samedi 11 février 2012

Sortie des mémoires de Henri Vernes

A l'occasion de la sortie de ses mémoires aux éditions Jourdan, Henri Vernes (93 ans), le papa de Bob Morane, a accordé une interview au journal "Le Soir" :

"Ces mémoires sont écrits avec beaucoup de verve, comme un roman?
- Je me suis fait plaisir. J'ai toujours eu beaucoup de plaisir à écrire. J'ai commencé à l'école à 15-16 ans ; j'écrivais de petites histoires pour moi. Même quand je suis pressé par le temps pour Bob Morane, je me fais plaisir en écrivant. Et c'est la même chose dans mes mémoires, je m'amuse avec la langue.

- Vos aventures, vos voyages, votre vie de diamantaire, de boxeur, de journaliste, tout cela est-il plus qu'une légende que vous avez forgée?
- Tout cela est vrai. J'ai fait beaucoup de boxe, pas comme professionnel. La boxe, c'est le sport le plus difficile : quand on perd, on prend sur sa gueule. J'ai fait çà entre 14 et 20 ans, puis j'ai repris pendant la guerre. Je m'entraîne encore quelques fois dans mon garage. J'ai épousé la fille d'un gros diamantaire à Anvers. Un mariage qui n'a pas duré. Comme je n'avais aucun avenir possible, comme je n'étais bon à rien, je suis devenu diamantaire. Pendant un an, j'ai été membre du Diamond Club. Pendant la guerre, j'ai rencontré Alice, qui était agent du MI6. De fil en aiguille, je suis devenu moi-même âgent du MI6. J'ai fait çà pendant deux ans, avec les risques que cela comportait. Oh, ce n'était pas James Bond : on glanait des renseignements à gauche et à droite, des tas de petites choses qu'on transmettait à Londres.

- Et vous avez été journaliste?
- Oui. J'ai travaillé comme correspondant à Paris d'un journal du nord de la France : "Nord Soir". Tous les matins, j'envoyais mon papier. J'étais payé au mois. Mais le gars qui m'avait introduit au journal, Jacques Delaunay, qui a écrit des bouquins sur la guerre, prenait la moitié de mon salaire. Mes articles que j'envoyais à "Nord Soir", je les revendais à une agence de presse américaine qui s'appelait Overseas News, dont le patron est devenu chef du service de presse de John Kennedy.

- Vous êtes un homme à femmes?
- Oui, je ne le cache pas. Il y a 3,5 milliards de femmes de par le monde. Il est normal que j'en ai rencontré quelques-unes. Et je me souviens de toutes. J'ai eu des aventures féminines très longues et d'autres très courtes. Mais Mado, c'est la seule femme que j'ai vraiment aimée dans ma vie.

- Dès 1953, vous avez écrit un Bob Morane tous les deux mois. Facile?
- J'ai la chance d'écrire comme çà vient. Ca n'a jamais été un problème. Un roman, çà doit se faire en tenant compte du hasard, comme la vie. J'écris un premier chapitre, je ne sais pas vraiment où je vais, çà s'enchaîne et... Le premier Bob Morane, "La vallée infernale", a été écrit à Bruxelles. Mais j'avais prévu un voyage en Amérique du Sud en bateau. J'ai envoyé de la Martinique le deuxième volume, "La galère engloutie". J'ai écrit un troisième et un quatrième en Amérique du Sud. Quand je suis revenu, je me suis rendu compte que Bob Morane, çà marchait bien. Et j'ai continué.

- Si vous n'aviez pas écrit Bob Morane, vous auriez pu écrire des tas d'autres livres. Morane ne vous a-t-il pas un peu bouffé?
- Dans "Le Carnet et les Instants", il y a un article sur le livre que j'ai écrit il y a longtemps et que La Pierre d'Alun a publié en 2009, "La forêt du temps". L'auteur disait qu'il était dommage qu'Henri Vernes se soit consacré à Bob Morane, car il aurait pu écrire autre chose. Mais c'est la vie...

- Aujourd'hui, vous êtes toujours actif?
- Ah oui! Je fais encore des Bob Morane, mais quelqu'un les écrit pour moi. Je donne les idées et quelqu'un fait un premier jet que je corrige. Mais je vais m'en faire un tout seul pour mon plaisir à moi, pour ne pas rester sans rien faire. Il ne faut jamais s'arrêter. Je ne comprends pas les gens qui veulent prendre leur retraite. Arrêter, c'est mourir".

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