Le dernier roman de Patrick Roegiers paru aux éditions Grasset tourne autour de Christian Simenon, le jeune frère du célèbre écrivain belge. Sa démarche a fait grincer des dents : certains estiment qu'il a le droit d'écrire une histoire - avec un petit h - autour de la famille Simenon, et d'autres qu'il n'a pas à porter atteinte à la vérité historique - avec un grand H - pour faire un coup médiatique. Et vous, qu'en pensez-vous?
Voilà le point de vue de Patrick Roegiers qui a confié à la presse : "On n'a pas à demander d'autorisation quand on écrit une fiction. Je sais que John Simenon est furieux : c'est son problème, pas le mien! Georges et Christian Simenon n'ont pas la même histoire mais ils sont les deux faces d'une même médaille. J'ai été fasciné par l'histoire du frère inconnu d'une personnalité célèbre. J'ai trouvé étonnant le parcours de cet homme qui bascule dans la collaboration, devient rexiste, est entraîné dans la tuerie de Courcelles, puis finalement s'engage dans la Légion sous un faux nom et disparaît totalement. Tout cela alors qu'il est le frère d'un écrivain connu.
S'intéresser à Christian Simenon implique de s'intéresser à Léon Degrelle, une personnalité extravagante, un mussolinien qui devient un nazi. Et puis, je veux aussi mettre en lumière la position de la Wallonie à cette époque où les bourgmestres des grandes villes sont rexistes. Quand le bourgmestre de Charleroi Oswald Englebin est tué en août 1944, il est le 33ème bourgmestre rexiste assassiné par la Résistance. Christian Simenon participera alors à la tuerie de Courcelles le lendemain. Il est complètement mêlé à l'histoire du rexisme. Je suis moi-même issu de ce même type de milieu social (la petite bourgeoisie). Cette histoire me parle, me touche, me constitue. Elle me tendait les bras, même si elle n'était pas agréable à écrire. C'était parfois à gerber. D'autant que le discours d'un Degrelle, on le retrouve aujourd'hui...
On ne peut pas parler de Christian Simenon sans parler de Georges, sinon on fait le portrait d'un fasciste ordinaire. Et je me pose la question : que fait-il pendant la guerre? Il est en France, il écrit, il vend les droits cinématographiques de ses livres à la Continental, contrôlée par les Allemands. Il apprend même l'allemand en 1942. Il pose pour "La Legia", un journal rexiste. J'estime que Georges Simenon a agi par opportunisme, sans état d'âme. Il va complètement effacer son frère, le faire disparaître. Dans "Je me souviens", il évoque son frère. Dans "Pedigree", roman autobiographique, il n'a plus de frère. Christian a disparu : c'est le crime parfait!".
mercredi 18 novembre 2015
Inscription à :
Publier les commentaires
(
Atom
)
C'est compliqué de donner un avis à ce sujet. Mais c'est une fiction...De toute façon, lorsqu'on est écrivain, on s'expose à toutes sortes de commentaires, alors..
RépondreSupprimer