mercredi 18 septembre 2019

Les maisons et musées d'écrivains belges

Au nord du pays, il existe plusieurs maisons d'écrivains (Guido Gezelle, Herman Teirlinck, Cyriel Verschaeve, Ernest Claes, René De Clercq, André Demedts), un espace consacré à Louis-Paul Boon à Alost, deux musées liés à des écrivains francophones de Flandre (Emile Verhaeren et Maurice Maeterlinck), ainsi qu'une exposition permanente à la Letterenhuis à Anvers.

Emile Verhaeren (décédé en 1916) est le plus honoré avec un hommage dans les trois régions du pays :

- aux Archives et Musée de la Littérature (Bruxelles) :  on trouve son cabinet de travail tel qu'il se trouvait dans sa maison de Saint-Cloud

- le Musée Emile Verhaeren à Sint-Amands (province d'Anvers) :  http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2019/04/rik-hemmerijck-conservateur-du-musee.html

- l'Espace Emile Verhaeren à Roisin (province de Hainaut) :
http://ecrivainsbelges.blogspot.com/2009/07/sauvons-le-musee-emile-verhaeren-roisin.html

Mais il existe d'autres maisons et musées d'écrivains belges francophones :

- la maison de Maurice Carême (décédé en 1978) qui la créa de son vivant via une fondation

- la maison natale d'Adolphe Hardy (décédé en 1954) à Dison, devenue un musée dédié à cet auteur trente ans après sa mort

- le musée Camille Lemonnier accueille aussi le siège de l'Association des Ecrivains Belges

- le cabinet Georges Rodenbach :  exposé au Musée du Folklore de sa ville natale de Tournai jusqu'en 2018, il devrait être désormais reconstitué au musée des Beaux-Arts de Tournai

- le cabinet Maurice Maeterlinck (Prix Nobel de Littérature 1911) à Gand

- le bureau de Charles Plisnier (Prix Goncourt 1937) à la Maison Losseau à Mons, où il a vécu sa jeunesse. Joyau de l'art nouveau, cette maison léguée par Léon Losseau abrite aussi le Centre de littérature hennuyère.

On pourrait s'étonner qu'il n'existe pas de musée consacré à Georges Simenon, mais il ne le voulait pas. Par contre, il a légué des choses à l'Université de Liège en demandant que ce ne soit accessible qu'aux étudiants, aux chercheurs et à ceux qui travaillent sur son œuvre.

Rappelons aussi que divers ouvrages "Sur les pas des écrivains…" permettent de retrouver des traces de nos auteurs belges. Il y aurait moyen de mettre beaucoup mieux en valeur tout ce patrimoine littéraire, mais les compétences culturelles étant réparties entre tellement de responsables politiques qu'il est difficile d'envisager un tel projet commun. Dommage...

mercredi 4 septembre 2019

Les Rendez-Vous de la Luzerne

En 2013, Pascale Toussaint, professeur de français, avait écrit le livre "J'habite la maison de Louis Scutenaire", publié par les éditions Weyrich dans leur collection "Plumes du Coq". Depuis 2017, sa maison (située 20, rue de la Luzerne à 1030 Bruxelles) est devenu aussi un rendez-vous littéraire.

Pascale Toussaint s'est confiée à la revue "Le Carnet et les Instants" :

"Nous vivons dans la maison où Louis Scutenaire a passé la plus grande partie de sa vie. Nous en sommes les deuxièmes propriétaires. C'est donc une maison d'écrivains. L'idée était de prolonger, de réactualiser les rencontres d'écrivains et d'artistes dont la maison de Louis Scutenaire a été le théâtre, et d'organiser à notre tour des rencontres autour de la littérature et de la musique. Comme Louis Scutenaire et Irène Hamoir, nous sommes un couple d'écrivains. Particulièrement investis dans le monde de la littérature belge, nous aurions trouvé dommage, dans un tel contexte, de n'en rien partager. Nous avons donc décidé d'offrir ces "Rendez-vous de la Luzerne" gratuitement au public. 

Nous donnons à nos invités l'occasion de parler de leur travail, de le faire entendre, devant le public de plus en plus nombreux qui nous rejoint dans un cadre connoté culturellement mais convivial. Cela offre une proximité entre le public et le monde des arts et des lettres qu'on ne trouve pas ailleurs, dans des lieux plus commerciaux ou officiels. Les conversations à bâtons rompus, la rencontre de deux ou plusieurs intelligences, le style décontracté d'un modeste salon domestique permettent une familiarité avec le monde de la création, un abord simple et direct qui n'exclut pas la qualité. Nous choisissons avec l'invité celui qui mènera l'entretien. Nous laissons totalement carte blanche aux interlocuteurs en présence. Les entretiens sont ponctués de lectures ou de moments musicaux qui permettent une respiration et parfois une découverte de textes ou d'œuvres qu'on n'aurait peut-être pas l'occasion d'entendre autrement. La parole est donnée au public à la fin de l'entretien et le tout se prolonge autour d'un verre de vin.

Les gens que nous invitons sont jusqu'à présent des écrivains, éditeurs et artistes belges, ou ayant un lien avec le monde de la culture de Belgique. Connus ou moins connus. Nous sommes passionnés de littérature belge, qu'elle soit d'ordre patrimonial ou ancrée dans l'actualité. Mais il n'y a pas d'exclusive :  la Belgique n'est pas une tour d'ivoire.

Nous voyons la littérature belge comme très spécifique au sein de la francophonie. Elle est, comme on sait, issue d'une pensée originale à la charnière des sensibilités latine et germanique. Elle véhicule des modes d'expression d'une extrême richesse qui la distinguent clairement des autres. L'usage du français impose le rapprochement avec la littérature de France, mais c'est aussi ce qui permet de mieux l'en différencier. Ecrire dans le français des Belges, c'est écrire en bon français, puisque c'est le nôtre. La littérature belge tend actuellement à accentuer ce qui la caractérise, à mieux définir les balises d'une autonomie qui la dégage de son image vieillotte de "petite sœur" des Lettres françaises. Le réalisme magique, le fantastique, la poésie du quotidien, le goût des autres, l'amour d'une terre difficile, un humour fait d'autodérision et de bienveillance qui ne ressemble à aucun autre… Chaque lecteur, érudit ou non, complètera à sa guise".