lundi 15 janvier 2024

Nicolas Ancion et les livres de poche

                       


Né en 1971 à Liège, l'auteur belge Nicolas Ancion confie à la revue "Le Carnet et les Instants" du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles :

"Pocket avait une collection intitulée "Nouvelles Voix", dans laquelle la maison republiait des auteurs que l'équipe éditoriale avait envie de présenter à un plus large public. Valérie Miguel-Kraak et Laurent Boudin ont imaginé élargir cette aventure éditoriale à des auteurs venus d'autres pays de la francophonie. Quand ils ont vu dans "Livres Hebdo" l'annonce de la parution au Grand Miroir de "Nous sommes tous des playmobiles",  ils ont demandé à lire le recueil et ont acheté les droits en poche alors que le livre n'était sorti chez nous que depuis quelques semaines. Ce ne sont pas les chiffres de vente qui ont motivé leur choix, mais le contenu du recueil. Ils ont par la suite enchaîné en republiant "Quatrième étage",  "Ecrivain cherche place concierge",  "Les ours n'ont pas de problème de parking" et "L'homme qui valait 35 milliards". J'ai été partie prenante dans toutes ces rééditions, vu que j'avais récupéré les droits sur ces titres et que je me suis occupé de la cession en poche. 

Outre que ces sorties chez Pocket ont permis à ces textes de toucher un public beaucoup plus large, c'était aussi l'occasion de franchir la frontière, car la diffusion en France de ces titres était très aléatoire. D'un coup, les livres se sont retrouvés dans les gares, les supermarchés, dans les rayonnages de presque toutes les librairies. Les éditeurs parisiens, surtout en poche, ne travaillent presque plus le fonds sur la durée :   les nouveaux titres chassent les anciens. Pour s'assurer qu'un titre reste en rayon, ils le rééditent chaque année ou presque avec une nouvelle couverture, un nouvel ISBN et les critères sont alors très pragmatiques :  si les ventes n'augmentent pas d'une année sur l'autre ou sont insuffisantes, ils abandonnent la commercialisation du titre. 

Le poche n'est pas un livre comme un autre, c'est un objet courant, familier. Il rend la littérature accessible, d'un point de vue financier bien sûr, mais aussi par la proximité qui se crée avec les lecteurs. Le grand public pense que si c'est en poche, c'est que ça a déjà marché. Ces arguments sont formidables, car ils réduisent à néant un obstacle majeur qui fait que la littérature contemporaine a toujours l'air d'être publiée....pour d'autres que soi. En poche, c'est différent. Comme si la littérature descendait de son piédestal. 

Le paradoxe, c'est qu'on vend beaucoup de livres mais que cela ne rapporte presque rien :  l'auteur ne touche que 5 % du prix de vente hors TVA. Concrètement, sur un recueil à 6,60 euros, ça fait 30 centimes bruts (avant charges sociales et impôts). Chaque fois qu'on vend 2.000 exemplaires en poche, on gagne 440 euros. Les lecteurs imaginent qu'on gagne bien sa vie si on est publié en poche. Ce n'est pas aussi simple".

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