vendredi 27 février 2009

Le fan-club d'Edmée De Xhavée

A ma demande, les fidèles du blog d'Edmée m'ont écrit quelques lignes à son sujet.

Bob Boutique : "Je n'ai pas lu "Les Romanichels". Pas encore. Le livre se trouve sur la tour de mon PC et attend que je l'ouvre. Mais j'ai déjà lu beaucoup de choses de cette grande artiste. Par intérêt pour la personne et par gourmandise. Même si elle rédige avec un talent qui m'énerve un peu et énerve tous ceux qui jamais n'arriveront à l'imiter. Elle écrit avec une telle ferveur, qu'il lui arrive de se perdre dans ses textes, comme à Marie Gevers à qui je la compare parfois. Elle remplit des pages et des pages et découvre à chaque paragraphe des tiroirs qui en ouvrent d'autres et ainsi de suite... Elle ne tire pas en longueur mais sa mémoire est exponentielle et quand elle s'envole dans son passé, nul ne peut dire quand elle reviendra et par quels chemins de traverse. Elle me fait penser à un tableau de Marie Laurencin. Voilà. Il n'y a rien à ajouter".

Alain Fauconnier : "J'ai découvert Edmée par hasard, mais le hasard fait bien les choses. Edmée est une personne qui manifestement a "bourlingué" à travers le monde. Je pense que son livre vient de ses souvenirs, mais je peux me tromper. J'ai lu les trois épisodes sur Verviers, sa ville natale. Verviers, en plus je connais, et j'ai pu constater que je m'y retrouvais aisément par rapport à ses écrits. Cette Grande Dame est dotée d'une mémoire effrayante, absolue, intégrale et son écriture nous transporte avec une facilité déconcertante à travers le temps pour nous faire remonter à une époque où il faisait encore bon vivre. Le plus beau est que l'on attend le reste avec impatience, elle a un grand souci des détails et pour ce faire, elle cite des noms, des lieux avec une précision incroyable, comme si elle-même était à nouveau là, bien présente. En plus et cela ne gâte rien du tout, que du contraire, on "sent" une grande humanité qui émane d'elle, une sociabilité qui vient sûrement du fait de ces nombreux voyages, à force de côtoyer différentes cultures, on est forcé de s'ouvrir aux autres et cet enrichissement lui donne une certaine "aura" dont on détecte la présence et ce même par ses écrits. Je ne suis pas fort "cultivé" pour parler d'un écrivain, j'espère avoir retranscris au mieux mon sentiment par rapport à Edmée".

Louis Delville et Micheline Boland : "Lire un texte d'Edmée De Xhavée, c'est souvent retourner dans son enfance, vers des souvenirs enfouis au plus profond de sa mémoire. C'est retrouver la magie de notre jeunesse. Ah ce texte évoquant les stars de cinéma et qu'elle nous avait si bien lu chez Bob! Ah ces textes où elle parle de "son" Verviers! Edmée a toujours le mot juste, celui qu'on se dit qu'il tombe pile au bon moment et au bon endroit. Elle n'a pas son pareil pour susciter des images, faire voir des détails qui, sans elle, resteraient invisibles ou tout du moins flous. L'entendre de vive voix est un plus grand plaisir encore puisque ses phrases paraissent couler de source comme les ruisseaux de notre enfance. Edmée a la plume alerte, musicale, précise, joliment rythmée. Lire Edmée réchauffe tout à la fois le coeur et l'esprit. Son retour dans la "mère patrie" réjouira tout le petit monde de l'écriture en Belgique".

Après avoir lu "Les Romanichels" et avoir eu la gentillesse de m'envoyer par mail en primeur son texte, Cathy Bonte a, elle aussi, consacré un article de son blog au nouveau roman d'Edmée. Vous pouvez le retouver sur http://cathybonte.over-blog.com

jeudi 26 février 2009

Interview d'Edmée De Xhavée (2ème partie)

1° Ce roman est-il autobiographique? J'ai déjà remarqué qu'il se passait dans trois pays où tu as vécu (la Belgique, le sud de la France et l'Italie)?
Il n'est pas du tout autobiographique, même si je me suis en effet servie de la trame de ma vie. C'était plus facile pour commencer. Il y a des éléments vrais, bien sûr, vécus, mais l'ensemble de l'histoire n'a rien à voir avec ma propre vie.

2° Les femmes, leur émancipation à travers les générations et la relation mère/fille sont très présentes dans ton roman, tandis que les hommes sont à l'arrière-plan?
C'est vrai. Mes parents ont divorcé et nous sommes restés, mon frère et moi, avec ma mère. Pas d'homme dans notre quotidien. Mes grands-parents paternels étaient morts et mes grands-parents maternels étaient séparés. Donc, pour moi, l'homme n'est pas très présent! Mais tu remarqueras que je donne un rôle de coeur à certains hommes, parce que même absent, mon père s'occupait, s'informait, et m'a notamment transmis l'amour des beaux livres et de l'art. La présence physique n'est pas l'unique façon d'être là!

3° As-tu voulu faire passer un message aux familles de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou cette maladie était un prétexte pour raconter la vie de Suzanne?
En effet, la maladie n'a été qu'un prétexte, cette idée de la mémoire qui risquait de partir devait créer l'urgence de raconter.

4° En lisant ton roman, on a l'impression que beaucoup d'histoires d'amour se terminent mal?
Pour moi, ces histoires ne finissent pas mal! L'amour est bien là. Je ne crois vraiment pas que le quotidien soit nécessaire, absolument nécessaire. Il y a plusieurs façons d'aimer, on ne les choisit pas toujours bien sûr...

5° Ce roman n'est-il pas aussi une critique des secrets de famille, des conventions et de l'hypocrisie qui régnaient - et règnent parfois encore aujourd'hui - dans certaines couches sociales élevées?
Tout à fait! Je ne vais pas dire que "j'en ai beaucoup souffert" parce que je souffrais en dérangeant et que çà, çà m'amusait plutôt. Mais j'ai vu d'autres personnes se laisser écraser par ce rouleau compresseur, et çà me met en rage. Je dois dire, malgré tout, que lorsque je suis partie à Aix-en-Provence, j'y ai trouvé justement une société bien plus vivante, généreuse qu'en Belgique. Naturellement, je fréquentais un groupe assez hétéroclite (artistes, ingénieurs, profs de philo, gens du coin, antiquaires, vendeuses) qui ne se souciait pas du tout de savoir si on était "bien nés" ou pas.

6° J'ai relevé une citation de ton livre ("Le passé, c'est bon seulement quand on y retourne pour se faire plaisir, pour se dire qu'on a eu de la chance d'avoir vécu çà, ou vu çà. Mais des larmes, on a assez d'occasions d'en verser sans en plus aller les rechercher dans le passé!"). N'est-ce pas le message principal de ton roman?
Le passé compte beaucoup, en tous cas pour moi. Il y a eu plein de moments moches, et j'en suis désormais détachée, je peux y penser et en parler sans me réimpliquer. Mais le bon, ah quelle merveille en effet d'avoir eu tout çà! Quel privilège d'avoir connu ces gens exceptionnels, ces moments, ces arômes, ces explosions de vie. Je pense que les vieux qu'on va voir volontiers, ce sont ceux qui font leur bain de jouvence dans un passé unique!

7° Peut-on avoir quelques informations sur le sujet de ton prochain livre?
Voici ce que dit le comité de lecture des Editions Chloé des Lys : "C'est toute une vie. C'est triste, c'est gai, c'est vrai et sans fards. Et Boris Cyrulnik ne désavouerait pas ce livre, si bel exemple de sa théorie sur la résilience". De nouveau, j'aborde le thème du poids moral dans certains milieux. Il y a un personnage très lumineux qui suit les vies d'un frère et d'une soeur pratiquement brisés dans leur enfance. De nouveau, les hommes sont absents, fragiles, mais il y a beaucoup d'amour en eux, pourtant.

La blogosphère aide Edmée De Xhavée

Et oui, je ne suis pas le seul à vouloir aider notre compatriote Edmée à se faire connaître. En voici quelques exemples.

Alain Fauconnier (http://universel.skynetblogs.be) a écrit le 23 février sur son blog : "Si vous aimez lire comme moi et tant d'autres, je ne peux que vous conseiller d'aller sur le site d'Edmée. Edmée est une Grande Dame écrivain qui vient de publier un livre "Les Romanichels". Si vous allez sur son blog, vous vous rendrez vite compte pourquoi je dis une Grande Dame. D'abord parce qu'elle en a dans la cafetière et ensuite parce qu'elle a un talent réel qu'il vous suffit de découvrir. Faire la promotion de quelque chose n'est pas dans mes habitudes, mais celle-ci en vaut la peine. Si vous désirez acheter ce livre, laissez un com sur son blog dont voici le lien".

Le site Royauté-News (http://royaute-news.over-blog.com) en a déjà parlé à deux reprises.
07 février : "Cette semaine a vu l'annonce de la sortie du roman d'Edmée De Xhavée, "Les Romanichels". A lire l'article du Petit Belge sur cette sortie. J'invite les lecteurs à visiter le blog d'Edmée De Xhavée qui a fait son entrée voici quelques semaines ci-contre à gauche dans les liens variés".
25 février : "2009 est l'Année de la Bande Dessinée en Belgique, comme l'a annoncé le Petit Belge sur son blog. Et cette semaine est également sur l'un de ses nouveaux blogs (celui des écrivains belges) celle particulièrement consacrée à Edmée De Xhavée : présentation de l'auteur, de son roman "Les Romanichels" (éditions Chloé des Lys) et son interview en exclusivité mondiale par le Petit Belge".

Enfin, aujourd'hui, j'ai autorisé la reprise de ma critique des "Romanichels" sur le blog français http://jelistulisillit.wordpress.com

mardi 24 février 2009

"Les Romanichels" (Edmée De Xhavée)

Dès les premières pages, Olivia nous explique ses relations avec sa mère : "Elle n'a jamais été capricieuse, ni vraiment égoïste. Pas proche de moi non plus, ni moi d'elle, mais sans hostilité. Un peu comme si nous étions tante et nièce, sans l'intimité qui semble parfois exister entre certaines mères et filles. Ni la froide rivalité qui existe entre d'autres (...) Elle ne m'a jamais appelée pour me dire que quelque chose de bien lui arrivait....ce n'est pas le genre de choses qu'elle partage avec moi. Nous sommes plutôt du style à nous échanger bouquins, recettes de cuisine et adresses de bons hôtels".

Aussi Olivia est intriguée par la demande insistante de sa mère de renoncer à son départ en vacances et de revenir de Turin une semaine à Bruxelles... A son arrivée en Belgique, Suzanne/Mammita (53 ans) lui annonce avec beaucoup de sérénité qu'elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Elle souhaite que l'espace d'une semaine, Olivia apprenne à la connaître et lui pose toutes les questions qu'elle veut sur sa vie.

Mammita remonte quelques décennies en arrière pour raconter l'histoire de sa famille, son enfance, ses vacances en Italie, la perte de sa virginité avec Rinaldo, son mariage sans amour avec Sébastien d'Entremont-van Zwyn, le décès de son père Max, sa rencontre avec son amant Sergueï, la naissance d'Olivia. Rebondissement au treizième chapitre lorsque les révélations de Mammita touchent directement Olivia qui se rend compte des sacrifices faits par ses parents pour elle... Heureusement, la génération suivante s'affranchit des conventions et de l'hypocrisie qui régnaient dans certaines couches sociales élevées, et mène sa vie comme elle l'entend : Olivia est heureuse en Italie avec Pierluigi. Le roman se termine par l'explication du titre et une bouffée d'enthousiasme et d'optimisme, la maladie d'Alzheimer paraissant bien loin.

De ce premier roman d'Edmée De Xhavée bien écrit et agréable à lire, j'ai noté une citation à méditer que j'approuve totalement : "Le passé, c'est bon seulement quand on y retourne pour se faire plaisir, pour se dire qu'on a eu de la chance d'avoir vécu çà, ou vu çà. Mais des larmes, on a assez d'occasions d'en verser sans en plus aller les rechercher dans le passé!".

Enfin, deux petites critiques : la ponctuation incorrecte des dialogues et la quatrième de couverture qui en dit trop sur le contenu du roman. J'y aurais mis un peu de suspense en me contentant du résumé du premier chapitre : pourquoi Mammita insiste-t-elle autant pour qu'Olivia vienne passer une semaine à Bruxelles?

Interview d'Edmée De Xhavée (1ère partie)

1° A quand remonte ta passion pour l'écriture?
J'ai adoré tout de suite, dès que j'ai su écrire! Ma mère m'a poussée à avoir de petits correspondants un peu partout, et j'adorais çà! Je ne comprenais pas pourquoi, au cours de rédaction, j'avais fini en cinq minutes alors que toutes les autres séchaient et rongeaient leur porte-plume. Je pensais que j'avais bâclé, ou mal compris le thème, et regardais les mouches au plafond pour faire semblant que je n'avais pas fini!

2° Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire un roman?
J'avais eu des vélléités par deux fois dans le passé, mais j'ai abandonné avant la fin. Cette fois-ci, j'ai voulu écrire l'histoire...pour moi! Aussi elle est venue très facilement. Mon frère Vincent Sarti (auteur de Version originale pour un doubleur) avait décidé d'écrire un roman et de tenter d'être publié. Nous nous stimulions l'un l'autre, et nous envoyions chaque samedi le fruit du labeur de la semaine... Je ne pensais pas à publier mais une fois terminé, je me suis dit pourquoi pas?

3° Pourquoi as-tu choisi un pseudonyme et pourquoi Edmée De Xhavée?
Mon vrai prénom est Patricia. Un pseudonyme m'aidait à prendre un peu de distance avec ce que j'écrivais. C'est une histoire imaginaire, certes, mais elle contient beaucoup de fragments de réalité et de personnages. Edmée est mon troisième prénom, celui de ma grand-mère maternelle (dont le père s'appelait Edmond...). J'ai toujours aimé ce prénom qui évoque le thé pris sur des nappes brodées-main avec une jeune fille qui joue du Brahms dans une autre pièce. Xhavée, c'est une rue commerçante de ma ville de Verviers, et j'en aime le Xh typiquement wallon, qui se prononce parfois Ch ou simplement H dans mon coin!

4° Pourquoi as-tu choisi les Editions Chloé des Lys?
D'ici aux USA, je ne me rendais pas du tout compte de comment je devais m'y prendre. Je voulais uniquement un éditeur belge, parce que je ne voulais pas qu'on me dise "ceci fait trop belge, les Français ne sauront pas s'identifier" etc. Et puis...j'y tenais! J'ai juste triché avec Actes Sud mais il est Liégeois. J'ai très peu cherché, en fait. J'ai envoyé moins de 10 manuscrits, et prenant tout mon temps, sans jamais guetter le courrier! Un jour sur le net, j'ai trouvé une liste des éditeurs belges et j'ai aimé le nom Chloé des Lys! J'ai envoyé un email à Laurent Dumortier demandant si çà valait la peine de tenter l'expérience, et il m'a répondu : "Envoyez votre manuscrit".

5° Pourquoi as-tu créé un blog? Son évolution correspond à ce que tu en attendais ou est-ce que ce blog t'a apporté des surprises (bonnes ou mauvaises)?
J'ai créé le blog sur les conseils de Bob Boutique (auteur des Contes bizarres) pour annoncer la sortie de mon livre. Et comme tu le sais, mon livre a pris son temps! Un temps qu'il avait d'ailleurs, et il savait le pourquoi de tant de détours! Et puis, c'est devenu mon rituel, une habitude confortable. J'y ai "rencontré" d'autres bloggueurs (le Petit Belge, par exemple!) et c'est, pour moi, un grand plaisir.

6° Maintenant que ton premier roman est sorti, quel est ton état d'esprit? Quelles sont tes attentes ou/et tes craintes?
Je ne sais pas si on me croira, mais je n'ai jamais espéré être "connue"! Ce livre, en particulier, j'y tenais car ma mère m'a inspiré partiellement le personnage de Mado, et elle s'y était aimée. La "bonne nouvelle" de chez Chloé des Lys est arrivée précisément un an après son décès, et les premières copies sont sorties de l'imprimerie le jour de son anniversaire! J'ai, bien sûr, malgré tout, peur qu'il ne déçoive. Le second roman est prêt et, si je ne fais pas horreur aux amateurs de belle écriture, il me semble que ce premier roman, tout simplement, confirme la naissance d'Edmée De Xhavée, m'autorisant de continuer à écrire...publiquement.

7° As-tu l'intention de revenir faire la promotion de ton roman en Belgique en 2009?
C'est difficile. J'ai très peu de congés (15 jours en tout et pour tout pour toute l'année) et rentre en Belgique pour voir mon père. Mais qui sait, si quelque chose se met bien, ne me prend pas trop du temps que j'aime lui consacrer - ainsi qu'au reste de la famille qui essaie de se réunir autour de lui chaque année puisque nous sommes éparpillés - ce serait sans doute agréable.

lundi 23 février 2009

Qui est Edmée De Xhavée?

Née à Verviers en 1948, Edmée De Xhavée a grandi en écoutant les récits des vies de ses grands-parents et grands-oncles qui ont vécu en Argentine, en Uruguay et en Australie. Après avoir effectué une partie de ses études à Verviers, elle s'oriente vers les arts décoratifs à Bruxelles. A son tour, elle a vécu plusieurs années dans le sud de la France et en Italie. Aujourd'hui, elle habite aux Etats-Unis dans le New Jersey avec son mari, leurs cinq chats et un chien, et y travaille comme assistante d'un conseiller en placements. Et commence une carrière littéraire prometteuse dont on aura l'occasion de parler toute cette semaine...

Nous ne nous sommes jamais rencontrés et j'ai pourtant l'impression de bien la connaître. Je l'ai découverte début 2008 parmi les liens de Cathy Bonte. Membre de la Bande des Nez Rouges dont je vous ai parlé à plusieurs reprises, Edmée est aujourd'hui la plus fidèle lectrice de mes trois blogs et je trouve toujours inouï qu'on lise mes articles de l'autre côté de l'Atlantique. J'ai un coup de coeur pour les très beaux textes qu'elle écrit sur son blog (http://edmee.de.xhavee.over-blog.com/) qui parlent avec tendresse et sagesse de son enfance et des petits instants de la vie quotidienne. Ils mériteraient d'être un jour réunis dans un recueil. Son style me fait penser à une autre auteur belge Colette Nys-Mazure. Après avoir lu son premier roman "Les Romanichels", j'ai eu envie d'apporter un modeste petit coup de pouce à Edmée en lui consacrant plusieurs articles cette semaine...dont son interview en exclusivité mondiale! J'espère que cela vous donnera l'envie d'acheter son livre.

A demain pour la suite.

samedi 14 février 2009

"Sur les pas des écrivains de la Mer du Nord" (Y. Dusausoit)

La série "Sur les pas des écrivains" est intéressante et agréable à lire : elle nous raconte où des auteurs sont nés ou ont séjourné, et elle nous explique, à l'aide d'extraits de livres, comment une région (ici la côte belge) les a inspirés. En voici quelques exemples!

Une villa de Knokke-le-Zoute sert de décor au roman "Le Vent du Nord" de Jean-Baptiste Baronian (1942). Quelques jours avant le déclenchement de la première guerre mondiale en 1914, Emile Verhaeren (1855-1916) retrouve au Coq l'écrivain autrichien Stefan Zweig. Le Coq a été aussi, à de nombreuses reprises, le lieu de villégiature de Charles Bertin (1919-2002), membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Plusieurs romans de Stanislas-André Steeman (1908-1970) se déroulent à Knokke et Duinbergen. La maman de Marie Gevers (1883-1975) possédait une maison sur la digue de Wenduine.

Avec son ami Georges Rodenbach, Emile Verhaeren lance le journal "La Plage de Blankenberghe" (12 pages) qui paraît tous les deux ou trois jours durant les étés 1882 et 1883 pour distraire les estivants. Il contient des nouvelles, des poèmes et des reportages. Sur la digue de Blankenberghe, le monument dédié à Henrik Conscience (1812-1883) représente un pêcheur penché sur un livre de pierre.

Ostende, la reine des plages, a fasciné et inspiré des peintres comme James Ensor, Constant Permeke ou Léon Spilliaert, mais aussi beaucoup d'écrivains : "Fantômes d'Ostende" de Michel de Ghelderode (1898-1962), "Le Clan des Ostendais" de Georges Simenon (1903-1989), "Vacances ostendaises" d'Eric De Kuyper (1942), "La plage d'Ostende" de Jacqueline Harpman (1929), etc.

Le poète Willem Elschot (1882-1960) préfère, lui, Ostduinkerke : "Pour qui supporte la solitude, Ostduinkerke me semble un endroit idéal pour réfléchir et écrire". C'est là que Félix Timmermans (1886-1947) réunit des acteurs de la vie littéraire flamande à la terrasse ou dans les salons d'un hôtel. A quelques kilomètres de là, le cimetière militaire anglais de Coxyde sert de décor au roman "Derrière la colline" de Xavier Hanotte (1960). Dans "Le bourgmestre de Furnes", Georges Simenon (1903-1989) met en parallèle l'insouciance des stations balnéaires de la côte et la vie de la vieille cité de Furnes.

Gaston Compère (1924-2008) vient écrire dans la maison de pêcheurs de son beau-frère à Saint-Idesbald : "A deux pas, le musée Delvaux et ses femmes qui, à leur manière, parlent des polders, non par leur forme sans doute, mais par leur âme de silence, et, en quelque sorte, d'absence. Comprends-moi, je veux dire que ces femmes peintes ne cessent de renvoyer à un autre monde. Un monde qui, bien sûr, est en toi, en moi, mais qui demande un signe pour naître, et le demande sous peine de ne pas être".

Enfin, dans ce livre paru en 2000, on pourrait ajouter le roman "Coxyde" du jeune auteur belge Rémi Bertrand (1982), sorti en 2006, qui raconte l'histoire d'un couple de retour à Coxyde et évoque l'Horloge, les cuistax de Marcel, les gaufres, le tram de la Route Royale, le Monument des Zouaves...

lundi 9 février 2009

"L'enfant neuf" de Colette Nys-Mazure

Née à Wavre en 1939, Colette Nys-Mazure a été pendant très longtemps professeur de français dans le Tournaisis. Son premier recueil, "La vie à foison", a été publié en 1975. Elle a ensuite écrit de nombreux poèmes, pièces de théâtre, essais et nouvelles. Son oeuvre a été récompensée par plusieurs prix littéraires.

"L'enfant neuf" est un ouvrage autobiographique que Colette Nys-Mazure dédie à ses cinq enfants "qui n'ont pas connu leurs grands-parents. Que cette évocation leur rende un peu de leur présence".

Dans la première partie intitulée "L'épreuve", elle retrouve son regard d'enfant pour nous raconter la mort brutale de ses parents survenue en l'espace de quelques semaines alors qu'elle avait sept ans. Colette Nys-Mazure commence son récit le 17 octobre par le dernier petit-déjeuner pris avec ses deux parents, son frère Jean-Paul et sa soeur Chantal. Elle évoque ensuite l'annonce de l'accident de voiture de son papa Antoine, les visites des proches et les funérailles. Elle est perdue dans ce monde d'adultes : "Les grandes personnes n'entendent pas nos paroles. Elles écoutent d'autres voix et celles-ci paraissent de plus en plus alarmantes".

En effet, sa mère n'étant plus que l'ombre d'elle-même ("Plus rien de commun avec la femme qui courait se jeter dans les bras de Papa ou nous saisissait dans les siens pour nous faire tournoyer"), Colette est hébergée à Kain chez sa tante Jeanne, son oncle Jean et leurs trois filles. Le 11 janvier, sa maman Elisabeth s'éteint à l'hôpital.

Dans la deuxième partie du livre, Colette Nys-Mazure reprend son regard d'adulte pour analyser l'impact de cette double perte dans sa vie : "Il me faudra des années pour mesurer l'impact de cette rupture première ; ce qu'elle a modifié dans ma perception de l'existence, dans la manière de croire et d'espérer".

Elle y rend hommage à l'écoute sans jugement et aux conseils de son institutrice Mère Marie-Tarcisius, devenue ensuite une confidente ("la femme qui m'a servi de mère"). Elle raconte comment elle a pris conscience de la vulnérabilité des adultes. Elle remercie ses proches de l'amour qu'ils lui ont donné et de lui avoir parlé de manière naturelle de ses défunts parents : "La faculté d'adaptation des enfants est infinie pour autant qu'ils se sentent aimés, sollicités, tirés vers le haut. Le goût d'apprendre, le stimulant de l'école m'ont arrachée à la délectation morose. J'ai été relancée vers la vie plutôt qu'enfoncée dans le malheur (...) Il m'a été donné de rencontrer dès l'aube la mort, sa ruine, et tout aussitôt la puissance de l'amour gratuit, de la pure bonté. Là s'ancre l'élan de la vie, le goût d'être et d'aimer. Avoir reçu un tel amour rend capable de donner à son tour".

Malgré la gravité du sujet, Colette Nys-Mazure, fidèle à sa foi, nous fait comprendre que la Vie doit être plus forte que la Mort. Elle m'a fait penser à la conférence de David Lachman (un rescapé des camps de concentration) durant mes études et au livre "Oscar et la dame rose" d'Eric-Emmanuel Schmitt qui transmettaient le même message d'espoir et d'optimisme. A conseiller aux personnes qui viennent de perdre un proche. Merci Colette.

vendredi 6 février 2009

Interview de l'écrivain Grégoire Polet

Le jeune écrivain belge Grégoire Polet a accordé cette semaine une interview au journal "La Dernière Heure/Les Sports" à l'occasion de la sortie de son quatrième roman, "Chucho" (éditions Gallimard) :

"Chucho explore en 24h les sentiments d'une vie. Vous analysez souvent ce rapport au temps très court. Etes-vous dans l'urgence d'exister?
- Je ne supporte pas le temps perdu. Il y a une urgence en moi qui n'a pas éclos. Je recherche un élément que je ne peux définir. Sans doute l'Universel. Ecrire des livres contribue certainement à s'en approcher.
- Chucho matérialise son rêve d'absolu par une paire de baskets qui va l'accompagner durant tout son livre. Quel est ce rêve?
- Mon lien avec Chucho est très personnel. Ma première paire de baskets était un cadeau de l'au-delà. Elle m'a été offerte par l'épouse de mon parrain quelque temps après son décès. Cette paire de baskets représente le rêve ultime, celui de l'immortalité.
- Vous décrivez le regard de Chucho avec beaucoup d'ambiguïté. Le monde est-il si difficile à regarder?
- Le monde est à la fois sublime et monstrueux. Etre en empathie avec le monde, c'est douloureux. L'aventure de Chucho et de Hans traduit l'histoire générale de la planète. Un petit bonheur peut aussi évoquer un grand malheur ailleurs. Comme l'écho d'une autre réalité...
- Ainsi, vous reliez l'individu à la collectivité!
- Il n'y a pas de je sans tu. Rien n'a de sens sans le partage. L'homme seul n'existe pas et l'égoïsme est une forme d'autodestruction. Aujourd'hui, chacun évolue dans des réseaux. Il faut les humaniser afin qu'ils transcendent une fraternité globale. Je tente de créer des personnages qui vont provoquer chez le lecteur une volonté d'humanisme.
- Le roman est parfois violent. Or, vous écrivez "La haine n'est rien devant un frisson d'espérance pure". Etes-vous optimiste, fataliste, hyperréaliste ou encore pessimiste?
- Les quatre, mais pas l'un sans l'autre.
- Votre écriture cinématographique est néanmoins empreinte de classicisme. Quelles sont vos influences?
- Mes références demeurent Balzac pour la grandeur de son oeuvre, Goethe pour la profondeur de ses écrits et Verlaine pour la beauté de sa poésie.
- Balzac, c'est la comédie humaine et donc une oeuvre très construite?
- Il est le premier à avoir considéré que les romans devaient s'articuler entre eux. Modestement, je m'inscris dans cette veine. Il y a donc entre mes livres un lien invisible et tendu. Si chaque roman peut être lu de manière indépendante, il contribue néanmoins à la construction d'une seule oeuvre. Mais je n'en suis qu'à la genèse..."

mercredi 4 février 2009

"L'école des Belges : dix romanciers d'aujourd'hui"

Destiné au grand public, "L'école des Belges : dix romanciers d'aujourd''hui" (éditions Le Castor Astral) est un ouvrage collectif agréable à lire et à consulter pour le prix modique de 10 euros. Il est consacré à dix écrivains belges de langue française nés après 1945 : André-Marcel Adamek, Philippe Blasband, Francis Dannemark, Xavier Deutsch, Thomas Gunzig, Xavier Hanotte, Armel Job, Amélie Nothomb, Bernard Tirtiaux et Jean-Philippe Toussaint. La préface de ce livre a été écrite par Jacques De Decker, secrétaire perpétuel de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique.

Afin d'entrer dans l'univers de ces dix écrivains, le livre propose une courte biographie des auteurs par eux-mêmes, quelques confidences, leur portrait dû au dessinateur Chris De Becker, des extraits de leurs livres, une analyse de leur oeuvre, le point de vue de critiques littéraires, de libraires et d'enseignants.

L'intérêt d'un tel ouvrage est de faire connaître ces romanciers en dehors de leurs lecteurs habituels, notamment auprès des étudiants. Personnellement, cela me donne envie de découvrir les romans de Xavier Hanotte (sur fond de première guerre mondiale) et Armel Job (fidèle à ses racines ardennaises). Certains, par contre, ne m'attirent pas du tout, mais je ne citerai pas de noms!

A noter qu'un second tome de "L'école des Belges" est en préparation avec notamment Alain Bertrand, François Emmanuel et Régine Vandamme.