A l'occasion de la sortie de son nouveau roman "Une drôle de fille", l'auteur belge Armel Job a répondu aux questions des journaux du groupe L'Avenir :
"Votre histoire débute dans une famille quasi idéale. Tout paraît simple et soudain tout se complique...
- J'adopte un peu le vieux principe de Simenon. Mon histoire se déroule chez des gens ordinaires et soudain, un événement extraordinaire va provoquer de la passion, des choses enfouies vont refaire surface. Chez Simenon, cet événement extraordinaire est tragique, souvent un meurtre. Le paradoxe, dans "Une drôle de fille", c'est que cet événement, c'est juste une jeune fille qui est l'innocence même. Mais cette présence anodine va être le grain de sable dans l'engrenage. Et ça va détruire toute une famille.
- Mais le mal était déjà dans le fruit?
- Je pense que la tranquilité d'une société repose toujours, d'une certaine manière, sur le silence concernant certains éléments ou événements. Tous, dans notre vie, il nous est arrivé de dire "on va écraser, on n'en parle plus". Mais parfois, certaines circonstances font que des "cadavres" qu'on avait mis sagement dans le placard ressuscitent.
- Sans dévoiler le fond de l'histoire, c'est aussi le harcèlement féminin qui est abordé?
- Mon histoire se déroule à la fin des années 50 mais trouve son origine durant la guerre. J'y traite du problème du harcèlement et je pense qu'il n'a pas évolué. Aujourd'hui, simplement, les femmes réagissent d'une façon plus déterminée. Surtout depuis qu'existent des mouvements comme MeToo et autres. Avant, on taisait beaucoup de choses mais les problèmes étaient vraiment les mêmes. C'est vraiment au centre de mon roman. Gilda, la mère, voit en Josée, la jeune fille qu'elle a été. Elle a peur et s'interroge : que va-t-il se passer?
- Puis vient la rumeur qui va faire basculer les choses?
- De nos jours, on appellerait ça des fake news. C'est vraiment ce que nous vivons aujourd'hui. Une masse silencieuse veut exercer un contrôle social sur les autres. Dans la petite ville, tout est lisse jusqu'à l'arrivée de Josée, mais lorsque des problèmes surviennent, on se souvient que Gilda n'était finalement qu'une petite servante avant d'épouser Ruben. Les vieux griefs ressurgissent...
- Vous terminez votre roman par un post-scriptum écrit en 2018 : c'était nécessaire?
- Ce n'est pas la première fois que je le fais, mais ici, c'était important de le faire. Il était intéressant de rappeler le destin de chaque personnage. Parce que ça montre que Josée, personnage central du roman, disparaît complètement. Personne ne sait ce qu'elle est devenue. Elle n'a finalement aucune importance, et c'est cette indifférence qui me touchait".
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