A l'occasion de la sortie de son noveau livre "Le bonheur des Belges", l'auteur Patrick Roegiers s'est confié à la presse :
"Le héros, d'une certaine manière, c'est évidemment moi. Et puis, 1958, c'est le moment du plus grand bonheur : l'Exposition Universelle de Bruxelles. C'est un pays heureux, uni, prospère, qui croit en l'avenir, qui est le centre du monde, si pas de l'univers. On crée l'Atomium qui, pour moi, est une sculpture absolument magnifique, phallique et mammaire. Il y a la conquête spatiale, les petits oeufs qui s'envolent, le pavillon russe. C'est un monde féérique, un monde d'enfance. Et puis, deux ans plus tard, c'est la perte du Congo. Quatre ans plus tard, c'est la frontière linguistique. La dernière acmé de la Belgique, pour moi, c'est la première victoire d'Eddy Merckx dans le Tour de France le 21 juillet 1969...
L'idée, c'était que ce personnage sans histoire - forcément à 11 ans... - fasse corps avec le pays. Il vit tous les événements depuis l'origine de la Belgique, il rencontre tous les personnages qui ont fait ce pays, qu'ils soient réels ou inventés, importants ou pas. Toots Thielemans y est, Annie Cordy aussi, Poelvoorde, Charlemagne, etc. Le tout en un seul jour. Donner du bonheur au lecteur, de nos jours, il n'y a pas qu'en Belgique que c'est précieux. J'ai constaté que ce livre fait un bien fou. Et j'en suis très heureux.
Je pense que la France pratique vis-à-vis de la Belgique un paternalisme de proximité. Les Français ne prennent pas les Belges au sérieux, ils disent toujours qu'ils les adorent... Il y a cette phrase de Cocteau que je trouve merveilleuse : "Les Français n'aiment pas connaître ; ils aiment reconnaître". Dans le cas de l'affaire de la double nationalité demandée par Bernard Arnault, çà les a proprement sidérés parce qu'on n'est plus dans le pittoresque artistique. Comment s'adresser au public français? La France est nostalgique de sa gloire passée, autocentrée. Quand je me suis lancé, je me suis dit que je n'allais pas me préoccuper de ce qu'ils savent ou ne savent pas...puisque je sais qu'ils ne savent rien!
La Belgique a un poids de réalité évident, c'est un pays extraordinairement pragmatique. Bien sûr qu'elle existe en tant que pays, Etat, mais sans doute n'existe-t-elle pas beaucoup en tant que nation. Mais de mon point de vue, moi qui ai quitté le pays depuis trente ans, la Belgique est devenue un phantasme, une chimère, un lieu poétique et une matière à traiter. Lorsque j'y reviens, je suis en pays de connaissance, mais je ne suis plus chez moi.
Le titre "Le bonheur des Belges" m'est venu en dernier. En fait, j'avais d'abord eu d'autres idées... J'ai mis beaucoup de temps à mettre le livre en place, il m'a fallu du temps avant de comprendre qu'il me fallait tout réinventer. De la bataille de Waterloo à la naissance de la Belgique chanté par la Malibran...et Jacques Brel. Sinon, j'aurais fait un livre d'histoire. La Belgique est un pays en trompe-l'oeil, de Van Eyck à Magritte. C'est un pays du leurre, de l'illusion. Et mon livre crée l'illusion de l'illusion! La seconde chose, c'est qu'il me fallait tout euphoriser. Si je prenais tout au pied de la lettre, que ce soit l'extrémisme flamand ou l'affaire Dutroux, effectivement, il n'y avait pas de quoi rire".
mercredi 19 septembre 2012
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