mercredi 9 juin 2021

"Les folles enquêtes de Magritte et Georgette" (Nadine Monfils)

                         


Née à Etterbeek en 1953,  l'auteure belge Nadine Monfils a répondu aux questions des journaux du groupe "L'Avenir" à l'occasion de la sortie de son dernier livre, "Les folles enquêtes de Magritte et Georgette - Nom d'une pipe !", paru aux éditions Robert Laffont :

"Ca, vous ne l'aviez jamais fait ?

- C'est un vrai défi de partir de ce couple existant et de leur écrire une vie de rêve. Magritte était féru d'histoires de détectives. Je lui fais vivre des enquêtes qu'il aurait aimé vivre. J'espère qu'il me voit et qu'il m'aime.

- Vous avez fait beaucoup de recherches ?

- Oui, j'ai tout lu, tout écouté de Magritte, j'ai des carnets et des carnets de notes. J'avais aussi rencontré Georgette à l'époque. Les anecdotes sont vraies, les enquêtes viennent de mon imagination. Magritte n'était pas sage. L'image vient de son look bourgeois, mais il avait gardé le côté garnement de son enfance. Adulte, il aimait faire des blagues. C'était le genre à donner un coup de pied aux fesses pour faire tomber quelqu'un. Il était resté gamin, comme beaucoup d'artistes.

- Un autre artiste belge est aussi très présent : c'est Jacques Brel ?

- Ah oui, c'est mon idole absolue, le grand coup de coeur de ma vie. Magritte et Brel fréquentaient les mêmes endroits, comme la terrasse de l'Hôtel Métropole, mais ils ne se sont jamais rencontrés. J'ai imaginé cette rencontre.

- Quand vous avez commencé l'écriture, c'était pour en faire une série ?

- Non. Mais ce personnage est d'une telle richesse que je n'avais plus envie de le quitter. Un deuxième va sortir en juin et il se passera à Knokke-le-Zoute. Il y en aura deux, peut-être trois l'an prochain ? Le troisième se passera à Bruges et le quatrième à Liège avec Simenon. J'ai toujours aimé mon pays, même si je vis en France. Peut-être que quand on le quitte, il nous manque encore plus.

- Vos lecteurs français vont comprendre toutes ces expressions bruxelloises ?

- Oui, je l'ai déjà fait pour d'autres livres. Les lecteurs et les éditeurs aiment bien les Belges, pour eux, c'est exotique".

mercredi 2 juin 2021

Les Archives et Musée de la Littérature (Bruxelles)

Directrice des Archives et Musée de la Littérature (www.aml-cfwb.be ), Laurence Boudart a répondu aux questions de la revue "Le Carnet et les Instants" :

"En deux années, avez-vous pu donner de nouvelles impulsions ou orientations?

- En fait, le passage de relai avec Marc Quaghebeur ne s'est pas fait instantanément. C'est en octobre 2019 seulement que j'ai pu commencer à assumer pleinement la fonction. Mais je n'avais pas attendu ce moment pour analyser le fonctionnement interne des Archives et Musée de la Littérature, et réfléchir aux changements utiles. L'enveloppe budgétaire étant fermée et les dépenses de personnel ne cessant de croître, une révision des priorités m'est d'ailleurs vite apparue indispensable, en vue de sauvegarder les fondamentaux de l'institution, sans oublier la modernisation des méthodes de travail. Par ailleurs, l'expérience inédite de la pandémie et le télétravail généralisé qui en a découlé, m'ont également permis de prendre du recul par rapport à notre fonctionnement et de mettre en place de nouveaux protocoles. Je suis sensible à la nécessité de toujours essayer de tirer parti des situations les moins confortables et d'en dégager de nouvelles opportunités.

- Parlons budget. Vous recevez de la Fédération Wallonie-Bruxelles une dotation annuelle de 1,342 million d'euros, laquelle est d'ailleurs restée inchangée depuis une dizaine d'années. Comment ce montant est-il actuellement réparti ?

- L'actuelle convention avec la Fédération Wallonie-Bruxelles, portant sur une durée de deux ans et demi, est d'application jusque fin 2021. Les dépenses de personnel constituent environ 77 % du total. Les 23 %  restants sont affectés aux acquisitions, à la conservation, à la numérisation, à l'édition et aux expositions. En vertu de la convention fondatrice de 1958 entre Herman Liebaers et Joseph Hanse, nous sommes hébergés par la Bibliothèque Royale de Belgique, qui assume également les frais d'éclairage, de chauffage et d'entretien. En échange, nous lui apportons une étroite collaboration bibliothéconomique et scientifique. Quant à la prochaine convention, j'espère que le montant de la subvention pourra être revu à la hausse :  notamment, nous avons grand besoin d'engager du personnel supplémentaire pour mener à bien l'ensemble des tâches indispensables au bon fonctionnement de l'institution.

- Prenons le poste des acquisitions : qu'en est-il au juste ?

- De 3% il y a quelques années, ce poste est passé à 6% aujourd'hui, soit environ 80.000 euros. Mes priorités : tâcher d'obtenir des fonds complets, par exemple la totalité des archives d'un écrivain ou encore des collections entières de revues, que ce soit par achat, legs ou don. Dans le même esprit, compléter les fonds existants afin d'offrir aux chercheurs les ensembles les plus cohérents possible. Pour ce faire, nous exerçons une veille permanente sur les catalogues de vente publique et nous sommes attentifs aux dons qu'on pourrait nous faire. D'autre part, je souhaite mieux équilibrer les fonds anciens et les plus récents, pour présenter à nos usagers une offre diversifiée, révélatrice de l'ensemble du patrimoine, y compris le plus contemporain. Enfin, il convient de garder à l'esprit une cible claire, à savoir le patrimoine littéraire et théâtral de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

- La collecte de documents rares, leur catalogage, leur conservation et leur mise à disposition des chercheurs reste donc pour vous une mission fondamentale des Archives et du Musée de la Littérature ?

- Oui. Sans elle, rien d'autre n'est possible. Mais pour cela, il faut continuer à moderniser les méthodes de travail. Par exemple, nous tenons des statistiques précises de consultation. Ceci nous permet d'identifier les auteurs les plus explorés, les types de documents les plus sollicités, mais aussi l'origine institutionnelle et géographique des chercheurs. Sans être des guides absolus, ces informations constituent des repères utiles pour nos choix stratégiques. Autre exemple : l'emploi des standards internationaux tels que l'ISBD ou l'ISAD, qui facilitent l'interopérabilité des métadonnées. Nous sommes attentifs à toutes ces questions et veillons à offrir un maximum d'informations et de confort d'utilisation, tant à nos lecteurs qu'à l'équipe des Archives et du Musée de la Littérature".

La suite de cette interview est à découvrir dans la revue "Le Carnet et les Instants" que vous pouvez recevoir gratuitement par courrier sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles.