lundi 21 mars 2011

Nouveau roman d'Armel Job

Dans son roman "Les eaux amères" (éditions Robert Laffont), l'écrivain belge Armel Job raconte l'installation de Bram et de sa ravissante épouse dans les Ardennes. Les habitants se posent de nombreuses questions : pourquoi a-t-elle commandé des pillules contraceptives à la pharmacie? Où disparaît-elle pendant que son mari tient la quincaillerie? A l'occasion de la sortie de ce roman, Armel Job a été interviewé par le quotidien "La Dernière Heure" :

"Vous êtes-vous imposé comme défi de toujours situer vos romans dans les Ardennes ou les Cantons de l'Est?
- C'est une bonne question ; on me l'a rarement posée, en fait. Vous avez raison : le terme défi convient tout à fait. Quand j'ai commencé à écrire, je me suis dit que je n'allais certainement pas tomber dans le snobisme qui consiste à expatrier mes personnages sous prétexte que la Belgique - et, dans mon cas, souvent l'Ardenne profonde - ne conviendrait pas pour écrire un roman. Ma région est peuplée d'habitants qui sont tout à fait aussi dignes de devenir des personnages de romans que les habitants du 16ème arrondissement de Paris.

- L'histoire se déroule dans un passé relativement récent. Mais suffisamment ancien pour qu'on ait l'impression de contempler un tableau?
- Comme romancier, je me vois comme un raconteur d'histoires. Je ne déballe pas ma vie intime devant les lecteurs. Comme vous le savez, toutes les histoires commencent par "Il était une fois". Je voulais placer tout çà à distance, pour pouvoir regarder tout çà sereinement. Là, l'histoire se passe en 1968 : époque que j'ai connue puisque j'étais étudiant à l'époque. Elle est un peu mythique aussi dans la société occidentale. Le but était aussi de voir comment les gens ont vécu les changements, les bouleversements dans une petite ville : on n'est pas à Paris, les jeunes ne sont pas sur les balustrades.

- Raison pour laquelle vous introduisez, par exemple, l'histoire des débuts de la contraception?
- Absolument. C'est une question que je ne me suis certainement pas posée à l'époque mais une femme qui voulait acheter la pilule à l'époque dans une petite ville, comment faisait-elle? Ca ne devait pas être évident.

- Le personnage principal, Bram, est doublement étranger quand il débarque dans sa nouvelle ville : il vient d'Anvers et il est juif.
- J'ai écrit le roman en pensant à lui, effectivement. Cet homme qui a éprouvé la souffrance de la Shoah, ses parents ont disparu, lui-même y a échappé par chance. Comment a-t-il vécu çà? Il est accablé par le souvenir, la culpabilité, et la trahison même. Ce sur quoi je voulais insister, c'est la manière dont on peut percevoir ce genre de personnage : les gens de la ville où il est venu s'installer ne soupçonnent pas ce qui se passe en lui. Ils ne savent pas qu'il est juif et çà leur est totalement égal. Lui n'en parle à personne, il ne veut pas faire pitié. Au contraire, il veut paraître jovial. C'est quelqu'un qui ne vit que dans le passé mais son présent n'est qu'un bluff permanent. C'est un thème qui me plaît : j'ai envie que le lecteur entre dans l'âme de cet homme. Il va retrouver une forme de joie de vivre quand une autre difficulté va se présenter à lui".

A lire également : le compte-rendu de la journaliste Apolline Elter sur ce roman (http://editionsdelermitage.skynetblogs.be/archive/2011/03/14/les-eaux-ameres.html)

1 commentaire :

  1. Armel est un écrivain talentueux et très humain...de plus, ce qui ne gâte rien, les suspens de ses livres sont admirablement menés...

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