lundi 14 décembre 2009

"...née Pélagie D." (Françoise Houdart)

Née à Boussu (Hainaut) en 1948, Françoise Houdart est la petite-fille d'un mineur et a passé son enfance au pied des terrils du Borinage. Mariée, mère de trois enfants, elle est traductrice de formation et a ensuite été professeur d'allemand dans l'enseignement supérieur à Mons. Paru en 1996, "...née Pélagie D." est son cinquième roman. Elle a été admise au sein de l'Association des Ecrivains Belges de langue française.

Ce roman très bien écrit se passe à bord du ferry "Prins Filip" entre Ostende et Douvres. C'est la première fois que Pélagie Depluvrée voit la Mer du Nord. Au cours de la traversée, elle rencontre un autre septuagénaire Maximilien Debos dont l'épouse l'a quitté le jour de sa retraite. Pélagie lui raconte sa vie : ses cours de géographie, sa nuit de noces, sa collection de cartes postales de la Mer du Nord, son défunt époux alcoolique Oscar, son inscription à l'Université du Temps Libre, ses enfants Louise et Bernard, son permis de conduire passé à plus de septante ans, sa mémorisation des horaires de train, etc.

J'ai eu l'impression que l'auteur souhaitait rendre hommage à toutes ces femmes des anciennes générations dont le seul horizon était leur vie de mère au foyer à l'ombre de leur époux. Voici un extrait révélateur du livre : "J'en ai toujours eu conscience : j'aurais pu être quelqu'un... Autre chose que Pélagie. J'aurais pu être institutrice! On l'avait dit à mon père. Institutrice... On aurait écrit mon nom, Pélagie Depluvrée, en haut d'un registre de classe, sur la couverture des bulletins des enfants... J'aurais signé de mon nom, le mien, sous la rubrique "Le titulaire de classe"... Et rien n'aurait été possible sans cela. Mais je n'ai été que Pélagie, madame Oscar Galant, et ma signature pouvait se résumer à une croix en-dessous de celle d'Oscar, l'époux, titulaire du titre. Rien ne pourra jamais racheter toute la vexation, les petites injustices journalières, le manque à vivre et à gagner".

Cela m'a fait penser à l'histoire de ma grand-mère maternelle qui rêvait d'être puéricultrice. Mais ses parents lui avaient répondu que savoir cuisiner et coudre était suffisant pour une femme au foyer. Elle s'est rattrapée en nous élevant, mon frère et moi, avec beaucoup d'amour, de patience et de tendresse.

La fin du roman de Françoise Houdart m'a un peu déçu. Je m'attendais à un épilogue plus heureux : Pélagie et Maximilien auraient décidé de passer ensemble le reste de leur vie de l'autre côté de l'Atlantique...

2 commentaires :

  1. Indécrottable romantique, petit Belge!!!! Je ne sais pas quelle est la fin de ce beau livre, mais les rencontres heureuses ne finissent pas toutes dans le quotidien! Certaines ont besoin, justement, de n'être que des rencontres pour rester vivantes.

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  2. Toutes les femmes de cette génération n'étaient pas destinées à rester à la maison, et bon nombre d'entre elles ont travaillé! Ceci dit, c'est le genre de roman que j'affectionne, merci pour sa présentation.

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