samedi 9 mars 2013

Nouveau roman d'Armel Job


couverture  "Le bon coupable", le nouveau roman d'Armel Job, se passe dans un petit village entre Liège et les Ardennes en 1960. C'est dimanche, tout est calme, les femmes sont à la messe, les hommes sur les bords de la rivière, qui pêchent à la mouche. A la demande de sa maman, Clara remonte en courant la rue du Calvaire pour aller chercher son père dont l'atelier est situé de l'autre côté de la rue. Le conducteur, procureur du Roi, ne voit pas la gamine qu'il renverse avant de prendre la fuite. Morte. Quelques instants plus tard, un autre véhicule emprunte la rue du Calvaire. A son bord, un homme ivre qui, trois kilomètres plus loin, va finir sa course dans la rivière. Un coupable tout trouvé...   A l'occasion de la sortie de son nouveau roman, l'écrivain belge Armel Job a répondu aux questions du journal "La Dernière Heure" :

"Vous avez réussi à faire douter le lecteur jusqu'au dernier moment?
- Spontanément, je pense que le lecteur a envie que la justice soit établie, que la vérité éclate et que le bien l'emporte. Mais je pense qu'un happy end dans cette histoire tragique, çà ferait un très mauvais roman. Banal, apaisant. Alors que, pour moi, un livre doit interpeller le lecteur. Je suis très content quand on me dit qu'on n'est pas d'accord! Ca oblige à continuer de se poser des questions... Mais moi, le lecteur, si j'étais dans la situation de cet homme-là, qu'est-ce que j'aurais fait?

- La sous-question est : comment vivre avec çà sur la conscience?
- Le problème se pose d'une manière générale dans le roman. La question centrale est celle de la culpabilité et ce que l'on va faire de ce sentiment. Va-t-on s'appuyer sur ce sentiment pour combattre le mal qui est à notre portée ou est-ce qu'on va, une fois de plus, comme on le fait si souvent dans la vie, user de systèmes dilatoires et continuer à vivre avec des compromis?

- A des degrés divers et pour des raisons diverses, tous les personnages portent une certaine culpabilité : les parents, le frère, le procureur, sa maîtresse?
- Je crois que c'est le reflet de la vie. Qui peut dire qu'il traverse l'existence, tel un chevalier blanc, sans jamais contribuer au mal? Justement, dans un roman, c'est de montrer comment les gens sont véritablement.

- Cette histoire se déroule en 1960. Ca n'aurait pas pu se produire aujourd'hui?
- L'événement lui-même pourrait se passer aujourd'hui... Ce qui est intéressant dans ce procédé littéraire, c'est qu'on met les choses à distance. Les protagonistes sont morts, on sait que l'histoire est terminée et je peux l'examiner comme peut le faire le lecteur. On lui donne le panorama complet de ce qui s'est passé, avec les sentiments des gens et des protagonistes de l'affaire.

- La base de cette histoire, c'est un fait divers dont vous vous êtes souvenu, ou bien c'est purement un travail de romancier?
- Il n'y a pas de sujet totalement fictif... Je voulais écrire un sujet sur un délit de fuite, parce que c'est une situation intéressante pour un romancier : pourquoi une personne qui a commis un délit ne l'assume pas? Comment çà se fait? Et il se fait que quand j'étais enfant, une petite fille de ma famille a été écrasée et je me souviens de çà avec beaucoup d'émotion...

- A la fin de votre livre, vous remerciez un magistrat pour ses conseils sur la justice. En revanche, personne n'a pu vous dire ce qu'était le chagrin d'une mère qui perd son enfant. Et pourtant, c'est d'une justesse...
- Pour la justice elle-même, je voulais simplement savoir ce qui se passait pour ce genre d'événement : un juge d'instruction était-il nommé ou non? Je ne voulais pas commettre d'erreur. Mais ce qui se passe dans la tête du procureur du Roi, c'est moi qui l'imagine. Idem pour ce qui se passe dans la tête de la maman quand elle range la chambre de son enfant. C'est un mystère, même pour moi : je ne sais pas où je vais chercher ces émotions, si ce n'est que tous les êtres humains sont les mêmes. C'est sûr que ce n'est pas le genre de livre qu'on écrit dans un café au milieu du bruit. C'est plutôt après des heures de réflexion... Qu'est-ce que cette femme a pensé? Quand est-elle entrée dans la chambre de son enfant disparu? Qu'y a-t-elle vu? On essaie de l'imaginer... Si on fait ce travail de retour sur nous-même, on est tous capable de ressentir ce que les autres ressentent. Et c'est heureux parce que c'est ce qui fonde la commune humanité".

Cliquez ci-dessous sur "Job Armel" pour retrouver mes autres articles sur cet écrivain belge.

3 commentaires :

  1. blog intéressant pour découvrir des auteurs belges, d'autant que j'ai créé un challenge sur la littérature francophone sur mon blog

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  2. Je dois encore lire le précédent. Je manque vraiment de temps!
    Bonne fin de soirée.

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  3. J'aime beaucoup la conclusion, être capable de ressentir ce que les autres ressentent ...
    Je pense aussi qu'avec plus d'empathie, le monde serait plus juste !

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