Passionné d'histoire militaire, Pascal Comblez plonge le lecteur au beau milieu de l'un des événéments les plus mystérieux de la première guerre mondiale. Ce roman, qu'il a souhaité aussi proche que possible de la réalité historique, retrace l'incroyable aventure d'un groupe d'hommes qui, plongés dans des combats atroces, se sont soudain retrouvés confrontés à l'inexplicable.
En effet, au début de la première guerre mondiale, le corps expéditionnaire britannique déployé en Belgique se trouve alors encerclé près de Mons (chef-lieu du Hainaut, non loin de la frontière française). Sa situation est catastrophique et seul un miracle semble en mesure d'inverser le cours de l'histoire... Soudain, le 23 août 1914 peu avant minuit et alors que beaucoup ont perdu foi et espoir, à l'image du sergent James Gallagher (héros du roman), la terre se met à trembler et une intense lueur envahit la nuit, ce qui va permettre aux soldats britanniques de s'échapper et de rejoindre les troupes françaises.
Très vite, ce récit d'intervention naturelle se répand au cœur des champs de bataille. Les récits des témoins ont inspiré une nouvelle à succès d'Arthur Machen, "The Bowmen" (les Archers), publiée dans le London Evening News du 29 septembre 1914. La légende des Anges de Mons prenait corps dans l'engouement populaire...
Ce roman émouvant est bien écrit et agréable à lire. Il était déjà sorti il y a quelques années (voir interview de l'auteur : http://ecrivainsbelges.blogspot.be/2013/09/les-ailes-de-lespoir-david-cockney.html), mais il a été republié par l'asbl Hainaut, Culture et Démocratie en 2014 pour le centenaire de la bataille de Mons qui a été commémoré en présence du roi Philippe, de la reine Mathilde, des princes William, Catherine et Harry de Grande-Bretagne.
mercredi 15 juillet 2015
mercredi 8 juillet 2015
"Dieu au vif" (Colette Nys-Mazure)
La collection "Grands Témoins" a pour objectif d'accueillir des hommes et des femmes qui dévoilent leur itinéraire spirituel. La foi de Colette Nys-Mazure transparaît ici et là dans beaucoup de ses livres, mais elle ne s'était jamais autant confiée sur son itinéraire de chrétienne. Elle était d'ailleurs réticente au début : "Ce qui se joue entre Dieu et chacun de nous ne relève du regard de personne (...) Je supporte mal notre ère d' "intimité surexposée", selon l'expression du sociologue Serge Tisseron".
Colette Nys-Mazure revient d'abord sur son enfance, la deuxième guerre mondiale, le décès de ses parents et la rencontre avec Mère Marie-Tarcisius. Elle confie : "La seule chose à ajouter à ce chapitre premier de l'aventure d'une vie, c'est le fait de n'avoir jamais imputé à Dieu le malheur qui nous était arrivé. Nous avons grandi tous trois dans une famille élargie, profondément chrétienne, ébranlée par ce double drame sans jamais se révolter : c'était le malheur d'un accident de la route et celui d'une maladie aggravée par les circonstances tragiques. La spiritualité dont Mère Marie-Tarcisius m'a ouvert le chemin ne part pas de la rebellion. Elle puise dans une nappe phréatique préparée depuis des générations par des hommes et des femmes réellement croyants".
Dans la deuxième partie, Colette explique son amour de la lecture, de l'écriture et du partage autour de l'écrit ("Dieu n'est pas extérieur au parcours humain et artistique que je viens d'esquisser. Au contraire, il en est le sens et la source"). Elle confie ensuite :
"Etre d'église, c'est être de l'assemblée des croyants. Oui mais comme je suis mal à l'aise parmi les ors, les pompes et l'encens à volonté! Et face à la hiérarchie résolument masculine, à l'exercice d'un pouvoir (...) Cependant, l'Eglise m'est simultanément apparue comme une famille élargie et, comme toute famille, dotée de personnes affectueuses, joyeuses, dont on recherche la présence, et d'autres dont on a secrètement honte, tout en se sachant soi-même peu recommandable".
L'auteur est proche de la communauté de Taizé dont son frère médecin fait partie : "Sur la colline, je respire l'air de l'Evangile : la simplicité du cœur et de la vie, le temps de la prière, du chant et du silence, la réconciliation, la beauté sous toutes ses formes. Lorsque m'accablent ma faiblesse et celle des autres, je vais y reprendre âme".
Elle donne aussi son avis sur les affaires de pédophilie : "On fait à juste titre le procès des prêtres pédophiles. La question est trop grave pour qu'on la réduise à une seule catégorie de personnes ; elle doit être appréhendée dans son ampleur. Le premier terrain de l'inceste est souvent la famille elle-même ; certains milieux sportifs ou artistiques ont leur quota de déviants. L'anticléricalisme primaire cherche en l'Eglise un bouc émissaire et attribue naïvement l'attirance pédophile au seul célibat ecclésiastique".
Plus loin, elle revient sur le célibat : "Si je désire que le célibat des prêtres relève d'un choix et non d'une obligation, ce n'est pas parce que je crois le célibat impossible à tenir, mais parce qu'il n'est pas donné à tous de pouvoir le vivre joyeusement. Pas plus que tous les êtres humains ne sont faits pour le mariage".
Colette conclut ce livre personnel, touchant et spirituel par ces mots : "Je table sur une Eglise qui avoue ses erreurs tout en avançant sous le souffle de l'Esprit et je mets mon espoir en un pape François, résolu à la simplicité, à la fraternité. J'aspire à ce que les femmes soient reconnues selon leurs dons spécifiques dans une Eglise délivrée de son sexisme frileux. Je suis convaincue qu'elles métamorphoseront une assemblée cléricale en un espace convivial où l'inspiration de la jeunesse ne sera pas étouffée par la hiérarchie. J'espère en la Beauté, cet autre nom de Dieu. Dieu au vif".
mercredi 1 juillet 2015
"Journal d'une Verviétoise des Boulevards (1908-1943)" d'Edmée De Xhavée
Déjà auteur de plusieurs romans et recueils de nouvelles, Edmée De Xhavée rend un très bel hommage à ses grands-parents paternels dans cet ouvrage très bien écrit et agréable à lire. Elle s'est aidée du journal intime tenu par sa grand-mère de 1908 à sa mort en 1943 : "un témoignage parfois surprenant et touchant sur sa vie, une vie qui n'eût rien de vraiment extraordinaire et qui, justement, reflète ce que pouvait être le train-train sans histoire d'une jeune fille des Boulevards qui devient femme, mère et affronte, comme tout le monde, cette montagne russe qu'est la vie".
Née en 1893, l'enfance bourgeoise de Suzanne se partage entre Verviers, la maison de campagne à Nismes, le séjour annuel à la côte belge et des vacances dans les pays voisins. A 17 ans, elle part en pension à Bonn en Allemagne, puis quelques mois en Angleterre. Edmée conclut : "La voici suffisamment cultivée et éduquée pour faire la fierté de tout époux normalement exigeant. Elle aura bon caractère, saura intervenir brillamment dans les conversations touchant à l'art de se divertir avec finesse, animera harmonieusement silences et réunions de son toucher allègre sur le piano et ne dira jamais à son mari qu'elle "s'ennuie" et qu'il devrait la distraire. Elle a ainsi le bagage pour une certaine autonomie intellectuelle et culturelle". Mais son cœur bat déjà pour son voisin Albert.
L'année 1914 commence bien avec l'exposition des toiles de son oncle peintre Charles Houben. Suzanne est à la côte lorsque les Allemands envahissent la Belgique. Sa famille s'enfuit aux Pays-Bas. L'insouciance est terminée mais Albert et Suzanne se fiancent en secret en 1916 (leur famille ne sera au courant qu'un an plus tard). Leur mariage a lieu en 1919 et sera heureux. Un an plus tard, ils décident de partir en Uruguay où ils restent jusqu'en 1926. C'est là que naît leur fils unique Jack. Première voiture en 1937.
La deuxième guerre mondiale éclate. Pendant que Suzanne et son fils s'enfuient en France, Albert est rappelé à la caserne de Namur, puis prisonnier de guerre en Westphalie. Le journal intime de Suzanne et Albert, et les souvenirs de Jack permettent de restituer la vie quotidienne à Verviers sous l'Occupation. Libéré, Albert s'engage dans l'Armée Secrète de Belgique.
Suzanne décède d'un cancer en 1943. L'année suivante, Albert succombe d'une crise cardiaque, après avoir eu le bonheur de vivre la libération de notre pays. Ils reposent au cimetière de Heusy, rejoints récemment par leur fils Jack. Et leur souvenir est désormais bien vivant grâce à ce livre de leur petite-fille qui écrit : "De l'argent de la famille, il ne reste que le souvenir, quelques babioles, beaucoup de photos et ces carnets. Mais surtout, surtout, il y a cette belle éducation qui continue de génétiquement se propager, l'amour des choses belles même si simples et sans coût, le plaisir de l'affection, le goût du juste. La joie du voyage, proche ou lointain, le retour aux lieux connus et aimés par plusieurs générations. L'argent passe, s'écoule, va aider ou empoisonner d'autres vies. Mais la faim de vivre est imprimée en nous".
"Journal d'une Verviétoise des boulevards", ce ne sont pas uniquement des souvenirs familiaux et verviétois. C'est aussi un livre qui plaira aux amateurs d'Histoire et d'histoires, et qui intéressera les historiens et sociologues sur la vie quotidienne durant les deux guerres mondiales, et sur la vie d'une famille bourgeoise de la première moitié du 20ème siècle.
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