Dans la revue "Le Carnet et les Instants" de mai, Alain Bertrand, professeur de français à Bastogne (province de Luxembourg), revient sur son parcours littéraire et sur ses relations avec ses éditeurs belges et français : "Mon rêve, c'était la coédition entre un éditeur belge et un éditeur français de taille moyenne. A une époque, l'éditeur bruxellois Bernard Gilson que j'appréciais énormément a travaillé avec Le Castor Astral. Pour moi, ce mariage était l'union parfaite : prendre un café avec Bernard à Bruxelles et boire un verre de Bourgueil à Paris, combiner la proximité amicale et l'efficacité de la distribution française. Hélàs, cela ne s'est jamais conclu pour mes livres. De ce fait, j'ai balancé de l'un à l'autre en fonction des projets, du type de livre, de l'écho géographique qu'il pouvait avoir. En communauté française, on a tendance à penser que ce qui est publié en France est meilleur que ce qui est publié en Belgique. Cette façon de voir est complètement fausse. Chaque manuscrit doit trouver son éditeur. Par exemple, "Le lait de la terre" , que je suis très heureux d'avoir publié cette année chez Weyrich, est impubliable en France : pas du tout pour des raisons littéraires, mais parce qu'il évoque l'Ardenne belge. C'est un simple problème commercial. Il y a d'autres exemples. Je me souviens avoir publié en 1995 chez Quorum "Les aventures du Belge errant" de François Jongen, un roman drôle mais impubliable en France parce qu'inscrit dans la réalité belge".
Alain Bertrand commence par la publication de trois essais : "Georges Simenon" en 1988 à La Manufacture, "Maigret" en 1994 chez Labor et "Jean-Claude Pirotte" en 1995 chez Labor également. En 1998, son premier livre de prose littéraire, "Lazare ou la lumière du jour" est publié par Le Temps qu'il fait, reçoit des échos positifs et le prix Eugène Schmits de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Alain Bertrand devient directeur de la collection "Le Point du Jour" chez Quorum, une maison belge aujourd'hui disparue où il va publier une douzaine d'ouvrages dans les années 90, puis conseiller littéraire chez Labor.
En 2003, il sort trois titres : "Le Bar des Hirondelles" chez Labor, "Monsieur Blanche" au Castor Astral et "La lumière des polders" chez Arléa. Plus tard, "On progresse" est publié par Dilettante et "Je ne suis pas un cadeau" par l'éditeur bordelais Finitude. C'est également Finitude qui publiera le prochain livre d'Alain Bertrand cet automne : "Une si jolie fermette", un livre en grand format illustré par Daniel Casanave, illustrateur et auteur de bande dessinée.
Parallèlement à son oeuvre personnelle, Alain Bertrand continue à porter des projets éditoriaux et, tout récemment, s'est lancé dans une nouvelle aventure avec l'éditeur Weyrich, maison spécialisée à l'origine dans l'édition des beaux livres sur la nature et le terroir : "Olivier Weyrich de Neufchâteau m'a contacté il y a deux ans pour réfléchir à une collection littéraire. J'ai d'abord pensé au roman policier mais, à une époque où la Belgique vacillait, j'ai ressenti, sans que ce soit de l'opportunisme, que c'était le moment de s'interroger sur l'identité wallonne, qui pour moi est en construction. Ce n'est pas du régionalisme qui est généralement passéiste. Il s'agit de réfléchir à une littérature inscrite dans un territoire selon les différents points de vue des auteurs, sans oublier de raconter des histoires et de proposer une qualité littéraire et stylistique. Il n'y a pas que l'ancrage wallon. Ce n'est pas une école coincée par une idéologie. Rien n'est plus différent que l'univers de Bernard Gheur et son évocation poétique de Liège sous la guerre ou celui de Frédéric Saenen qui propose un roman noir autour des banlieues liégeoises. Si mon dernier roman "L'oeil de la mouche" est paru là, c'est parce que je crois en cette collection. C'était aussi un cadeau à Olivier Weyrich qui m'a confié l'animation de cette collection, animation que je partage avec d'autres personnes. Le titre de la collection, "Plumes du Coq", a été le plus difficile à trouver, jusqu'à ce qu'il jaillisse de la bouche de la compagne de Frédéric Saenen, alors que nous partagions une potée aux choux".
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