mercredi 28 avril 2010

"Ni d'Eve, ni d'Adam" (Amélie Nothomb)

"Ni d'Eve, ni d'Adam" est mon livre préféré parmi les trois ouvrages d'Amélie Nothomb que j'ai déjà lus (j'ai aimé "Les Catilinaires" et j'ai détesté "Hygiène de l'assassin"). Dans ce livre autobiographique, elle raconte son idylle en 1989-1990 avec Rinri, un jeune Tokyoïte, à qui elle donnait des cours de français. Amélie nous fait découvrir les us et coutumes du Japon, un pays qu'elle adore et où elle a vécu plusieurs années lorsque son père y était ambassadeur de Belgique. Elle nous parle de ses liens très forts avec sa soeur Juliette et des moments agréables passés avec son petit ami gentil et intéressant.

Cette vie douce et paisible s'interrompt lorsqu'Amélie devient employée dans une compagnie nippone (voir le livre "Stupeur et tremblements") et lorsque Rinri lui propose de l'épouser. Elle ne répond ni oui, ni non : "Quel soulagement d'avoir trouvé la solution des fiançailles! C'était une réponse liquide en ceci qu'elle ne résolvait rien et remettait le problème à plus tard" (p. 214).

Il y a aussi le virus de l'écriture : "Quitter ma bourrelle et bénéficier de l'aisance matérielle, jouir du farniente à perpétuité avec pour seule condition de vivre en compagnie d'un garçon charmant, qui eût hésité? Moi, sans que je puisse ne l'expliquer, j'attendais autre chose. Je ne savais en quoi elle consisterait, mais j'étais sûre de l'espérer. Un désir est d'autant plus violent qu'on en ignore l'objet. La part consciente de ce rêve était l'écriture qui m'occupait déjà tellement. Certes, je ne m'illusionnais pas au point de croire être publiée un jour, encore moins d'imaginer y trouver un moyen de subsistance. Mais je voulais absurdement tester cette expérience, ne fût-ce que pour n'avoir jamais à regretter de ne pas l'avoir essayée" (p. 217-218).

En janvier 1991, Amélie démissionne et quitte le Japon pour rejoindre la Belgique. Elle est sûre de sa décision : "C'était parce qu'il n'y avait pas de mal en lui que je l'aimais beaucoup. C'était à cause de son étrangeté au mal que je n'avais pas d'amour pour lui" (p. 228).

A Bruxelles, Amélie vit avec sa soeur et écrit son premier roman, "Hygiène de l'assassin". Rinri prend de ses nouvelles : "Jamais de reproche. Il était gentil. J'avais un peu mauvaise conscience, mais cela passait vite. Peu à peu, les coups de téléphone s'espacèrent jusqu'à cesser. Me fut épargné cet épisode sinistre entre tous, barbare et mensonger, qui s'appelle la rupture" (p. 239-240). Les anciens fiancés se revoient en 1996 lors de la promotion d'un roman d'Amélie traduit en japonais. Rinri s'est marié avec une jeune Française.

3 commentaires :

  1. Je ne sais pas me mettre à lire A. Nothomb. Quelque chose me retient.
    Connais-tu Daniel Charneux et son livre "Maman Jeanne"? Super ! J'en parlerai demain.

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  2. Je suis comme toi en ce qui concerne Amélie. Je suis "baba" devant son talent mais j'ai détesté l'Hygiène de l'assassin et adoré Stupeur et tremblements. Son style est parfait, mais je n'aime pas forcément ce qu'elle choisit de raconter.

    Pourtant, tu en as parlé d'autres fois et comme personne, elle m'interpelle de plus en plus. Et je serais en effet tentée par ce livre aussi!

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  3. Bonjour ! Quand j'ai ouvert "Les Catilinaires", j'ai été très déçue? "Quoi! C'était ça Amélie Nothomb dont on parlait tant?" C'était sûrement bien écrit oui, mais je n'ai absolument pas mordu. Je ne sais pas comment j'ai fini par acheter et lire "Stupeur et tremblements", car je devenais de plus en plus allergique -non au personnage, pas la peine de la charger parce qu'elle publie un livre par an...- mais à ce que les medias présentaient du personnage.

    Toutefois, "Stupeur et tremblements" reste, à mon sens, une pleine réussite car le problème qu'elle y aborde est un problème majeur de société, de la société actuelle (on n'a pas eu de guerre ai-je lu un jour quelque part, mais en revanche, on aura eu "l'entreprise"), problème auxquels sont confrontés des milliers si pas des millions de personnes exploitées de par le monde, économiquement, sexuellement, financièrement et finalement, dépersonnalisées de façon révoltante.

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