Il y a quelques mois, je vous avais retracé le parcours littéraire de Colette Nys-Mazure à partir de mes lectures : http://ecrivainsbelges.blogspot.be/2012/09/colette-nys-mazure-une-grande-dame-de.html
Dans le dernier numéro de la revue "Le Carnet et les Instants" (que vous pouvez recevoir sur simple demande au Service des Lettres de la Communauté française), elle revient sur ses rapports avec le monde de l'édition (plus de 60 livres depuis 1975 publiés par plus de 20 éditeurs).
Editions Froissart : "Mes premiers textes édités, ce fut un véritable cadeau de Robert-Lucien Geeraert, le président d'Unimuse, maison d'édition et association tournaisienne de poètes. Il avait terminé une année en boni et décidé de publier les premiers textes de plusieurs jeunes poètes de l'association, dont Marc Quaghebeur, Michel Voiturier et moi. "Six jeunes poètes" sort en 1975. Comme nous étions plusieurs, on a eu des critiques. Un récital a été organisé. Cela m'a encouragée à envoyer un manuscrit au prix Froissart : "La vie à foison"".
Editions Rougerie : "René Rougerie a beaucoup compté pour moi. C'est un pur des purs qui ne publie que de la poésie, de père en fils. Dans le temps, le père allait vendre ses recueils aux libraires à vélo. Il ne les laissait jamais en dépôt! Un libraire qui achète cinq recueils va automatiquement les mettre en valeur pour ne pas les garder".
Editions Le Dé Bleu : "Quand j'ai obtenu le prix Max-Pol Fouchet pour "Le for intérieur", il y avait un accord pour que le manuscrit soit publié dans cette maison d'édition. C'est ainsi que j'ai rencontré Louis Dubost qui a aussi édité "Seuils de Loire", un ensemble poétique issu de la résidence de poète 2002 à Rochefort-sur-Loire dont il a été l'éditeur de nombreuses années. Et ce Bourguignon installé en Vendée est devenu un ami".
Editions Desclée De Brouwer : "Marc Leboucher, l'éditeur de Desclée De Brouwer, que j'avais connu du temps où il était journaliste au magazine "Panorama", m'a invitée à déjeuner à Paris. Il me donnait carte blanche pour publier ce que je voulais chez eux. Spontanément, je lui ai répondu que j'avais envie de dire du bien du quotidien. J'en avais marre que les gens crachent dans la soupe, disent toujours du mal de la vie. J'ai découvert ce qu'était un éditeur qui avait des moyens. Il m'a envoyé dans les salons du livre, dans les librairies. Un éditeur aussi avec lequel j'ai retravaillé le manuscrit de "Célébration du quotidien" tout un après-midi pour supprimer certains chapitres et en alléger d'autres".
Editions Bayard : "En général, l'auteur pressent qu'il y a des parties plus faibles et quand l'éditeur les pointe du doigt, il a la confirmation de ce qu'il avait pressenti. Chez Bayard, j'ai rencontré aussi une excellente éditrice, Claude Plettner, auteure elle-même, avec laquelle j'ai publié "L'enfant neuf". Sur ses conseils, j'ai supprimé la troisième partie de ce texte et créé une passerelle entre les deux premières parties".
Editions Albin Michel : "Un jour, Eliane Gondinet-Wallstein, une des éditrices d'Albin Michel, historienne de l'art, m'a téléphoné pour m'annoncer qu'ils lançaient une nouvelle collection de beaux livres à petits prix, avec des reproductions de tableaux, et qu'ils avaient pensé à moi pour le premier titre. Jean Mouttapa est venu chez moi, à Froyennes, pour me demander que le texte de "Célébration de la mère" soit moins elliptique, après m'avoir expliqué quel était le public ciblé. J'ai trouvé qu'il avait raison et j'ai accepté ses propositions de transformation. Il s'agissait surtout de créer des liens entre les phrases. C'est un éditeur avec qui on travaille le texte. On n'écrit pas seulement pour soi, on écrit aussi dans la relation. Chez Albin Michel, ils t'envoient dans plusieurs librairies en France, tu es suivie par une attachée de presse, ils paient les déplacements, etc. C'est beaucoup plus rare avec des éditeurs belges qui ont moins de moyens, même s'ils s'efforcent de t'apporter un réel soutien. Après "Célébration de la mère" et "Tu n'es pas seul" (un recueil de nouvelles), je leur ai dit aussi mon envie de publier sur la poésie et j'ai écrit "La chair du poème", un essai qui explique comment la poésie s'imbrique dans la vie quotidienne, sur les situations de détresse, de plaisir".
Editions Renaissance du Livre : "Michel De Paepe, directeur de La Renaissance du Livre, voulait rééditer toute ma poésie. J'étais sidérée : il y avait 750 pages! Il m'a quand même demandé de supprimer un poème sur trois pour "Feux dans la nuit". Ensuite, il m'a demandé à quoi je travaillais : je lui ai soumis les nouvelles de "Sans y toucher" qu'il a publiées. A nouveau, il a voulu savoir ce que je préparais : je lui ai montré des reproductions de tableaux commentés par mes textes, c'est devenu "Célébration de la lecture". Tout çà en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Puis il a fait faillite...".
Editions Esperluète : "Pour "Enfance portative", l'éditrice Anne Leloup m'a proposé l'illustratrice Anne-Catherine Van Santen, à qui elle a envoyé mes textes. Quand Françoise Lison et moi avons écrit "Je n'ai jamais dit à personne", je connaissais une jeune illustratrice catalane qui kotait avec une de mes filles et qui avait déjà remporté deux prix dans sa région. Pour "Encore un quart d'heure", Anne Leloup nous a proposé une jeune femme qui sortait de l'école des arts décoratifs avec la mention +++. Tantôt, c'est l'illustrateur qui intervient sur les textes, tantôt c'est l'inverse, tantôt c'est dans les deux sens, comme pour "Palettes" avec Alain Winance. Chaque livre a son histoire, y compris chez un même éditeur".
Editions Invenit : "L'éditeur suggère, épaule, organise des manifestations. Quand "Le reniement de Saint-Pierre" est sorti à Douai, Dominique Tourte a organisé dans le musée de La Chartreuse une lecture avec deux musiciens, l'un au clavecin, l'autre à la flûte, devant le tableau, suivi d'un vin d'honneur dans le cloître. Cela fait partie du travail d'un éditeur, mais il faut que l'auteur porte aussi son livre, aille vers le lecteur".
Editions Weyrich : "Je travaille actuellement avec un groupe en alphabétisation dans le cadre d'un partenariat entre les éditions Weyrich et l'association Lire et Ecrire. Il s'agit d'écrire un roman, pour leur collection "Traversée", lisible par des gens qui ne maîtrisent pas bien le français. Je retravaille mon manuscrit en fonction des remarques de ce public. C'est de nouveau une belle aventure éditoriale".
dimanche 30 décembre 2012
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