mercredi 25 avril 2018

Premier roman pour Eloise Tanghe (17 ans)

Eloise Tanghe a 17 ans et habite le village de Frasnes-lez-Buissenal dans le Hainaut Occidental. Elle est étudiante en rhéto au collège Saint-Julien à Ath et est passionnée de lecture ("Le fantastique et la fantasy, c'est ce que j'aime le plus!"). A 15 ans, elle participe au NaNoWriMo, un projet d'écriture créative sur le net, dans lequel chaque participant tente d'écrire cinquante mille mots en un mois ("Le soutien et les encouragements qu'on reçoit des autres membres de la communauté ainsi créée constituent une énorme motivation").  Elle commencera en septembre des études de sciences politiques.

Elle commence aussi à écrire son roman :   "Je ne savais vraiment pas où j'allais au niveau de l'histoire, j'ai donc commencé par le titre. Je voulais un terme qui définisse l'ambiance, quelque chose d'assez générique. J'ai toujours adoré ce mot, Nox. Il m'a toujours fasciné. Ca sonne bien, c'est court et percutant. Ce sont les Editions du Chat Noir qui m'ont trouvée sur wattpad, une plateforme en ligne où on m'avait conseillé de poster ce que j'avais fait. Mathieu Guibé m'a dit :  "On adore ce que tu fais, on veut te publier". Pourtant, je n'en étais encore qu'à la moitié de l'histoire. Cette jeune fille est enfermée depuis qu'elle est toute petite dans un hôpital parce qu'elle entend des voix. Quand elle en sort à 18 ans, elle va essayer de comprendre ce qui lui arrive, pourquoi elle est comme ça. Elle va croiser la route de deux personnages qui vivent dans un petit village très retiré où les mentalités sont encore très anciennes... Mon livre est peuplé de sorcières, des flash-back ramènent le lecteur au 17ème siècle et il est vrai que le décor est assez proche de celui du Pays des Collines". 

La couverture aux tons violets est signée Magdalena Pagowska, une artiste polonaise spécialisée dans le fantasy :  "On l'a vraiment choisie ensemble avec mon éditeur. Nous avons cherché un visuel et des couleurs qu'on aimait bien. Elle nous a présenté ses travaux. J'ai tout de suite accroché. On lui a proposé le projet en lui évoquant l'ambiance du roman et elle a accepté, même si elle était surbookée".

Eloise Tanghe a participé à la Foire du Livre de Bruxelles et au Salon du Livre de Paris. Souhaitons bon vent à cette jeune auteur belge ! 

mercredi 18 avril 2018

"Tant pis" (Jennifer Fordham)

"Tant pis" est le quatrième roman de l'auteur montoise Jennifer Fordham. Elle y raconte l'histoire de sœurs jumelles toutes deux amoureuses d'un homme d'affaires anglais. Elle a répondu aux questions du journal "La Province" :

"Pourquoi le titre "Tant pis"?
- "Tant pis", c'est regrettable, c'est dommage que la vie effrite le rêve, l'ébranle, l'échaude, suscite le regret et ne laisse qu'une survivance. "Tant pis" désappointé mais aussi "Tant pis" réconcilié, prêt à lâcher prise avec les rancoeurs du passé. En conclusion, "Tant pis" traduit bien, selon moi, l'écrabouillage résigné.

- Laura, personnage central de ce roman, vit à la fois des histoires d'amour et d'amité qui se nouent et se dénouent. Il y a tout de même un horizon assez sombre en toile de fond, quelque chose de pessimiste?
- Laura est un personnage qui correspond au parcours symbolique qui, au travers de l'écriture, fait défiler des périodes de vie, qui cernent ce qu'il y a d'insondable : l'état d'âme. Il reste susjacent aux événements, aux blessures indicibles de l'enfance et de l'âge adulte. Le désamour a une place importante dans la vie de Laura. Elle a été une petite fille mal comprise par sa mère, une sœur dominée par sa jumelle, et une épouse brimée par un homme qui ne savait pas aimer. Elle se tourne aussi vers les amours multiples, à savoir celui pour les animaux, pour les gens différents, et surtout l'amitié. En toile de fond, s'opposent les échecs face à une reconstruction difficile. Ce n'est pas du pessimisme mais une tristesse légitime qu'elle réussira à surmonter. 

- Comme l'image du funambule sur la couverture, les relations humaines peuvent être fragiles et tomber dans une forme de vide?
- Sur la couverture, le funambule illustre bien l'idée que j'ai voulu faire ressortir : à savoir on aime toujours à ses risques et périls. Le bonheur est fragile, marche sur une corde raide qui, à tout instant, peut le faire tomber dans le vide, celui-ci étant la rupture ou la déception. Oui, le funambule qui tient en équilibre sur sa corde sous un ciel bleu peut rencontrer de gros nuages noirs. J'ai voulu être symbolique, par cette vision poétique, qui donne la priorité au rêve puisqu'à la réalité. J'aurais pu aussi m'inspirer du mythe d'Icare qui se brûle les ailes en voulant se rapprocher trop près du soleil.

- Clairement, l'amitié entre deux personnages (Laura et Antoine) est indestructible. L'amitié semble être plus facile que l'amour pour Laura. Quelle est votre réponse?
- L'amitié est indestructible parce qu'elle ne se sert pas de l'amour pour en parfaire son expression. L'amour est un sentiment difficile, jamais parfait, inaccessible. Il se veut complémentaire, harmonieux, fusionnel. Il est juste exigeant. La passion ne dure pas, aveugle. Avec le temps, on reste stupéfaits devant l'union qui devient vite une désunion, une fade habitude, un goût vieilli de bonheur. C'est tout ce qui reste du couple passionné. Certes, la tendresse fait place à l'étrangeté, à l'envie de séduire. Est-ce de l'amour? Est-ce une consolation?

- Ostende est une ville que l'on découvre déjà dans vos livres précédents. Pourquoi cette ville côtière?
- Je suis tombée amoureuse de cette ville côtière. Comme les peintres de la mer du Nord, je reste inassouvie devant le mystère de la mer. Je m'y retrouve, elle est mienne. Rebelle, courageuse, grise et tourmentée, elle brave inlassablement les climats capricieux. Ostende parce que j'aime son passé artistique, chargé d'histoire. Petite, je regardais déjà passer les bateaux, avec qui je laissais glisser mes rêves d'enfant solitaire. Rien n'a changé.

- Pourquoi évoquer les attentats terroristes commis en France et en Belgique ces dernières années dans ce livre consacré avant tout à l'histoire d'une femme?
- Certes, l'histoire d'une femme mais qui se passe entre la Belgique, l'Angleterre et la France dans les années 2015-2016. On ne peut survoler cette période sans y donner place au terrorisme qui marque notre génération. Ecrire, ce n'est pas raconter une belle histoire. Ecrire, c'est aussi choquer, dénoncer, prendre parti et surtout ne jamais s'habituer ou ignorer ce qui est inadmissible. L'écriture est un passeport vers la connaissance et en même temps un moyen de témoigner des faits de l'époque en question. Dans mes livres, il n'y a rarement de happy end. J'aime les fins inattendues, parce que, comme la vie, elles ont toujours un côté fantasque auquel on doit faire face.

- Un nouveau livre en préparation?
- Oui. Il sera différent des précédents. Il sera non seulement la dénonciation du harcèlement sous toutes ses formes, mais aussi la certitude que l'enfance reste à portée de mains de l'adulte que l'on devient. Mais sachez que, quoi qu'on fasse, le désamour ou l'amour restent présents dans la sensibilité de chacun, quelle que soit l'histoire".

mercredi 11 avril 2018

"Une femme que j'aimais" (Armel Job)

L'écrivain belge Armel Job vient de sortir un nouveau roman :  "Une femme que j'aimais", publié par les éditions Robert Laffont. L'histoire se passe au milieu des années 90 à Charleroi. Alors qu'elle attend son neveu Claude à qui elle veut révéler un secret, Adrienne meurt brutalement en tombant dans sa cuisine. Accident ou meurtre? Claude décide de découvrir ce qu'elle voulait lui révéler...

Armel Job a répondu aux questions du groupe Vers l'Avenir :

"De Claude ou d'Adrienne, quel est le personnage principal de votre histoire?
- C'est bien sûr Adrienne. Claude, c'est le substitut de l'auteur qui se pose bien des questions sur Adrienne. Mais il est vrai que le lecteur apprend petit à petit à connaître Claude. Plus son enquête piétine ou emprunte des fausses pistes, plus lui-même se découvre et se livre. C'est souvent en s'intéressant à une autre personne qu'on découvre des choses en nous-mêmes.

- L'histoire d'Adrienne vous a été inspirée par un fait réel?
- Oui, en partie. C'est une lectrice qui m'en a donné l'idée. Une dame qui m'a raconté sa propre histoire. Elle était née sous X et ignorait qui étaient son père et sa mère qui lui avaient donné la vie. Et cette histoire était d'autant plus touchante que cette dame a découvert la vérité très tard (elle avait alors près de 68 ans). Ca m'a vraiment ému. Et je crois que quand on écrit un roman, on doit être touché par l'histoire que l'on raconte. Tout cela m'a donné envie d'écrire un récit autour d'une naissance mystérieuse.

- Adrienne est un personnage complexe, comme vous les aimez?
- Oui. Elle a un côté charmant et mystérieux face à son neveu. Elle le fascine aussi. Elle vit seule dans une grande maison, est assez secrète. Mais plus tard et petit à petit, on découvre son histoire et elle est comme toute vie humaine... Adrienne est émouvante dans sa passion de jeunesse sacralisée par la mort de l'homme qu'elle aimait, puis il y a toutes les retombées. Ses remords qui l'empêchent d'aimer même ses enfants. Elle passe toute sa vie à côté des autres. Il y a alors beaucoup d'égoïsme en elle et elle finit par faire énormément de tort autour d'elle.

- Jusqu'à l'arrivée de Claude?
- Je pense qu'elle a beaucoup aimé Claude. Elle a trouvé en lui un homme attentif à ce qu'elle était. Quelqu'un qui n'avait aucune ambition sexuelle vis-à-vis d'elle, qui ne portait pas un regard d'homme sur elle, mais celui d'un être humain sur un autre être humain.

- Claude le naïf?
- C'est vrai. C'est quelqu'un qui porte un regard sur les choses sans a priori, assez naïvement mais aussi sans se prendre au sérieux. Il a une grande qualité : son ouverture d'esprit. Il est prêt à accepter de remettre sans cesse en cause son interprétation de l'histoire tout en se moquant des élucubrations qu'il a lui-même échafaudées. Il représente l'humanité commune. Nous échafaudons sans cesse des théories sur les gens qui nous entourent. Mais Claude continue à chercher. En ce sens, il est le romancier parfait. C'est ce que devrait faire tout romancier :  refuser les explications stéréotypées et aller au bout de ses investigations. Nous nous contentons trop vite de banales explications.

- Vous donnez l'impression de n'être pas maître à bord de votre roman?
- Disons que je n'ai pas d'idée préconçue sur la façon dont l'histoire va se dérouler. Des personnages apparaissent, me poussent parfois à écrire des histoires secondaires. Et même me donnent souvent des idées que je développe dans d'autres romans!". 

mercredi 4 avril 2018

Premier roman de Sébastien Ministru

                                 Résultat d’images pour sébastien ministru

Né à Mons en 1961,  Sébastien Ministru est journaliste, chroniqueur et auteur de théâtre. Il vient d'écrire son premier roman, intitulé "Apprendre à lire" et publié par les éditions Grasset. Il y aborde le rapport père-fils, l'analphabétisme et l'homosexualité. Comme beaucoup de premiers romans, il y a une bonne part d'autobiographique :   "C'est la vraie vie de mon père dans son enfance que je décris. Je voulais poser un regard sur un homme qui a vécu un vrai drame, enfermé dans son manque de dialogue. Le rapport père-fils est le thème principal de mon roman. J'ai vécu ce rapport entre deux hommes de façon particulière avec mon père, deux hommes qui n'ont pas appris à laisser tomber les murs de la gêne et de la pudeur".

Présentation du roman :   Antoine, directeur de presse sexagénaire, efficace et tyrannique, partage sa vie avec son ami Alex et dont le père italien en fin de vie, émet un jour le souhait d'apprendre à lire et à écrire. Ce privilège, il en a été privé dans une enfance vécue à la dure et personne n'a jamais soupçonné dans quelle souffrance ce manque l'a plongé. Mais Antoine se sent démuni pour apprendre à lire à son père que tout sépare de lui. Alors il demande à Ron, un jeune prostitué dont il loue les services sexuels, de s'atteler à cette lourde tâche d'apprentissage. C'est lui qui parviendra à rapprocher le père et le fils.