccle. Un groupe de lecteurs lit les textes et en rend compte dans sa revue "De temps en temps". Prochaine réunion de ce groupe : le 20 avril à 18h (plus d'infos : apabel@hiware.be).
6° La ville de Liège honorera prochainement le poète belge Maurice Carême dans la chapelle Saint-Maur de Cointe. Une exposition y aura lieu les 31 mai et 1er juin (de 14h à 19h), en collaboration avec les écoles du quartier. Jeannine Burny, la compagne du poète, y donnera une conférence intitulée "Maurice Carême : une vie et une oeuvre", et dédicacera son livre de souvenirs (6 mai à 18h).
7° Du 4 avril au 14 juin, le Musée Emile Verhaeren à Sint-Amands accueille l'exposition "Emile Verhaeren : entr'amis" qui présente les amis du poète : l'éditeur Edmond Deman, l'écrivain-avocat Edmond Picard, l'écrivain Stefan Zweig, et les peintres Théo Van Rysselberghe, Dario de Regoyos, William Degouve de Nuncques et Constant Montald. Par contre, on attend toujours la réouverture du Musée Emile Verhaeren à Roisin...
Libellés :
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lundi 6 avril 2009
"Helena Vannek" (Armel Job)
Né en 1948, l'écrivain belge Armel Job a effectué sa carrière dans l'enseignement et a commencé à être publié en 1995. Son roman "Helena Vannek" a obtenu le Prix Rossel des Jeunes 2002, le Grand Prix Littéraire France/Wallonie-Bruxelles 2002 et le Prix des Lycéens 2003.
Dans la première partie, Helena Vannek ("une accidentée de la vie" selon Armel Job) nous raconte sa jeunesse dans un village de Flandre, peu de temps avant la deuxième guerre mondiale. Après le décès de leur mère, Helena, son frère Tobie et sa soeur Mieke restent avec leur père Théo, un marchand de chevaux de trait discret, autoritaire et respecté. Helena est institutrice. Afin de distraire son fils qui ne parvient pas à faire le deuil de sa maman, Théo engage Guido, un mystérieux apprenti n'aimant pas parler de sa famille et de son passé. Les deux jeunes hommes deviennent vite inséparables. Helena nous raconte son amour pour Guido et nous montre l'influence des Jeunesses Hitlériennes dans notre pays à cette époque. Suite à l'accident de Tobie dont il se sent responsable, Guido quitte la famille Vannek et rejoint le port d'Anvers, où il souhaite être engagé sur un bateau. Helena l'accompagne et tente en vain de l'en dissuader. Une lettre de Guido laissée à Théo, remplie de sous-entendus ambigus, fait croire à la jeune femme que Guido est le fils caché de son père et est amoureux d'elle...
La deuxième partie de ce roman a été écrite, trente ans plus tard à Liège, par Raoul, le fils d'Helena Vannek. Après le décès de sa mère, il est bouleversé par le récit autobiographique qu'elle avait confié à son médecin et que nous avons pu lire dans la première partie. Raoul découvre l'histoire de sa famille maternelle : "Je ressassai les révélations du cahier L'Ecolier. J'avais maintenant un oncle Tobie mort avant que j'en ai appris l'existence, un autre Guido encore en vie peut-être. Ma tante Mieke, dont mes soeurs et moi nous étions promis de rechercher l'adresse, m'apparaissait si vivante, si séduisante, malgré l'animosité de ma mère, que j'en avais presque un faible pour elle. Mis à part ses funérailles en Flandre, je n'avais pratiquement aucun souvenir de mon grand-père Théo ; et voilà qu'il surgissait d'entre les morts sous le masque hiératique d'un patriarche redoutable. Evidemment, ma mère, surtout, me fascinnait : l'exaltation à fleur de peau, donnant tête baissée dans la fatalité. Elle n'avait pas épousé l'homme qu'elle aimait mais mon père".
Afin de connaître toute la vérité, Raoul rencontre sa tante Mieke au Canada. Les rebondissements inattendus se multiplient et rendent la fin du roman passionnante. En écho à la dernière phrase du récit d'Helena ("A quoi bon se fatiguer à retenir une vie inutile?"), Raoul écrit : "La tristesse absurde de son existence entière me submergea (...) Sa vie, faute d'être heureuse, aurait été tragique, ce qui lui laissait grandeur et beauté". Au terme de ce roman très bien rédigé, je garderai d'Helena Vannek le souvenir d'une vie gâchée par les ambiguïtés d'une lettre.
Dans la première partie, Helena Vannek ("une accidentée de la vie" selon Armel Job) nous raconte sa jeunesse dans un village de Flandre, peu de temps avant la deuxième guerre mondiale. Après le décès de leur mère, Helena, son frère Tobie et sa soeur Mieke restent avec leur père Théo, un marchand de chevaux de trait discret, autoritaire et respecté. Helena est institutrice. Afin de distraire son fils qui ne parvient pas à faire le deuil de sa maman, Théo engage Guido, un mystérieux apprenti n'aimant pas parler de sa famille et de son passé. Les deux jeunes hommes deviennent vite inséparables. Helena nous raconte son amour pour Guido et nous montre l'influence des Jeunesses Hitlériennes dans notre pays à cette époque. Suite à l'accident de Tobie dont il se sent responsable, Guido quitte la famille Vannek et rejoint le port d'Anvers, où il souhaite être engagé sur un bateau. Helena l'accompagne et tente en vain de l'en dissuader. Une lettre de Guido laissée à Théo, remplie de sous-entendus ambigus, fait croire à la jeune femme que Guido est le fils caché de son père et est amoureux d'elle...
La deuxième partie de ce roman a été écrite, trente ans plus tard à Liège, par Raoul, le fils d'Helena Vannek. Après le décès de sa mère, il est bouleversé par le récit autobiographique qu'elle avait confié à son médecin et que nous avons pu lire dans la première partie. Raoul découvre l'histoire de sa famille maternelle : "Je ressassai les révélations du cahier L'Ecolier. J'avais maintenant un oncle Tobie mort avant que j'en ai appris l'existence, un autre Guido encore en vie peut-être. Ma tante Mieke, dont mes soeurs et moi nous étions promis de rechercher l'adresse, m'apparaissait si vivante, si séduisante, malgré l'animosité de ma mère, que j'en avais presque un faible pour elle. Mis à part ses funérailles en Flandre, je n'avais pratiquement aucun souvenir de mon grand-père Théo ; et voilà qu'il surgissait d'entre les morts sous le masque hiératique d'un patriarche redoutable. Evidemment, ma mère, surtout, me fascinnait : l'exaltation à fleur de peau, donnant tête baissée dans la fatalité. Elle n'avait pas épousé l'homme qu'elle aimait mais mon père".
Afin de connaître toute la vérité, Raoul rencontre sa tante Mieke au Canada. Les rebondissements inattendus se multiplient et rendent la fin du roman passionnante. En écho à la dernière phrase du récit d'Helena ("A quoi bon se fatiguer à retenir une vie inutile?"), Raoul écrit : "La tristesse absurde de son existence entière me submergea (...) Sa vie, faute d'être heureuse, aurait été tragique, ce qui lui laissait grandeur et beauté". Au terme de ce roman très bien rédigé, je garderai d'Helena Vannek le souvenir d'une vie gâchée par les ambiguïtés d'une lettre.
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