Né à Uccle en 1947, Geert Van Istendael est un écrivain, journaliste, poète et traducteur belge. Au cours des premiers chapitres, il revient sur l'histoire de notre pays, et s'attarde longuement sur la première et la deuxième guerres mondiales. Il fait remarquer : "Depuis la conquête de nos provinces par les Espagnols, depuis la fin du XVIème siècle donc, nos lois nous arrivaient de villes lointaines, inconnues et insolites, comme Madrid ou Vienne. C'est le sort historique que Flamands et Wallons ont partagé, ce qui explique en partie pourquoi personne n'est plus semblable au Wallon que le Flamand, et vice-versa".
Il prend ensuite la défense des Flamands qui se sont battus pour la reconnaissance du néerlandais, et des soldats qui ne comprenaient pas, durant la première guerre mondiale, les ordres donnés en français par des officiers francophones.
Mais Geert Van Istendael souligne : "Le mouvement flamand s'est inventé un passé exagérément romantique, qui s'appuie sur la période, glorieuse mais courte, du comté de Flandre au XIVème siècle. C'est de là, en réaction à l'Etat belge et francophone, qu'est né le concept de la Flandre, à laquelle appartiennent, au mépris total de l'histoire, le Brabant et le Limbourg : avant 1830, la chose aurait été totalement incompréhensible. La Flandre est donc un dérivé de la Belgique (...) L'idée de Wallonie est à son tour une réaction. La Wallonie est l'effet secondaire d'un dérivé. Le nom de Wallonie pour la partie francophone de la Belgique (sans la partie francophone de Bruxelles) a été trouvé en 1842 par le poète populaire namurois Joseph Grandgagnage".
L'auteur explique ensuite (en défendant le point de vue flamand) la frontière linguistique, les communes à facilités, les différences entre le flamand et le néerlandais, la multiculturalité et la francisation de Bruxelles. Puis, il rend hommage à l'histoire industrielle et à la culture wallones, et rappelle qu'il a écrit un recueil de poésies sur son amour du Borinage! Dans les derniers chapitres, Geert Van Istendael nous présente la peu connue communauté germanophone de Belgique, les différentes institutions, les partis, les syndicats, ainsi que l'évolution du rôle de la religion au sein de notre société.
Ce livre bien écrit et très intéressant permet de mieux comprendre la complexité du "labyrinthe belge" d'une part, et d'avoir le point de vue d'un Flamand modéré d'autre part. Bravo à l'éditeur qui a eu la très bonne idée de le faire traduire en français.
Je laisse le soin de conclure à Geert Van Istendael :
"La Belgique, c'est un modèle de l'Europe en miniature. La Belgique, c'est le terrain où le nord se heurte au sud, où l'élément latin rencontre l'élément germanique, où l'on se rend compte que ces rencontres ne sont pas du tout évidentes. La Belgique parvient à organiser le rapport de forces qui est inévitable entre les langues et les cultures. La capitale de la Belgique est aussi une des dernières villes bilingues qui nous restent en Europe. Je suis très attaché à la Belgique, ce pays imprévisible, légèrement chaotique, maladroit, attendrissant, parfois moche, parfois sublime, ce pays toujours un peu fou. Si la Belgique disparaît, un signal d'alerte clignotant perpétuellement disparaîtra. L'existence en soi de la Belgique est un avertissement. Voyez comme c'est difficile, la rencontre entre langues et cultures. Voyez aussi comme c'est passionnant. L'Europe sera belge ou ne sera pas".
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