mardi 30 avril 2013

"Bouillon, la Semois" (Jean-Marc Buchet et Maurice Pirotte)

                                                         
                                                 Couverture
Ce très bel album-photos nous emmène le long de la vallée de la Semois, une rivière du sud-est de la Belgique qui traverse la cité historique et touristique de Bouillon. Le photographe Jean-Marc Buchet a choisi comme point de départ un poème sur la Semois de l'écrivain bouillonnais Maurice Pirotte. Chaque strophe de son poème est illustrée d'une photo de Jean-Marc Buchet.

Voici ce poème sur la Semois :

     "Pour parler de la Semois, j'ai besoin de longs bras...
     rêve mystère qui convienne à la candeur d'un tailleur d'images.
     Belle comme pour un premier bal et joie vers moi-même,
     elle passe à chair ardente, maîtresse...
     De quoi s'acoquiner aux orgueilleux soleils!
     Si les touristes, attardés à ses charmes, la déshabillent du regard,
     c'est qu'elle a quelque chose d'indéfinissable, d'irrésistible
     comme flux et reflux de désirs inouïs.
     La Semois, une belle histoire d'amour entre le ciel et la terre
     avec des compagnons qui font flamber le regard.
     Le château du père des croisés,
     les maisons ajustées au terrain inégal
     et le vieux savoir des forêts tout autour!
     Et donnent le rêve, figures nombreuses au silence.
     Grande fille sérieuse,
     un peu mondaine dans la traversée de Bouillon, notre Semois.
     Mais suivons-la dans les rutilances de son vagabondage.
     Elle saute un barrage, s'écorche les genoux au schiste noir
     et disparaît dans un poème envahi du déhanchement des chênes.
     Nous retrouvons cette coureuse de prairies et de terre remuée
     dans la prodigalité du silence et des ombres au lieu-dit La Grotte.
     Là, c'est l'instant de Dieu, elle ralentit son cours
     pour nous dire qu'elle se sent bien dans la prière.
     Puis, elle repart, salue au passage
     les campeurs, bûcherons, pêcheurs, les cisterciennes de Cordemois.
     Elle saute de roche en roche avant de retrouver
     les joncs et les saules inséparables de sa bohème.
     Et nous voyons cette grande fille un peu dingue
     saoulée d'un vin clair descendu des collines
     traverser les prés du Moulin de l'Epine.
     Un décor de western
     où il ne manque que les cow-boys et le saloon de la chevauchée fantastique
     et puis reprend le jeu des amours exaltantes
     sous l'escorte virile de rochers en surplomb.
     Plus loin vers Corbion,
     notre Semois s'enfonce dans le génie affectueux de la nature.
     C'est là qu'elle mettra à nu les racines traçantes des sapins
     qui pour elle jouent à la pagode d'opérette.
     Ajoutez donc à cet amour trafiqué de ciel
     l'énergie sauvage de collines aux reins immenses
     et les forêts où les filles dans les bras des garçons
     se sentent presque femmes...

     Et vous aurez alors un poème qui n'en finira de s'inventer
     au pas lentement cadencé de la vie, de l'espace et du temps".

1 commentaire :

  1. Je suis une amoureuse de la Semois, j'aime à me ressourcer dans ces paysages bucoliques !

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