samedi 19 juillet 2014

Un roman belge écrit en SMS !

                                      Photo : Et voilà, reçu ce jour, y'a plus qu'à lire!


A l'occasion de la sortie de son premier roman "S. aime S." aux éditions Lamiroy, le journaliste belge Nicolas Buytaers (le "Monsieur Cinéma" de RTL-TVI) a répondu aux questions d'Isabelle Monnart :


"Quand tu t'es inscrit en journalisme, c'était pour écrire?
- Pour écrire à la télé! J'ai toujours aimé ce média et il y a une vraie écriture télé : je fais des reportages de 2 minutes et dans ce laps de temps, je dois raconter le film, le making of et dire ce que j'en pense. Il faut choisir les bons mots et avoir une écriture très précise.


- C'est parce que la télé oblige à des formats courts que tu t'es lancé dans un texte long?
- Je ne sais pas... Mais je ne pense pas parce que j'ai toujours écrit. J'ai une autre histoire d'amour dans mes cartons, écrite il y a longtemps et que je suis en train de retravailler. J'ai aussi des livres de cinéma qui ne sont toujours pas publiés.


- Qui sont tes premiers lecteurs?
- La bande, ceux que je remercie en fin de livre. Les Mousquetaires, ceux qui sont là depuis 20 ans. Ils ont toujours été très critiques, mais dans le bon sens du terme :  quand ils aiment, ils le disent et quand ils n'aiment pas, ils le disent aussi. Il faut savoir faire preuve d'humilité.


- Tu as également depuis longtemps un projet de livre de cuisine!
- Oui, çà me tient beaucoup à cœur. Le livre s'appelle "Les petits plats dans l'écran" : c'est un vrai livre de cuisine, avec des vraies recettes, issues ou inspirées par des films. Dans "Le parrain", on apprend à faire des sphaghetti bolognaise, eh bien, je donne la recette. Ou "La soupe aux choux", film dans lequel on n'apprend pas à préparer de la soupe aux choux, donc j'ai pris une vieille recette maison. A force de rencontrer des acteurs, je leur demande aussi souvent quel est leur plat préféré, ce qu'ils font quand ils sont à la maison.


- Ce roman enfin sorti, comment te sens-tu?
- Fier car j'ai toujours voulu devenir écrivain. Nerveux car je me demande si cette histoire va plaire. Et heureux car j'ai encore envie d'en raconter d'autres, des histoires...d'amour!  "S. aime S." est une histoire d'amour entièrement écrite en SMS! Le lecteur s'immisce dans les portables de ces deux amants et ils découvrent leur histoire. C'est tantôt drôle, tantôt dramatique, tantôt romantique, tantôt sexy.


- Tu n'as pas eu peur que cet échange de SMS soit fastidieux à lire?
- On échange 9 millions de SMS par jour en Belgique, donc on peut bien en lire quelques-uns dans ce livre. Sinon, c'était pour moi l'un des intérêts de ce livre : cet exercice de style. Je voulais raconter une histoire d'amour mais autrement. Donc, pourquoi pas en SMS? Ne jamais faire comme les autres : j'adore. Mais il fallait jouer le jeu : il n'y a pas de descriptions, il n'y a que des SMS. Je voulais que le lecteur participe pleinement à cette histoire. Quitte à être un peu voyeur, autant qu'il s'imagine aussi les décors, les lieux, l'atmosphère. Je donne juste une piste en intitulé de chapitre. C'est une sorte de lecture participative. En attendant, je ne suis pas tombé dans le travers du SMS :  les raccourcis et autres lol, mdr ou pdr. Je ne fais pas partie de cette génération-là. J'écris mes SMS avec de vrais mots. Je rédige de véritables phrases...sans fautes aussi. Note que je glisse quelques smileys. Ca, j'aime bien. Je voulais en fait donner quelque chose à lire mais sous une forme nouvelle.


- Bon, entre les lignes, ce Sylvain, c'est un peu/beaucoup toi : tu quantifierais çà à combien?
- Oui, je me suis déjà fait larguer par SMS comme Sylvain. Non, je ne suis jamais sorti avec une présentatrice du journal. Ou alors je ne m'en souviens plus...ni elle. Disons donc : oui, Sylvain est grand, drôle et exagérément musclé comme moi. Pour le reste, tout est fictif. Je n'ai jamais promis une sex-tape à mon meilleur ami (ceux qui liront le livre comprendront)".

mardi 15 juillet 2014

"L'Eté sous un chapeau de paille" (Alain Bertrand)

                                          Photo : Rendez-vous ce soir, 20h, à la salle des 3 Ours.


Voici le dernier livre de l'écrivain et professeur belge Alain Bertrand, né à Gand en 1958 et décédé à Bastogne en 2014. Dans sa bibliographie, on trouve des romans ("Massacre en Ardenne", "Le lait de la terre", p.ex.), trois essais (sur Georges Simenon, Maigret et Jean-Claude Pirotte), de la prose et des récits. C'est aussi le 20ème ouvrage de la collection "Plumes du Coq" qu'il dirigeait avec Christian Libens au sein des éditions Weyrich.


"L'Eté sous un chapeau de paille", ce sont 37 chroniques de vacances qui nous rappellent des anecdotes, des histoires drôles et des mésaventures qu'on a parfois également rencontrées. Voici quelques extraits :


"Alors que Dieu crie dans le désert, le GPS susurre dans les embouteillages. Sa diction est celle d'une conseillère conjugale. Il ne lui manque que la boîte à mouchoirs à côté du volant pour jouir de toute son efficacité. Les papas agacés par leur progéniture ceinturée à l'arrière du véhicule feraient bien de s'en inspirer. Le GPS articule les mêmes répliques sur un ton modéré autant de fois que nécessaire. Il contribue à rectifier les erreurs de trajectoire avec une patience de confesseur. Un sang-froid mâtiné d'un zeste de douceur lui tient de pédagogie".


"Tout va pour le mieux dans le meilleur de la Provence :  il faut le proclamer urbi et orbi, le griffonner au dos des cartes postales, le communiquer par SMS à ses potes, le jeter à la gueule des collègues dès son retour au boulot. Même ma femme était super, comme au premier jour, surtout quand elle s'est mise à ressembler à une olive de Nyons. Au point qu'on a fait l'amour, si, si, l'amour à la provençale, au cours de la sieste, et si bourrés au pastis que j'ai cru que c'était une partouze, avec sa sœur jumelle. Et après? Disons que je suis rentré dans le ciment frais, comme un coureur de fond de classement, au Tour de France. Plus je m'épongeais à l'eau, moins je voyais la route".


"Le bronzage n'est rien s'il est accompagné de ces gloussements de plaisir qui font le sel des vacances. Au contraire du sédentaire, qui a si peu de chose à raconter, l'estivant porte l'adjectif et l'adverbe au pavois. Dès son retour d'Espagne, le bureau, l'atelier résonnent de cent feux d'artifice, de mille points d'exclamation, de cent mille clichés qui bruissent du chant des grillons, des vagues, des guitares et des voluptés. C'est pour ces minutes de gloire qu'on part se ruiner à l'étranger, pour ces secondes où les autres nous écoutent répandre des bonheurs qu'ils n'ont pas connus et que la vie leur refusera. Les congés payés sont un rite, comme allumer sa télévision ou pousser un caddie au supermarché. Avant de réenfiler ses habits d'esclave et de s'en retourner, voûté comme un fouet, au comptoir, à l'usine, dans la salle des profs".


"A peine réveillé par des cloches ou des coqs en crise de nerfs, l'homme s'arrache de sa nuit blanche et s'en vient risquer une congestion au-dessus d'un évier jauni et crevassé. Barbe naissante et gros pull, il enfume la salle à manger avec du bois mort et des bûches éclatées à la cognée dans l'air glacial de novembre. Car rien ne fonctionne, c'est l'apanage de la seconde résidence. Le robinet crache une eau rouillée, les fusibles grésillent et çà sent le brûlé, çà empeste la fumée, çà épluche une à une les diverses couches de papier peint".