mercredi 22 décembre 2021

"La Porte du ciel" (Eric-Emmanuel Schmitt)

                                 

A l'occasion de la sortie de "La Porte du ciel", l'écrivain franco-belge Eric-Emmanuel Schmitt a répondu aux questions des journaux du groupe Sud Presse :

"Il y a plusieurs mois, vous vous êtes lancé un défi :  raconter l'histoire de l'humanité sous la forme d'un roman. Après "Paradis perdus", sorti début de cette année, vous publiez le tome 2, "La Porte du ciel". D'où vous est venu cette idée un peu folle ?

- Cette idée m'a traversé l'esprit il y a 25 ans. Comment l'histoire a construit ce monde dans lequel nous vivons? Comment à partir d'ancêtres qui étaient très peu nombreux sur cette planète, est-on arrivé à un monde exploité ? Comment en est-on arrivé là ? Cette idée est devenue un programme de vie. Je me suis dit qu'il fallait que je me rende capable d'écrire ces livres.

- Faut-il avoir lu le premier tome pour se plonger dans le second ?

- J'aurais tendance à vous répondre oui mais je découvre que non. Depuis quelques semaines, je rencontre des journalistes qui n'ont lu que le deuxième tome et qui ont accroché totalement. J'en suis assez content. Cependant, si on veut une épreuve de jouissance absolue, il faut lire le premier d'abord.

- Comment avez-vous fait pour mélanger histoire et modernité ?

- Une partie du roman, c'est le héros, Noam, aujourd'hui, qui découvre l'état de notre monde et qui s'inquiète. C'est cette inquiétude devant notre monde qui fait qu'il entreprend d'écrire ses mémoires qui sont aussi celles de l'humanité. Son histoire est la nôtre. Comment en sommes-nous arrivés là ? J'interroge le passé à partir du présent et je montre à la fois les différences et les constances, comme la Tour de Babel. Au présent, Noam va arriver à Dubaï où il y a un concours de la plus haute tour. Babel n'est jamais fini et Babel n'est jamais détruit. L'orgueil humain, la volonté de manifester sa puissance et de laisser une trace, continue.

- L'amour et la sensualité sont omniprésents dans cet ouvrage. C'est important ?

- Oui parce que c'est la vie. Mon personnage, Noam, est un grand amoureux. Il est à la recherche d'une femme qui lui échappe tout le temps, même lorsqu'elle est là. Elle est tellement mystérieuse et complexe, qu'on ne peut pas la capturer. Il ne pourra jamais la posséder et donc, c'est une grande histoire d'amour. La sensualité est également présente car je raconte une époque extrêmement sensuelle, l'histoire de la Mésopotamie.

- Quelle a été votre méthode de travail pour écrire ce livre ?

- Ce sont des années de lecture sur des sujets les plus généraux et parfois plus spécifiques. Pour chaque tome, je lis une littérature spécifique sur l'époque. J'ai vraiment profité du boom des études mésopotamiennes depuis les années 1950 puisqu'on s'est mis à redécouvrir tous ces sites en Irak. En conséquence, je me suis servi de la science récente sur la plus vieille civilisation. Je suis très heureux de partager ça dans le livre.

- Vous aimeriez être immortel comme votre héros ?

- J'adorerais que mes livres le soient. Qui dit fin de la mort, dit fin de la naissance. Il faut avoir l'humilité d'appartenir à un cycle. Je pense qu'un jour, je voudrais être débarrassé de certaines questions sans réponse. J'apprécierais aussi être débarrassé de certains chagrins et si je vivais éternellement, ils s'accumuleraient.

- Le 3ème tome sortira dans un an et abordera l'époque des pharaons. Comment le préparez-vous ?

- Chaque tome offre des problèmes différents. Il y a une égyptomanie. Il existe des clichés sur l'Egypte et je vais les éviter. Je vais essayer de présenter à la fois l'Egypte qui nous fait rêver avec ses mystères, mais aussi une Egypte comme on la voit moins dans les romans. Le personnage principal sera un fleuve, le Nil".

mercredi 1 décembre 2021

"Une grande actrice" (Stefan Liberski)

                                   


A l'occasion de la sortie de son septième roman, "Une grande actrice", l'écrivain belge Stefan Liberski (70 ans) a répondu aux questions des journaux du groupe "L'Avenir" :

"Comment est né ce personnage ?
- Elle n'est pas loin d'un personnage très proche de moi. Il y a des échos autobiographiques là-dedans. Après, il faut faire revivre, faire exister les événements, les sentiments. Ce n'est pas tellement important que ça soit une autofiction ou pas, c'est une histoire qui s'est imposée.

- Cette femme est tellement excessive que c'est un super personnage de roman ?
- C'est quelqu'un de très énigmatique, quelqu'un qui n'a jamais appliqué la maxime grecque "Connais toi toi-même", mais qui jugeait que tout le monde était un imposteur. Il y a deux parties :  celle où elle domine son mari et celle où elle rencontre Josyane, qui prend le dessus. Et à travers ça, il y a ses enfants qui font ce qu'ils peuvent pour ne pas devenir dingues.

- On sent en même temps que son fils Roman l'admire. Il dit qu'elle est bluffante.
- Il y a un amour énorme. Elle le défendait du père quand il était petit. Il y a une reconnaissance, une gratitude.

- Elle joue tellement tout le temps qu'elle n'imagine pas que les autres fassent autrement.
- En quelques secondes, elle voit ou elle croit voir le piège, l'imposture de chacun. Mais elle n'applique pas la chose à elle-même.

- Josyane, surnommée "le Tas" par les enfants de Jacqueline, est elle aussi tellement excessive. Est-elle le symbole de quelque chose?
- Non, c'est quelqu'un avec qui elle est associée. Jacqueline dit que Josyane est vide, mais c'est en quelque sorte le reflet d'elle-même. Le fils doit sans cesse accepter toutes ses contradictions. Il s'en sort par l'humour, d'où le comique parfois involontaire. Les personnages sont assez modernes, il y a ces excès, ces voyages permanents, les restaurants gastronomiques, les parcs d'attractions. C'est très contemporain. 

- C'est une sorte de symbole de la société de consommation : elle ne vit pas les voyages, elle en fait des listes en se disant que ça, c'est fait ?
- Oui, c'est une sorte de caricature. Ca explique pourquoi Jacqueline Boulanger s'associe à elle. Avec elle, elle peut ne faire que critiquer et en même temps, elle profite de ce flux, de ces voyages. Un voyage chasse l'autre et il n'en reste rien que des photos sans personne dessus, qui sont rangées dans une boîte et que personne ne regarde jamais.

- Il y a une sorte de distance dans la manière de raconter cette histoire. Vous exposez les faits bruts à l'appréciation du lecteur ?
- C'est volontaire. Je ne voulais pas employer des termes psychologiques qui pourraient expliquer certains comportements, je ne voulais pas fermer l'authenticité. Mon intention, c'était que le lecteur éprouve ce que Roman a vécu auprès de cette mère extravagante et extraordinaire".

mercredi 17 novembre 2021

Prix Renaudot 2021 pour Amélie Nothomb

                          


La baronne Amélie Nothomb a remporté le Prix Renaudot 2021 avec son dernier roman "Premier sang", publié aux éditions Albin Michel. Ecrit à la première personne, ce récit rend hommage à son père adoré Patrick Nothomb, décédé en mars 2020, au début du confinement. Sous la forme d'une autobiographie fictive aux airs de conte, la fille redonne voix à cet ancien diplomate belge à la carrière hors norme. Il était né dans un milieu d'aristocrates déclassés et élevé dans un château par ses grands-parents. Marqué par la mort précoce de son père et le désamour de sa mère, le garçon raconte son enfance dans les années 1940. On le retrouve grandi, à 28 ans, face à un peloton d'exécution au Congo belge et bientôt héroïque. Il sera ensuite ambassadeur de Belgique, notamment au Japon qui aura une influence sur l'oeuvre d'Amélie Nothomb.

Cliquez ci-dessous sur "Nothomb Amélie" pour retrouver mes autres articles sur cette auteure belge.

mercredi 10 novembre 2021

"L'arbre du retour" (Luc Baba)

                                


Né en 1970 à Liège, l'écrivain Luc Baba est également comédien et animateur d'ateliers d'écriture. Son nouveau roman raconte l'histoire d'une famille afro-américaine sur dix générations depuis le début de l'esclavage. On suit les traces d'Emily, leur lointaine descendante de 21 ans, qui retourne en 2021 au Bénin. 

Luc Baba a confié à la presse :    "J'ai choisi de mettre en lumière la notion d'héritage d'un crime commis contre une communauté asservie et luttant aujourd'hui encore pour ses droits, au travers du mouvement Black Live Matter notamment. La quête identitaire et l'obsession de la liberté occupent l'essentiel de ma démarche d'écriture. Je voulais attirer l'attention sur un aspect essentiel de l'esclavage :  l'objectif avoué des propriétaires d'esclaves était d'enfermer ceux-ci dans un statut de non-humains, ce qui impliquait des attitudes de férocité inhumaine et un arrachement quasi-systématique des enfants à leur mère afin d'empêcher la transmission des éléments de culture :  langue, traditions, histoire, mais aussi l'affection, considérée comme "clé de révolte". L'absence d'identité représentait donc un atout pour les maîtres".

"L'arbre de retour" est paru aux éditions Maelström

mercredi 27 octobre 2021

79ème Prix Victor Rossel de littérature 2021

 


63 ouvrages avaient été sélectionnés pour le 79ème Prix Victor Rossel de littérature 2021, dont le jury était présidé par Pierre Mertens. Et le gagnant est....Philippe Marczewski.

Né à Ougrée en 1974, Philippe Marczewski a été chercheur en neuropsychologie cognitive et libraire à Liège. Son premier roman est sorti en 2019 :  "Blues pour trois tombes et un fantôme", lui aussi finaliste pour le Rossel. Son deuxième roman s'appelle "Un corps tropical" (paru aux éditions Inculte) et retrace la quête de dépaysement d'un homme sans grandes qualités. 

Félicitations à Philippe Marczewski !

mercredi 22 septembre 2021

Décès du poète et chanteur belge Julos Beaucarne

                           


Né en 1936 à Bruxelles, Julos Beaucarne grandit à Ecaussinnes dans le Hainaut. En 1970, il s'installe dans le village de Tourinnes-la-Grosse où il vivra jusqu'à son décès. Au cours de sa carrière, il adaptera plusieurs chansons du folklore wallon, dont la célèbre "Petite Gayolle". On se souvient que la reine Fabiola lui avait demandé de chanter à l'enterrement du roi Baudouin. On lui doit aussi les courts textes poétiques de 48 panneaux de signalisation installés le long de l'autoroute E411. Souffrant de la maladie d'Alzheimer depuis plusieurs années, le chanteur et poète belge Julos Beaucarne est décédé, entouré de ses deux fils.

mercredi 8 septembre 2021

L'actualité de Françoise Pirart

                        


L'auteure Françoise Pirart a répondu aux questions du journal "La Province" début août :

"Pourquoi avoir ré-édité le roman "Chicoutimi n'est plus si loin" ?
- J'ai publié une vingtaine de romans chez différents éditeurs en Belgique et en France. Les éditions Luce Wilquin, qui avaient sorti "Chicoutimi n'est plus si loin" en 2014, ont cessé leurs activités. Comme l'éditeur Olivier Weyrich lançait sa collection Editions du Sablon, j'ai eu la chance de voir mon livre faire partie des parutions toutes récentes. L'idée qu'il revive et trouve de nouveaux lecteurs m'enchantait. "Chicoutimi n'est plus si loin"  est l'histoire de deux frères adolescents qui fuguent vers le Canada après avoir commis un acte irréparable. Ils vivent des aventures, errent, se cachent et font de belles rencontres. Liés par un secret inavouable et par leur passé, ils n'ont qu'une envie :  rejoindre la ville de Chicoutimi au Québec. Leur itinéraire chaotique va les conduire à travers des forêts pleines de dangers. A tout moment, le lecteur se demande s'ils parviendront à leur but, d'autant qu'ils sont suivis de loin en loin par un homme qui les soupçonne. C'est une sorte de road movie avec des rebondissements et un questionnement sur le sens de la vie. Avec pour cadre les paysages grandioses du Québec sauvage.

- Comment peut-on se le procurer ?
- Mon roman est disponible en librairie, sur Internet ou directement via le site des éditions Weyrich (collection Sablon).

- Comment trouvez-vous l'inspiration pour écrire vos romans ?
- Question bien difficile ! Tous les éléments de ma vie, de mes rencontres, de mes lectures ou de films que je découvre nourrissent mon imaginaire, même sans que j'en sois consciente. Ensuite viennent le travail de réflexion, l'organisation, puis l'écriture elle-même.

- Y a-t-il un thème récurrent dans vos livres ?
- Plusieurs thèmes y sont omniprésents :  l'amitié, l'amour, les rapports parfois complexes entre les êtres humains. La folie aussi ou plutôt le moment de léger déséquilibre que nous rencontrons tous un jour et qui peut nous faire basculer d'un côté ou de l'autre du miroir. J'essaie toujours de rendre chaque personnage intense pour que le lecteur puisse s'attacher à lui. Et mes héros, même s'ils se posent beaucoup de questions, restent dans l'action.

- Une autre passion ?
- La musique et notamment le saxophone que je pratique depuis huit ans, après avoir joué du piano et de la guitare. Cela fait aussi quelques années que je me suis prise d'une véritable passion pour le russe : un apprentissage ardu mais qui m'apporte beaucoup de satisfaction personnelle lorsqu'on parvient enfin à tenir une conversation avec l'un ou l'autre ami russophone. Un de mes romans ("Sans nul espoir de vous revoir") se passe d'ailleurs en Russie au 19ème siècle. Je m'intéresse également aux animaux sauvages et surtout au sort misérable des animaux d'élevage qui, selon moi, est indigne d'une société comme la nôtre.

- Des projets ?
- L'an prochain, les éditions Meo publieront mon recueil de nouvelles intitulé "Tout est sous contrôle". Titre paradoxal s'il en est ! En effet, dans chacune des histoires, mes personnages perdent plus ou moins le contrôle de leur existence. Certaines nouvelles se terminent de manière poétique ou surréaliste, parfois comique. La parution est prévue pour mai 2022, si tout se passe bien d'ici là".

mercredi 25 août 2021

La collection "La traversée" des éditions Weyrich

Initiée par l'asbl Lire et Ecrire, la collection "La traversée" (publiée par la maison d'édition belge Weyrich) n'a pas d'équivalent dans l'édition francophone. Ces textes sont issus d'un partenariat unique en son genre entre des auteurs reconnus et des adultes en formation d'alphabétisation. Chaque livre fait l'objet en amont d'un travail sur la langue réalisé en dialogue avec le public apprenant. Depuis 2012, la collection compte vingt-sept titres comptant maximum 80.000 signes. Afin d'encourager l'apprentissage, les auteurs privilégient le présent, les mots simples, les phrases courtes. Les mots plus rares peuvent être utilisés à condition que l'explication apparaisse dans le texte. Avant la publication, les apprenants effectuent une lecture critique de la première version du roman. Tous les retours sont ensuite compilés et remis à l'auteur afin de l'accompagner dans son écriture vers une plus grande accessibilité. Pour l'impression, on veille à identifier les types de polices et de mises en pages qui facilitent la lecture. 

Dans l'ordre alphabétique, voici les 27 romans déjà publiés :

- BABA Luc,  "Nous serons heureux"

- CECI Jean-Marc,  "L'herbe dorée"

- COLLINS Christophe,  "Le voleur de lunettes"

- CORNELIS Michel,  "Le silence de Cologne"

- DAMAS Geneviève,  "Monsieur André"

- DAUSSAIN Jacqueline,  "Après ta mort"

- DELPERDANGE Patrick,  "Toute une vie"

- DEUTSCH Xavier,  "Sans dire un mot"

- DE RAEVE Vincent,  "Histoires ordinaires"

- DEVOLDER Eddy,  "La Mémé"

- DOLPHIJN Frédérique,  "Un autre choix"

- ECHTERBILLE Jean-Pierre,  "Gros"

- ENGEL Vincent,  "Epices et sentiments"

- FAIRON Amandine,  "L'attente"

- HESPEL Patricia,  "L'écharpe rose"

- JAMAR Corine,  "La grande lessive"

- JAUNIAUX Jean,  "Les chapeaux rouges"

- KOSMA Edgar,  "La femme cougar"

- MABARDI Véronika,  "Rue du Chêne"

- MULONGO Salomé,  "Le duel"

- NYS-MAZURE Colette,  "Anna"

- RAUCY Claude,  "Les cerises de Salomon"

- ROBBERECHT Thierry,  "La fille de la Poésie"

- RUWET Claire,  "Du sang sur le couteau"

- SKOWRONEK Nathalie,  "Paradis blanc"

- SIMAR Evelyne,  "L'invitation"

- VAN ACKER Christine,  "Le monde de Nestor"

mercredi 11 août 2021

"Paradis perdu" (Eric-Emmanuel Schmitt)

               


A l'occasion de la sortie de "Paradis perdus" (le premier des huit tomes retraçant l'histoire de l'humanité), Eric-Emmanuel Schmitt a répondu en mars aux questions des journaux du groupe "L'Avenir" :

"Comment est né ce projet ?
- C'est autant un projet littéraire que de vie que j'ai depuis 25 ans. Je lisais, je prenais des notes, tout en écrivant d'autres romans et pièces de théâtre. J'ai entamé son écriture il y a trois ans, après avoir résolu ses pièges et écueils. L'humanité est en constante évolution, mutation (je n'ai pas dit "progrès"). Regardez comment, en un an, la société et notre conscience d'être au monde ont changé. J'avais envie de comprendre comment l'humain s'est construit à travers le temps. Et je crois à la force du roman pour le raconter.

- Comment avez-vous imaginé votre héros ?
- Je lui ai prêté beaucoup de moi car je savais qu'on allait vivre très longtemps ensemble. Il possède ma curiosité de type encyclopédique, il est bienveillant, bras ouvert à tout ce qui arrive, et est davantage dans la question que dans la réponse. Ce n'est pas un être de certitudes ou d'affirmations. Et c'est un amoureux. Le centre de sa vie, ce n'est pas lui, c'est l'autre, et notamment une femme qui le révèle à lui-même. Les vraies rencontres sont autant celles de l'autre que de soi. Je l'ai appelé Noam car je voulais un prénom qui appartienne à notre culture indo-européenne et qui ne soit pas loin de Noé.

- Pourquoi l'histoire se passe au présent à Beyrouth ?
- Le Liban est un pays que j'aime passionnément, où je me rends souvent. Les Libanais vivent dans une crise constante, tout en ayant l'amour de la vie. C'est, pour moi, une belle image de résilience intense et continue.

- Vos personnages sont très contemporains, ils parlent et réagissent comme nous ?
- La force du roman historique est la proximité qu'il peut créer avec des êtres qui ont vécu dans des temps, des civilisations et des espaces qui ne sont pas les nôtres. Le propre du roman est d'abolir la distance entre le lecteur et les personnages. Sa lecture est une expérience humaniste. Je suis très soucieux, dans celui-ci, de traquer à la fois les variants, ce qui change, et les invariants, les caractéristiques humaines éternelles, comme les rapports amoureux et familiaux. C'est donc autant un livre qui s'appuie sur l'histoire que l'anthropologie. De plus, Noam écrit aujourd'hui, il a la mentalité et le vocabulaire de notre époque.

- La liberté est l'un des thèmes du roman, celle que conquiert Noam.
- Il commence avec une vie non individuée, celle d'un être de son clan. C'est l'amour qui lui fait prendre conscience qu'il peut vivre pleinement ce qu'il est, comprendre d'où il est issu, pour pouvoir prendre ses distances". 

mercredi 28 juillet 2021

Librairie Livre's - Librairie Conviviale à Marche-en-Famenne

Depuis la création de ce blog en 2009, j'essaie à ma petite échelle de mettre en valeur nos auteurs belges. Mais n'oublions pas aussi nos librairies indépendantes. Oui, nous qui sommes passionnés par la lecture, nous avons la possibilité concrète de les soutenir en achetant nos livres chez eux (et non dans les grandes surfaces ou sur Amazon).

La dernière revue "Le Carnet et les Instants" du Service de Promotion des Lettres en Fédération Wallonie-Bruxelles a eu la (bonne) idée de mettre à l'honneur une librairie belge :  "Livre's - Librairie Conviviale" qui existe depuis 2014 à Marche-en-Famenne. 

Sa responsable Isabelle Lambert a confié à la revue :   "Nous sommes des locaux :  mon mari est de Marche et moi de Rochefort. Je m'étais renseignée auprès de l'Agence de développement local pour établir le business plan. La zone de chalandise va jusqu'à Ciney, La Roche et Rochefort (ce qui fait de Marche un carrefour commercial important). De plus, les gens de la région ont compris l'importance du local, y compris pour le livre, face à Internet et les grandes surfaces. Ils font l'effort de se déplacer et de se garer pour le conseil, les échanges, l'accueil. Il y a une confiance des lecteurs. Notez que je ne dis pas clients. Ils comprennent le service que nous proposons. Ils se sentent bien avec nous, mais aussi entre eux. C'est ce que j'ai toujours cherché, raison pour laquelle il est écrit "librairie conviviale" en dessous de Livre'S. 

Tenir une librairie, comme tout commerce, est aussi un métier de gestionnaire, avec sa part administrative, la gestion des stocks, du personnel, etc. J'ai suivi des formations du Syndicat des libraires francophones de Belgique, par exemple sur l'interprétation du bilan d'une librairie. La leçon que j'ai tirée de mon expérience après sept ans est qu'il est quasi impossible de se projeter, car les marges sont très petites. Le moindre incident peut devenir catastrophique si on n'a pas la trésorerie. On vit à court terme, on ne peut guère planifier, se projeter. Lors du premier confinement qui a entraîné la fermeture des librairies de la mi-mars à la mi-mai, nous avons vécu une période compliquée avec une gestion de dingue. 

A la réouverture, nous nous sommes demandés si nos lecteurs allaient revenir et nous avons eu de la chance. Ils étaient au rendez-vous. Nous avons même ressenti chez eux un besoin de lire, de retrouver l'atmosphère de la librairie. J'ai pu constater combien les livres font du bien aux lecteurs, surtout quand ils en ont été privés. C'est un peu leur pharmacie, en particulier en cette période difficile. Je n'aime pas trop le mot "essentielles" par rapport aux secteurs qualifiés de "non essentiels". Mais nous répondons clairement à une attente. Avec les confinements, la demande a d'ailleurs évolué :  des livres qui proposent des activités pour pouvoir se passer des écrans (comme le jardinage ou le bricolage), ceux qui offrent un retour à la nature (en particulier sur la permaculture), et les livres qui font du bien, les "feel good books", les livres de résilience ou de bienveillance. Je crois que les gens ont besoin de cela de façon plus intensive.

Je travaille avec trois personnes à temps partiel, nous formons une équipe de lectrices. Je collabore fort avec nos représentants qui ont appris à nous connaître, voient ce qu'il y a en rayons, affinent leurs sélections. Nos choix sont fondés sur une certaine identité, liée à ce mot de bienveillance. Il y a clairement une sensibilité des gens pour acheter des auteurs locaux comme Armel Job".

mercredi 14 juillet 2021

Opération "Des livres belges dans votre valise"

                      


Président de l'Association des Editeurs Belges,  Benoît Dubois a lancé l'opération "Des livres belges dans votre valise" sur Facebook et Instagram. L'idée est simple :  chaque intervenant qui le désire, peut décrire en quelques lignes les raisons qui rendent ce livre incontournable. 

Benoît Dubois a confié à la presse :   "L'idée est d'utiliser les participants comme des influenceurs. Tous les genres sont acceptés, y compris la bande dessinée (même si elle vient de connaître une très bonne année, elle) et les....manuels scolaires. Moi qui ai travaillé dans ce secteur très longtemps, je peux vous dire que certains manuels scolaires d'Histoire peuvent se lire ou se feuilleter comme des livres de sciences humaines !  En Belgique, 75 % des livres vendus proviennent de France. Le reste, ce sont des livres scolaires, universitaires, des bandes dessinées....et une portion congrue pour les éditeurs belges. Avec la crise sanitaire, on avait tablé sur des pertes de 20% à 25%, et on est finalement "seulement" à 4% ou 5% de pertes. D'une certaine façon, la petite taille de nos structures éditoriales en a protégé certaines. Mais d'autres rencontrent vraiment de grosses difficultés".

Je ne peux que soutenir cette opération "Des livres belges dans votre valise", qui rejoint à 100% les objectifs de ce blog dédié aux écrivains belges. Je faisais déjà le même constat lors de la création de ce blog en 2009, mais depuis lors, les réseaux sociaux sont aussi une opportunité pour nos auteurs à saisir. Bel été à tous !

mercredi 7 juillet 2021

Prix des Lycéens 2020-2021

                   


Organisé tous les deux ans par la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Prix des Lycéens soumet cinq romans d'auteurs belges aux élèves qui ont aussi l'occasion d'échanger avec les écrivains. Ce sont ainsi plusieurs milliers d'adolescents qui participent à cette opération mêlant plaisir de lire et valorisation des écrivains belges francophones.

C'est le roman "Bluebird" de l'auteure belge Geneviève Damas (éditions Gallimard) qui a obtenu le Prix des Lycéens 2020-2021. Il raconte l'histoire de Juliette, une adolescente qui découvre subitement qu'elle est enceinte de plus de six mois.

Cliquez ci-dessous sur "Damas Geneviève" pour retrouver mes autres articles sur cette auteure belge.

mercredi 9 juin 2021

"Les folles enquêtes de Magritte et Georgette" (Nadine Monfils)

                         


Née à Etterbeek en 1953,  l'auteure belge Nadine Monfils a répondu aux questions des journaux du groupe "L'Avenir" à l'occasion de la sortie de son dernier livre, "Les folles enquêtes de Magritte et Georgette - Nom d'une pipe !", paru aux éditions Robert Laffont :

"Ca, vous ne l'aviez jamais fait ?

- C'est un vrai défi de partir de ce couple existant et de leur écrire une vie de rêve. Magritte était féru d'histoires de détectives. Je lui fais vivre des enquêtes qu'il aurait aimé vivre. J'espère qu'il me voit et qu'il m'aime.

- Vous avez fait beaucoup de recherches ?

- Oui, j'ai tout lu, tout écouté de Magritte, j'ai des carnets et des carnets de notes. J'avais aussi rencontré Georgette à l'époque. Les anecdotes sont vraies, les enquêtes viennent de mon imagination. Magritte n'était pas sage. L'image vient de son look bourgeois, mais il avait gardé le côté garnement de son enfance. Adulte, il aimait faire des blagues. C'était le genre à donner un coup de pied aux fesses pour faire tomber quelqu'un. Il était resté gamin, comme beaucoup d'artistes.

- Un autre artiste belge est aussi très présent : c'est Jacques Brel ?

- Ah oui, c'est mon idole absolue, le grand coup de coeur de ma vie. Magritte et Brel fréquentaient les mêmes endroits, comme la terrasse de l'Hôtel Métropole, mais ils ne se sont jamais rencontrés. J'ai imaginé cette rencontre.

- Quand vous avez commencé l'écriture, c'était pour en faire une série ?

- Non. Mais ce personnage est d'une telle richesse que je n'avais plus envie de le quitter. Un deuxième va sortir en juin et il se passera à Knokke-le-Zoute. Il y en aura deux, peut-être trois l'an prochain ? Le troisième se passera à Bruges et le quatrième à Liège avec Simenon. J'ai toujours aimé mon pays, même si je vis en France. Peut-être que quand on le quitte, il nous manque encore plus.

- Vos lecteurs français vont comprendre toutes ces expressions bruxelloises ?

- Oui, je l'ai déjà fait pour d'autres livres. Les lecteurs et les éditeurs aiment bien les Belges, pour eux, c'est exotique".

mercredi 2 juin 2021

Les Archives et Musée de la Littérature (Bruxelles)

Directrice des Archives et Musée de la Littérature (www.aml-cfwb.be ), Laurence Boudart a répondu aux questions de la revue "Le Carnet et les Instants" :

"En deux années, avez-vous pu donner de nouvelles impulsions ou orientations?

- En fait, le passage de relai avec Marc Quaghebeur ne s'est pas fait instantanément. C'est en octobre 2019 seulement que j'ai pu commencer à assumer pleinement la fonction. Mais je n'avais pas attendu ce moment pour analyser le fonctionnement interne des Archives et Musée de la Littérature, et réfléchir aux changements utiles. L'enveloppe budgétaire étant fermée et les dépenses de personnel ne cessant de croître, une révision des priorités m'est d'ailleurs vite apparue indispensable, en vue de sauvegarder les fondamentaux de l'institution, sans oublier la modernisation des méthodes de travail. Par ailleurs, l'expérience inédite de la pandémie et le télétravail généralisé qui en a découlé, m'ont également permis de prendre du recul par rapport à notre fonctionnement et de mettre en place de nouveaux protocoles. Je suis sensible à la nécessité de toujours essayer de tirer parti des situations les moins confortables et d'en dégager de nouvelles opportunités.

- Parlons budget. Vous recevez de la Fédération Wallonie-Bruxelles une dotation annuelle de 1,342 million d'euros, laquelle est d'ailleurs restée inchangée depuis une dizaine d'années. Comment ce montant est-il actuellement réparti ?

- L'actuelle convention avec la Fédération Wallonie-Bruxelles, portant sur une durée de deux ans et demi, est d'application jusque fin 2021. Les dépenses de personnel constituent environ 77 % du total. Les 23 %  restants sont affectés aux acquisitions, à la conservation, à la numérisation, à l'édition et aux expositions. En vertu de la convention fondatrice de 1958 entre Herman Liebaers et Joseph Hanse, nous sommes hébergés par la Bibliothèque Royale de Belgique, qui assume également les frais d'éclairage, de chauffage et d'entretien. En échange, nous lui apportons une étroite collaboration bibliothéconomique et scientifique. Quant à la prochaine convention, j'espère que le montant de la subvention pourra être revu à la hausse :  notamment, nous avons grand besoin d'engager du personnel supplémentaire pour mener à bien l'ensemble des tâches indispensables au bon fonctionnement de l'institution.

- Prenons le poste des acquisitions : qu'en est-il au juste ?

- De 3% il y a quelques années, ce poste est passé à 6% aujourd'hui, soit environ 80.000 euros. Mes priorités : tâcher d'obtenir des fonds complets, par exemple la totalité des archives d'un écrivain ou encore des collections entières de revues, que ce soit par achat, legs ou don. Dans le même esprit, compléter les fonds existants afin d'offrir aux chercheurs les ensembles les plus cohérents possible. Pour ce faire, nous exerçons une veille permanente sur les catalogues de vente publique et nous sommes attentifs aux dons qu'on pourrait nous faire. D'autre part, je souhaite mieux équilibrer les fonds anciens et les plus récents, pour présenter à nos usagers une offre diversifiée, révélatrice de l'ensemble du patrimoine, y compris le plus contemporain. Enfin, il convient de garder à l'esprit une cible claire, à savoir le patrimoine littéraire et théâtral de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

- La collecte de documents rares, leur catalogage, leur conservation et leur mise à disposition des chercheurs reste donc pour vous une mission fondamentale des Archives et du Musée de la Littérature ?

- Oui. Sans elle, rien d'autre n'est possible. Mais pour cela, il faut continuer à moderniser les méthodes de travail. Par exemple, nous tenons des statistiques précises de consultation. Ceci nous permet d'identifier les auteurs les plus explorés, les types de documents les plus sollicités, mais aussi l'origine institutionnelle et géographique des chercheurs. Sans être des guides absolus, ces informations constituent des repères utiles pour nos choix stratégiques. Autre exemple : l'emploi des standards internationaux tels que l'ISBD ou l'ISAD, qui facilitent l'interopérabilité des métadonnées. Nous sommes attentifs à toutes ces questions et veillons à offrir un maximum d'informations et de confort d'utilisation, tant à nos lecteurs qu'à l'équipe des Archives et du Musée de la Littérature".

La suite de cette interview est à découvrir dans la revue "Le Carnet et les Instants" que vous pouvez recevoir gratuitement par courrier sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles. 

mercredi 19 mai 2021

Les Rencontres de la Sabam en Avignon

Destinées aux publics amateur et professionnel, les Rencontres de la Sabam en Avignon sont un jeune événement culturel franco-belge, qui a déjà connu trois éditions. Ce sont trois jours de lectures vivantes de textes d'auteurs belges théâtralisées par l'équipe du Théâtre Transversal. La prochaine édition est prévue en octobre 2021. 

L'auteure belge Sylvie Godefroid est conseillère des affaires culturelles de la Sabam. Elle a répondu aux questions de la revue "Le Carnet et les Instants" :

"Comment est née l'idée de ce projet franco-belge ?

- Les Rencontres de la Sabam en Avignon sont elles-mêmes nées de rencontres en Belgique et en France. Tout démarre à Bruxelles à l'issue de discussions avec Jacques De Decker et Pascal Vrebos sur la nécessité de dynamiser le théâtre en Belgique. Peu après, je lie connaissance avec Jean-Claude Idée (fondateur de l'Université populaire du théâtre), figure majeure de la démocratisation du théâtre, de sa gratuité, de sa qualité et de sa promotion en francophonie. Il me propose de l'accompagner à Avignon et d'assister à des lectures vivantes de textes d'auteurs belges aux alentours de mai 2017. De mes échanges culturels sur place avec les responsables culturels émerge un constat commun sur la situation du théâtre en France et en Belgique :  manque de volonté politique pour soutenir les efforts de la création, et manque de moyens et de lieux de diffusion. D'où une question-clé :  dans quelle mesure la Sabam peut-elle jouer un rôle de partenaire et contribuer à changer les choses ?  Jean-Claude me présente à Marie et Lola Pagès, responsables du théâtre Le Nouveau Ring, qui me racontent leur projet de lectures vivantes :  un comédien, après une semaine de préparation, lit un texte sur scène ;  un metteur en scène, qui a découvert le texte 48h à l'avance, l'interrompt et propose une direction d'acteur. Le concept me plaît ! Du coup, on convient d'une formule :  la Sabam lance un appel à textes parmi les auteurs de son répertoire, tandis qu'elles se chargent de l'événement sur place. La même année, la Sabam crée une édition pilote et lance un appel à textes. Parmi les textes récoltés, Le Nouveau Ring en retient six. C'est alors que Laetitia Mazzoleni, la directrice du Théâtre Transversal, entre dans la boucle. Comme Le Nouveau Ring, de taille trop modeste, n'est plus en mesure d'accueillir la deuxième édition, Marie et Lola, de manière élégante, passent le flambeau à Laetitia ! Pour l'édition 2019, six lectures publiques sont sélectionnées à partir d'un échantillon de 70 textes, et le public est deux fois plus nombreux. Mission accomplie !

- Quels sont les critères pour participer à l'appel de textes ?

- Etre membre de la Sabam. Notre société finance le projet et dépasse ainsi son image institutionnelle en adressant un message fort à ses auteurs :  la Sabam croit en vous et développe des moyens pour vous faire connaître. Nous voulons être un réel partenaire pour votre carrière. Il faut aussi faire valoir au moins une publication professionnelle (dans l'édition littéraire) ou une création (dans le théâtre). La sélection des six textes a été confiée au Théâtre Transversal pour des raisons déontologiques :  notre rôle consiste à promouvoir nos auteurs, et pas à les hiérarchiser. Par ailleurs, la lecture publique ne fait pas partie de la culture belge alors que la France l'élève au rang de tradition. Je souhaite donc opérer un double mouvement :  de la Belgique à la France (exportation de notre création) et de la France à la Belgique (importation de la lecture publique).

- Quel regard portez-vous sur l'identité belge ?

- Je n'engage ici que mon opinion d'artiste, de femme et de Belge. Pour moi, le Belge est quelqu'un qui fait sérieusement les choses, mais sans se prendre au sérieux lui-même. Il attache plus d'importance à ce qu'il fait qu'à ce qu'il est. Le Belge n'a pas peur d'entreprendre et a l'art de transformer ses faiblesses en forces. Notre identité est marquée par le surréalisme, le décalage, l'ironie, l'humour et le second degré. Notre projet a d'ailleurs bénéficié d'un excellent accueil en France, d'une curiosité intelligente. Les Français apprécient le parfum d'authenticité et de liberté qui habite les créations belges. Cependant, cette ouverture et cette humilité comportent un revers :  le manque de fierté et de confiance en soi. Les Belges francophones ne se donnent pas le droit d'exister. Ce projet vise donc aussi à contribuer au sentiment de fierté des artistes belges.

- Le Belge francophone est donc à la fois complexé et décomplexé ?

- Oui, il a une parole décomplexée quand il s'agit de s'engager pour une cause ou une idée mais, une fois le projecteur braqué sur lui, il complexe souvent ou, plus exactement, fait preuve d'une modestie mal utilisée. Ce sentiment est dû en partie à la dépendance envers la France et Paris, symboles de la réussite. C'est pourquoi j'admire le modèle, l'approche de nos voisins flamands en matière de culture. Ils n'ont pas peur d'en faire un produit commercial. Sans pour autant la brader ou la niveler par le bas. Simplement, une création, une fois achevée, est envisagée comme un produit à promouvoir. Grâce à leur efficacité, ils n'éprouvent pas le besoin d'être reconnus à l'étranger pour se sentir légitimes. lls ne s'excusent pas d'exister".

Vous pouvez recevoir la revue "Le Carnet et les Instants" gratuitement par courrier sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

mercredi 5 mai 2021

Foire du Livre de Bruxelles (du 6 au 16 mai 2021)

 Présentation de cette foire par le président et la commissaire générale :

"Bien sûr, il n'y aura pas l'arôme, l'incomparable parfum du papier, ces exhalaisons subtiles de cellulose et de lignine s'échappant des pages accumulées, il n'y aura pas le joyeux brouhaha des écoliers déboulant entre les étals de livres à Tour et Taxis, il n'y aura pas ces discussions passionnées entre lecteurs(trices) patientant dans les longues files d'attente de la chasse aux dédicaces.

Mais il y aura plus que cela car la Foire du Livre de Bruxelles vous convie cette année à une véritable aventure en s'invitant chez vous. C'est un dynamique laboratoire de la pensée qui vous attend. Les auteurs s'y rencontrent, les mots s'y entrechoquent, les cultures s'y frottent, libérant de nouvelles voix rafraîchissantes. Nous rassemblons en effet 250 auteurs pour 11 jours de rencontres, du 6 au 16 mai 2021, toutes disponibles gratuitement sur flb.be . Notre chaîne diffusera en continu de 10h à 21h des grands débats, entretiens passionnants, rencontres poétiques, perles insolites, ateliers, et rendra ce festival aussi étonnant et foisonnant, en prise avec notre monde en mouvement.

Ce marathon demande de l'endurance. Dès le matin, après un bon café, rejoignons-nous pour creuser ensemble les pistes pour prendre soin de nous et des autres. A 10h30, tendons l'oreille vers ces nouvelles voix de la littérature. A 12h, partageons une tartine avec les duos du flirt flamand. A 16h, c'est l'heure du goûter en famille. A 19h30, celle de l'apéro avec des auteurs européens qui répondront aux questions d'Isabelle Wery. A 20h, nous nous mettrons à table pour une rencontre essentielle avec Erri de Luca, Florence Aubenas, Eric-Emmanuel Schmitt ou encore Adeline Dieudonné. Et bien sûr de très nombreux rendez-vous mettront nos talents belges en évidence.

Une bonne nuit de rêves nourris de ces découvertes, de ces imaginaires, de ces nouveaux possibles, de ces créations essentielles et, le lendemain, c'est déjà reparti ! Tous ces événements pourront être revus au fil des semaines à venir. Et puis, la pandémie ne nous empêchera pas de sortir ! Des dédicaces d'auteurs vous seront en effet proposées dans de nombreuses librairies. Le programme complet, riche de plus de 100 rencontres, est à consulter sur flb.be . Sachez aussi que des moments de complicité exceptionnels nous uniront dans des lieux insolites à la Suisse, à la Flandre, au territoire multiculturel bruxellois et, au-delà, à l'Europe et à la francophone internationale.

Que la fête du livre commence !"

Tanguy Roosen (président) et Marie Noble (commissaire générale)

mercredi 21 avril 2021

Christian Debruyne, nouveau secrétaire général de l'AEB

                                   


Ancien responsable de la communication de la Ville d'Enghien, l'auteur Christian Debruyne a été élu secrétaire général de l'Association des Ecrivains Belges de langue française, qui existe depuis plus d'un siècle.

Christian Debruyne a commenté cette nomination au journal "Le Courrier de l'Escaut" :   "J'ai décidé de quitter ma fonction à Enghien suite à une longue réflexion sur moi-même, entamée lors de mon périple sur les routes de Compostelle. L'envie de me réaliser d'une autre manière m'a amené à prendre cette décision fin 2019. Et c'est une autre route qui s'ouvre aujourd'hui à moi. Je viens en effet d'être élu secrétaire général de l'Association des Ecrivains Belges de langue française. Moi-même auteur de nombreux ouvrages, je considère la littérature comme essentielle. En effet, elle élargit notre expérience et nous propose un autre regard sur le monde, et surtout sur nous-mêmes. Parfois, celle-ci nous pousse à revoir nos jugements, notre tendance à la subjectivité. La littérature représente également à mes yeux un outil majeur de reproduction des valeurs culturelles en véhiculant des représentations des identités et des rôles des hommes et des femmes dans la société. A cet effet, l'Association des Ecrivains Belges de langue française pratique l'éclectisme sans modération. Tous les genres littéraires sont mis en avant : du roman à la poésie, en passant par le théâtre, les biographies, les essais ou encore les nouvelles".

mercredi 7 avril 2021

"Kérosène" (Adeline Dieudonné)


A l'occasion de la sortie de "Kérosène", l'auteure belge Adeline Dieudonné a répondu aux questions du groupe "L'Avenir" :

"Votre deuxième roman est sorti ce 1er avril : c'est vous qui avez choisi la date ?

- Non, c'est ma maison d'édition mais ça va bien au livre.

- Vos personnages, on peut dire que ce qu'ils ont en commun, c'est une vie de merde ?

- Oui, on peut voir ça comme ça. Ils ont une vie pas facile en tout cas, pour des raisons très différentes. Ils sont en lutte, pour leur survie, contre la folie, contre le monde qui les entoure, parfois pour des raisons absurdes.

- Ils ont aussi en commun un lien de domination, que ce soit une domination masculine, de classe, de l'âge ?

- Les rapports de domination, c'est une obsession chez moi. C'est déjà très présent dans "La vraie vie". Il y a toutes sortes de dominations comme celle qu'on exerce sur les enfants, sur les personnes âgées, comme Monica qui refuse d'aller là où on veut l'emmener, ou la domination de classe avec Pupute qui est dans la misère et qui tombe sous la coupe de cette femme. Ou Alika la nounou. Il y a aussi la domination de l'être humain sur le vivant, avec le personnage du cheval Red Apple, le dauphin, la truie. Ce qui m'intéresse, c'est que ce rapport de domination exerce sur les dominés et quel effet ça a sur les dominants.

- Est-ce que le confinement a eu une influence sur ce livre ?

- Oui, il lui a presque donné naissance. Il y a un an, j'écrivais un tout autre roman. Ca parlait de colapsologie, de survivalisme. La réalité a rattrapé le sujet en quelque sorte, je n'avais plus aucun recul. Je l'ai mis de côté. J'ai commencé à écrire des histoires courtes pour le faire plaisir, pour l'évader. "Kérosène" est presque une conséquence du confinement.

- "La vraie vie" doit être montré au théâtre : ça doit être frustrant ?

- C'est horriblement frustrant, à cause du manque de perceptive, le fait d'être complètement nié par les annonces du gouvernement. On n'a pas repoussé la date : on n'en a juste pas parlé. C'est terrible d'être oublié et ignoré à ce point". 

mercredi 17 mars 2021

Ré-édition des "Aventures des Pièces-à-Trou"

                              


Bonne nouvelle pour les enseignants !  En effet, "Le Commando des Pièces-à-Trou" de l'auteur belge Pierre Coran, qui fut publié par les éditions Milan, était épuisé et la nouvelle direction générale (Bayard) ne voulait pas le ré-éditer. Le 1er juillet 2017, l'auteur a récupéré les droits de l'ouvrage. Son but : une édition nouvelle car la demande scolaire restait importante pour ces années de guerre vues par des enfants.

En effet, le roman "Les Aventures des Pièces-à-Trou" retrace des faits réels vécus par Pierre Coran à Saint-Denis-en-Brocqueroie, son village natal, petit village de bois, d'étangs et de carrières, situé non loin de Mons (Capitale Culturelle Européenne en 2015) en Belgique.

Le personnage central Simon et la classe des 9-12 ans de Monsieur Clément jouent aux résistants au sein d'un groupe appelé les "Pièces-à-Trou" (du nom de leur trésor caché dans un arbre). Le texte a été partiellement ré-étudié par Pierre Coran, qui fait du présent ouvrage non plus une trilogie mais une oeuvre nouvelle à part entière. 

Cliquez ci-dessous sur "Coran Pierre" pour retrouver mes autres articles consacrés à cet écrivain belge.

mercredi 10 mars 2021

"Ma femme écrit" (Jonathan Zaccaï)

 


Né en 1970 à Bruxelles, l'acteur belge Jonathan Zaccaï sort son premier roman, dans lequel il rend hommage à sa mère Sarah Kaliski, une artiste peintre décédée en 2010. 

Jonathan Zaccaï a répondu aux questions des journaux du groupe Sud Presse :

"Comment vous est venue l'envie d'écrire ce premier roman ?

- J'avais d'abord l'envie vorace d'écrire un livre sur ma mère, une artiste peintre que je voulais faire connaître un peu plus. Elle n'a pas eu la carrière qu'elle méritait. C'était ma première intention mais je ne parvenais pas à trouver la forme réelle de cet ouvrage. Quand ma femme m'a annoncé qu'elle écrivait un scénario dans lequel ma mère était le personnage central, ça m'a rendu dingue. Je l'ai très mal vécu. J'estimais que le personnage de ma mère m'appartenait, que j'étais le seul à pouvoir le faire. Ce postulat m'a amené le roman. Heureusement, ma femme a beaucoup d'humour. Si j'en fais une ennemie dans le livre, tout s'est déroulé en douceur dans la vraie vie.

- Est-ce plus facile d'écrire un livre ou de jouer la comédie ?

- Ca fait longtemps que l'écriture m'accompagne. C'est un chemin parallèle à ma carrière d'acteur. J'ai ces passions chevillées au corps depuis toujours. Dans mes tiroirs, j'ai encore beaucoup d'écrits que je n'ai pas envoyé à des éditeurs. J'ai osé le faire avec "Ma femme écrit". Quand on sort un roman, la pression est différente que lorsqu'on joue dans un nouveau film. Cela dit, il y a toujours l'envie que ça plaise.

- Dans la vie, êtes-vous aussi bipolaire que votre personnage ?

- J'ai forcé le trait. J'ai tous les défauts de mon personnage, mais en moins grossier. Mon thermostat est à deux, le sien est à dix. Il est excessif. Au fur et à mesure du récit, je voulais que les lecteurs comprennent que ce n'était pas vraiment moi. Et puis, c'est toujours intéressant de mettre en évidence les failles dont on a honte. Dans notre société, on passe nos journées à se cacher et à vouloir paraître presque parfait ! Moi, ce qui me plaît le plus chez les gens, ce sont leurs faiblesses et leurs défauts. Je voulais que mon personnage transpire l'honnêteté et la comédie. Un mec qui regarde son bide pour vérifier ses abdos, ça me fait rire.

- Et vous, vos failles ?

- J'ai une tendance paranoïaque. Je suis du genre à anticiper les situations et à envisager toutes les possibilités. Avec le temps, c'est quelque chose que j'ai appris à gérer. J'essaie de me calmer mais c'est parfois fatiguant.

- Quels enseignements retenez-vous de votre mère ?

- Elle m'a donné la liberté de croire en ce que j'avais envie de faire. Elle avait une énorme liberté dans sa manière de voir le monde. Ma mère était assez imposante et même parfois chiante dans sa folie. C'était une femme libre, sans filtre, et qui n'a jamais fait de compromis. Elle osait des choses, une véritable artiste. Elle avait quelque chose d'exemplaire. Son art était du grand art, mais sa personne était sans jugement et sans calcul. C'est une belle leçon. Si elle avait lu mon roman, elle aurait crié au génie, c'est certain !". 

vendredi 19 février 2021

Récompense pour l'auteure belge Colette Nys-Mazure


Installée à Nantes, l'Académie littéraire de Bretagne et des Pays de la Loire vient d'attribuer le Prix Yves Cosson 2021 à l'auteure belge Colette Nys-Mazure. A cette occasion, elle a répondu aux questions d'une autre auteure belge, Françoise Lison-Leroy, pour le journal "Le Courrier de l'Escaut" :

"La poésie, élue parmi les autres modes d'expression littéraire ?
- Depuis l'enfance, je suis sensible aux sons des mots autant qu'à leur multiples sens. La poésie est ma langue maternelle. Elle n'explique pas mais suggère. Elle donne d'exister davantage et parfois de survivre. Tous sens en éveil, elle n'en finit pas de dénoncer et de célébrer. Elle suscite l'émerveillement et le courage d'être. J'ai écrit plusieurs essais pour manifester que la vie poétique, j'y crois.

- Un prix international qui te touche, décerné par l'académie littéraire de deux régions que tu apprécies particulièrement ?
- Je fréquente l'Anjou depuis longtemps :  en résidence poétique à Rochefort-sur-Loire, tous les après-midis, j'intervenais en médiathèques, lycées et associations de la région. Plus tard, pour Lire Ecrire Compter d'Angers, j'ai animé des ateliers débouchant sur un livre. J'ai donné pas mal de conférences à l'université. Quant à la Bretagne, j'avais été invitée à présenter des livres dans les librairies dès 1998, puis à collaborer avec l'Ecole Navale de Brest, à participer à l'université d'été de "La Vie" Nantes. Donc, je me sens un peu chez moi :  le TGV Lille-Angers-Nantes est direct. J'aime la Loire et l'Atlantique. Le poète Yves Cosson, dont ce prix porte le nom, a publié de nombreux ensembles poétiques. Décédé en 2012, il était sociétaire de cette académie. Ignorant que mon nom avait été proposé, j'ai été d'autant plus heureuse de la surprise.

- Ancrée en Hainaut Occidental, comme en francophonie, ton oeuvre est ouverte sur le monde. Des pôles essentiels ?
- Mes familles paternelle et maternelle sont d'Estaimbourg et de Pottes. Bien que née à Wavre, je suis arrivée à Kain dès mes 7 ans à la mort de mes parents. Mon attachement profond à ces paysages tempérés, à l'Escaut, à la ville de Tournai, ne m'a pas empêché de voyager à travers l'Europe, les Etats-Unis, le Québec, l'Afrique du Nord, pour parler des écrivains de chez nous, assurer des lectures de mes poèmes. Un arbre solidement enraciné peut déployer ses branches.

- Un prix littéraire récompense avant tout une écriture personnelle, une langue forgée au fil du temps, comme tout art que l'on construit avec tout son être ?
- Ce n'est pas si simple qu'on le croit de trouver son chemin, surtout lorsque, professeure de français en contact permanent avec les écrivains les plus exigeants, l'admiration risque de paralyser. Ne pas imiter, mais inventer ses images et ses musiques, prend le temps, l'expérience d'une vie".

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mercredi 3 février 2021

Récompense pour l'auteure belge Françoise Lison-Leroy



L'auteure belge Françoise Lison-Leroy a reçu le Prix François Coppée 2020 de l'Académie française pour son livre "Les blancs pains" paru en 2019 aux éditions Esperluète.

A cette occasion, Françoise Lison-Leroy a répondu aux questions du journal "Le Courrier de l'Escaut" :

"Est-ce important pour une auteure d'avoir un prix ?

- C'est surtout très important pour l'éditeur parce que le livre sera un peu plus diffusé. En poésie, c'est bienvenu, surtout pour une petite maison d'édition qui fait du très bon travail et qui prend des risques. Personnellement, c'est une belle reconnaissance de mon travail pendant toutes ces années. Je n'ai pas fait carrière dans la poésie, j'estime juste avoir eu beaucoup de chance d'avoir pu continuer à faire ce que j'aime tout en enseignant et en écrivant des articles pour le journal. Je n'ai pas de pression. Personne ne me rappelle que je dois sortir quelque chose en 2020. J'aime ne pas être attachée à un seul éditeur parce que ça me permet beaucoup de rencontres. C'est l'éditrice de l'Esperluète, Anne Leloup qui, après avoir lu mon texte, m'a mise en contact avec l'illustratrice du recueil, Diane Delafontaine. C'est amusant :  elle est domiciliée à Ecaussinnes et son compagnon est originaire de Blandain.

- Le thème du recueil (la mort d'une petite fille) n'était pas forcément évident à illustrer ?

- Effectivement. La petite soeur de mon papa avait 18 mois quand elle est morte. Il a toujours entretenu sa petite tombe à Wodecq. J'ai continué à le faire. Pour moi, c'est important d'avoir une place quelque part.  La thématique touche tellement les gens que, lors de la présentation du livre à Wodecq, il y avait 100 personnes. Cette célébration des racines du village à travers cette reconnaissance me fait tellement plaisir, car ce recueil apprécié par un jury à Paris a été écrit dans le Tournaisis et concerne le village de Wodecq, le hameau du Camp du Pont précisément. C'est tellement important pour moi de rester ancrée quelque part. Je ne suis pas une grande voyageuse, mais j'aime beaucoup être ailleurs de temps en temps, pour savoir comment c'est par rapport à ici.

- Quand et comment écrivez-vous ?

- Quand suffisamment d'éléments ont mûri dans ma tête, je me mets à l'écriture. Généralement, pas plus d'une heure par jour, souvent le matin, toujours dans la même pièce réservée exclusivement à l'écriture : où il n'y a pas le téléphone, pas d'ordinateur, bref aucune tentation. Je relis chaque fois ce que j'ai écrit la veille pour me remettre dans le rythme. Je reste habitée par le sujet tant que l'écriture n'est pas terminée. Mais je ne m'isole jamais complètement. L'écriture est importante pour moi, mais je veille à ce que ce travail ne pèse pas sur mon entourage, sur la famille, sur le quotidien, sur les rencontres.

- Respectez-vous des rituels d'écriture ?

- Mes poèmes commencent toujours dans un bloc de feuilles tout à fait ordinaire. Après, je recopie dans un autre cahier. Puis dans un plus beau carnet, en apportant chaque fois des corrections avec toujours un peu moins de ratures. Après ces trois étapes, je tape tout à l'ordinateur et je corrige autant de fois que nécessaire. Je n'ai jamais rien envoyé d'autre à un éditeur qu'une impression d'ordinateur. Toujours par la poste, parce que c'est selon moi le chemin le plus naturel. Et c'est aussi une volonté de tenter sa chance comme tout le monde. Il m'est arrivé de devoir attendre trois ou quatre mois avant d'avoir une réponse. Parfois, je n'ai eu aucune réponse. Mais je ne téléphone pas.

- Sur quoi travaillez-vous pour l'instant ?

- Je n'écris pas pour l'instant, je n'en ai pas envie, je ne suis pas disponible. Je connais des personnes touchées par le coronavirus, et l'atmosphère est telle qu'on ressent l'inquiétude de tout le monde autour de soi. Un livre de poésie pour enfants, déjà écrit depuis un certain temps, va sortir en 2021".

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mercredi 20 janvier 2021

Décès de l'auteure belge Nicole Verschoore

                        


Fin décembre, l'auteure belge Nicole Verschoore est décédée à Knokke à l'âge de 81 ans. Née dans une famille de la bourgeoise gantoise, parfaite bilingue, elle commença par une carrière académique comme assistante à l'Université de Gand, puis se tourne vers le journalisme. Pendant une quinzaine d'années, elle occupe le poste de rédactrice responsable de la culture au quotidien "Het Laatste Nieuws". De 1994 à 1999, elle prend la direction d'un des derniers journaux en français en Flandre : l'hebdomadaire gantois "Le Nouveau Courrier". Après son dernier numéro, elle collabore ensuite à "La Revue Générale" et à "Nouvelles de Flandre".

Outre cette carrière de journaliste, elle était aussi auteure. Elle a d'abord publié les lettres de guerre de son grand-père Alfons Sevens, prisonnier politique de 1914 à 1918. Son premier roman, "Le Maître du bourg", sort en 1994. La vie et les oeuvres des 18ème et 19ème siècles l'inspirent pour le décor historique des trois romans publiés aux éditions Le Cri :  "Les parchemins de la tour",  "Le Mont Blandin", et "La charrette de Lapsceure". Cette trilogie lui vaut le Prix Michot 2007 de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Elle publie ensuite d'autres romans et un recueil de nouvelles. 

Cliquez ci-dessous sur "Verschoore Nicole" pour retrouver mes autres articles consacrés à cette auteure belge.


mercredi 6 janvier 2021

"Sa dernière chance" (Armel Job)

          


L'écrivain et académicien belge Armel Job (72 ans) a répondu aux questions de "Plus Magazine" :

"Où nous emmenez-vous dans "Sa dernière chance"  ?

- L'action se passe principalement à Verviers et à Liège.

- Liège où vous avez fait vos études de philologie classique, la ville de Simenon :  on ressent chez vous une attirance pour cette ville ?

- J'ai passé toute mon enfance à la campagne, puis j'ai été interne au séminaire de Bastogne. Un internat est plutôt une sorte de no man's land. La première ville que j'ai connue, c'est Liège quand je suis arrivé à l'université. Après six ans d'enfermement à Bastogne, pour ainsi dire, j'étais rendu à la liberté. J'habitais en Outremeuse. J'aimais bien l'odeur de la ville, on sentait le coke des aciéries à l'époque, les bateaux sur le fleuve, la gouaille populaire, les vendeurs de crème glacée en tripoteur, les marchants ambulants qui criaient en wallon. Et j'aimais la vie intellectuelle de l'université, le challenge que représentaient des études ardues, qui rendaient la vie plus piquante. Je me souviens des matins pleins de fraîcheur où, l'estomac noué, je partais pour une journée de sept ou huit examens à la file. Dès que je reviens à Liège, ces impressions de jeunesse et de liberté me reviennent à l'esprit.

- Vous vivez dans un village ardennais, proche des forêts et d'une rivière :  est-ce source d'inspiration ?

- J'y trouve la tranquilité nécessaire à mon travail. Quand je suis en panne dans l'écriture, je vais me promener en forêt. Je ne pense à rien, je marche et curieusement, les idées accourent toutes seules. Mais je ne cherche pas à fourrer la nature dans mes romans. Je suis plus intéressé par les humains que par le décor.

- Comment vous préparez-vous à l'écriture d'un roman ?

- Pour commencer un roman, j'ai seulement besoin d'une idée d'histoire. Je ne m'informe en route que sur des points techniques très particuliers. Si je tue quelqu'un dans l'histoire, je demande à un médecin légiste l'état du cadavre quand on va le découvrir. Je ne vais pas sur les lieux. Au besoin, je consulte Google Street. J'ai étudié la documentation seulement pour "Dans la gueule de la bête" qui traite du sort des juifs à Liège pendant la guerre car je devais respecter les événements historiques et pour "Loin des mosquées" à propos des mariages arrangés dans la communauté turque.

- Ecrire :  pour vous, est-ce loisir, plaisir, contrainte ?

- Travail essentiellement, parfois douleur, heureusement aussi joie de la découverte. Tout ce qui vaut la peine demande de la peine.

- Vous publiez un roman par an. Vous imposez-vous un horaire quotidien ?

- J'écris tous les jours de 8h à midi, et de 16h30 à 18h45, heure à laquelle je bois une bière avec ma femme.

- Depuis peu, vous êtes membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Est-ce une consécration, une place officiellement reconnue dans le monde des écrivains ?

- Le sentiment le plus important pour moi dans cette désignation a été la surprise la plus totale qu'elle m'a causée. Jamais il ne me serait venu à l'esprit de briguer un siège à l'Académie. Je me suis toujours tenu à l'écart de l'intelligentsia littéraire. Quand on m'en a informé, j'ai d'abord pensé que c'était une blague. Il y a à l'Académie des gens très brillants. Je ne sais ce que certains m'ont trouvé, mais ils étaient en nombre suffisant pour m'adouber. J'en reste étonné".

La suite de cette interview se trouve dans "Plus Magazine"...

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