mercredi 18 mars 2009

Amélie Nothomb et la Belgique

Voici un extrait de l'interview accordée par Amélie Nothomb à la revue trimestrielle "Les Amis de l'Ardenne" (n°23/ décembre 2008) :

"Vous avez découvert votre pays, la Belgique, à l'âge de 17 ans seulement. C'était un monde évidemment étranger pour vous et vous avez eu beaucoup de difficulté à vous y adapter. Pourtant, aujourd'hui, vous vous revendiquez clairement comme écrivain belge?
- Oui. De toute façon, cette identité, je l'ai toujours revendiquée, mais encore plus aujourd'hui que la nation est en perdition. C'est une volonté politique. Je pense qu'il faut une Belgique, il faut que ce pays demeure. Toute scission de la Belgique serait une catastrophe. Il faut vraiment éviter cela. Je crois que 99% des Belges en sont convaincus. C'est terrible, insensé, qu'une seule minorité de politiciens puisse créer de tels problèmes.
- Vous vous partagez entre Paris et Bruxelles. Quelle est la différence à vos yeux entre la vie culturelle bruxelloise et parisienne?
- Oh, cela n'a strictement rien à voir. Je dis toujours que Paris est la guerre et que Bruxelles est la paix. J'ai besoin d'aller régulièrement au front et j'ai besoin de retrouver régulièrement la paix. Tout cela est vrai aussi pour la vie culturelle. Présenter un spectacle, ou quoi que ce soit, à Paris est une expérience violente et dangereuse. En France, c'est toujours tout ou rien. Mais si on gagne la bataille, le succès est d'autant plus grand et étincelant. Paris est une ville violente et, pour cette raison, fascinante, mais aussi traumatisante. Bruxelles est une ville pacifique, mais si j'y vivais constamment, peut-être m'y ennuierais-je.
- Vous avez dit quelque part : "Les Belges ont des idées tordues". Jules César disait déjà : "L'absurdité en Belgique, c'est un pléonasme".
- Jules César a complètement raison. Nous étions surréalistes bien avant l'invention du surréalisme. Je remarque l'absurde à chaque fois que je retourne en Belgique. Je le remarque chez mes parents. Moi-même, je le suis sûrement complètement. L'océan qu'il y a entre la France et la Belgique me frappe très fort. C'est aussi pour cela qu'il faut que la Belgique demeure et que tout projet rattachiste est tout simplement une aberration".

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