mercredi 30 septembre 2015

"Courrier des tranchées" (Stefan Brijs)

                                          Courrier des tranchées


Paru en néerlandais en 2011, "Courrier des tranchées" est le deuxième roman du Limbourgeois Stefan Brijs traduit en français. Le premier s'intitulait "Le faiseur d'anges", se passait dans les cantons germanophones et avait déjà été publié par la maison d'édition française Héloïse d'Ormesson.


Cet ample roman de plus de 500 pages prend le contre-pied de ce qui a été écrit sur la première guerre mondiale en portant un regard différent sur l'engagement patriotique : en août 1914, John Patterson, un étudiant anglais de 19 ans, refuse d'aller combattre, contrairement à son ami d'enfance Martin. Cet orphelin de mère qui vit seul avec son père facteur et collectionneur de livres, veut poursuivre ses études coûte que coûte. Mais il se retrouve bien vite ostracisé : en cette période d'effervescence guerrière, il doit affronter des réactions de plus en plus hostiles et violentes, tant de la part de la population que des recruteurs qui font du porte-à-porte et poursuivent les réfractaires jusque sur les campus universitaires.


Dans sa résistance, John s'est trouvé un allié en William, un autre étudiant qui, refusant de combattre les Allemands dont il admire la culture, écrit un féroce pamphlet contre le gouvernement britannique. Ensemble, il espère que la publication par les journaux des longues listes des soldats tombés au front et que les tragiques lettres envoyées aux familles vont calmer cette fureur patriotique. Mais c'est le contraire qui se produit et John, considéré comme un lâche, est rejeté par tous sauf par son père. La guerre finira pourtant par le rattraper :  parti à la recherche de son ami Martin, c'est à la Talbot House de Poperinge qu'il finit par échouer... A suivre dans le roman...


Stefan Brijs a expliqué ce qui l'a incité à écrire ce roman :   "Je connaissais la Porte de Menin à Ypres, recouverte de 60.000 noms qui sont autant d'histoires différentes, et je me suis mis à imaginer l'une d'elles. Le point de départ du roman a été un documentaire où l'on voyait un officier anglais lire le courrier des soldats et le censurer. Voire le manipuler...jusqu'à faire revivre un mort. En me documentant, j'ai découvert l'énorme pression exercée en Angleterre sur les jeunes qui ne s'engageaient pas. Comme je cherchais un anti-héros, cela me convenait parfaitement. De ces réfractaires, qui ont été assez nombreux, on n'en parle pas en Angleterre. Le gouvernement n'a jamais reconnu ce phénomène.  Le personnage de William me permet aussi de rappeler que la culture allemande était extrêmement riche et que la population allemande vivant en Angleterre a subi la violence de la population".

mercredi 23 septembre 2015

"La nuit de feu" (Eric-Emmanuel Schmitt)

                                                         La nuit de feu   
A l'occasion de la sortie de son nouveau livre, "La nuit de feu", l'écrivain belge Eric-Emmanuel Schmitt a répondu aux questions de la journaliste Catherine Ernens pour les quotidiens du groupe Vers l'Avenir :


"Dans un contexte ultrasensible au niveau des religions, vous osez un livre sur votre rencontre avec Dieu lorsque vous aviez 28 ans?
- C'est mon récit. Je rentre dans le désert. Je suis philosophe. Je m'étais résolu à ce que Dieu soit une question qui n'obtienne jamais de réponse parce que j'étais purement dans le champ de la raison. Et puis, ce que j'ignorais, c'est qu'il y avait l'épreuve, l'expérience, le vécu. Ce que nous dit Pascal : Dieu ne se prouve pas, il s'éprouve. Et Dieu que j'étais résolu à ne pas rejoindre, tout d'un coup, je l'ai touché, il m'a touché.


- Dans votre voyage, vous cheminez avec Ségolène, très croyante. Mais elle ne va pas vous convertir.
- Sa foi n'est pas la mienne. Elle voit Dieu partout. Moi, je ne le vois nulle part. Et puis, elle veut tout récupérer. Ce n'est pas ma façon de croire. Il y a d'ailleurs autant de façons d'habiter le mystère que de personnes sur terre. Deux personnes qui disent avoir la foi : elles ne vous parlent pas de la même chose. Deux personnes athées : pareil.


- Pourquoi avez-vous mis vingt ans à écrire cette expérience?
- Je suis très pudique. Je suis arrivé à quarante volumes sans dire "je". Ca veut dire aussi que j'ai beaucoup d'imagination. Et puis, j'ai longtemps cru que cette expérience, elle n'était que pour moi. Plus tard, je me suis rendu compte que la force que j'avais reçue, je devais en témoigner. Pour dire aux gens que la vie de l'esprit est toujours en chemin. Il y a toujours des rencontres : amicales, amoureuses, de Dieu. Tout peut changer. Après, je sais bien que je ne peux pas communiquer ma foi. Je voudrais bien à des amis que je vois dans une détresse existentielle, dans des angoisses. J'aimerais leur donner cette confiance, cette lumière qui ne me quitte pas. Mais je ne peux pas parce que ce n'est pas partageable comme argument philosophique.


- En racontant votre nuit de feu, vous n'avez pas peur d'être moqué?
- C'est fragile. C'est juste un témoignage et il peut être refusé, de manière complètement légitime. D'ailleurs, moi-même dans le livre, je dis "Qu'est-ce qui me prouve que ce n'était pas une expérience complètement inventée, une réaction chimique de mon corps, une idée psychanalytique d'un petit enfant perdu qui se cherchait un père tout puissant?". Il y a plein de réductions matérialistes possibles de cette expérience. Le confort aurait pu me pousser à mettre cette expérience dans ma poche. Parce qu'une révélation, c'est une révolution. Toutes les cartes tombent. Il faut tout reconstruire. On peut se refuser à ce travail. Et le discours dominant y incite parce qu'il est matérialiste.


- Justement. Vous ne parlez pas de ce que çà a changé après : vous êtes devenu croyant et pratiquant?
- A ce moment-là, non. Ce sera peut-être l'objet d'un autre livre. Après, je me suis intéressé à tous les mystiques parce qu'ils étaient des frères et des sœurs. C'est par la porte des mystiques que je suis entré dans les jardins de toutes les religions. Parce que je me sentais en vibration fraternelle avec eux. Bien après, il se trouve que je me suis rapproché du christianisme. Mais c'est une autre histoire.


- Pourquoi le christianisme?
- Parce qu'il y avait dans le christianisme une notion qui n'existait nulle part ailleurs :  la notion d'amour comme valeur première. Mais çà n'était pas dans ma nuit au désert. Ma nuit de feu, c'était la confiance.


- Vous ne savez pas si Dieu existe mais vous croyez que oui?
- L'agnosticisme, le fait de ne pas savoir, est la base. Personne ne sait. Je suis un agnostique croyant, et il y a des agnostiques athées. Et puis, il y a l'indifférent qui ne sait pas et s'en fout. Tout est infiniment respectable. Ce que je dénonce, c'est celui qui dit "je sais", celui qui confond croire et savoir. Ca donne l'intégrisme et le fanatisme qui ont produit toutes ces horreurs au cours de l'histoire. Le fanatisme, c'est celui qui ne veut pas douter. Et je dénonce aussi ceux qui disent qu'ils savent que Dieu n'existe pas. Ils ont une intolérance totale. Le racine de la tolérance, c'est que nous sommes tous frères en ignorance. On est tous ignorants".

mercredi 2 septembre 2015

Agenda de la Maison de la Poésie de Namur

Jeudi 8 octobre 2015 à 19h :  rencontre avec Jean-Marie Klinkenberg
Ce nouveau livre de Jean-Marie Klinkenberg place nos langues - et spécialement le français - au cœur d'une réflexion sur les communications et les relations humaines dans le monde d'aujourd'hui. Il énonce avec brio et clarté les principes d'une politique linguistique visant la justice et l'équité en proclamant que la langue est faite pour le citoyen, et non le citoyen pour la langue.


Professeur émérité de l'Université de Liège, Jean-Marie Klinkenberg y a enseigné les sciences du langage. Ses livres ont été traduits dans une vingtaine de langues. Membre de l'Académie Royale de Belgique, il préside le Conseil de la langue française. Il est notamment l'auteur de "Précis de sémiotique générale" (éditions Le Seuil, 2000) et de "Petites mythologies belges" (éditions Les Impressions Nouvelles, 2009).


Lundi 12 octobre 2015 de 9h15 à 16h15 :  formation au slam
Objectifs :  découvrir avec Manza le slam, ses origines, ses objectifs et ses références ; prendre connaissance des techniques d'écriture du slam et produire de petits textes à l'aide d'outils abordables (rimes, jeux de mots, sons, images, métaphores) ; découvrir les différents aspects des ateliers slam, de la performance et des sessions slam ; mobiliser ses ressources et capacités créatrices ; imaginer des projets d'animations envers les différents publics en résonnance avec l'expérience d'animateur et d'éducateur de l'intervenant (Manza), le tout dans une ambiance conviviale.


Manza est un slameur belge qui, en tant qu'éducateur social pour la Ville de Bruxelles et en tant qu'artiste, anime de nombreux ateliers dans les écoles, les centres de jeunes et les écoles de devoirs. Il est également très actif au cœur de l'association Lezarts Urbains et l'auteur de deux receuils, dont le dernier, "Lis tes ratures" est paru en 2013.


Samedi 17 et dimanche 18 octobre 2015 de 10h à 18h :  marché de la Poésie à Namur
Au programme à l'Arsenal de Namur :   les collections et nouveautés de plusieurs dizaines d'éditeurs et de revues de poésie belge et étrangère, des animations pour petits et grands, des invités de choix, des podiums poétiques, des débats, des concerts...et des surprises.


Jeudi 19 novembre 2015 à 20h :  les nouveautés Tétras Lyre
Fondées par Marc Imberechts en 1988,  les éditions Tétras Lyre ont, pendant plus de 20 ans, développé un catalogue de plus d'une centaine de titres en associant la recherche des arts plastiques à la qualité du texte poétique et à l'exigence de son édition artisanale. Aujourd'hui reprises par Primaëlle Vertenoeil et Quentin Latour, le catalogue s'enrichit de nouvelles collections et de nouveaux poètes, tout en gardant la philosophie de ses débuts. La Maison de la Poésie de Namur propose donc une soirée avec quelques-uns de leurs auteurs des nouveaux titres parus en 2015 :   Luc Baba, Serge Delaive, Corinne Hoex, Timoteo Sergoï, Thomas Vandormael.


Né en 1970 à Liège, Luc Baba est l'auteur d'une douzaine de romans, de pièces de théâtre, de nouvelles, de poésies et de chansons. Egalement comédien, il a chanté Brassens, Ferré et Brel, et signé deux biographies pour enfants (l'une consacrée à Chaplin et l'autre à Brel). Il a été pré-sélectionné pour le Prix Rossel 2013 avec son roman "Le mystère Curtius". Son premier recueil de poésie, "Tango du nord de l'âme suivi de 30 vilains petits poèmes", a été publié aux éditions Meo en 2012 et le second, "La colère est une saison", vient de paraître aux éditions Tétras Lyre.


Serge Delaive est né en 1965 à Liège. Il a pratiqué plusieurs métiers (enseignant, formateur, logisticien en Afrique) avant de devenir le coordinateur d'une association. Poète, romancier et photographe, il a également été le fondateur et l'animateur, avec Karel Logist, des éditions et de la revue "Le Fram".


Corinne Hoex vit à Bruxelles. Licenciée en histoire de l'art et archéologie, elle a travaillé en tant qu'enseignante et documentaliste. Chargée de recherches, elle a publié plusieurs études relatives aux arts et traditions populaires, avant de se consacrer pleinement à son œuvre personnelle. Son dernier recueil poétique,  "Les mots arrachés", est paru aux éditions Tétras Lyre en 2015.


Après des études d'art dramatique et plastique, Timotéo Sergoï fonde, avec son épouse, la Compagnie des Chemins de Terre avec laquelle il va se produire dans une vingtaine de pays à travers le monde. Ses spectacles mêlent texte, grands thèmes littéraires, fantaisie, échasses et marionnettes. Depuis 1995, il est le rédacteur de la "Gazette des Chemins de Terre", unique périodique en Belgique francophone, qui traite des spectacles de rue. Depuis 2005, il publie dans diverses revues littéraires et a publié trois recueils de poésie.


Né en 1987, Thomas Vandormael vit en Hesbaye, écrit peu et depuis peu. Il s'est intéressé à la poésie et à l'écriture sur les bancs de l'Université de Liège.


Jeudi 26 novembre 2015 à 20h :  Charles Ducal (Poète National 2014-2015) invite...
Professeur de néerlandais à la retraite, Charles Ducal fait ses débuts en 1987 avec "Het huwelijk", un recueil remarqué pour son ton cynique, sa forme fixe et ses références bibliques. Durant les dix années suivantes, il fait paraître plusieurs recueils ayant pour thème central le conflit entre l'imagination et la réalité. Après une longue période de silence, Charles Ducal revient avec "In inkt gewassen" (2006) et "Toegedekt met een liedje" (2009). En 2010, il publie un plaidoyer visant à encourager la lecture de la poésie grâce à l'enseignement et en 2012, ses six premiers recueils poétiques sont rassemblés sous le titre "Alsof ik er haast ben". Charles Ducal a reçu plusieurs prix littéraires et depuis qu'il est Poète National 2014-2015, il nous offre, dans les trois langues nationales, des poèmes remarqués liés à l'histoire et à l'actualité de notre pays. 


Il organise également une tournée de rencontres poétiques intitulée "Charles Ducal invite...". Ces soirées ont pour objectif de faire se rencontrer des poètes belges issus des différentes communautés linguistiques de notre pays. Après Gand, Anvers, Watou et Eupen, c'est au tour de Namur de l'accueillir. Les auteurs invités par Charles Ducal à Namur :  Paul Bogaert, Véronique Daine et Laurence Vielle.


Né en 1968, Paul Bogaert vit à Louvain et travaille à Bruxelles. Il a publié cinq recueils de poésie, et a reçu différents prix, dont le Prix triennal de poésie de la communauté flamande pour son recueil "De Slalom soft". Ce dernier a été publié en français sous le titre "Le slalom soft" aux éditions Tétras Lyre en 2015. Quant à son dernier ouvrage en néerlandais, "Ons verlangen", il est paru en 2013 et a reçu le Prix Herman de Coninck pour le meilleur recueil de l'année.


Véronique Daine est née en 1964. Romaniste de formation, elle enseigne à l'Athénée Royal d'Arlon et à la Haute Ecole Robert Schuman. Elle anime également des ateliers d'écriture où elle tente de rendre aux adolescents une langue où vivre. Elle a publié plusieurs recueils de poésie, dont "R.B." (éditions L'herbe qui tremble) et "La division des choses" (éditions Taillis-pré).


Née en 1968 à Bruxelles, Laurence Vielle est actuellement l'ambassadrice francophone de Charles Ducal, et héritera, en janvier 2016, de son titre de Poète National.