"Benoît, vous êtes de retour aux manettes de l'Intime Festival, alors que l'année dernière, le festival s'était fait sans vous?
- Oui, en effet. L'année dernière, j'ai eu un petit problème personnel qui s'appelle un déménagement. Et puis, deuxième problème, je ne lisais plus pour mon plaisir, je lisais pour le festival, de façon quasi professionnelle, et je perdais le goût de la lecture. Donc, j'ai pris un an de recul, et me revoilà.
- Ca se sent dans la programmation avec les cartes blanches à Philippe Katerine et au duo Nicolas&Bruno?
- Philippe Katerine, je viens de tourner cinq mois avec lui, il est incroyable. Quand il marche, c'est de la poésie. Quand il respire, c'est déjà une oeuvre d'art. Il est d'une telle richesse. Nicolas&Bruno, çà faisait longtemps que je les voulais. Ils vont présenter leur film "A la recherche de l'Ultrasex"", et çà va être un bain de jouvence. Ils ont maté 2.600 films de cul, ils en ont remonté et redoublé des extraits, c'est à pisser de rire. Je conseille quand même de ne pas venir avec les enfants : ça a beau être drôle, ça reste de la boule.
- A côté de cela, il y aussi des lectures tout à fait respectables. Quel est le symptôme d'une lecture réussie à l'Intime Festival?
- Tu le sens tout de suite à la salle. Moi, je me mets toujours tout dans le fond. Et là, tu sens le respect du public pour l'auteur ou le comédien : il n'y a pas un bruit, pas une toux. Pour moi, c'est le signe que le festival appartient aux spectateurs. Le deuxième signe, c'est qu'ils sont super durs! Ils te font des conseils de lecture, ils ont leurs exigences du genre "on aimerait plus de femmes", "que ce soit moins tragique, moins dépressif"... Le public s'est approprié le festival mais en même temps, on continue à faire exactement ce qu'on veut!
- On vit une époque troublée. Quel rôle peut jouer la littérature?
- C'est un outil essentiel. Je ne suis pas trop les médias mais quand même, il y a des matins, je reste interloqué devant l'énormité de ce qui se passe, devant cette violence terrible. Et là, les livres m'aident. Pas pour une évasion vers un imaginaire tout rose et tout fleuri, mais comme outil de compréhension de l'âme humaine. La littérature non comme refuge mais comme remède. A l'Intime Festival, on a cette année un livre qui s'appelle "Comment Baptiste est mort" sur la radicalisation d'un enfant. Le genre de bouquin qui t'aide à penser un problème, qui met des mots sur ce que tu ne peux pas formuler.
- "C'est arrivé près de chez vous", c'était il y a juste 25 ans. Vous y avez pensé?
- Non. C'était super, c'était une aventure, ça m'a fait naître au cinéma, mais les 25 ans, je m'en fous un peu. On peut croire que j'ai un cœur sec mais pas du tout. C'est juste que je n'ai pas de nostalgie ni des tournages, ni de mes anciennes maisons, de rien. Je vis au présent. Mes films, je ne les regarde même pas. Le dernier que j'ai vu, c'est "Rien à déclarer" parce que Dany Boon m'avait obligé. Ca passe pour du désintérêt ou de la grossièreté, mais ce n'est pas ça. Je fais mon boulot, point.
- Vous posez-vous la question de ce que vous allez laisser?
- Bof, non, je m'en fiche. Je ne suis pas dans cette réflexion-là. Peut-être mon fou rire sur les sushis sur un plateau télé, on m'en parle tout le temps!
- Que deviendra votre bibliothèque après votre mort?
- J'y tiens à mes bouquins. J'aime bien en être entouré, c'est un peu fétichiste et d'ailleurs c'est un fameux bordel car avec mon déménagement, il y en a partout. Après, j'ai la solution : tous mes livres partiront pour une oeuvre comme Les Petits Riens... Et je les paye, mes livres. Je pourrais me les faire envoyer mais je les paye. Choisir un livre, l'acheter, c'est un acte important".
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire