La Foire du Livre de Bruxelles se tiendra du 26 février au 2 mars 2015 sur le site de Tour et Taxis. Vous trouverez le programme complet et toutes les infos pratiques sur www.flb.be
J'attire juste votre attention sur les séances de dédicaces de quelques auteurs belges dont j'ai déjà parlé sur ce blog :
- Frank ANDRIAT le dimanche à 14h sur le stand 312
- Jean-Baptiste BARONIAN le samedi à 15h sur le stand 100
- Alain BERENBOOM le vendredi à 18h sur le stand 414, le samedi à 16h sur le stand 300 et à 18h sur le stand 318, le dimanche à 12h sur le stand 211, à 14h sur le stand 300 et à 16h sur le stand 318
- Daniel CHARNEUX le samedi à 11h sur le stand 227 et à 14h sur le stand 235, le lundi à 14h sur le stand 227
- Xavier DEUTSCH le samedi à 14h sur le stand 235 et à 15h sur le stand 313, le dimanche à 10h sur le stand 138 et à 11h sur le stand 110
- Vincent ENGEL le dimanche à 14h sur le stand 136 et à 15h sur le stand 100
- Françoise HOUDART le samedi à 14h sur le stand 227 et le lundi à 11h sur le stand 227
- Armel JOB le samedi à 13h sur le stand 417 et à 16h sur le stand 235
- Françoise LALANDE le vendredi à 19h sur le stand 227, le dimanche à 13h sur le stand 227 et à 14h sur le stand 235, le lundi à 15h sur le stand 227
- Stefan LIBERSKI le samedi à 16h sur le stand 103 et le dimanche à 14h sur le stand 103
- Françoise LISON-LEROY le vendredi à 18h sur le stand 237 et le samedi à 17h sur le stand 237
- Amélie NOTHOMB le samedi à 14h sur le stand 100 et le dimanche à 14h sur le stand 100
- Colette NYS-MAZURE le vendredi à 19h sur le stand 312
- Françoise PIRART le samedi à 11h sur le stand 227 et le dimanche à 16h sur le stand 227
- Dimitri VERHULST le dimanche à 16h et à 18h sur le stand 312
- Evelyne WILWERTH le jeudi à 15h sur le stand 228 et à 18h sur le stand 214, le vendredi à 15h sur le stand 228, le samedi à 15h sur le stand 228 et le dimanche à 17h sur le stand 214
mercredi 25 février 2015
mercredi 18 février 2015
Stefan Liberski et le cinéma
L'écrivain belge Stefan Liberski a répondu aux questions de Nausicaa Dewez pour la revue gratuite "Le Carnet et les Instants" du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles :
"Vous êtes écrivain, bédéiste, cinéaste, homme de télévision. Comment passez-vous de l'un à l'autre?
- Je ne sais pas trop. Ce sont des activités qui pour moi se sont toujours enchaînées l'une à l'autre assez naturellement. Elles sont le résultat d'envies diverses, mais elles sont aussi liées à des rencontres, des contextes, des occasions. Il y a quand même, je crois, quelque chose de commun à tout ce que je fais : l'écriture. Tout part de l'écriture. J'ai été copywriter pour gagner ma vie. J'écris des romans, des petits essais. J'ai écrit des centaines de sketchs (on pourrait les croire improvisés, mais en réalité, ils sont toujours très écrits). J'écris des scénarios, que ce soit moi qui les tourne ou pas. J'écris des bulles de BD. Tout part donc de l'écriture. Bien sûr, je pourrais ne faire que cela mais je ne suis pas assez sage. Je n'arrive pas à rester assis à mon bureau et à écrire toute la sainte journée. J'ai toujours besoin de sortir, de faire autre chose. D'autant que j'aime faire des images et des sons, j'aime les acteurs, j'aime travailler avec eux, et le travail en équipe en général. Je ne pourrais pas me passer de tout çà. Même si j'ai bien conscience qu'un danger me guette toujours : celui de la dispersion.
- Vous avez, paradoxalement peut-être, commencé par le cinéma avant de passer à l'écriture?
- Au départ, je voulais faire du cinéma. J'ai écrit quelques scénarios. Un jour, j'ai eu l'occasion de partir à Rome sur le tournage de "La citta delle donne". Liliana Betti, une amie que j'avais rencontrée à La Mostra de Venise, m'avait dit qu'il fallait absolument que je vienne voir un tournage de Fellini. J'ai vendu une petite affaire que j'avais à Bruxelles et je suis parti à Rome. J'y suis resté trois ans. Sur Wikipédia, il est indiqué que j'ai été l'assistant de Fellini! C'est une absurdité qui traîne d'article en article, et que je n'arrive pas à corriger ; çà m'énerve. L'assistant sur le tournage était Maurizio Mein, l'assistant de toujours de Fellini. Moi, j'étais, disons, un témoin privilégié. J'ai apporté des cafés, comme on dit. C'est fou ce qu'ils en buvaient, des cafés. Mais j'étais dans le cercle et j'apprenais beaucoup.
- Votre travail de cinéaste influe-t-il sur votre manière d'écrire?
- Il m'apparaît aujourd'hui que lorsqu'on écrit ou qu'on filme, quand on joue ou qu'on invente quoi que ce soit, il y a toujours ce moment où il faut être au plus près de son instinct. On ne peut se fier vraiment qu'à lui. Avant et après coup, on peut certes réfléchir, analyser, trouver mille bonnes raisons à ceci ou à cela, mais il y a toujours le moment de l'instinct. Et il faut l'écouter, quitte d'ailleurs à ce qu'il remette tout en question. C'est l'instinct qui, au bout du compte, vous dicte où mettre la caméra au moment de filmer ou quelle valeur donner au plan. Je retrouve un peu çà dans l'écriture. Certains passages viennent d'un seul coup, dans la jubilation, et ils ne bougeront presque pas par la suite, alors que d'autres (plus nombreux hélàs que les premiers dans mon cas) exigent beaucoup de sueur et d'efforts, mais ceux-là sont aussi une manière de rejoindre l'instinct de la phrase. Quand les mots se mettent à sonner juste, il n'y a que l'instinct musical qui peut vous le garantir.
- Le travail de l'écriture passe-t-il alors par l'oralité?
- Quand j'écris, les dialogues me viennent assez facilement. C'est d'ailleurs généralement le travail qu'on me confie quand je travaille avec d'autres scénaristes. J'entends l'écriture comme on entend des voix. C'est le cas pour les textes que j'écris comme pour ceux que je lis. Lorsque je lis un texte que j'aime (un texte qui me parle), j'entends une voix. Même si je ne connais pas la voix de l'écrivain. Je ne connais pas la voix de Nabokov, par exemple, mais j'entends sa voix quand je lis ses livres. En revanche, je connais bien celle de Yourcenar et je la retrouve quand je la lis. Et bien sûr la voix d'Amélie Nothomb. Impossible de ne pas entendre la voix d'Amélie quand je lis ses livres. J'espère qu'à la lecture de mes textes, le lecteur entend aussi une voix.
- Malgré la dimension auditive de votre écriture, certains de vos textes ("GS, écrivain tout simplement", notamment) paraissent inadaptables au cinéma?
- Certains de mes livres sont adaptables, d'autres pas. Pour "Le triomphe de Namur", par exemple, j'ai d'abord hésité entre un récit écrit et un scénario. C'est l'histoire d'un cinéaste. J'y vois même des procédés qui seraient intéressants à mettre en image. "GS, écrivain tout simplement", par contre, est très lié à l'écrit. Sa rhétorique est littéraire, elle ne s'image pas. Mais j'espère qu'il y a une voix qui l'énonce.
- Votre dernier film, "Tokyo fiancée", est l'adaptation d'un roman d'Amélie Nothomb. Comment est né le projet de ce film?
- En 2005, je suis allé au Japon pour tourner quelques séquences d'un autre film, "Bunker Paradise". Le pays m'a énormément touché. Je me suis alors promis de revenir faire tout un film au Japon. J'avais des idées en tête, des brouillons. Puis en 2007, m'est arrivé "Ni d'Eve, ni d'Adam". C'était la coïncidence que j'attendais. Je trouvais l'histoire parfaite. C'était une histoire d'amour et je voulais une histoire d'amour. Mais il s'agit d'un amour très particulier qui se cherche entre fraternité, goût, exotisme et sensualité. L'histoire est d'une grande simplicité, droite comme un film d'Ozu. Et pourtant le sentiment qui est exposé là est, je crois, inhabituel. Il dévoile une sensualité ambigüe, le bonheur presque détaché d'une rencontre amoureuse. Amélie décrit dans ce livre quelque chose que je n'ai pas vu souvent traité en littérature ou au cinéma, et qui échappe aux commentaires, du moins m'a-t-il semblé. L'héroïne est moins dans la passion pour son fiancé japonais que dans l'hésitation, et la question de ce que celui-ci représente. C'est elle qui se cherche à travers lui ; il n'est qu'une occurrence de sa métamorphose. Au moment de cette histoire, elle devient écrivain et décide au fond d'une identité sexuelle. Le titre du roman renvoie d'ailleurs à cette hésitation. J'espère avoir gardé quelque chose de tout cela dans mon film. En outre, c'est un roman très drôle, assez atypique dans l'œuvre d'Amélie. Après l'avoir lu, j'ai tout de suite appelé Amélie pour lui faire part de mon envie d'adapter le livre. Pour mon plus grand bonheur, elle en fut enchantée. Le projet a ensuite mis du temps à se réaliser. Le montage financier a été difficile, et puis il y a eu le tsunami, qui a retardé le tournage mais qui a aussi porté le film dans une autre direction.
- Qu'est-ce qui fait pour vous une bonne adaptation?
- C'est assez banal, mais je crois qu'il s'agit avant tout de rester fidèle à l'esprit du livre, plus qu'à sa lettre. De le trahir pour rester fidèle, en quelque sorte. Les premières moutures du scénario de "Tokyo fiancée" reprenaient le roman d'Amélie de manière littérale. Mais quand je me suis baladé au Japon avec le livre sous le bras pour aller visiter les lieux qu'il décrivait, je me suis rendu compte que ce que je voyais ne correspondait pas toujours avec ce que je lisais. Un exemple? Amélie raconte qu'un soir, Rinri fait un feu d'artifices dans un parc. Elle nomme précisément le parc : le Shirogane. J'ai vu le parc et il est impossible d'y faire un feu d'artifices : il est minuscule et il est fermé à 17h. Naïvement, j'étais d'abord un peu choqué. Puis, j'ai ri de ma propre naïveté et je me suis dit que si Amélie avait évidemment le droit de prendre toutes les libertés, je pouvais moi aussi les prendre. Elle m'indiquait la voie, si vous voulez.
- Votre film se termine par les mots "Tout ce que l'on aime devient une fiction", qui sont extraits d'un autre livre d'Amélie Nothomb ("La nostalgie heureuse") : les avez-vous repris pour signifier cette liberté que vous vous êtes accordée vis-à-vis du roman qui vous a inspiré?
- Exactement. Je connais bien Amélie ; nous sommes amis. J'ai eu peur d'abord de prendre trop de libertés avec son livre. Mais comme je vous l'ai dit, le fait de me promener au Japon avec son roman m'a libéré. "Amélie fait un livre, moi, je fais un film" : voilà ce que je me suis dit. Au fur et à mesure des moutures du scénario, je me libérais de plus en plus. Et pourtant, je ne crois pas l'avoir jamais trahie. Je crois avoir gardé l'esprit. L'esprit d'Amélie.
- Cette adaptation avait tout de l'entreprise périlleuse, puisqu'elle porte sur le roman autobiographique d'une auteure vivante et de surcroît très médiatisée. Il fallait imposer la figure de Pauline Etienne en Amélie Nothomb. Vous avez, en outre, choisi de situer l'histoire dans le Japon d'aujourd'hui, alors que le roman se passe dans les années 80?
- Ces choix-là, eux aussi, ont été très instinctifs. Pauline ne ressemble pas vraiment à Amélie ; c'est vrai. Quoique je vois une certaine ressemblance entre elles quand Pauline s'habille en geisha. Je pense qu'elles feraient le même genre de geisha! En tout cas, de toutes les actrices que nous avons auditionnées, c'est Pauline Etienne qui, d'emblée, m'a semblé évidente. Encore une fois, j'ai essayé d'être fidèle à la fois à l'esprit du livre, mais aussi à ce qui me lie à Amélie. Avec les amis, on peut se permettre de pousser le bouchon un peu loin tout en sachant qu'il y a un fond d'acceptation. Et Amélie a accepté.
- Si "Tokyo fiancée" dialogue forcément avec "Ni d'Eve, ni d'Adam", on y trouve aussi des références au film "Hiroshima mon amour"?
- Oui, c'est un film emblématique : une histoire entre une Occidentale et un Japonais sur fond de bombe atomique. La bombe atomique n'est évidemment pas sans évoquer la catastrophe de Fukushima que j'ai intégrée dans mon film. Il y a des images d'archives dans "Tokyo fiancée", tout comme dans le film de Resnais. Dans le roman d'Amélie, Rinri lit des passages d' "Hiroshima mon amour". Ca n'aurait pas bien tenu à l'écran. J'ai préféré intégrer autrement la référence à "Hiroshima". Fukushima est une manière de faire écho à "Hiroshima mon amour". Même si tout cela est dérisoire au regard de l'immense catastrophe de Fukushima, catastrophe qui dure encore et durera pour les siècles des siècles.
- La scène la plus remarquée de "Tokyo fiancée" est sans doute le moment où Pauline Etienne se met à chanter son amour du Japon sur l'air de "J'aime la vie" de Sandra Kim?
- Dans le roman, il est dit qu'Amélie chante, danse et saute sur les canapés après sa première nuit d'amour. C'était aussi prévu dans le scénario. Au moment du tournage, je ne savais pas exactement ce que j'allais faire chanter au personnage. C'est Pauline Etienne qui, pour des raisons bien particulières et intimes, adore cette chanson et elle m'a proposé de la chanter. On a alors très vite écrit de nouvelles paroles ensemble. Vous savez, il y a dans les livres d'Amélie des ruptures de ton que j'adore. A certains moments, elle peut vous ciseler des maximes à la Chamfort ou à la Rochefoucauld, coulées dans un style Grand Siècle impeccable ; et puis, à d'autres, elle écrit des dialogues complètement déliés sur le chocolat blanc, la bière d'Orval ou Dieu sait quoi. Malgré ces ruptures de ton, on entend toujours sa voix. Certains aiment cette scène de "J'aime la vie", d'autres sont choqués, peu en fait. C'est, en outre, une scène qui a plutôt bien marché partout où elle a été projetée, même auprès de spectateurs étrangers qui n'ont pas la référence à Sandra Kim.
- Avant "Tokyo fiancée", Alain Corneau avait, lui aussi, adapté une œuvre autobiographique d'Amélie Nothomb, "Stupeur et tremblements". Ce film était-il une référence pour votre propre travail?
- Le film de Corneau m'a plu, mais il ne m'a pas influencé du tout. Il n'y a aucune référence à ce film dans "Tokyo fiancée". C'est une adaptation littérale, ce que "Tokyo fiancée" n'est pas. Surtout, Corneau a tourné son film à Paris, à la Défense, et pas au Japon. Il en fut d'ailleurs très chagriné.
- Votre film, au contraire, montre un véritable amour pour le Japon?
- Oui, c'est pourquoi je voulais une histoire d'amour. Je voulais faire un film au Japon qui soit une lettre d'amour au Japon. Quand j'ai voyagé là-bas, j'ai eu un guide excellent. Il a d'ailleurs été assistant sur le film. Il m'a montré des choses du Japon très différentes de celles qu'on connaît habituellement de ce pays : les temples ou les Shinkansen. Je voulais montrer un Japon moins connu, celui des quartiers excentrés et des arrières-cours où jouent les enfants, celui des montagnes où l'on se perd et des îles noires. C'est mon Japon. C'est celui que j'ai vu et que j'avais envie de partager".
"Vous êtes écrivain, bédéiste, cinéaste, homme de télévision. Comment passez-vous de l'un à l'autre?
- Je ne sais pas trop. Ce sont des activités qui pour moi se sont toujours enchaînées l'une à l'autre assez naturellement. Elles sont le résultat d'envies diverses, mais elles sont aussi liées à des rencontres, des contextes, des occasions. Il y a quand même, je crois, quelque chose de commun à tout ce que je fais : l'écriture. Tout part de l'écriture. J'ai été copywriter pour gagner ma vie. J'écris des romans, des petits essais. J'ai écrit des centaines de sketchs (on pourrait les croire improvisés, mais en réalité, ils sont toujours très écrits). J'écris des scénarios, que ce soit moi qui les tourne ou pas. J'écris des bulles de BD. Tout part donc de l'écriture. Bien sûr, je pourrais ne faire que cela mais je ne suis pas assez sage. Je n'arrive pas à rester assis à mon bureau et à écrire toute la sainte journée. J'ai toujours besoin de sortir, de faire autre chose. D'autant que j'aime faire des images et des sons, j'aime les acteurs, j'aime travailler avec eux, et le travail en équipe en général. Je ne pourrais pas me passer de tout çà. Même si j'ai bien conscience qu'un danger me guette toujours : celui de la dispersion.
- Vous avez, paradoxalement peut-être, commencé par le cinéma avant de passer à l'écriture?
- Au départ, je voulais faire du cinéma. J'ai écrit quelques scénarios. Un jour, j'ai eu l'occasion de partir à Rome sur le tournage de "La citta delle donne". Liliana Betti, une amie que j'avais rencontrée à La Mostra de Venise, m'avait dit qu'il fallait absolument que je vienne voir un tournage de Fellini. J'ai vendu une petite affaire que j'avais à Bruxelles et je suis parti à Rome. J'y suis resté trois ans. Sur Wikipédia, il est indiqué que j'ai été l'assistant de Fellini! C'est une absurdité qui traîne d'article en article, et que je n'arrive pas à corriger ; çà m'énerve. L'assistant sur le tournage était Maurizio Mein, l'assistant de toujours de Fellini. Moi, j'étais, disons, un témoin privilégié. J'ai apporté des cafés, comme on dit. C'est fou ce qu'ils en buvaient, des cafés. Mais j'étais dans le cercle et j'apprenais beaucoup.
- Votre travail de cinéaste influe-t-il sur votre manière d'écrire?
- Il m'apparaît aujourd'hui que lorsqu'on écrit ou qu'on filme, quand on joue ou qu'on invente quoi que ce soit, il y a toujours ce moment où il faut être au plus près de son instinct. On ne peut se fier vraiment qu'à lui. Avant et après coup, on peut certes réfléchir, analyser, trouver mille bonnes raisons à ceci ou à cela, mais il y a toujours le moment de l'instinct. Et il faut l'écouter, quitte d'ailleurs à ce qu'il remette tout en question. C'est l'instinct qui, au bout du compte, vous dicte où mettre la caméra au moment de filmer ou quelle valeur donner au plan. Je retrouve un peu çà dans l'écriture. Certains passages viennent d'un seul coup, dans la jubilation, et ils ne bougeront presque pas par la suite, alors que d'autres (plus nombreux hélàs que les premiers dans mon cas) exigent beaucoup de sueur et d'efforts, mais ceux-là sont aussi une manière de rejoindre l'instinct de la phrase. Quand les mots se mettent à sonner juste, il n'y a que l'instinct musical qui peut vous le garantir.
- Le travail de l'écriture passe-t-il alors par l'oralité?
- Quand j'écris, les dialogues me viennent assez facilement. C'est d'ailleurs généralement le travail qu'on me confie quand je travaille avec d'autres scénaristes. J'entends l'écriture comme on entend des voix. C'est le cas pour les textes que j'écris comme pour ceux que je lis. Lorsque je lis un texte que j'aime (un texte qui me parle), j'entends une voix. Même si je ne connais pas la voix de l'écrivain. Je ne connais pas la voix de Nabokov, par exemple, mais j'entends sa voix quand je lis ses livres. En revanche, je connais bien celle de Yourcenar et je la retrouve quand je la lis. Et bien sûr la voix d'Amélie Nothomb. Impossible de ne pas entendre la voix d'Amélie quand je lis ses livres. J'espère qu'à la lecture de mes textes, le lecteur entend aussi une voix.
- Malgré la dimension auditive de votre écriture, certains de vos textes ("GS, écrivain tout simplement", notamment) paraissent inadaptables au cinéma?
- Certains de mes livres sont adaptables, d'autres pas. Pour "Le triomphe de Namur", par exemple, j'ai d'abord hésité entre un récit écrit et un scénario. C'est l'histoire d'un cinéaste. J'y vois même des procédés qui seraient intéressants à mettre en image. "GS, écrivain tout simplement", par contre, est très lié à l'écrit. Sa rhétorique est littéraire, elle ne s'image pas. Mais j'espère qu'il y a une voix qui l'énonce.
- Votre dernier film, "Tokyo fiancée", est l'adaptation d'un roman d'Amélie Nothomb. Comment est né le projet de ce film?
- En 2005, je suis allé au Japon pour tourner quelques séquences d'un autre film, "Bunker Paradise". Le pays m'a énormément touché. Je me suis alors promis de revenir faire tout un film au Japon. J'avais des idées en tête, des brouillons. Puis en 2007, m'est arrivé "Ni d'Eve, ni d'Adam". C'était la coïncidence que j'attendais. Je trouvais l'histoire parfaite. C'était une histoire d'amour et je voulais une histoire d'amour. Mais il s'agit d'un amour très particulier qui se cherche entre fraternité, goût, exotisme et sensualité. L'histoire est d'une grande simplicité, droite comme un film d'Ozu. Et pourtant le sentiment qui est exposé là est, je crois, inhabituel. Il dévoile une sensualité ambigüe, le bonheur presque détaché d'une rencontre amoureuse. Amélie décrit dans ce livre quelque chose que je n'ai pas vu souvent traité en littérature ou au cinéma, et qui échappe aux commentaires, du moins m'a-t-il semblé. L'héroïne est moins dans la passion pour son fiancé japonais que dans l'hésitation, et la question de ce que celui-ci représente. C'est elle qui se cherche à travers lui ; il n'est qu'une occurrence de sa métamorphose. Au moment de cette histoire, elle devient écrivain et décide au fond d'une identité sexuelle. Le titre du roman renvoie d'ailleurs à cette hésitation. J'espère avoir gardé quelque chose de tout cela dans mon film. En outre, c'est un roman très drôle, assez atypique dans l'œuvre d'Amélie. Après l'avoir lu, j'ai tout de suite appelé Amélie pour lui faire part de mon envie d'adapter le livre. Pour mon plus grand bonheur, elle en fut enchantée. Le projet a ensuite mis du temps à se réaliser. Le montage financier a été difficile, et puis il y a eu le tsunami, qui a retardé le tournage mais qui a aussi porté le film dans une autre direction.
- Qu'est-ce qui fait pour vous une bonne adaptation?
- C'est assez banal, mais je crois qu'il s'agit avant tout de rester fidèle à l'esprit du livre, plus qu'à sa lettre. De le trahir pour rester fidèle, en quelque sorte. Les premières moutures du scénario de "Tokyo fiancée" reprenaient le roman d'Amélie de manière littérale. Mais quand je me suis baladé au Japon avec le livre sous le bras pour aller visiter les lieux qu'il décrivait, je me suis rendu compte que ce que je voyais ne correspondait pas toujours avec ce que je lisais. Un exemple? Amélie raconte qu'un soir, Rinri fait un feu d'artifices dans un parc. Elle nomme précisément le parc : le Shirogane. J'ai vu le parc et il est impossible d'y faire un feu d'artifices : il est minuscule et il est fermé à 17h. Naïvement, j'étais d'abord un peu choqué. Puis, j'ai ri de ma propre naïveté et je me suis dit que si Amélie avait évidemment le droit de prendre toutes les libertés, je pouvais moi aussi les prendre. Elle m'indiquait la voie, si vous voulez.
- Votre film se termine par les mots "Tout ce que l'on aime devient une fiction", qui sont extraits d'un autre livre d'Amélie Nothomb ("La nostalgie heureuse") : les avez-vous repris pour signifier cette liberté que vous vous êtes accordée vis-à-vis du roman qui vous a inspiré?
- Exactement. Je connais bien Amélie ; nous sommes amis. J'ai eu peur d'abord de prendre trop de libertés avec son livre. Mais comme je vous l'ai dit, le fait de me promener au Japon avec son roman m'a libéré. "Amélie fait un livre, moi, je fais un film" : voilà ce que je me suis dit. Au fur et à mesure des moutures du scénario, je me libérais de plus en plus. Et pourtant, je ne crois pas l'avoir jamais trahie. Je crois avoir gardé l'esprit. L'esprit d'Amélie.
- Cette adaptation avait tout de l'entreprise périlleuse, puisqu'elle porte sur le roman autobiographique d'une auteure vivante et de surcroît très médiatisée. Il fallait imposer la figure de Pauline Etienne en Amélie Nothomb. Vous avez, en outre, choisi de situer l'histoire dans le Japon d'aujourd'hui, alors que le roman se passe dans les années 80?
- Ces choix-là, eux aussi, ont été très instinctifs. Pauline ne ressemble pas vraiment à Amélie ; c'est vrai. Quoique je vois une certaine ressemblance entre elles quand Pauline s'habille en geisha. Je pense qu'elles feraient le même genre de geisha! En tout cas, de toutes les actrices que nous avons auditionnées, c'est Pauline Etienne qui, d'emblée, m'a semblé évidente. Encore une fois, j'ai essayé d'être fidèle à la fois à l'esprit du livre, mais aussi à ce qui me lie à Amélie. Avec les amis, on peut se permettre de pousser le bouchon un peu loin tout en sachant qu'il y a un fond d'acceptation. Et Amélie a accepté.
- Si "Tokyo fiancée" dialogue forcément avec "Ni d'Eve, ni d'Adam", on y trouve aussi des références au film "Hiroshima mon amour"?
- Oui, c'est un film emblématique : une histoire entre une Occidentale et un Japonais sur fond de bombe atomique. La bombe atomique n'est évidemment pas sans évoquer la catastrophe de Fukushima que j'ai intégrée dans mon film. Il y a des images d'archives dans "Tokyo fiancée", tout comme dans le film de Resnais. Dans le roman d'Amélie, Rinri lit des passages d' "Hiroshima mon amour". Ca n'aurait pas bien tenu à l'écran. J'ai préféré intégrer autrement la référence à "Hiroshima". Fukushima est une manière de faire écho à "Hiroshima mon amour". Même si tout cela est dérisoire au regard de l'immense catastrophe de Fukushima, catastrophe qui dure encore et durera pour les siècles des siècles.
- La scène la plus remarquée de "Tokyo fiancée" est sans doute le moment où Pauline Etienne se met à chanter son amour du Japon sur l'air de "J'aime la vie" de Sandra Kim?
- Dans le roman, il est dit qu'Amélie chante, danse et saute sur les canapés après sa première nuit d'amour. C'était aussi prévu dans le scénario. Au moment du tournage, je ne savais pas exactement ce que j'allais faire chanter au personnage. C'est Pauline Etienne qui, pour des raisons bien particulières et intimes, adore cette chanson et elle m'a proposé de la chanter. On a alors très vite écrit de nouvelles paroles ensemble. Vous savez, il y a dans les livres d'Amélie des ruptures de ton que j'adore. A certains moments, elle peut vous ciseler des maximes à la Chamfort ou à la Rochefoucauld, coulées dans un style Grand Siècle impeccable ; et puis, à d'autres, elle écrit des dialogues complètement déliés sur le chocolat blanc, la bière d'Orval ou Dieu sait quoi. Malgré ces ruptures de ton, on entend toujours sa voix. Certains aiment cette scène de "J'aime la vie", d'autres sont choqués, peu en fait. C'est, en outre, une scène qui a plutôt bien marché partout où elle a été projetée, même auprès de spectateurs étrangers qui n'ont pas la référence à Sandra Kim.
- Avant "Tokyo fiancée", Alain Corneau avait, lui aussi, adapté une œuvre autobiographique d'Amélie Nothomb, "Stupeur et tremblements". Ce film était-il une référence pour votre propre travail?
- Le film de Corneau m'a plu, mais il ne m'a pas influencé du tout. Il n'y a aucune référence à ce film dans "Tokyo fiancée". C'est une adaptation littérale, ce que "Tokyo fiancée" n'est pas. Surtout, Corneau a tourné son film à Paris, à la Défense, et pas au Japon. Il en fut d'ailleurs très chagriné.
- Votre film, au contraire, montre un véritable amour pour le Japon?
- Oui, c'est pourquoi je voulais une histoire d'amour. Je voulais faire un film au Japon qui soit une lettre d'amour au Japon. Quand j'ai voyagé là-bas, j'ai eu un guide excellent. Il a d'ailleurs été assistant sur le film. Il m'a montré des choses du Japon très différentes de celles qu'on connaît habituellement de ce pays : les temples ou les Shinkansen. Je voulais montrer un Japon moins connu, celui des quartiers excentrés et des arrières-cours où jouent les enfants, celui des montagnes où l'on se perd et des îles noires. C'est mon Japon. C'est celui que j'ai vu et que j'avais envie de partager".
mercredi 11 février 2015
Thomas Gunzig et le cinéma
Thomas Gunzig a répondu aux questions de la revue gratuite "Le Carnet et les Instants" du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles :
"Vous avez toujours été un grand cinéphile. Quels sont les films qui ont marqué votre démarche d'écrivain?
- J'ai apprécié beaucoup de films très différents : le cinéma américain, des films comme "Taxi driver", "Rocky", "Apocalypse now", "Jaws", les vieux Spielberg. Evidemment aussi les films d'épouvante, je m'en suis déjà expliqué. Egalement le cinéma asiatique, les films d'art martiaux, avec une préférence pour les Bruce Lee. Et puis il y a également des films plus expérimentaux et le cinéma français des années 60-70, Jean-Luc Godard avec "Pierrot le fou", "A bout de souffle", Alain Resnais et "Mon oncle d'Amérique". Ainsi que les vieux policiers de Verneuil. Mais çà peut être aussi "Les bronzés". Pour moi, tous ces films se regardent, se nourrissent l'un l'autre, et fonctionnent très bien ensemble.
- En quel sens ont-ils influencé votre démarche d'écrivain?
- L'enthousiasme d'un bon film est communicatif et donne envie de créer soi-même, que ce soit en littérature ou au cinéma. Quand je sors de la vision d'un film qui m'a enchanté, j'ai envie d'écrire très très vite quelque chose. La vision de films m'ouvre sur des imaginaires, me montre qu'à l'imaginaire il n'y a aucune limite et qu'on peut partir dans toutes les directions possibles, que le roman comme le cinéma sont susceptibles de faire découvrir des univers émotionnels qu'on ne soupçonnerait pas, de faire voyager à l'intérieur d'individus étranges, particuliers, de découvrir des tas de choses. J'ai même du mal à faire une différence entre cinéma et littérature.
- Quel aspect de vos livres les films que vous avez vus influencent-ils plus précisément : l'organisation de votre récit, l'atmosphère que vous voulez suggérer ou les types de personnage?
- Les trois certainement. A force de voir des films et d'aimer çà, je pense à l'image, je pense les romans et les nouvelles en termes de mise en scène, avec des scènes d'ouverture, des scènes d'articulation, avec même quelque fois, comme dans "Kuru", des ralentis ou des accélérés. Mon amour du cinéma m'a fait avoir une écriture qui est orientée très fortement sur l'image et sur le visuel. Je suis volontairement influencé par le cinéma.
- Dans votre écriture, y a-t-il eu une évolution suite à une perception nouvelle que vous auriez eue du cinéma?
- Oui. Tous les auteurs sont influencés en permanence par ce qu'ils voient, et donc la façon dont le cinéma évolue en modifie ma perception, et cela se marque sur l'écriture de mes romans.
- Vous donnez des cours sur la mise en récit. Comment percevez-vous la différence entre la mise en récit cinématographique (puisque vous avez fait du cinéma) et votre travail d'écrivain?
- Dans le cinéma, il y a des contraintes narratives dues au fait qu'un film dure un temps précis. Contraintes qui n'existent pas dans le roman qui ne doit pas durer un temps déterminé. Le spectateur, lui, est captif du film : il est censé le regarder d'une traite en 1h30 ou 2h15, du moins en salle car les technologies actuelles permettent de le regarder chez soi en tranches. Cette contrainte de temps nécessite de mettre en place des structures narratives qui sont assez rigoureuses. Dans un scénario, il faut rester vigilant à toutes sortes de questions de rythme et de densité du récit. Il n'y a pas de ventre mou possible, il n'y a pas de disgressions possibles en tout cas. Là où en littérature, il est permis de partir sur des chemins de traverse, dans les films classiques du moins, on ne peut pas le faire. Il y a donc des choses qu'on ne peut pas se permettre au cinéma mais bien en littérature. Mais la contrainte de temps est intéressante : gérer 1h40 de récit. C'est la même chose au théâtre où le temps est également déterminé. La pièce fait 1h-1h30 et l'auteur doit tout mettre dedans. Cela implique un indispensable travail d'élagage, de choix, de renoncement, de réflexion sur l'efficacité du récit et sur la structure. Il est nécessaire que tout soit clair, que le spectateur, lui aussi captif, comprenne. Il faut donc bien gérer les émotions qui passent dans ce qu'on raconte. L'auteur de théâtre ou de scénario a moins droit à l'erreur que le romancier. Dans un roman, les erreurs se voient moins et moins vite. Elles sont également pardonnées plus facilement. Dans un film, l'erreur se voit d'emblée, et çà ne pardonne pas du tout. Et puis il y a aussi une responsabilité financière. Au cinéma, tout coûte de l'argent et donc rien ne peut être inutile. Dans un roman, l'épisode inutile ne coûte rien.
- Avez-vous déjà travaillé pour le cinéma?
- Oui, j'ai fait des scénarios, mais rien n'est sorti pour l'instant. Des projets n'ont pas abouti par difficulté de réunir un financement suffisant. Mais dans quelques mois sortira le film de Jaco Van Dormael, "Le tout Nouveau Testament", dont j'ai écrit le scénario. Le tournage est terminé ; on est au stade du montage.
- Avez-vous écrit des adaptations?
- J'ai commencé l'adaptation de "Silence" de Comès, mais la maison de production a fait faillite. C'était un projet intéressant qui posait beaucoup de questions. On pensait faire un film d'animation. La première difficulté était d'être confrontés au problème de l'incarnation des personnages de bande dessinée, leur voix, leur regard. Et la difficulté était d'autant plus grande que "Silence" est un univers graphique très fort. C'est dommage que cela n'ait pu aboutir suite à des problèmes financiers. J'ai aussi fait une adaptation pour un court métrage, "L'héroïsme au temps de la grippe aviaire", mais je ne l'ai jamais vu terminé.
- Avez-vous vu des demandes d'adaptation de vos romans ou nouvelles?
- Oui, pour "Manuel de survie", un réalisateur français s'est manifesté. D'autres l'ont fait pour "Kuru" et pour "Mort d'un parfait bilingue". Mais ils n'ont pas pu trouver des producteurs, car ces livres ont un côté bizarroïde et la réalisation risquait de coûter cher. Ce sont deux critères qui ne plaisent pas trop aux producteurs.
- Dans plusieurs de vos romans, dont "Manuel de survie", le rythme de narration est très proche du cinéma. Cela ne suffisait pas pour convaincre un producteur?
- Les producteurs sont débordés de bons scénarios et de bons romans qui pourraient être adaptés. C'est une question de chance de voir un livre adapté. D'avoir travaillé pour le cinéma, je me suis rendu compte qu'il y a tellement d'obstacles pour qu'un film voie le jour.
- Parmi vos textes, quel est celui que vous voudriez voir adapté?
- Celui que j'aimerais adapter moi-même : la nouvelle "La vache".
- Est-ce possible quand on est l'auteur du texte de départ de faire soi-même l'adaptation?
- Il faut surtout pouvoir se trahir soi-même. J'aurais un autre regard sur cette nouvelle et je voudrais y mettre autre chose.
- Est-ce que le fait d'avoir travaillé pour le cinéma a changé votre manière d'écrire des romans? Prenez-vous en compte d'autres aspects ou d'autres manières de faire?
- Oui parce que je me suis formé, j'ai lu un peu de théorie, j'ai été voir ce que disaient les grands théoriciens du scénario. Et même si ces textes traitent de cinéma, ce sont des choses qu'on peut transposer d'une manière ou d'une autre à la littérature. Le fonctionnement d'un personnage ou d'un scénario, les techniques d'exposition d'un personnage sont des choses qui peuvent ne pas servir du tout en littérature mais qui peuvent aider quand on patauge dans l'écriture d'un texte. Je me rends compte que tous les auteurs actuels sont influencés par le cinéma. On n'écrit plus aujourd'hui comme avant son apparition. Mais d'autre part, le cinéma se nourrit de la littérature. Ce sont deux arts narratifs qui se regardent, se nourrissent l'un l'autre et cheminent de concert.
- Vous avez participé à la création de la pièce "Kiss and cry" qui mêle théâtre et cinéma. Que reste-t-il de la différence entre ces deux arts créatifs?
- Le théâtre est plus basé sur le texte, même si maintenant, il y a d'autres outils et qu'on assiste à des hybridations comme dans "Kiss and cry". Et d'autre part, le théâtre reste du spectacle vivant, tout est à refaire tous les soirs, ce n'est pas quelque chose d'enregistré. Dans le cinéma, enregistré, il y a l'idée que l'œuvre est unique. Au théâtre, l'œuvre n'est jamais unique, ce qui fait son côté excitant".
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