mercredi 26 juillet 2017

Les librairies labellisées

Depuis 2007,  un label des librairies contribue à valoriser ce métier essentiel à la vie culturelle en Fédération Wallonie-Bruxelles. Actuellement, 54 librairies sont labellisées en régions wallonne et bruxelloise, selon onze critères ayant fait l'objet d'un arrêté ministériel. Vous les identifierez grâce au logo du label qu'elles affichent. Comment sont-elles choisies? En résumé : primauté du livre, accueil par des libraires professionnels bien outillés et formés, acceptant la commande à l'unité et proposant un assortiment de nouveautés, d'ouvrages de fonds et de titres d'auteurs belges sans restriction de distributeur ou de maison d'édition.

Qui sont ces librairies?  Citons Tropismes et Quartiers Latins (à Bruxelles), Molière (à Charleroi), Librairie de la Reine (à Binche), Scientia et André Leto (à Mons), Le Point Virgule (à Arlon), Decallone et Siloe (à Tournai), L'Oiseau-Lire (à Visé), DLivre (à Dinant), Chapitre et Papyrus (à Namur), Graffiti (à Waterloo), Antigone (à Gembloux), Parenthèse (à Liège), etc.

Ce label donne accès aux aides de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour l'organisation de rencontres littéraires, pour des prêts sans intérêts pour l'aménagement et l'équipement des lieux, pour des abonnements à des outils bibliographiques professionnels. En 2016, la Fédération Wallonie-Bruxelles a financé 314 librairies labellisées afin d'aider ces librairies indépendantes qui doivent faire face à la concurrence des grandes surfaces et d'Internet. Un projet vise aussi à supprimer la "tabelle" afin de diminuer le prix payé par les consommateurs pour l'achat de livres édités en France (soit 70% des livres achetés en Belgique francophone).

Depuis 2014, le Syndicat des librairies francophones s'est vue confier par la Fédération Wallonie-Bruxelles la mission de développer un outil mutualisé devant permettre la commercialisation de livres numériques. Une trentaine de librairies indépendantes participent actuellement à Librel, le portail numérique des librairies francophones de Belgique qui propose aujourd'hui aux particuliers plus de 400.000 titres en français, 200.000 en anglais, 40.000 en néerlandais, et aux bibliothèques plus de 140.000 titres émanant de près de 3.000 éditeurs.

mercredi 19 juillet 2017

Prix littéraires

Au Théâtre Royal du Parc à Bruxelles, la ministre de la Culture en Fédération Wallonie-Bruxelles Alda Greoli a remis, il y a quelques semaines, différents prix littéraires.

Prix triennal de poésie en langue régionale endogène
Tous les trois ans, ce prix récompense un recueil de poèmes rédigé dans l'une des langues régionale de la Fédération Wallonie-Bruxelles, sur proposition du Conseil des langues endogènes. Le lauréat 2017 est Dominique Heymans. Né en 1958 dans un milieu populaire, il apprend le wallon par imprégnation. Fonctionnaire communal à Manage, il habite à Gottignies dans la commune du Roeulx. Il ressent rapidement l'envie de défendre ce patrimoine et d'écrire dans cette langue. En 1982, il rejoint les "Scriveus du Cente", association dont il deviendra le président en 2016. Il est récompensé pour son recueil "Pleuves", écrit en wallon du Centre. Il y évoque le quotidien, la vieillesse, l'ailleurs, sur un ton où la mélancolie alterne avec la légèreté et l'humour.

Prix de la première oeuvre
Remis pour la première fois en 1998, ce prix récompense chaque année un premier ouvrage d'un auteur belge ou vivant en Belgique, écrivant en langue française, tous genres littéraires confondus, sur proposition de la Commission des Lettres. La lauréate est Charline Lambert, née en 1989 à Rocourt. Diplômée en langues et littératures françaises et romanes, elle est, depuis 2015, aspirante FNRS à l'Université Catholique de Louvain. En 2016, elle publie deux recueils de poésies :  "Chanvre et lierre" (éditions Le Taillis Pré) et "Sous Dialyses" (éditions L'Age d'Homme). Son premier recueil a déjà été récompensé du Prix Georges Lockem de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique et du Prix Geneviève Grand'Ry de l'Association des Ecrivains Belges.

Prix triennal de la poésie
Remis tous les trois ans, ce prix récompense un auteur pour un recueil poétique publié à compte d'éditeur, sur proposition d'un jury indépendant composé cette année de Rony Demaeseneer, Sami El-Hage, Vanessa Herzet, Mélanie Godin, Daniel Laroche et Colette Nys-Mazure. La lauréate est Françoise Lison-Leroy (née en 1951 en Hainaut Occidental) pour son recueil "Le silence a grandi", dédié à la mémoire de Paul André. Outre la lauréate, le jury a décerné une mention à trois autres ouvrages :  "Trèfle incarnat" de Rose-Marie François,  "La traversée des habitudes" de Karel Logist et "Sylvia" d'Antoine Wauters.

Prix quinquennal de l'essai
La lauréate 2017 est Christine Aventin, née en 1971, licenciée en philologie romane de l'Université de Liège. Elle a connu un succès littéraire inattendu et précoce avec un roman écrit à quinze ans, "Le cœur en poche". Après plusieurs années d'anonymat, elle revient à l'écriture en 2005 avec "Portrait nu". Elle est récompensée pour son livre "Breillat des yeux le ventre", publié dans la maison d'édition belge Le somnambule équivoque en 2013. Le livre de Christine Aventin est un essai au sens premier du terme :  l'auteure s'y lance dans une expérience littéraire qui dynamite les limites des genres littéraires, à la frontière entre fiction, l'autobiographie et l'analyse cinématographique. Sur ce chemin, elle semble avoir trouvé son alter ego en Catherine Breillat, dont elle analyse le cinéma, le rapport au corps et au féminin.

mercredi 12 juillet 2017

Laurent Demoulin à Passa Porta

A l'occasion d'une soirée "Read and Meet", l'écrivain belge Laurent Demoulin était l'invité d'Adrienne Nizet, la vice-directrice de Passa Porta (Maison internationale des littératures de Bruxelles). Ils se sont ensuite confiés à la revue "Le Carnet et les Instants" que vous pouvez recevoir gratuitement sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Adrienne Nizet :  "Qui pourrait mieux que l'auteur parler de son livre? L'idée est que les participants puissent poser directement leurs questions à l'auteur, lors d'une soirée en comité restreint. Ils sont invités à lire le livre choisi avant la soirée, afin de pouvoir aller en profondeur dans les thématiques, le style, les développements de l'intrigue. Comme les autres auteurs, traducteurs littéraires, acteurs du secteur, les auteurs belges francophones sont chez eux à Passa Porta. Ils sont présents dans les toutes les facettes de la maison".

Laurent Demoulin :   "Chaque rencontre est particulière, en fonction des différents lieux, du nombre de personnes présentes, et de la personnalité individuelle des participants ayant pris la parole. Je me suis rendu dans des librairies, dans une bibliothèque, dans des institutions communales liées à la problématique de la littérature et de la santé, dans des écoles supérieures, au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, Toutes ces rencontres m'ont nourri et m'ont fait réfléchir, en fonction des questions qui m'ont été posées et des réactions du public. De manière générale, j'aime rencontrer les lecteurs et les lectrices. Qu'ils aient un visage, une voix, une histoire, des pensées, etc. J'aime les petits échanges au moment des dédicaces. L'écrivain est seul quand il écrit : cela fait du bien de sortir de la solitude grâce aux fruits de celle-ci. La rencontre à Passa Porta présente plusieurs particularités intéressantes. D'une part, un aspect convivial. J'étais assis autour d'une table avec une dizaine de personnes, et non pas devant un public, ce qui favorise l'échange, l'intervention spontanée des participants (et de telles interventions ont d'ailleurs eu lieu). La disposition des personnes ainsi que leur petit nombre jouent tous deux le même rôle incitatif. Ensuite, les personnes sont censées avoir déjà lu le livre, même si ce n'était pas tout à fait le cas. Mais on a fonctionné comme si tous connaissaient le livre, ce qui fait gagner du temps et qui va aussi dans le sens de la liberté de parole (pas de peur de spoiler, comme disent les jeunes, c'est-à-dire de déflorer l'intrigue). Autre implication : il ne s'agit pas de vendre le livre puisque je suis en principe devant des lecteurs déjà conquis. Sans doute cela change-t-il aussi quelque chose dans le contact (voire dans mon propos) mais je ne m'en rends pas bien compte, car en librairie non plus je n'avais pas l'impression d'être là pour vendre mon livre. Mais peut-être ai-je refoulé cet aspect inavouable, qui sait? Partout, il s'est agi d'une conversation. Dernière spécificité de Passa Porta : la présence de lecteurs néerlandophones, ce qui fait vraiment très plaisir. Ces lecteurs portent un regard particulier sur la langue du texte.

Je me suis déjà rendu à plusieurs reprises à des rencontres de Passa Porta avec d'autres auteurs. C'étaient des rencontres plus traditionnelles, dans la librairie, les auteurs étant sur une estrade. Chaque fois, j'ai été très intéressé, mais comme je le suis lors de la plupart des rencontres en librairie. Il me semble que les rencontres stimulent mon désir de lire l'auteur, sauf exception. Ou en tout cas, telle est la question qui sous-tend ma présence :  la recherche d'indications pour savoir si tel livre me plaira ou m'intéressera. Notez qu'il m'arrive aussi d'aller à des rencontres alors que j'ai déjà lu le livre qui est présenté (dans ce cas, il s'agit toujours d'auteurs que j'apprécie). Peut-être y vais-je alors pour approfondir ma lecture. Ou pour remercier l'auteur du plaisir qu'il m'a procuré. En même temps, il y a un juste plaisir propre à la rencontre, qui est presque indépendant de la lecture.

Les questions très variées qui m'ont été posées m'ont fait réfléchir et m'ont permis d'approfondir ma vision de la littérature, notamment parce que Robinson a un statut ambigu à cet égard. Mais il m'est difficile d'isoler le phénomène des rencontres de l'ensemble de mon expérience. J'aimerais pouvoir vous dire que cela ne change rien à rien, que je suis seul face à la Littérature comme face au ciel étoilé, que seul compte le texte, la divine inspiration, etc. Mais si je suis honnête, je dois bien dire que le fait de publier chez Gallimard ou chez un petit éditeur belge, même de très grande qualité, cela change beaucoup de choses. J'avoue que, depuis lors, j'assume le fait d'être écrivain, ce qui est neuf (jusque là, je me récriais si on m'attribuait ce titre). Il s'agit à la fois d'une forme de libération et de soulagement profond (comme si j'étais enfin en paix avec moi-même) et de nouvelles responsabilités, assez intimidantes quant à la suite éventuelle. Les rencontres participent vivement de ce double sentiment. Je m'y sens heureux, comme un poisson dans l'eau. La sensation la plus forte, je l'ai ressentie lors de la première présentation, à Liège, dans la librairie que je fréquente, "Livre aux trésors", chez mes amis Olivier et Philippe. J'étais interrogé par Gérald Purnelle, un autre ami. Le public était nombreux, attentif, bienveillant. Je me sentais délicieusement entouré par cette bienveillance. Une expérience vraiment inoubliable. Les soirs de doute et d'angoisse, je pourrais y songer pour m'apaiser".

Plus d'infos :  www.passaporta.be