mercredi 18 juillet 2018

Michel Joiret et la littérature belge

L'auteur Michel Joiret est le vice-président de l'Association des Ecrivains Belges de langue française (www.ecrivainsbelges.be). Il s'est confié sur son rôle et sur la littérature belge à la revue "Le Carnet et les Instants" que vous pouvez recevoir gratuitement sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles :              

"C'est une manière d'être plus près encore des auteurs de notre communauté, de développer positivement l'aspect associatif de l'Association des Ecrivains Belges de langue française, de participer activement à la diffusion des oeuvres récentes et aussi de veiller à ce qu'une maison d'écrivains reste fidèle à sa double nature (accueillir les écritures nouvelles et honorer les anciennes). Rien de nouveau sans doute, mais le passage au concret exige davantage que de l'attention : il suppose une gestion des ressources et une programmation significative à travers les thèmes, rencontres et événements.

"La littérature belge n'existe pas. Personne ne m'en a jamais parlé" s'irritait Michel de Ghelderode dans sa correspondance. L'avenir s'est évidemment dédit d'une telle provocation. Depuis l'abbé Camille Hanlet, on n'a cessé de gloser sur une littérature tout à la fois détachée des sinuosités politiques mais en même temps profondément secouée par les accidents de l'Histoire, comme l'occupation espagnole, la révolution belge, la question linguistique, l'occupation allemande, l'émergence d'une littérature wallonne, le phénomène de belgitude, le malaise voire le complexe auprès de notre grand voisin français, et puis l'inverse, l'affirmation de l'identité belge parfaitement décomplexée. Des noms, des oeuvres, des positions, des plaidoyers fameux comme :  "Sire, il n'y a pas de Belges"  de Jules Destrée, Franz Hellens, Charles Bertin, Jean Muno, Robert Frickx, Marc Quaghebeur, Jacques De Decker, ... Et puis les auteurs surréalistes si heureusement jaloux de leur indépendance d'esprit. Sans oublier, dans "La nouvelle histoire de Belgique" de Roger Avermaete, le profil du Belge, apparemment soumis mais résistant aux impostures par l'humour, la gouaille et en même temps profondément épris de liberté. Tyl Uylenspiegel entre les mythes reconnus de notre Etat précaire. Pourquoi maintenant? Parce que rien ne va jamais de soi dans un pays où les écritures sont prodigieusement diversifiées.

On évoque souvent la Belgique comme un pays de sociétés. Cependant, les mouvements littéraires ont le plus souvent été contrariés par un souci d'individualisme rémanent. De fait - et nous devons sans doute nous en réjouir - la littérature va dans tous les sens. Le sentiment d'appartenance à une nation, à un projet commun, à une philosophie, est plutôt rare (mais il y a Charles Plisnier...). Pour avoir fréquenté en son temps "Le Groupe du Roman", j'ai été frappé et séduit par l'extrême diversité des écritures qui y émergeaient entre Jean Muno, Gaston Compère, Thomas Owen, Anne Richter, Robert Frickx, Marianne Pierson-Piérard ou Henri Cornelus, pour ne citer que quelques membres.

C'est une littérature aux modèles multiples, le plus souvent distincts de la culture politique, particulièrement inventive, plus sensible aux paysages et aux gens (mer du Nord, polders, Ardenne touffue, villages oubliés) qu'à une hypothétique nation. Une littérature où poésie et peinture occupent la place des princes. Les têtes de ce corpus se distinguent clairement de la littérature française. C'est ainsi que réalisme magique et littérature fantastique occupent un vaste champ d'investigation".

Plus d'infos sur Michel Joiret :   www.michel-joiret.eu   

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire