Le Prix Rossel 2012 a été remis cette semaine au palais des Académies (Bruxelles) à Patrick Declerck pour "Démons me turlupinant", paru aux éditions Gallimard. Le jury 2012 était composé de deux libraires (Nathalie De Munck et Valérie d'Huart), de l'ancien chef du service culture du "Soir" Jean-Claude Vantroyen, et de six anciens lauréats du Prix Rossel (Thomas Gunzig, Michel Lambert, Ariane Le Fort, Pierre Mertens, Jean-Luc Outers et Isabelle Spaak).
De quoi parle le livre? Les démons intimes forment une histoire très personnelle. Celle de l'auteur, jetant presque en vrac, selon la logique d'une idée qui en entraîne une autre, ce qui l'a constitué en profondeur, depuis l'enfance. Dans les plis d'expériences diverses se dessine la forme d'une vie. Les contours n'en sont pas toujours très nets, volontairement. Car il s'agit de dire toutes les vérités, même quand elles impriment des traits moins agréables sur cette sorte d'autoportrait. Réalisé aussi à la lumière des autres, en particulier de quelques cas que Patrick Declerck a traités dans son travail d'analyste. Et sous le regard d'un père qui perd la vue quand sort le premier grand article de son fils.
Agé de 59 ans, Patrick Declerck est un auteur belge qui a beaucoup voyagé et s'est installé à Paris depuis 1980. Il a arrêté son métier de psychanalyste il y a une dizaine d'années pour se consacrer à l'écriture. Voici ce qu'il a confié à la presse après avoir reçu le 68ème Prix Rossel :
"Depuis toujours, j'ai des livres en moi. L'écriture est ma grande vocation, au sens littéral, celui de l'appel. Je sais que j'ai cet Everest devant moi depuis l'âge de deux ans. J'ai un rapport difficile au groupe et à la contrainte. Mon parcours à l'école a été une catastrophe, sauf ma première année primaire à Sainte-Marie à Schaerbeek où j'ai eu Michelle Cédric comme institutrice. Elle a été un professeur merveilleux pour le petit garçon timide que j'étais. J'ai arrêté de consulter au début des années 2000, le temps de prévenir mes patients. Je voulais résolument aller vers l'écriture, avec une liberté totale, ce qui est contradictoire avec mon travail. Mes analysants ne peuvent pas entendre leur psy parler de son livre à la radio, par exemple. Il faut avoir la courtoisie de la discrétion quand on est analyste. Les deux choses qui m'intéressent dans la vie sont le style et la philosophie. L'écriture est pour moi un but en soi, une activité profondément esthétique, même si cela paraît ridicule de le dire. Je voulais que mon livre soit une introduction à la psychanalyse et qu'il évoque mon enfance, ma névrose, ma pratique. Je ressens une culpabilité profonde à raconter ma vie, même avec ma subjectivité. Tout est vrai et tout est faux dans ce que j'écris. Les fragments de cas que j'évoque sont là pour montrer comment l'analyste et l'analysant sont immergés dans une humanité commune. Et, quoi qu'il arrive, le taux de mortalité des êtres humains frise les 100%. Un livre se construit mais les coutures doivent être invisibles. Je fais ici des allers-retours entre mon enfance, l'analyse que j'ai faite adulte et des extraits de cures analytiques. On peut enlever des morceaux à ce livre. Le chapitre sur Oedipe Roi n'est pas nécessaire à sa structure mais à son intelligence. Un nouveau livre, je l'écris d'abord dans ma tête. Cette phase de préparation lente est suivie d'une écriture rapide. A la relecture qui peut me prendre des mois, je n'effectue pas de grands changements mais des milliers de micro-corrections. A la fin d'un livre, je suis épuisé".
dimanche 9 décembre 2012
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