vendredi 19 février 2021

Récompense pour l'auteure belge Colette Nys-Mazure


Installée à Nantes, l'Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire vient d'attribuer le Prix Yves Cosson 2021 à l'auteure belge Colette Nys-Mazure. A cette occasion, elle a répondu aux questions d'une autre auteure belge, Françoise Lison-Leroy, pour le journal "Le Courrier de l'Escaut" :

"La poésie, élue parmi les autres modes d'expression littéraire ?
- Depuis l'enfance, je suis sensible aux sons des mots autant qu'à leur multiples sens. La poésie est ma langue maternelle. Elle n'explique pas mais suggère. Elle donne d'exister davantage et parfois de survivre. Tous sens en éveil, elle n'en finit pas de dénoncer et de célébrer. Elle suscite l'émerveillement et le courage d'être. J'ai écrit plusieurs essais pour manifester que la vie poétique, j'y crois.

- Un prix international qui te touche, décerné par l'académie littéraire de deux régions que tu apprécies particulièrement ?
- Je fréquente l'Anjou depuis longtemps :  en résidence poétique à Rochefort-sur-Loire, tous les après-midis, j'intervenais en médiathèques, lycées et associations de la région. Plus tard, pour Lire Ecrire Compter d'Angers, j'ai animé des ateliers débouchant sur un livre. J'ai donné pas mal de conférences à l'université. Quant à la Bretagne, j'avais été invitée à présenter des livres dans les librairies dès 1998, puis à collaborer avec l'Ecole Navale de Brest, à participer à l'université d'été de "La Vie" Nantes. Donc, je me sens un peu chez moi :  le TGV Lille-Angers-Nantes est direct. J'aime la Loire et l'Atlantique. Le poète Yves Cosson, dont ce prix porte le nom, a publié de nombreux ensembles poétiques. Décédé en 2012, il était sociétaire de cette académie. Ignorant que mon nom avait été proposé, j'ai été d'autant plus heureuse de la surprise.

- Ancrée en Hainaut Occidental, comme en francophonie, ton oeuvre est ouverte sur le monde. Des pôles essentiels ?
- Mes familles paternelle et maternelle sont d'Estaimbourg et de Pottes. Bien que née à Wavre, je suis arrivée à Kain dès mes 7 ans à la mort de mes parents. Mon attachement profond à ces paysages tempérés, à l'Escaut, à la ville de Tournai, ne m'a pas empêché de voyager à travers l'Europe, les Etats-Unis, le Québec, l'Afrique du Nord, pour parler des écrivains de chez nous, assurer des lectures de mes poèmes. Un arbre solidement enraciné peut déployer ses branches.

- Un prix littéraire récompense avant tout une écriture personnelle, une langue forgée au fil du temps, comme tout art que l'on construit avec tout son être ?
- Ce n'est pas si simple qu'on le croit de trouver son chemin, surtout lorsque, professeure de français en contact permanent avec les écrivains les plus exigeants, l'admiration risque de paralyser. Ne pas imiter, mais inventer ses images et ses musiques, prend le temps, l'expérience d'une vie".

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mercredi 3 février 2021

Récompense pour l'auteure belge Françoise Lison-Leroy



L'auteure belge Françoise Lison-Leroy a reçu le Prix François Coppée 2020 de l'Académie française pour son livre "Les blancs pains" paru en 2019 aux éditions Esperluète.

A cette occasion, Françoise Lison-Leroy a répondu aux questions du journal "Le Courrier de l'Escaut" :

"Est-ce important pour une auteure d'avoir un prix ?

- C'est surtout très important pour l'éditeur parce que le livre sera un peu plus diffusé. En poésie, c'est bienvenu, surtout pour une petite maison d'édition qui fait du très bon travail et qui prend des risques. Personnellement, c'est une belle reconnaissance de mon travail pendant toutes ces années. Je n'ai pas fait carrière dans la poésie, j'estime juste avoir eu beaucoup de chance d'avoir pu continuer à faire ce que j'aime tout en enseignant et en écrivant des articles pour le journal. Je n'ai pas de pression. Personne ne me rappelle que je dois sortir quelque chose en 2020. J'aime ne pas être attachée à un seul éditeur parce que ça me permet beaucoup de rencontres. C'est l'éditrice de l'Esperluète, Anne Leloup qui, après avoir lu mon texte, m'a mise en contact avec l'illustratrice du recueil, Diane Delafontaine. C'est amusant :  elle est domiciliée à Ecaussinnes et son compagnon est originaire de Blandain.

- Le thème du recueil (la mort d'une petite fille) n'était pas forcément évident à illustrer ?

- Effectivement. La petite soeur de mon papa avait 18 mois quand elle est morte. Il a toujours entretenu sa petite tombe à Wodecq. J'ai continué à le faire. Pour moi, c'est important d'avoir une place quelque part.  La thématique touche tellement les gens que, lors de la présentation du livre à Wodecq, il y avait 100 personnes. Cette célébration des racines du village à travers cette reconnaissance me fait tellement plaisir, car ce recueil apprécié par un jury à Paris a été écrit dans le Tournaisis et concerne le village de Wodecq, le hameau du Camp du Pont précisément. C'est tellement important pour moi de rester ancrée quelque part. Je ne suis pas une grande voyageuse, mais j'aime beaucoup être ailleurs de temps en temps, pour savoir comment c'est par rapport à ici.

- Quand et comment écrivez-vous ?

- Quand suffisamment d'éléments ont mûri dans ma tête, je me mets à l'écriture. Généralement, pas plus d'une heure par jour, souvent le matin, toujours dans la même pièce réservée exclusivement à l'écriture : où il n'y a pas le téléphone, pas d'ordinateur, bref aucune tentation. Je relis chaque fois ce que j'ai écrit la veille pour me remettre dans le rythme. Je reste habitée par le sujet tant que l'écriture n'est pas terminée. Mais je ne m'isole jamais complètement. L'écriture est importante pour moi, mais je veille à ce que ce travail ne pèse pas sur mon entourage, sur la famille, sur le quotidien, sur les rencontres.

- Respectez-vous des rituels d'écriture ?

- Mes poèmes commencent toujours dans un bloc de feuilles tout à fait ordinaire. Après, je recopie dans un autre cahier. Puis dans un plus beau carnet, en apportant chaque fois des corrections avec toujours un peu moins de ratures. Après ces trois étapes, je tape tout à l'ordinateur et je corrige autant de fois que nécessaire. Je n'ai jamais rien envoyé d'autre à un éditeur qu'une impression d'ordinateur. Toujours par la poste, parce que c'est selon moi le chemin le plus naturel. Et c'est aussi une volonté de tenter sa chance comme tout le monde. Il m'est arrivé de devoir attendre trois ou quatre mois avant d'avoir une réponse. Parfois, je n'ai eu aucune réponse. Mais je ne téléphone pas.

- Sur quoi travaillez-vous pour l'instant ?

- Je n'écris pas pour l'instant, je n'en ai pas envie, je ne suis pas disponible. Je connais des personnes touchées par le coronavirus, et l'atmosphère est telle qu'on ressent l'inquiétude de tout le monde autour de soi. Un livre de poésie pour enfants, déjà écrit depuis un certain temps, va sortir en 2021".

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