mercredi 15 octobre 2025

Bande dessinée "Spa 1906"


Dans cette bande dessinée, le commissaire ostendais Hendrikus Ansor est appelé car un maître chanteur menace la princesse Clémentine de Belgique (fille du roi Léopold II) et des notables de Spa de révéler d'embarrassants secrets. La nouvelle enquête du commissaire se déroule en 1906 entre Bruxelles et Spa, où la reine Marie-Henriette a passé les dernières années de sa vie et où la princesse Clémentine vient encore régulièrement.

Comme toutes les autres bandes dessinées de cette collection,  "Spa 1906" est bien documenté et évoque l'histoire de notre pays et de notre dynastie. Félicitations aux Belges Patrick Weber (pour le scénario) et Olivier Wozniak (pour les dessins).

Qui était la princesse Clémentine de Belgique ?

Suite aux mariages de ses deux soeurs et au décès de son frère, Clémentine passe une enfance triste et solitaire au château de Laeken. Ses relations sont glaciales avec ses parents le roi Léopold II et la reine Marie-Henriette. Elle puise dans la foi le courage de surmonter la mort de son cousin et premier amour, le prince Baudouin.

La reine Marie-Henriette fuyant de plus en plus souvent la Cour pour se réfugier à Spa, la princesse Clémentine remplit les fonctions de Première Dame aux côtés du roi Léopold II, qui la protège du caractère difficile de sa mère et lui donne une indépendance dont peu de princesses célibataires pouvaient jouir à cette époque. Mais le souverain reste intraitable sur ses projets de mariage :  il ne veut pas qu'elle épouse le prince Victor Napoléon afin de ne pas compromettre les relations entre la Belgique et la République française.

Opposée aux scandales, Clémentine attend le décès de ses parents pour épouser, à l'âge de 38 ans, l'homme qu'elle aime. Le couple très uni habite en Belgique et a deux enfants :   Marie-Clotilde (née en 1912) et Louis (né en 1914). 

Ce bonheur est assombri par la première guerre mondiale, au cours de laquelle ils trouvent refuge en Angleterre chez l'impératrice Eugénie (veuve de Napoléon III) et apportent leur aide à des oeuvres de charité en faveur des soldats. Le prince Victor Napoléon s'éteint en 1926, laissant à Clémentine le devoir de s'occuper de l'éducation de leurs jeunes enfants avec qui elle s'entend très bien.

Après le mariage en 1938 de sa fille Marie-Clotilde avec le comte Serge de Witt et la naissance de son premier petit-enfant, la princesse Clémentine vit avec inquiétude la deuxième guerre mondiale car son fils Louis est engagé dans la Légion étrangère. Elle sera ensuite très fière de son comportement héroïque. La Question Royale qui sévit en Belgique autour du comportement du roi Léopold III l'attriste et l'incite à vivre la plupart du temps en France.

Les dix dernières années de sa vie sont heureuses et paisibles. En 1949, son fils épouse Alix de Foresta et peut enfin découvrir la France un an plus tard, suite à l'abrogation de la loi d'exil. Clémentine devient la grand-mère de onze petits-enfants et reçoit la Légion d'honneur française à l'occasion de ses 80 ans. Elle s'éteint le 8 mars 1955 à la Côte d'Azur et est inhumée avec son époux dans la chapelle impériale d'Ajaccio.

 

mercredi 24 septembre 2025

Nouvelles francophones de Bart Van Loo

                                          



Au début de cette année, je vous avais déjà parlé de l'auteur belge Bart Van Loo (né en 1973 à Herentals) très apprécié de la reine Mathilde :    https://ecrivainsbelges.blogspot.com/2025/02/deux-auteurs-belges-apprecies-par-la.html

Bart Van Loo mène sa carrière tant au nord qu'au sud du pays. Il présentera pour la dernière fois son spectacle "Les Téméraires" en français fin décembre au palais des Beaux-Arts de Bruxelles (nouvelle date supplémentaire). Son livre "Les Téméraires" est sorti en 2020 avec 400.000 exemplaires vendus et traduit en dix langues ! 

La traduction d'un autre livre, "Le tour de la grande Bourgogne", sortira en octobre : 

                                                


Interrogé par la presse pour savoir si ses livres et spectacles rapprochent francophones et néerlandophones, Bart Van Loo répond :   

"Oui, tout de même. Je partage l'analyse de Bart De Wever :  notre pays est bloqué, difficile à gouverner. Mais pour moi, la solution est d'évoluer vers une Belgique 2.0. D'ici 2030, pour nos 200 ans, il faudrait avoir pensé une nouvelle organisation. Et vingt ans plus tard, la mettre pleinement en place. Je pense à des mesures comme le sous-titrage systématique des JT francophones et néerlandophones, afin de mieux suivre ce qui se vit de l'autre côté de la frontière linguistique. Ou encore encourager les jeunes à participer à des échanges Erasmus belges. J'y crois beaucoup, car je constate à quel point francophones et néerlandophones nourrissent des malentendus réciproques.

Dans le monde néerlandophone, un auteur doit livrer deux batailles :  convaincre la Flandre, puis les Pays-Bas. Une fois ce cap franchi, il y a eu la traduction française, et de l'autre côté de la frontière linguistique, on a découvert mon existence. Grâce à de beaux articles dans la presse, à la radio et à la télévision, le livre s'est aussi imposé en Wallonie. Je me suis alors demandé si je tenterais d'adapter le spectacle en français. Ajoutez à cela la sortie de mon Napoléon en français, et tout s'est accéléré :  des représentations à guichets fermés d'Arlon à Dinant. A chaque fois, c'est comme partir en voyage scolaire !  Mais c'est crucial pour moi :  je me sens belge. Pouvoir, en tant que Flamand, raconter à des compatriotes francophones l'histoire fondatrice de la Belgique, c'est réconfortant". 

mercredi 17 septembre 2025

"La Petite Librairie" à Heusy

 "La Petite Librairie" a été inaugurée en 2021 à Heusy, un village près de Verviers. Sa responsable Virginie Sonveau s'est confiée à la revue "Le Carnet et les Instants" du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles :

"Quand j'ai terminé ma rhéto, j'avais envie de continuer à baigner dans l'univers des livres sans avoir d'objectif professionnel en tête. Les études de romanes m'ont passionnée. Après ma licence, j'ai passé le diplôme d'agrégation en français et français langue étrangère pour pouvoir enseigner. C'est un métier que j'aimais beaucoup et que j'aime toujours. Mais je gardais dans un coin de la tête mon rêve d'ado de travailler un jour dans une librairie. 

J'aimais beaucoup les liens en classe et je les vis maintenant, sous une forme différente, avec mes clients. Et ça, je ne le soupçonnais pas. J'avais envie de travailler en librairie pour lire, pour partager mes coups de coeur littéraires, pour en discuter, mais je n'imaginais pas que la dimension humaine prendrait autant de place dans le métier. Assez rapidement, à partir d'un livre, on dévie sur des sujets qui, parfois, touchent intimement ou personnellement les clients. Comme c'est un petit magasin où je travaille seule, je finis par avoir une relation régulière avec certains d'entre eux et à lier des amitiés. Il arrive parfois qu'un client demande un livre parce qu'il a envie de chercher des conseils sur un sujet comme le deuil, le burn-out, la séparation.

Petit à petit, j'ai réduit mes heures dans l'enseignement jusqu'à y renoncer. Au mois de juin de l'année passée, j'ai dû prendre la décision de démissionner pour pouvoir continuer ici. Ce fut le choix d'une passion car les conditions sont fort différentes de celles de l'enseignement. C'est un choix risqué que j'ose faire à l'approche de la cinquantaine. J'ai suivi une formation en distanciel grâce au logiciel Librisoft, un programme utilisé pour la gestion d'une librairie. Pour tout ce qui est démarches auprès des banques, la logistique commerciale, le statut d'indépendant, j'ai pu compter sur mon mari, lui-même indépendant. Le Syndicat des libraires francophones de Belgique est précieux aussi. Il fédère les différentes librairies à travers ses activités et crée un chouette esprit entre libraires. Je considère les autres libraires comme des collègues, pas comme des concurrents. Et être une librairie labellisée, c'est une reconnaissance et un gage de qualité pour les lecteurs.

Quand je me suis lancée, j'ai choisi de privilégier le roman, car c'est ce que j'affectionne le plus et que je connais le mieux. Je n'avais que de la littérature blanche et des romans historiques, policiers, ainsi qu'un rayon détente. Je n'avais ni développement personnel, ni voyages, ni jeunesse. Petit à petit, je me suis adaptée à la clientèle et aux demandes. C'est ainsi que maintenant, j'ai des mini-rayons pour tout ce qui est paralittérature. Je me tiens au courant des sorties, via des émissions, des critiques littéraires. Les représentants font aussi un chouette boulot.

Cela reste une question pour moi :   faut-il intégrer la littérature belge à la littérature générale ou la séparer ? J'avais lu qu'un écrivain belge s'étonnait que les libraires créent un rayon de littérature belge, comme si elle ne faisait pas partie de "LA" littérature. Mais je note que chaque fois que je publie sur Facebook une recension sur un auteur belge ou local, il y a un vrai intérêt de la part des lecteurs.

J'ai eu la chance de recevoir Jérôme Colin, mais j'ai dû délocaliser l'événement parce qu'il y avait plus de nonante inscrits. Lorsqu'il est venu présenter son livre "Les dragons", il était lui-même fort ému et cette fragilité, cette émotion, assez inattendues étaient communicantes. A la suite d'un passage sur scène au centre culturel de Verviers, Adeline Dieudonné a accepté de venir au magasin pour une rencontre. Ces rencontres sont des bonus et une bonne manière de faire connaître la librairie, de rencontrer de nouveaux publics".

Plus d'infos :  www.petitelibrairie.be

mercredi 6 août 2025

L'auteure belge Claire Huynen


Née en 1970, Claire Huynen a écrit sept romans sur lesquels il est indiqué sur la quatrième de couverture "Claire Huynen est Belge et vit à Paris". Elle a expliqué ce choix à la revue "Le Carnet et les Instants" du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles :

"C'est un choix délibéré : cette formule tient en peu de mots, mais dit l'essentiel. Elle me résume. Mon installation à Paris n'a pas vraiment été un projet, mais plutôt une conséquence. Mes deux parents étaient Belges, j'ai grandi en Belgique. A treize ans, j'ai décidé de vivre avec mon père plutôt qu'avec ma mère. Or mon père s'est installé en France. En vérité, j'ai choisi mon père bien avant de choisir la France. Nous sommes d'abord passés par Soissons puis par Chartres. Très vite, j'ai été autonome, puisque j'ai vécu seule dès l'âge de quinze ans. Peu après, j'ai déménagé à Paris pour mes études.

Mais la Belgique ne m'a jamais quittée : elle est en moi, enracinée. J'appartiens à ce pays. C'est une histoire de climat, d'atmosphère. Dès mes quinze ans, j'ai beaucoup voyagé entre les deux pays. Je retournais notamment à Liège, portée par une effervescence belge que je ne retrouvais pas à Paris. Il y régnait une atmosphère unique, une folie douce, un esprit décalé que je reconnaissais comme mien. La Belgique, je la vois comme un île. Avec cette problématique propre aux iliens, ce désir impérieux de partir...et en même temps une irrépressible nostalgie, un attachement viscéral. On rêve d'ailleurs, mais on reste habité par la terre qu'on a quittée. Je l'ai compris avec le temps...

Dans presque chacun de mes romans, je glisse un belgicisme comme un clin d'oeil. Cela provoque toujours un petit débat avec la maison d'édition. Et pour les chiffres, j'écris septante et nonante. J'aime jouer avec cela. Autre chose :  je veille à ne pas nommer explicitement la ville où se déroule l'action. Souvent, pour moi, il s'agit de Paris. Mais je tiens à ce que ce lieu reste ouvert, qu'il puisse tout aussi bien être Bruxelles, Liège, une ville de province française ou d'ailleurs en Europe. Ce flou est volontaire. Il laisse au lecteur une liberté de projection, une latitude géographique". 

 

mercredi 23 juillet 2025

La librairie "Twist" à Ottignies

En 2018, Isabelle Delhaye rachète "Le petit bouquineur", une librairie-presse-tabac-jeux de hasard installée depuis une vingtaine d'années à Ottignies. Elle s'est confiée à la revue "Le Carnet et les Instants" du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles :

"En janvier 2019, trois mois après l'achat, j'ai décidé de me concentrer sur la littérature, même si ce n'était pas évident pour une petite librairie de quartier. A 18 ans, je voulais déjà reprendre une librairie. Depuis toujours, et je ne remercierai jamais assez mes parents, je baigne dans le monde du livre. Je n'ai pas de formation de libraire, mais j'ai une bonne formation en gestion, ce qui est essentiel quand on veut tenir une librairie, car les marges sont étroites et les charges de plus en plus importantes. Il faut avoir des points de contrôle réguliers sur tout ce qui touche l'aspect commercial, procéder à des analyses de chiffres, négocier des remises avec les fournisseurs ou des contrats avec les écoles et bibliothèques.

Je voulais m'approprier ma librairie, lui donner une image qui me corresponde, et même si "Le petit bouquineur" avait changé, peu de gens s'en rendaient compte. J'ai fait appel à une personne extérieure pour repenser notre charte graphique. On s'est vite entendu sur le nouveau nom, "Twist", un nom jeune, peps, plein de vitalité. 

On parle avec les gens de ce qu'on lit, et la passion se transmet. Etre à l'écoute des clients, ne pas avoir peur de leur proposer des livres qu'ils n'ont pas l'habitude de lire, être attentif à leurs retours, négatifs comme positifs. On essaie de susciter une curiosité et de créer une attente. On aime beaucoup mettre en avant des auteurs et autrices belges de la région, avec un endroit dédié. La clientèle sait qu'il y a cet espace et se tourne dès lors plus spontanément qu'avant vers les nouveautés belges, à côté des best-sellers qui se vendent presque tout seuls, à la différence de nos écrivains qui n'ont pas de grosses machines marketing qui les accompagnent. J'essaie d'organiser une animation par mois, des rencontres où l'on privilégie les témoignages, l'échange car notre public est à la recherche d'histoires à partager".

Plus d'infos :   www.librairietwist.be

mercredi 9 juillet 2025

Premier roman pour l'auteur belge Raphaël Dahl

Raphaël Dahl a sorti son premier roman, "Le secret des héritiers", dont l'histoire se passe au Moyen Age en Belgique (éditions Edern). L'auteur a expliqué à la presse : 

"J'ai voulu emmener les lecteurs à la découverte de lieux emblématiques de notre pays. Ce voyage dans le temps leur permettra de visiter des endroits peut-être familiers, avec quelques siècles de décalage. Tournai, par exemple, est une très ancienne cité gallo-romaine, qui fut la première capitale du royaume des Francs. Liège, elle, était une principauté dirigée par un prince-évêque. Et l'abbaye d'Andenne fait partie des plus anciennes de Belgique.

Passionné d'histoire médiévale, j'étais déjà familier avec le contexte politique et économique du début du XIIIème siècle. J'ai complété mes connaissances via des ouvrages, encyclopédies et archives en ligne. Et je suis allé sur le terrain, dans tous les lieux évoqués dans le roman. C'est en revenant d'un long séjour, alors que nous étions contraints de limiter nos déplacements, que j'ai pris conscience de la richesse historique et culturelle belge. En explorant le monde, on oublie parfois de s'intéresser à ce qui est juste sous nos yeux.

Le succès d'auteurs comme Bart Van Loo montre qu'il y a un vrai intérêt pour l'histoire et le patrimoine de notre pays. Avec "Le secret des héritiers", j'espère participer à cette valorisation. Et donne envie aux Belges d'être fiers de leur histoire. Car ils ont toutes les raisons de l'être". 

 

mercredi 26 mars 2025

La librairie de la Reine à Binche


De quelle reine s'agit-il ?  Le nom de la librairie fait référence à la reine Marie de Hongrie (1508-1558), soeur de l'empereur Charles Quint, archiduchesse d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas pendant presque 25 ans....et dame de Binche. Elle y fait construire un château Renaissance disparu en 1554 suite à un incendie. Son ancien emplacement est devenu le parc communal. Elle rejoint ensuite son frère Charles-Quint en Espagne à la fin de ses jours.

Pour plus d'infos, on vous conseille la biographie "Marie de Hongrie, soeur et homme fort de Charles Quint" (éditions Jourdan)....écrite par Etienne Piret (57 ans), le gérant de la librairie de la Reine à Binche depuis 1996.

Etienne Piret s'est confié à la revue "Le Carnet et les Instants" que vous pouvez recevoir gratuitement par courrier sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres en Fédération Wallonie-Bruxelles :

"J'ai toujours eu un intérêt pour le livre, je fréquentais les bibliothèques du coin, mais aussi pour la gestion. C'est essentiel sauf si vous êtes rentier. Une librairie reste un commerce avec la gestion des stocks, des achats, des ventes, des retours. Si on se laisse déborder, on peut très vite avoir des problèmes financiers, d'autant que les marges ne sont pas énormes.

Les lecteurs se déplacent car on a chacun nos spécialités. C'est ce que j'appelle la couleur de la librairie, c'est ce qui fait la spécificité d'un libraire indépendant. Moi, je suis fort intéressé par les arts, les documents historiques, les catalogues d'expositions, y compris parisiennes ou en anglais. En littérature, j'aime les auteurs anglo-saxons, surtout les Anglais. Il y a des choix que j'initie et je sais ce que je vais vendre. Une clientèle n'est pas l'autre. Nous ne sommes pas dans une ville universitaire, ce public n'est pas majoritaire chez moi. J'ai peu de clients orientés philosophie, par exemple. Le rayon psycho grand public marche assez bien. Je vends de la new romance comme le Goncourt. Je n'ai pas d'apriori. Il y a aussi des livres qu'on n'a pas vu venir et que les clients font émerger. Il y a aussi des vagues éditoriales, des effets de mode, surtout dans la littérature pour ados (la sorcellerie, le vampirisme, ...). Internet et les réseaux sociaux ont mis en avant la new romance, puis la dark romance. Les femmes sont des dévoreuses de polars, de thrillers et il leur faut du dur comme les Scandinaves, du cosy crime, qui est une tendance forte mais pas d'espionnage, de science-fiction".