mercredi 25 août 2021

La collection "La traversée" des éditions Weyrich

Initiée par l'asbl Lire et Ecrire, la collection "La traversée" (publiée par la maison d'édition belge Weyrich) n'a pas d'équivalent dans l'édition francophone. Ces textes sont issus d'un partenariat unique en son genre entre des auteurs reconnus et des adultes en formation d'alphabétisation. Chaque livre fait l'objet en amont d'un travail sur la langue réalisé en dialogue avec le public apprenant. Depuis 2012, la collection compte vingt-sept titres comptant maximum 80.000 signes. Afin d'encourager l'apprentissage, les auteurs privilégient le présent, les mots simples, les phrases courtes. Les mots plus rares peuvent être utilisés à condition que l'explication apparaisse dans le texte. Avant la publication, les apprenants effectuent une lecture critique de la première version du roman. Tous les retours sont ensuite compilés et remis à l'auteur afin de l'accompagner dans son écriture vers une plus grande accessibilité. Pour l'impression, on veille à identifier les types de polices et de mises en pages qui facilitent la lecture. 

Dans l'ordre alphabétique, voici les 27 romans déjà publiés :

- BABA Luc,  "Nous serons heureux"

- CECI Jean-Marc,  "L'herbe dorée"

- COLLINS Christophe,  "Le voleur de lunettes"

- CORNELIS Michel,  "Le silence de Cologne"

- DAMAS Geneviève,  "Monsieur André"

- DAUSSAIN Jacqueline,  "Après ta mort"

- DELPERDANGE Patrick,  "Toute une vie"

- DEUTSCH Xavier,  "Sans dire un mot"

- DE RAEVE Vincent,  "Histoires ordinaires"

- DEVOLDER Eddy,  "La Mémé"

- DOLPHIJN Frédérique,  "Un autre choix"

- ECHTERBILLE Jean-Pierre,  "Gros"

- ENGEL Vincent,  "Epices et sentiments"

- FAIRON Amandine,  "L'attente"

- HESPEL Patricia,  "L'écharpe rose"

- JAMAR Corine,  "La grande lessive"

- JAUNIAUX Jean,  "Les chapeaux rouges"

- KOSMA Edgar,  "La femme cougar"

- MABARDI Véronika,  "Rue du Chêne"

- MULONGO Salomé,  "Le duel"

- NYS-MAZURE Colette,  "Anna"

- RAUCY Claude,  "Les cerises de Salomon"

- ROBBERECHT Thierry,  "La fille de la Poésie"

- RUWET Claire,  "Du sang sur le couteau"

- SKOWRONEK Nathalie,  "Paradis blanc"

- SIMAR Evelyne,  "L'invitation"

- VAN ACKER Christine,  "Le monde de Nestor"

mercredi 11 août 2021

"Paradis perdu" (Eric-Emmanuel Schmitt)

               


A l'occasion de la sortie de "Paradis perdus" (le premier des huit tomes retraçant l'histoire de l'humanité), Eric-Emmanuel Schmitt a répondu en mars aux questions des journaux du groupe "L'Avenir" :

"Comment est né ce projet ?
- C'est autant un projet littéraire que de vie que j'ai depuis 25 ans. Je lisais, je prenais des notes, tout en écrivant d'autres romans et pièces de théâtre. J'ai entamé son écriture il y a trois ans, après avoir résolu ses pièges et écueils. L'humanité est en constante évolution, mutation (je n'ai pas dit "progrès"). Regardez comment, en un an, la société et notre conscience d'être au monde ont changé. J'avais envie de comprendre comment l'humain s'est construit à travers le temps. Et je crois à la force du roman pour le raconter.

- Comment avez-vous imaginé votre héros ?
- Je lui ai prêté beaucoup de moi car je savais qu'on allait vivre très longtemps ensemble. Il possède ma curiosité de type encyclopédique, il est bienveillant, bras ouvert à tout ce qui arrive, et est davantage dans la question que dans la réponse. Ce n'est pas un être de certitudes ou d'affirmations. Et c'est un amoureux. Le centre de sa vie, ce n'est pas lui, c'est l'autre, et notamment une femme qui le révèle à lui-même. Les vraies rencontres sont autant celles de l'autre que de soi. Je l'ai appelé Noam car je voulais un prénom qui appartienne à notre culture indo-européenne et qui ne soit pas loin de Noé.

- Pourquoi l'histoire se passe au présent à Beyrouth ?
- Le Liban est un pays que j'aime passionnément, où je me rends souvent. Les Libanais vivent dans une crise constante, tout en ayant l'amour de la vie. C'est, pour moi, une belle image de résilience intense et continue.

- Vos personnages sont très contemporains, ils parlent et réagissent comme nous ?
- La force du roman historique est la proximité qu'il peut créer avec des êtres qui ont vécu dans des temps, des civilisations et des espaces qui ne sont pas les nôtres. Le propre du roman est d'abolir la distance entre le lecteur et les personnages. Sa lecture est une expérience humaniste. Je suis très soucieux, dans celui-ci, de traquer à la fois les variants, ce qui change, et les invariants, les caractéristiques humaines éternelles, comme les rapports amoureux et familiaux. C'est donc autant un livre qui s'appuie sur l'histoire que l'anthropologie. De plus, Noam écrit aujourd'hui, il a la mentalité et le vocabulaire de notre époque.

- La liberté est l'un des thèmes du roman, celle que conquiert Noam.
- Il commence avec une vie non individuée, celle d'un être de son clan. C'est l'amour qui lui fait prendre conscience qu'il peut vivre pleinement ce qu'il est, comprendre d'où il est issu, pour pouvoir prendre ses distances".