vendredi 6 février 2009

Interview de l'écrivain Grégoire Polet

Le jeune écrivain belge Grégoire Polet a accordé cette semaine une interview au journal "La Dernière Heure/Les Sports" à l'occasion de la sortie de son quatrième roman, "Chucho" (éditions Gallimard) :

"Chucho explore en 24h les sentiments d'une vie. Vous analysez souvent ce rapport au temps très court. Etes-vous dans l'urgence d'exister?
- Je ne supporte pas le temps perdu. Il y a une urgence en moi qui n'a pas éclos. Je recherche un élément que je ne peux définir. Sans doute l'Universel. Ecrire des livres contribue certainement à s'en approcher.
- Chucho matérialise son rêve d'absolu par une paire de baskets qui va l'accompagner durant tout son livre. Quel est ce rêve?
- Mon lien avec Chucho est très personnel. Ma première paire de baskets était un cadeau de l'au-delà. Elle m'a été offerte par l'épouse de mon parrain quelque temps après son décès. Cette paire de baskets représente le rêve ultime, celui de l'immortalité.
- Vous décrivez le regard de Chucho avec beaucoup d'ambiguïté. Le monde est-il si difficile à regarder?
- Le monde est à la fois sublime et monstrueux. Etre en empathie avec le monde, c'est douloureux. L'aventure de Chucho et de Hans traduit l'histoire générale de la planète. Un petit bonheur peut aussi évoquer un grand malheur ailleurs. Comme l'écho d'une autre réalité...
- Ainsi, vous reliez l'individu à la collectivité!
- Il n'y a pas de je sans tu. Rien n'a de sens sans le partage. L'homme seul n'existe pas et l'égoïsme est une forme d'autodestruction. Aujourd'hui, chacun évolue dans des réseaux. Il faut les humaniser afin qu'ils transcendent une fraternité globale. Je tente de créer des personnages qui vont provoquer chez le lecteur une volonté d'humanisme.
- Le roman est parfois violent. Or, vous écrivez "La haine n'est rien devant un frisson d'espérance pure". Etes-vous optimiste, fataliste, hyperréaliste ou encore pessimiste?
- Les quatre, mais pas l'un sans l'autre.
- Votre écriture cinématographique est néanmoins empreinte de classicisme. Quelles sont vos influences?
- Mes références demeurent Balzac pour la grandeur de son oeuvre, Goethe pour la profondeur de ses écrits et Verlaine pour la beauté de sa poésie.
- Balzac, c'est la comédie humaine et donc une oeuvre très construite?
- Il est le premier à avoir considéré que les romans devaient s'articuler entre eux. Modestement, je m'inscris dans cette veine. Il y a donc entre mes livres un lien invisible et tendu. Si chaque roman peut être lu de manière indépendante, il contribue néanmoins à la construction d'une seule oeuvre. Mais je n'en suis qu'à la genèse..."

1 commentaire :

  1. Chucho est un livre qui nous renvois notre propre immage d'adulte avec une vérité crue comme dans un miroir dans lequel on ne veut pas se regarder.C'est aussi le miroir du monde dans lequel on évolu sombre et magnifique à la fois,j'ose croire que si il y a une suite malgrés tout chucho devienne un adulte sensible et humain mais la vérité n'est peut être pas aussi simple.

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