dimanche 18 septembre 2011

Interview croisée de Micheline Boland et Louis Delville (2ème partie)

3° Comment se passe votre travail d'écriture? Est-ce que vous travaillez parfois sur un même projet? Est-ce que vous vous montrez des parties de textes ou préférez-vous montrer le résultat final? Qui a le plus d'influence sur l'écriture de l'autre?

Micheline : Je travaille le plus souvent directement sur ordinateur. Je me sers parfois de notes prises à la main sur de petits papiers. Il est assez rare que Louis et moi travaillions sur un même projet. Lorsque c'est le cas, nous l'abordons de manière différente (je pense, par exemple, à l'habillage d'un film muet que nous avons tous les deux réalisé à notre façon, Louis a établi un parallèle entre ce film et des images de la catastrophe du Bois du Cazier en 1956. Moi, j'étais partie sur l'idée d'écrire de la poésie à propos de chaque séquence avant de mêler narration et poésie). Il arrive que Louis lise un début de nouvelle ou de conte mais le plus souvent il prend connaissance d'un résultat final. Il est axé sur la compréhension maximale du texte, a horreur du flou, des zones d'ombre et de certains termes comme observer ou remarquer. Pour ma part, j'aime parfois laisser des imprécisions que le lecteur peut meubler comme il l'entend. Nous avons parfois une influence l'un sur l'autre, plus particulièrement en ce qui concerne la chute de nos histoires. Louis n'apprécie pas trop quand une nouvelle finit bien...

Louis : Mon tempérament paresseux fait que j'écris très peu. Chez moi, c'est toujours directement sur ordinateur. Lors des ateliers d'écriture, c'est évidemment avec stylo et papier. Les seuls moments de travail commun sont parfois consacrés à un conte que nous avons le projet de défendre ensemble, ce qui se passe régulièrement lors du concours de Surice et le fameux "habillage" du film : une superbe aventure pour un projet unique. J'aime relire les écrits de Micheline pour les peaufiner et éliminer les petites imperfections laissées par excès de précipitation de l'auteur... Micheline a toujours l'impression que tous ses lecteurs vont comprendre et je joue souvent le "candide"! Elle relit volontiers mes bêtises et souvent retrouve des fautes d'orthographe! Avons-nous une influence l'un sur l'autre? Je ne le crois pas. Parfois, je lui suggère une autre façon de tuer sa "victime"! Quant à moi, j'apprécie qu'elle m'aide à trouver une chute meilleure que celle que j'ai imaginée.

4° Est-ce facile de se faire une place dans le monde littéraire belge? Comment faites-vous pour vous faire connaître?

Micheline : Il n'est pas facile de se faire une place dans le monde littéraire belge. Il est plus difficile aujourd'hui que lorsque mon premier recueil de contes est sorti d'avoir ses livres repris en bibliothèque. Actuellement, les bibliothécaires doivent passer par une centrale d'achat. Même quand on est copine avec une bibliothécaire, c'est le parcours du combattant. Pour que le livre puisse être vendu en librairie, il faut que l'éditeur passe par un distributeur ou encore que l'on laisse ses livres en dépôt. Pour me faire connaître, je participe à des foires du livre où je distribue des petits textes qui sont comme des échantillons de mon écriture. J'ai un site et un blog, je suis membre de Facebook, certains contes sont repris sur des sites en rapport avec les thèmes développés (exemple : "Charles Quint et le chocolat" est sur le site chococlic.com). Je participe à certains concours. Cela m'a, par exemple, donné l'occasion d'entendre une de mes nouvelles diffusée par la RTBF. Les responsables d'un journal publicitaire local acceptent de faire de la publicité pour mes livres quand ils sortent et de publier certains de mes textes courts. Grand merci à eux! De plus, je suis conteuse. Quand je conte, il m'arrive de dire que j'écris aussi et de distribuer des cartes de visite... Je ne suis guère douée en marketing et cela réclame un effort non négligeable. Par ailleurs, je ne fais partie d'aucune association d'écrivains. Celles-ci demandent que l'on offre plusieurs de ses livres avant de pouvoir juger si on est digne ou pas d'en être membre. Je soulignerai qu'entre auteurs de la maison d'édition Chloé des Lys, nous sommes solidaires et nous faisons volontiers de la publicité les uns pour les autres.

Louis : Il n'est guère facile de se faire connaître et de trouver, même une toute petite place, au sein de ce monde littéraire, même simplement belge! Les débutants non édités par un "grand" éditeur n'ont guère de chance : toutes les portes sont fermées. Les bibliothèques sont pauvres et doivent respecter des réglements draconiens sous peine de se voir privées de leurs subsides. Les libraires n'ont pas de place et ne veulent pas prendre le risque d'avoir des invendus. Que faire donc? Cibler tout azimut, faire parler de soi partout, essayer de rencontrer des gens influents, entretenir des relations, ne jamais hésiter à se montrer ni à parler de son ou de ses livres, fréquenter les autres auteurs pour se rendre compte de ce qu'ils font mieux que vous. Malheur aux timides et aux inactifs! Utiliser les moyens modernes de communication comme Facebook, un blog, YouTube permet de toucher un nombre incalculable de clients potentiels. J'essaie aussi de laisser des "traces" de mes écrits partout où je peux par la distribution de petits textes joliment présentés. Un seul but : faites parler de vous!

5° Quels sont vos projets pour les prochains mois? Avez-vous une "envie littéraire" que vous aimeriez réussir? Est-ce qu'écrire un livre à deux vous plairait?

Louis : Comme j'écris très peu, je n'ai sûrement pas de livre en préparation! Par contre, d'autres projets sont déjà dans le pipe-line :
- une participation à une chorale qui s'est formée pour un unique concert début octobre. Au programme, des chansons ouvrières et révolutionnaires. De quoi fêter dignement le centième anniversaire de l'Exposition Internationale de Charleroi 1911-2011.
- pour continuer dans la même voie, enfin présenter devant public le projet proposé à la Bibliothèque Marguerite Yourcenar de Marchienne-au-Pont : "Contes et anecdotes du vieux Charleroi de 1666 à l'an 2000".
- en commun avec Micheline, un projet avorté en ce mois d'août et que je compte relancer pour la fin d'année si notre partenaire commercial joue le jeu, cette fois! Je n'en dirai pas plus et vous aurez peut-être la surprise...
- continuer le chemin du conte. Trois formations cette année avec trois vrais conteurs. De quoi être un peu mieux armé! Une présentation prévue en octobre dans le Brabant wallon.
- participer au concours de contes de Surice et peut-être y être finaliste au printemps?
- rencontrer des amis et parler d'avenir... Concernant l'écriture d'un livre à quatre mains, je me demande lequel de nous deux serait le plus réticent? Mais j'examinerai cette possibilité avec bienveillance s'il y a demande!

Micheline : Je travaille actuellement à la mise au point de la maquette "Des bleus au coeur", mon prochain recueil de nouvelles qui paraîtra en 2012 chez Chloé des Lys. Par ailleurs, le manuscrit d'un troisième recueil de contes attend la décision du comité de lecture... J'ai l'un ou l'autre projet de participation à des spectacles de contes et de présentation d'un de mes livres dans une bibliothèque. Je n'en dirai pas plus parce que j'ai déjà été victime de la distraction d'une bibliothécaire, du désistement d'un responsable commercial et de l'oubli d'un journaliste. De ce fait, je deviens un peu superstitieuse! Comme les autres années, j'aimerais aussi participer à certaines foires du livre (cela dépend de mon éditeur). Je viens d'écrire deux débuts de nouvelles qui seront achevées par des enfants ; je suis curieuse de lire, au printemps prochain, ce qu'ils en auront fait. Je continue à écrire des nouvelles, des contes, de la poésie en fonction de mon inspiration spontanée et des thèmes de concours. Je ne participe quasiment qu'à des concours gratuits mais il m'arrive de travailler sur les thèmes proposés et de les considérer comme une forme de stimulation. Une envie littéraire? Durant l'hiver, j'ai commencé un roman. Peut-être vais-je penser à le terminer plutôt que de me contenter d'histoires courtes... Je me dis "quand je serai à court de sujets, je m'y remettrai", mais cela m'arrive si rarement! L'écriture d'un livre à quatre mains? Je n'y ai pas encore pensé. Pourtant, voilà qui pourrait être un beau projet. Ecrire un roman un chapitre sur deux pour mieux faire rebondir l'histoire? C'est à envisager... Merci à toi, Petit Belge, pour l'attention que tu portes aux auteurs belges et pour cette interview croisée à laquelle nous avons répondu avec plaisir.

1 commentaire :

  1. Grand merci !

    En espérant que les personnes qui nous connaissent auront appris des choses !

    Micheline et Louis

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