Après des études de cinéma au RITS, l'auteure belge Lize Spit (née en 1988 à Viersel) enseigne l'écriture de scénarios au sein de l'école Wisper. Depuis 2005, elle habite Bruxelles.
Son premier roman est sorti en 2016 : "Het Smelt". Il raconte l'histoire d'une jeune fille souhaitant revenir sur son enfance malheureuse dans son village natal. Ce fut un succès : 180.000 exemplaires vendus en Flandre et aux Pays-Bas. Il a été traduit en 13 langues. La version française s'appelle "Débâcle" et a été publiée par les éditions Actes Sud.
Plus d'infos : www.lizespit.be
mercredi 30 mai 2018
mercredi 23 mai 2018
"Je t'aime", le nouveau roman de Barbara Abel
A l'occasion de la sortie de son nouveau roman aux éditions Belfond, l'auteure belge Barbara Abel a répondu aux questions de la journaliste Anne-Françoise Bertrand pour les quotidiens du groupe Vers l'Avenir :
"Alors, ce livre, il parle plutôt de l'amour, de la haine ou des deux?
- Il parle des deux. C'est vraiment un livre où j'ai voulu explorer le thème de l'amour, mais c'est un thriller, pas un roman d'amour. A un moment, je me suis fait la réflexion que la vraie haine qu'on peut porter à quelqu'un, c'est qu'en général, on l'a beaucoup aimé avant. On ne hait pas quelqu'un qui nous indiffère. Que, souvent, la haine découle de l'amour et quand on hait quelqu'un, vraiment fort, passionnément, c'est un sentiment assez proche du sentiment d'amour, dans son expression : on pense souvent à cette personne, on a le ventre qui se noue, une boule dans la gorge, le cœur qui bat et tout ça, ce sont des choses qu'on éprouve aussi quand on aime. Plus j'avançais dans le roman, plus je sondais ces émotions de l'amour et de la haine, et plus je les trouvais hyper fort liées. Dans l'histoire, par exemple, si Maude et Simon finissent par se déchirer, c'est parce qu'ils s'aimaient au départ beaucoup. Si Maude déteste son ex-mari, c'est parce qu'elle l'a beaucoup aimé avant.
"Alors, ce livre, il parle plutôt de l'amour, de la haine ou des deux?
- Il parle des deux. C'est vraiment un livre où j'ai voulu explorer le thème de l'amour, mais c'est un thriller, pas un roman d'amour. A un moment, je me suis fait la réflexion que la vraie haine qu'on peut porter à quelqu'un, c'est qu'en général, on l'a beaucoup aimé avant. On ne hait pas quelqu'un qui nous indiffère. Que, souvent, la haine découle de l'amour et quand on hait quelqu'un, vraiment fort, passionnément, c'est un sentiment assez proche du sentiment d'amour, dans son expression : on pense souvent à cette personne, on a le ventre qui se noue, une boule dans la gorge, le cœur qui bat et tout ça, ce sont des choses qu'on éprouve aussi quand on aime. Plus j'avançais dans le roman, plus je sondais ces émotions de l'amour et de la haine, et plus je les trouvais hyper fort liées. Dans l'histoire, par exemple, si Maude et Simon finissent par se déchirer, c'est parce qu'ils s'aimaient au départ beaucoup. Si Maude déteste son ex-mari, c'est parce qu'elle l'a beaucoup aimé avant.
- Vos héros sont des gens normaux, pas des gens foncièrement méchants?
- C'était le challenge que je me suis mis. Dans mon précédent roman "Je sais pas", tous mes personnages étaient plutôt négatifs, noirs, et plusieurs lecteurs, en dédicace, m'ont dit "En tout cas, y en a pas un pour rattraper l'autre", et c'était vrai. Du coup, un peu comme une blague, je me suis dit : "Et si j'écrivais un thriller avec que des gentils?". J'avais envie d'écrire une histoire où, si on prenait chaque point de vue séparément, on les comprenait, on avait de l'empathie et même, on se disait qu'on aurait peut-être fait pareil. On peut s'identifier à chacun d'eux. Nicole, par exemple, ce n'est peut-être pas le personnage le plus séduisant, mais elle a perdu son fils, on peut la comprendre ou Maude, qui a caché à Simon que sa fille se droguait, on peut la comprendre aussi. Je voulais qu'on se dise face à chaque personnage : "Beh oui, j'aurais fait pareil". Mais que toutes les interactions mises les unes avec les autres provoquent un drame.
- Et tout cela se passe au sein d'une famille recomposée?
- J'ai toujours mis en scène des familles classiques, mais aujourd'hui, la majorité des familles sont recomposées. En plus, c'est un terrain de jeu extraordinaire! Sur ça aussi, j'ai fait un travail de documentation, je me suis demandé si on aimait autant les enfants de l'autre. Mais on ne peut pas les aimer autant, et ils sont l'expression d'une histoire d'amour qui a eu lieu avant. J'ai voulu parler d'une famille recomposée qui fonctionnait bien et raconter la déchéance. Quand un drame survient, qu'est-ce qu'on fait? Quelle est la situation qui fait qu'à un moment, on est obligé d'attaquer l'enfant de l'autre pour défendre son propre enfant? C'était clairement ça, mon idée de base : partir d'une famille recomposée et devoir attaquer à un moment l'enfant de l'autre pour protéger sa tribu à soi.
- Non seulement on parle de haine dans "Je t'aime", mais aussi et peut-être surtout de vengeance. Est-ce que la haine amène nécessairement la vengeance?
- C'est un thème qui s'est imposé de lui-même au fil de la rédaction. Je ne pensais pas du tout parler de justice, de vengeance. Mais de par le personnage de Nicole qui est greffière et tout le truc qu'elle met en place pour faire payer Alice, qu'elle considère comme la véritable responsable, oui, je me suis permis une mini-réflexion sur la justice. Autant la tendresse, la passion, les mots d'amour sont l'expression de l'amour ; autant la vengeance est l'expression de la haine. Quand on hait parce qu'on nous a fait mal, on a besoin d'avoir réparation. J'ai du coup pas mal lu sur la justice et c'est clair qu'elle est hyper importante parce que la justice, c'est ce qui empêche la vengeance personnelle, c'est ce qui empêche de faire justice soi-même. La justice permet de donner réparation aux victimes de telle manière qu'elles n'aient pas à utiliser cette vengeance. Ce dont j'avais besoin aussi, c'est de remettre à leur juste valeur des trucs qu'on a tellement l'habitude de voir dans les romans, dans les films : une perquisition, dans la vraie vie, c'est hyper violent. Dans la fiction, c'est devenu banal mais une garde à vue, c'est horrible. J'ai vu des documentaires et écouté des témoignages de gens normaux qui ont vécu une garde à vue, ils sont traumatisés parce que les fouilles à nu, c'est vrai, ça existe".
mercredi 16 mai 2018
"Madame Pylinska et le secret de Chopin" (Eric-Emmanuel Schmitt)
L'écrivain franco-belge Eric-Emmanuel Schmitt vient de présenter son nouveau livre à la presse :
"C'est vrai : ce roman est pour une grosse part autobiographique. J'ai vraiment connu cet éblouissement, enfant, quand j'ai entendu ma tante Aimée au piano. C'était comme une grande porte qui s'ouvrait pour moi vers la musique. Et puis toute l'histoire de ma tante, ses secrets, c'est tout aussi réel. Mais certaines scènes sont imaginaires, comme ma dernière rencontre avec Aimée. J'aurais aimé qu'elle ait lieu, je corrige la vie en écrivant.
"C'est vrai : ce roman est pour une grosse part autobiographique. J'ai vraiment connu cet éblouissement, enfant, quand j'ai entendu ma tante Aimée au piano. C'était comme une grande porte qui s'ouvrait pour moi vers la musique. Et puis toute l'histoire de ma tante, ses secrets, c'est tout aussi réel. Mais certaines scènes sont imaginaires, comme ma dernière rencontre avec Aimée. J'aurais aimé qu'elle ait lieu, je corrige la vie en écrivant.
A cet âge-là, j'étais fonceur, je voulais réussir vite. Mon professeur a vu arriver un malabar qui tapait du Rachmaninov sur un clavier et va devoir en faire quelqu'un qui joue du Chopin. L'étude de la musique va m'affiner, m'apprendre la patience, l'attention aux autres, à la nature. Et Chopin va m'initier à l'intime. J'aime l'écriture intime et intérieure plutôt que les effets de manche. Certaines personnes comme mon professeur de piano ont déposé des choses en nous et c'est seulement aujourd'hui, à 57 ans, que je comprends tout l'apport de cette dame. Ce que je raconte, ce sont les vertus de l'apprentissage. Connaître ses limites, comment les déplacer, découvrir ses qualités. Et aussi comment se concentrer et se déconcentrer. Un musicien doit avoir suffisamment de technique pour ne plus devoir y penser quand il entame un concert.
Quand je commence à écrire, il faut que je libère complètement mon imagination. Mais auparavant, j'ai longuement préparé mon récit. L'idée de ce roman, par exemple, est née il y a des années, après une conférence consacrée à Chopin. J'écris vite mais je compose lentement. La musique a le privilège d'être au-delà des langues, mais la littérature a la vertu de la clarté de la pensée et de la précision du raisonnement. Elle est plus directement compréhensible".
mercredi 9 mai 2018
Les Midis de la Poésie à Bruxelles
Les Midis de la Poésie existent depuis....1949 et se tiennent chaque mardi midi de 12h40 à 13h30 dans le petit auditorium des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, rue de la Régence à Bruxelles. C'est Mélanie Godin qui en est l'actuelle directrice, secondée par Victoire de Changy et Elisabeth Woronoff. Plus d'infos : www.midisdelapoesie.be
Victoire de Changy (dont je vous ai parlé il y a peu à l'occasion de la sortie de son premier roman) est chargée de la communication des Midis de la Poésie : "Nous sommes avant tout une institution engagée. La programmation est régulièrement faite en lien avec des questions actuelles de société à mettre en lumière, toujours par le biais de la poésie. Un spécialiste d'un sujet ou d'un auteur y développe une question littéraire en compagnie de comédiens qui lisent les textes des auteurs abordés. Nous ne nous focalisons jamais sur les actualités des auteurs, sur les dates de sorties de leurs livres. Aux Midis, un auteur ne viendra pas parler de son oeuvre mais de ce qui, dans le travail d'autrui, aura nourri le sien. En les invitant à parler de poésie, nous les emmenons, ainsi que nos spectateurs, sur un terrain différent des rencontres habituelles. C'est certes un challenge, mais également un rendez-vous auquel nos spectateurs tiennent : une brèche poétique en plein milieu d'une journée de cavalcade et d'urgences. Par ailleurs, les Midis de la Poésie s'étendent de plus en plus à d'autres horaires : nous organisons régulièrement des apéros-poésie, pour lesquels nous invitons principalement de jeunes créateurs de la scène émergente belge, ainsi que des petits goûters de la poésie, des ateliers intergénérationnels et participatifs liant arts plastiques et poésie le samedi après-midi, à raison d'une fois par mois, depuis trois ans, à la Bellone-Maison du Spectacle. Les intervenants sont des artistes issus des arts plastiques et de la scène ; adultes et enfants s'y côtoient dans la création dont la poésie, si elle en est le prétexte principal, laisse la place à d'autres disciplines. Aux Midis de la Poésie, nous accordons une importance toute particulière au théâtre, à la déclamation et plus généralement à la mise en voix qui, tout entière, participe au processus poétique. D'autre part, nous envisageons la poésie dans un sens beaucoup plus large que celles des vers et des rimes : elle est largement présente dans la littérature et dans la prose et, encore plus largement, dans la rue, la voix et le mouvement".
Victoire de Changy (dont je vous ai parlé il y a peu à l'occasion de la sortie de son premier roman) est chargée de la communication des Midis de la Poésie : "Nous sommes avant tout une institution engagée. La programmation est régulièrement faite en lien avec des questions actuelles de société à mettre en lumière, toujours par le biais de la poésie. Un spécialiste d'un sujet ou d'un auteur y développe une question littéraire en compagnie de comédiens qui lisent les textes des auteurs abordés. Nous ne nous focalisons jamais sur les actualités des auteurs, sur les dates de sorties de leurs livres. Aux Midis, un auteur ne viendra pas parler de son oeuvre mais de ce qui, dans le travail d'autrui, aura nourri le sien. En les invitant à parler de poésie, nous les emmenons, ainsi que nos spectateurs, sur un terrain différent des rencontres habituelles. C'est certes un challenge, mais également un rendez-vous auquel nos spectateurs tiennent : une brèche poétique en plein milieu d'une journée de cavalcade et d'urgences. Par ailleurs, les Midis de la Poésie s'étendent de plus en plus à d'autres horaires : nous organisons régulièrement des apéros-poésie, pour lesquels nous invitons principalement de jeunes créateurs de la scène émergente belge, ainsi que des petits goûters de la poésie, des ateliers intergénérationnels et participatifs liant arts plastiques et poésie le samedi après-midi, à raison d'une fois par mois, depuis trois ans, à la Bellone-Maison du Spectacle. Les intervenants sont des artistes issus des arts plastiques et de la scène ; adultes et enfants s'y côtoient dans la création dont la poésie, si elle en est le prétexte principal, laisse la place à d'autres disciplines. Aux Midis de la Poésie, nous accordons une importance toute particulière au théâtre, à la déclamation et plus généralement à la mise en voix qui, tout entière, participe au processus poétique. D'autre part, nous envisageons la poésie dans un sens beaucoup plus large que celles des vers et des rimes : elle est largement présente dans la littérature et dans la prose et, encore plus largement, dans la rue, la voix et le mouvement".
mercredi 2 mai 2018
Deuxième roman de Jérôme Colin
Né à Flawinne en 1974, le journaliste et animateur belge Jérôme Colin se partage entre la radio (La Première) et la télévision (l'émission "Hep Taxi" sur La Deux). En 2015, il a sorti son premier roman, "Eviter les péages", où il abordait la crise de la quarantaine. La crise d'adolescence est le thème de son deuxième roman.
Un sujet qu'il connaît en tant que papa de trois ados : "Voir grandir des ados, ça me fascine : les voir se transformer, trouver leur identité... Et en même temps, il y a quelque chose en moi qui n'aime pas ce moment, parce qu'en fait, ils partent petit à petit, ils se détachent de moi. Je me suis rendu compte que j'étais en deuil. J'ai adoré avoir des petits bouts : ça m'a passionné, ça m'a bouleversé. Et je crois que c'est le deuil de ne plus avoir de petits bébés qui m'a fait commencer ce livre-là. Cette espèce d'amour absolu qu'il y avait entre eux et moi, n'existe plus. On s'aime évidemment, mais ce n'est plus cet amour-là".
Les enfants signifient-ils la mort du couple? "C'était cela l'idée de départ, le postulat de mon personnage en tout cas. C'est un mec qui pense que si son couple est en train de mourir, c'est parce qu'il a eu des enfants et que ses enfants ont pris tellement de place qu'en fait, il n'a plus le temps d'aimer sa femme et que sa femme, dans cet espace-là, n'a plus le temps de l'aimer. C'est en tout cas ce qu'il croit, et il le dit : "Quand on a torché leur cul, quand on a raconté des histoires, quand on les a lavés, quand on a préparé le souper, quand on a fait la vaisselle, quel temps reste-t-il pour s'aimer dans tout ça?". C'est juste une question de point de vue. Je pense que c'est vrai que si on veut s'aimer, avoir des enfants, ce n'est pas la meilleure solution. Je pense qu'une plage et un bungalow, c'est vachement mieux! Les enfants, y a rien à faire, ça met un couple en difficulté. Tu es crevé, tu vas te coucher, et tu ne fais plus l'amour. L'emploi à temps plein, c'est les enfants. Toute ton énergie est sur ta famille, et plus sur ton conjoint. Le soir, on n'a plus qu'une envie : c'est se coucher parce que demain, il y a la guerre qui recommence".
Continuer à admirer ses ados, est-ce important? "Avoir de l'émerveillement pour son petit enfant, c'est facile : il nous aime tellement, d'un amour absolu, et moi, j'ai été bouleversé par cet amour absolu quand j'ai été père. Mais puis, j'ai été bouleversé par ce désamour-là. C'est-à-dire qu'à un moment, il ne t'admire plus, tu n'es plus un dieu, tu es quelqu'un qui est sur leur chemin pour les empêcher d'être heureux, en gros. Et donc, mon personnage, il doit faire le deuil d'être émerveillé par ses enfants, et que ses enfants soient émerveillés par lui. Et le moment où tout va changer, c'est quand enfin il réalise qu'il peut dire à son enfant, enfin : "je suis fier de toi, je t'admire, tu es quelqu'un de bien"."
Est-ce une réaction plus masculine que féminine? "Je pense que la panique familiale est en effet masculine, en tout cas chez moi. Je suis plus dans un état de panique alors que ma femme est plus sereine, plus confiante, plus posée. Et je pense que dans ce qu'on vit maintenant, dans ce féminisme, la position de l'homme a aussi changé. Il fait maintenant ce que font les femmes, on s'occupe des enfants comme elle, mais c'est nouveau. Je crois que c'est moins inscrit dans nos gènes, on est des parents en apprentissage et on doit encore apprivoiser ces difficultés-là".
Bilan de sa paternité? "J'étais, je pense, trop protecteur. Ca m'a appris qu'ils sont devenus grands. Arrête de croire qu'ils sont incapables, arrête de croire qu'ils ne sont pas prêts, pas assez forts....et donc arrête de croire que tu es indispensable. Je pense que c'est ce que le livre m'a appris : un peu de laisser-aller. Quand tu te retrouves comme ça dans une famille close avec trois ados et que c'est compliqué, tu crois que tu es seul au monde, perdu. Et en fait, non, tu n'es pas seul, et ça, tu l'apprends dans les livres. Et ça m'a aidé. Savoir qu'on partage tout ça, ça m'a rassuré parce que je me suis dit que c'est normal. Les romans ont une capacité d'empathie de dingue. Autant avec des passages difficiles dans nos vies que des questionnements très importants, comme c'est quoi la vie avec les ados, vu du côté des parents aujourd'hui. Ca a beau être pénible, on n'est pas tout seul. Et moi, c'est ce qui m'intéresse dans l'écriture".
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