dimanche 15 septembre 2013

Interview de l'écrivain belge Eric-Emmanuel Schmitt


Eric-Emmanuel Schmitt Portrait

A l'occasion de la sortie de son nouveau roman "Les perroquets de la place d'Arezzo" (du nom d'une place d'Uccle en région bruxelloise), Eric-Emmanuel Schmitt a répondu aux questions de la journaliste Marie-Béatrice Valentin pour les quotidiens du groupe Sud Presse :

"Un nouveau roman, la vie de plein de gens qui vivent place d'Arezzo. Pourquoi justement cette place?
- L'idée m'est venue comme une fulgurance quand j'ai découvert la place d'Arezzo. Il y a donc longtemps déjà que je pense à ce roman. Quand on se fie à ses oreilles, là, on a l'impression d'être au milieu de la jungle, on se croirait dans les tropiques. Mais du côté des yeux, c'est une place d'une ville du nord. Cela m'a amené à une réflexion sur la sexualité. D'un côté, on a des comportements très réglés, et de l'autre, une vie sexuelle intense. C'est la difficile cohabitation entre le corps et l'esprit. Cela dit, le week-end dernier, j'étais en France et en Suisse pour des interviews et, là-bas, les gens croient que j'ai inventé cette place. Ils ne peuvent pas croire qu'un tel endroit existe ici.

- Mais est-ce qu'on fait l'amour, place d'Arezzo, non?
- Comme partout! J'ai voulu faire une encyclopédie romanesque des relations amoureuses. Le point de départ, c'est une lettre anonyme qui est un message d'amour, que reçoivent les habitants de la place. Et on va voir la réaction de chacun à ce message d'amour.

- Vous parlez de romanesque. On ne peut pas parler plutôt d'encyclopédie sexuelle?
- Si, l'idée du livre, c'est de montrer plusieurs classes sociales et plusieurs sexualités qui coexistent, y compris d'ailleurs l'absence de sexualité. J'ai bien décrit mes contemporains.

- Quand vous vous promenez, vous imaginez ce qui se passe derrière les fenêtres?
- Il n'y a rien de plus romanesque qu'une fenêtre : c'est une invitation au voyage... On veut savoir ce qui se passe à l'intérieur, et jusque dans l'alcôve. C'est un support de rêverie. Etre romancier, c'est avoir un passeport pour franchir cette frontière et rentrer dans l'intimité de ces personnes. Dans l'intimité de leur âme et de leur corps, c'est l'enjeu de ce livre.

- Vous vous êtes inspiré de personnages réels pour écrire ce livre? Il y a un écrivain comme vous, un Zachary Bidermann, très DSK...
- Il y a effectivement un écrivain et je le suis également, mais si vous me posez d'autres questions sur la ressemblance entre lui et moi, je ne répondrai pas. Et il y a bien du DSK dans Zachary Bidermann, mais aussi d'autres personnages politiques qu'on ne connaît pas parce qu'ils n'ont pas été éclaboussés par des scandales. Il y a un rapport étrange entre politique et sexualité, et je m'amuse avec ce mythe moderne qu'est devenu DSK. Le personnage de Bidermann illustre ces gens pour qui la sexualité est décompressive.

- Vous vous êtes lancé dans la bande dessinée avec "Poussin 1er". Comment cela vous est venu?
- Depuis des années, j'écrivais des petits contes avec ce poussin qui arrive dans le monde et qui pose plein de questions. Mais je trouvais toujours qu'il lui manquait quelque chose et je me suis rendu compte que c'était le dessin. J'ai rencontré les gens de Dupuis qui ont été emballés. Ils m'ont montré le travail de 40 dessinateurs. J'ai tout de suite choisi Janry (Spirou et Le Petit Spirou), et on s'est mis au travail. Moi, j'ai dû découper le texte comme une bande dessinée. C'est une écriture complètement différente ; il faut réduire à l'essentiel.

- En plus de vos romans et de la bande dessinée, vous êtes  directeur artistique du Théâtre Rive Gauche à Paris. Vous êtes très organisé pour mener tout cela de front?
- J'ai horreur de tout ce qui pourrait ressembler à de l'ordre. Mais quand j'écris un livre, je me lève tôt et, là, de 8h du matin à 9h du soir, j'écris".

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