Dans la dernière revue "Le Carnet et les Instants", l'écrivain Daniel Charneux (né en 1955), licencié en philologie romane de l'Université de Liège, retrace son parcours littéraire qui a commencé à Autreppe : "Mon père, instituteur, m'a appris à lire et m'a surtout donné l'amour de la littérature. En classe, il nous lisait les contes de Daudet. Son grand numéro, c'était "La chèvre de Monsieur Seguin" que nous adorions... Et puis, l'ombre de Verhaeren était là. J'ai su, gamin, qu'il avait habité dans ce petit coin des Hauts-Pays en Hainaut, appelé le Caillou-qui-bique. Son souvenir était toujours vivant chez les vieux, et je voyais son portrait dans une ferme où j'allais souvent. Ce fut un de mes premiers contacts avec la littérature".
Daniel Charneux raconte ensuite : "Plus tard, en poésie, un professeur passionné a encore renforcé mon appétit de lire. J'ai eu ma période Camus. Je me rappelle aussi ma fascination pour Lautréamont : j'ai dévoré "Les chants de Maldoror" en une après-midi fiévreuse! A cette époque, j'ai écrit des poèmes lyriques, un peu surréalistes, du sonnet au vers libre. A 21 ans, je suis devenu professeur de français à l'école secondaire de Quaregnon...et j'y suis toujours! C'est une vocation, une expérience très réussie. Directeur de l'école pendant deux ans, j'ai préféré redevenir professeur : l'enseignement s'accorde bien, pour moi, à l'écriture, à laquelle j'étais revenu longtemps après mes poèmes d'adolescent. En 1998, j'avais participé à une formation à l'animation d'ateliers d'écriture. J'en suis sorti bouleversé, transformé. L'écriture revenait dans ma vie. Grâce aux techniques que j'ai découvertes à ce moment-là, je me suis lancé. "Une semaine de vacance" a paru en 2001 chez Luc Pire, dans la collection Embarcadère. Il a reçu quelques bonnes critiques et un prix local qui m'a fait un vrai plaisir, m'encourageant à poursuivre".
Son deuxième roman, "Recyclages", est publié en 2002 dans la même collection Embarcadère. Suit un recueil de nouvelles, "Vingt-quatre préludes", qui paraît en 2004 chez Luce Wilquin, devenue son éditrice attitrée ; ces courts récits portaient le nom d'un des vingt-quatre préludes de Debussy. Deux ans plus tard, dans "Norma, roman", Daniel Charneux se prend à réinventer la destinée de Norma Jean Baker après la mort de Marilyn Monroe qui fut son image étincelante, sa légende...et son malheur : "C'est la femme qui m'intéressait, sous le mythe. Elle atteint à l'authenticité dans la vacuité. Ce roman est celui sur lequel j'ai le plus travaillé. J'avais traversé une période de doute, un passage à vide. Le Prix Charles Plisnier, décerné au livre en 2007, m'a relancé" , confie-t-il dans la revue.
Finaliste du prix Rossel, du prix Rossel des jeunes et du prix des lycéens, couronné par le Grand Prix littéraire France-Communauté française de Belgique de l'A.D.E.L.F. (Association des Editeurs de langue française), "Nuage et eau" (sorti en 2008) retrace librement la vie du moine boudhiste zen japonais Ryôkan (1756-1831). L'imagination romanesque s'y mêle à l'évocation historique, basée sur les biographies de ce moine, calligraphe, poète, ami des oiseaux et des enfants, fidèle à son destin de moine itinérant.
Dernier livre de cet écrivain : "Maman Jeanne", paru en 2009 aux éditions Luce Wilquin. C'est le récit d'une femme qui passe de la coupe de son père à celle d'un mari imposé, et qui se retrouve veuve à 30 ans avec trois fils dont la belle-famille se chargera. Au début des années 1900, elle devient servante d'un curé auprès de qui elle connaît, pour la première fois, la douceur et la tendresse. Mais enceinte, elle doit partir pour Bruxelles car le curé n'assume pas l'enfant... Ce récit raconte en fait la vie de l'arrière-grand-mère de Daniel Charneux qui s'est basé sur des lettres de Jeanne racontant cet abandon forcé.
Ajoutons que Daniel Charneux anime des ateliers d'écriture de haïkus, et prépare un nouveau roman se déroulant à Liège, la ville où il a effectué ses études universitaires.
mercredi 20 juillet 2011
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Merci pour cet article ! Pourriez-vous placer sur votre blog un lien vers le mien (http://www.gensheureux.be) ? Je fais de même.
RépondreSupprimerL'écriture de Daniel Charneux est empreinte d'une poésie incomparable. Avec "Maman Jeanne", dont une comédienne de génie, Lise Dineur, réalise une interprétation vocale poignante, il atteint à une évocation sublime d'un univers insoupçonné, d'amour et de douceur. Nous reconnaissons là un grand écrivain belge.
RépondreSupprimerDeux commentaires !!! Il est vraiment regrettable que des écrivains belges tels que Daniel Charneux soient à ce point méconnus. Notre patrimoine révèle cependant des plumes bien plus riches que bien des "poussés" par les grands éditeurs français. Voici un écrivain de belle taille.
RépondreSupprimerRon DORLAN