Ancien enseignant, ancien directeur d'école, Armel Job poursuit sa carrière d'auteur depuis une trentaine d'années et a été élu membre de l'Académie Royale de langue et de littérature françaises de Belgique. A l'occasion de la sortie de son nouveau roman "Le passager d'Amercoeur", Armel Job a répondu aux questions du Soir Mag :
"Quelle est la genèse de ce roman ?
- Cette histoire est inspirée par des souvenirs de jeunesse. Avec le temps qui passe, on réfléchit à ce qu'il s'est produit dans notre vie. J'ai repensé à quelqu'un que j'ai connu, dont je me suis inspiré pour créer le personnage de Momo. Je l'ai fréquenté un temps, puis on s'est perdu de vue. J'ai par la suite entendu des anecdotes à son sujet. Il est notamment décédé jeune dans des circonstances dramatiques. J'ai donc fait appel à une série de souvenirs pour composer les personnages de ce livre, qui est une fiction du début à la fin. J'ai ensuite construit un roman sur des thèmes qui m'intéressaient, comme une relation mère/fils possessive.
- L'amour d'une maman pour son enfant est particulièrement puissant. Mais à double tranchant ?
- Totalement. Momo est dévoré par l'amour excessif de sa mère. Sa vie s'est construite en opposition à cela, il est en révolte permanente. Mais c'est un amour dont il n'arrive pas à se dépêtrer, car il est fasciné par sa maman. Il est coincé au milieu de sentiments contradictoires. Tout ce qu'il fait est le résultat de l'ambiguïté vécue depuis son enfance. Il a subi des relations incestueuses et cela a des répercussions sur sa vie. Je trouvais intéressant d'aborder le thème des relations incestueuses d'une mère envers son fils, comme l'a étudié Boris Cyrulnik. Il n'existe pratiquement aucune plainte dans ces cas-là.
- On sent que la psychologie de vos personnages est primordiale ?
- C'est essentiel en effet. Mon travail consiste à comprendre comment les gens réagissent aux différentes situations qu'ils vivent. Dans mes livres, je distille un peu d'intrigue policière, une technique pour retenir l'attention du lecteur. Mais ce qui compte vraiment, c'est essayer de comprendre comment chacun se débrouille avec la réalité. Comme par exemple un homme qui est sous l'emprise d'une femme. Je pense que le roman sert à cela, à montrer comment on interprète le réel avec les modestes moyens que nous avons à notre disposition.
- Que retirez-vous de l'écriture de ce roman ?
- L'occasion de réfléchir à ce que sont les êtres humains et le monde dans lequel nous vivons. La démarche du romancier est celle de la curiosité. Je m'interroge sur les autres en mettant en scène des personnages. J'espère, quand je livre le résultat de mes réflexions au lecteur, que celui-ci est également amené à se poser des questions. Un roman est réussi s'il permet au lecteur de s'interroger. Dans la vie, on est tenté de poser des jugements rapidement, on a rarement le loisir de réfléchir posément aux sujets abordés ou vécus par les autres. Le roman permet de le faire".
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