mercredi 29 mars 2023

La librairie D Livre à Dinant

Patrick De Munck a ouvert en 2007 la librairie D Livre à Dinant en province de Namur. Il s'est confié à la revue "Le Carnet et les Instants" :

"J'ai toujours voulu être indépendant, ce qui est difficile dans un grand groupe comme Arcelor Mittal. Je voulais être mon propre patron. J'ai découvert ma voie à Banon, un petit village provençal de 1.000 habitants où un libraire a ouvert "Le Bleuet" avec l'équivalent en stock d'une FNAC parisienne, au point d'occuper désormais deux maisons adjacentes. Ce qui était possible à Banon pouvait l'être à Dinant. Dinant parce que Bruxellois à l'origine, j'y vis depuis 31 ans après avoir épousé une Dinantaise. J'ai réalisé une analyse marketing sérieuse de la région en m'appuyant sur une démarche enseignée dans les écoles françaises de formation des libraires. A l'époque, il n'y avait plus de librairie dans un rayon de 30 kilomètres, à part les points presse, et donc un marché à prendre. La zone de chalandise offrait un nombre d'habitants suffisants pour faire vivre une librairie : j'ai ainsi des lecteurs de Philippeville, Florennes, Ciney, Yvoir...et j'en ai même eu de Givet, de l'autre côté de la frontière, avant qu'une FNAC s'y installe. Une fois ma décision prise, j'ai suivi quelques formations proposées par le Syndicat des libraires francophones de Belgique. Et puis, je remercie mes profs d'humanité de m'avoir si bien enseigné la littérature française !

Les contacts interprofessionnels sont importants. On apprend beaucoup en rencontrant des collègues, en découvrant de bonnes pratiques. Cela permet d'offrir un niveau de service performant à nos clients. Se regrouper aide aussi des petites librairies comme la mienne à faire bouger les choses face à de grands groupes de distribution comme Hachette, Madrigal ou Editis. Je suis un petit libraire dans le sens où mon chiffre d'affaires ne me permet pas de peser assez lourd, par exemple pour avoir des marges intéressantes. Le rapport reste inégal. Le syndicat a permis l'émergence de la Banque du Livre, du catalogue informatique. Je viens également d'inaugurer la facture électronique avec les fournisseurs français. Je suis le premier à le faire comme libraire-test en Belgique. 

J'avais trois objectifs, et aujourd'hui, nous avons pu réaliser les trois :  la librairie physique, la librairie sur la toile et la vente de livres numériques. Déjà à l'époque, en 2007, j'estimais que la librairie en ligne deviendrait incontournable. Comme la révolution de l'imprimerie a duré une centaine d'années pour s'imposer, la révolution du numérique prendra aussi du temps mais fera partie du quotidien des lecteurs dans le futur. Je pense que les deux marchés vont vivre en parallèle et s'équilibrer. Mais à long terme, le livre papier aura moins d'importance en termes de chiffres d'affaires. Aujourd'hui, il pèse pour plus de 90%. Il est fort probable que le rapport va s'inverser dans l'avenir. 

J'ai une passion depuis l'enfance pour la lecture, mais il est indispensable d'avoir des bases de gestion pour tenir le coup. Sinon, je lis un peu de tout, de la littérature, de l'économie, de l'histoire, de la politique. Je lis aussi souvent des livres que je ne vends pas, comme la littérature du Moyen Age, qui est un dada personnel, ou la poésie flamande. Je suis preneur d'un livre sur l'histoire de Dinant, car il n'y en a plus depuis longtemps.

Je propose aussi un polar historique, "L'oratoire celte" de Daniel Remacle, un Bruxellois qui vit près de Verdun. C'est un auteur assez curieux, qui s'est autoédité après avoir suivi un atelier d'écriture de Franck Thilliez. Je ne peux pas accepter tous les livres autoédités des nombreux auteurs qui viennent en faire la promotion auprès de moi, mais Daniel Remacle est parvenu à me convaincre que son livre, finaliste du prix Fintro Ecritures noires 2020, aurait été aussi qualitatif s'il était sorti à compte d'éditeur, tant sur le plan du texte que de l'impression".

 Plus d'infos :  https://www.dlivre.com/

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