A l'occasion de la sortie de "Les dix enfants que Madame Ming n'a jamais eus", l'écrivain belge Eric-Emmanuel Schmitt a répondu aux questions de la journaliste Isabelle Monnart :
"Comment avez-vous approché cette spiritualité-là?
- J'ai rencontré des gens qui sont porteurs de cette conception du monde. Et puis, j'ai lu Confucius et beaucoup de littérature chinoise qui a çà comme une espèce de sang qui circule en elle. C'est un des thèmes du livre : les Chinois détruisent tout, démolissent les monuments, construisent des villes nouvelles mais il y a quelque chose d'antique qui reste. La mémoire n'est pas dans la pierre, elle est dans les esprits. La Chine a été cimentée par une sagesse sans dieu. C'est peut-être plus puissant.
- La Chine est un pays qui vous est devenu familier?
- Non, je ne vais pas vous mentir... La Chine, pour moi, est un objet d'investigation livresque. C'est une Chine connue plus que vécue.
- L'histoire que vous racontez - au-delà de la fable - est presque un thriller : on ne cesse de se demander si elle les a faits, ces enfants?
- Je suis d'abord un raconteur d'histoires. J'étais fasciné par cette loi sur la natalité qui existe depuis le début des années 80 en Chine qui veut qu'on ne fasse qu'un enfant. Par empathie pour les Chinois, je me suis toujours dit que çà devait être un grand malheur. Plus personne n'a le droit de fonder une grande famille. C'est comme çà qu'est née Madame Ming. Mon histoire cache, je l'espère, une grande histoire d'amour filial. Que ces enfants existent ou pas, Madame Ming les aime. Si ce n'est pas la vérité des faits, c'est sa vérité à elle. Le mensonge est artiste, il n'est pas faussaire. Il dit le monde tel qu'il devrait être.
- Tout autre chose : vous deviez tourner "Le sumo qui ne pouvait pas grossir". Où en êtes-vous?
- J'ai vécu l'avortement de ce projet parce que le tsunami est arrivé. J'avais travaillé un an et demi. Ca m'a abbatu, mais en même temps, je n'allais pas me mettre à pleurer : qu'est-ce qu'un film par rapport à ce qui est arrivé aux Japonais? Bref, du coup, j'ai beaucoup écrit... Je ne vais pas me plaindre : le monde du cinéma me courtise, les grands producteurs me demandent ce que je veux faire. Mais pour l'instant, je n'ai pas envie. J'espère que çà va revenir.
- Vous fonctionnez au manque et à l'envie?
- Les symptômes, c'est çà : je ne me supporte plus, je me vois comme le plus grand paresseux de la terre, je râle. Là, dans mon entourage, on me dit qu'il faut que je me mette à écrire. Et à partir de là, je deviens charmant!".
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C'est un livre qui m'intéresse. Je le lirai un jour, c'est sûr, comme je lis tous les E-E Schmitt.
RépondreSupprimerBon congé.