mercredi 23 juin 2010

"Perdre pied" (Colette Nys-Mazure)

Sorti en 2008, "Perdre pied" est le premier roman de Colette Nys-Mazure qui s'est inspirée du tableau "Sur la plage de Boulogne" d'Edouard Manet. Tous les personnages de cette toile, seuls ou en groupe, s'ignorent.

Dans le roman, des personnes en souffrance se retrouvent au même moment face à la Manche. Il y a Julian, en chaise roulante suite à un accident de moto. Hilde qui vient travailler à l'hôtel des Dunes après une rupture amoureuse. Mosane, une adolescente sans nouvelles depuis six mois de son père journaliste, et sa mère Amélie. Antoine (75 ans), qui regrette de n'avoir pas eu le courage d'être un artiste à part entière, et qui a peur de la maladie et de la dépendance. Jeanne, la responsable de la maison d'hôte, dont le fils est atteint du sida.

Toutes ces personnes, résidents ou locataires, vont faire connaissance et se soutenir mutuellement. Leurs problèmes, leurs soucis et leurs doutes ne s'envolent pas, mais cette semaine face à la mer va leur permettre de reprendre pied et de retrouver un peu de courage et de confiance en eux. Ce roman très bien écrit s'intègre parfaitement dans les messages que tente de faire passer Colette Nys-Mazure à travers son oeuvre. Mon seul petit reproche est que j'ai eu du mal au début à entrer dans l'histoire et à m'y retrouver avec tous les personnages.

vendredi 18 juin 2010

Le Cercle de la Rotonde

Le Cercle de la Rotonde, c'est l'histoire d'étudiants de l'Université Catholique de Louvain-la-Neuve qui souhaitent en 1990 organiser des soirées littéraires. La Rotonde est une salle située en haut d'une tour ronde qui est mise à leur disposition. Des écrivains belges répondent à leur invitation, comme Liliane Wouters, Carl Norac ou Caroline Lamarche. En 1995, le Cercle s'installe à Bruxelles et développe ses activités, notamment la publication d'anthologies. La liste des auteurs reçus s'allonge : Pierre Mertens, Frank Andriat, Régine Vandamme, Bruno Coppens, Sandrine Willems, Colette Nys-Mazure, Nicolas Ancion, etc. Un partenariat avec le Théâtre Poème est signé en 1999. Et depuis septembre 2009, c'est à la Maison du Livre à Saint-Gilles qu'ont lieu les rencontres du Cercle de la Rotonde le samedi à 17h pour deux heures d'entretiens, lectures, débats, signatures. Plus d'infos sur www.lecercledelarotonde.be

mardi 8 juin 2010

"Arthur Masson ou le partage du plaisir" (R. Bronchart)

Robert Bronchart a rédigé en 1999 un ouvrage intéressant et accompagné de nombreux documents pour raconter au grand public la vie et l'oeuvre de l'écrivain belge Arthur Masson (1896-1970). Selon moi, il a atteint son objectif et donne envie de lire les livres de l'auteur qui sont ré-édités par les Editions Racine.

Né en 1896 à Rièzes-les-Chimay, Arthur Masson est le fils d'un douanier. Il effectue ses primaires à l'école communale d'Agimont et ses secondaires au Collège Saint-Joseph de Chimay, puis entreprend des études de philosophie et lettres à l'Université de Louvain. Après son service militaire au sein du 3ème régiment des chasseurs à pied à Tournai, Arthur devient professeur à l'Athénée Royal de Nivelles et à l'Ecole moyenne de Nivelles jusqu'à sa retraite en 1946. De son union avec Anna Fremy, il a trois enfants : Anne-Marie, Pierre et Bernadette.

Sa carrière d'écrivain débute en 1935 lorsque son poème "L'adieu des petites gens" (écrit lors du décès du Roi Chevalier) obtient le Prix Albert Ier et est publié à Paris. Ses trois premiers romans sortent avant la deuxième guerre mondiale : "La vie du bienheureux Toine Culot", "La farce des oiseaux" et "Toine, maïeur de Trignolles". Le 16 décembre 1942, il est arrêté par les Allemands et incarcéré à la citadelle de Huy jusqu'au 17 février 1943. Arthur Masson obtient le Prix triennal Georges Garnir 1948, décerné par l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Il décède à Namur en 1970.

Robert Bronchart analyse son oeuvre : "Arthur Masson est renommé en tant qu'auteur régionaliste, mais la qualification d'auteur du terroir convient mieux pour souligner son intégration à la vie rurale (...) Nous observons les façons d'être et les moeurs à travers l'accent du cru et la naïveté d'expression de certains personnages qui donnent une saveur authentique à la vie du terroir. Mais, si certains personnages patoisent, l'élégance de l'écriture et la grâce du style n'en sont pas affectées, dans l'ensemble. Dans les peintures de Teniers, des manants saouls ont d'audacieuses attitudes. Pourtant, derrière ces rustres, la finesse de l'art, la touche spirituelle, la moquerie presque imperceptible, font deviner l'oeuvre d'un gentilhomme. De même, entre les lignes d'Arthur Masson, brille le sourire tendre d'un conteur artiste et d'un lettré subtil qui aime ceux qu'il raconte".

Les romans d'Arthur Masson se déroulent au milieu du 20ème siècle à la campagne, où règne la joie de vivre. Il n'aime pas Bruxelles et tente, à travers ses livres, de combattre l'exode rural vers les villes. Mais Robert Bronchart fait remarquer avec objectivité : "Il met en scène une société un peu factice, en ce sens que tout y est pour le meilleur des mondes. Ses personnages ont un comportement idéalisé. S'ils ont des sautes d'humeur, jamais aucun couple ne bascule. Ils se sont juré fidélité et rien ne vient perturber leur bonheur conjugal ; aucune lassitude ni révolte ne se fait jour. Tout le monde est beau, tout le monde est gentil. Le village forme un tout, détaché de son contexte, préservé des influences du monde extérieur". Signalons que la "Toinade" comptabilise 279 personnages! Dans "Toine et la tourmente", Arthur Masson raconte le quotidien des Belges durant la deuxième guerre mondiale et on devine que de nombreux passages sont autobiographiques.