Né à Mouscron en 1943, Jacques Mercier est un homme polyvalent. Journaliste de formation, il a animé de nombreuses émissions populaires de radio et de télévision sur la RTBF ("Dimanche Musique", "Musique au petit-déjeuner", "Le jeu des dictionnaires", "Forts en têtes", etc), il tient une rubrique quotidienne "Monsieur Dico" dans le journal "La Libre Belgique" depuis plusieurs années, il est l'auteur de romans, d'essais mais aussi de livres pour enfants.
"Un équilibre fragile" raconte l'histoire de Gustave, un écrivain trentenaire connaissant le succès et élu précocement à l'Académie. Secondé par son assistant Gilles, il est emporté par les nombreuses obligations de sa carrière littéraire qui l'ennuient : interviews, conférences, séances de dédicaces ou négociations de contrats. Il leur préfère le travail d'écriture.
Jusqu'à la page 134, on suit Gustave qui tente de concilier sa carrière, son amour pour Charlotte et...ses infidélités. Ce passage traduit son état d'esprit : "Notre couple est à l'image d'un tricot de ma grand-mère. En jouant, j'avais heurté l'ouvrage et l'aiguille avait glissé, relâchant tous les points. Le travail avait encore l'air d'être structuré, mais il pouvait se désarticuler au moindre mouvement. L'envie de liberté monte en moi, grossit en rejetant toutes les objections, ne les relevant plus".
Après le divorce de Gustave et Charlotte, aucun élément nouveau n'apparaît jusqu'à la fin du récit devenu monotone et répétitif. On continue de suivre Gustave entre ses activités littéraires et les femmes qu'il rencontre. Mais il faut féliciter Jacques Mercier, un passionné de la langue française, pour l'excellent travail d'écriture, marqué par de fréquents flash-backs dans le passé de Gustave.
Je laisse la conclusion à l'auteur qui résume assez bien le roman : "Quand je suis moi-même et me fie à mes intuitions (ou mon instinct qui est inné, irréfléchi, animal, spontané?), je réussis ma vie professionnelle mais pas ma vie amoureuse. L'échec avec Charlotte est d'autant plus douloureux que mes succès littéraires foisonnent en parallèle. Ces deux pans de ma vie relèvent de la même énergie, il me semble y consacrer autant de temps et j'en conclus que s'engager totalement dans deux entreprises est impossible (...) La compréhension que j'ai de l'amour n'est pas aussi claire que celle que j'ai de la création" (p.167).
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C'est ce même constat qu'on retrouvait dans la correspondance de Verhaeren: le déchirement constant de l'artiste entre son oeuvre et sa vie amoureuse...
RépondreSupprimerMerci pour cette critique intéressante.
Bonne soirée.
Un homme de lettres certainement que je connais finalement très peu.
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