mercredi 17 juillet 2019
Rencontre avec Jeroen Olyslaegers le 30/9 en français à Anvers
Le 30 septembre, l'écrivain belge Jeroen Olyslaegers sera l'invité de l'Alliance française d'Anvers pour un entretien animé par Antoine Boussin. A l'heure où le cordon sanitaire à l'égard du Vlaams Belang risque de disparaître, son roman est plus que d'actualité.
Né en 1967, Jeroen Olyslaegers est un écrivain et auteur de théâtre belge. Il a notamment collaboré avec Jan Fabre et a été joué au Festival d'Avignon. Son sixième roman ,"Wil", paru en 2016, a été salué par la presse néerlandophone (tant en Belgique qu'aux Pays-Bas), et est devenu un best-seller. Il est son premier livre traduit en français grâce au soutien à la traduction de Flanders Littérature, et a été publié par les éditions Stock sous le titre "Trouble".
Inspiré de faits réels, ce roman traite de l'occupation à Anvers pendant la deuxième guerre mondiale, de la collaboration des membres de la police anversoise et de relations douteuses de fonctionnaires avec le régime nazi. Le livre donne la parole à un homme âgé que sa famille ne veut plus voir aujourd'hui et qui a pour seule compagnie une aide-soignante. Puisque plus personne ne veut le voir, il décide d'écrire à son arrière-petit-fils qui aurait l'âge qu'il avait lui-même en 1940. Il va lui raconter sa drôle de guerre et cette époque nauséabonde comme s'il la revivait sous nos yeux, sans la distance des années. Il nous replonge dans ces années où le fascisme infiltrait nos institutions.
mercredi 10 juillet 2019
Interview d'Adeline Dieudonné
Adeline Dieudonné a répondu aux questions de la revue "Le Carnet et les Instants" du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles :
"Quel a été le déclic pour écrire votre pièce "Bonobo Moussaka"?
- A une époque, je bossais dans un bureau d'architectes d'intérieur. Je vendais des plaids et des coussins, et je me disais que ça n'avait aucun sens. Aujourd'hui, dans la plupart des textes que j'écris, il y a toujours un passage sur la décoration...ça a dû me rester! Je me sentais paumée. Pendant plusieurs mois, j'ai essayé de faire une reconversion dans le développement durable. Un jour, au bar du matin, à la table à côté de la mienne, il y avait Thomas Gunzig. On se connaissait peu, mais il trouvait intéressantes mes réflexions. Il m'a demandé pourquoi je n'écrirais pas. Je pensais que ça n'intéressait personne, le point de vue d'Adeline Dieudonné sur le monde. Il m'a rétorqué que lui, si, et que je n'avais de toute manière rien de mieux à faire à ce moment-là. Il m'a dit : "Essaie peut-être d'écrire pour la scène". Mes débuts sont vraiment nés d'une nécessité de changer les choses.
- Vous ressentez une forme de perte d'innocence? C'est un thème qu'on retrouve en filigrane dans l'ensemble de vos textes?
- A ce moment-là, je lisais pas mal d'essais sur l'écologie et la transition énergétique, et je prenais conscience que j'avais mis au monde deux enfants dans ce contexte-ci. Je voyais l'inertie politique et générale, et je ressentais l'urgence de réagir. Ce n'était pas longtemps après la COP21, j'étais allée jusqu'à Paris pour prendre le pouls de la situation. Je découvrais plein d'initiatives qui émergeaint, mais rien qui aboutissait. C'est aussi l'année où est sorti le documentaire "Demain". Ma prise de conscience de l'état du monde était un peu brutale. Notamment me rendre compte de l'aspect systémique : que la crise était certes environnementale, mais que ça avait des impacts sociaux, économiques, etc. J'étais persuadée que c'est un tout qui doit changer radicalement.
- Dans "Bonobo Moussaka", la narratrice dit à son enfant : "Toi, tu n'es pas encore un chacal". Il y a déjà là, en germe, l'observation de la sauvagerie qui sera au cœur de "La vraie vie" ?
- Les métaphores animalières me viennent assez naturellement… Je me vois comme un animal qui aurait évolué différemment des autres et qui serait en rupture avec le monde vivant, quand les autres vivent plutôt en symbiose. Notre façon de nous situer ou de réagir dans la hiérarchie et les rapports de domination ou même de prédation entre nous ou envers les plus faibles, les enfants ou les autres espèces, m'intéressent. Je trouvais instructif de donner à voir des crocs ou de voir apparaître des mimiques dans un contexte supposément aussi civilisé qu'un dîner.
- Quels retours avez-vous obtenus après ce spectacle?
- Pour "Bonobo Moussaka", je m'étais fixé un challenge : la première étape était de terminer ce texte. Je m'étais souvent attelée à écrire, notamment des scénarios de films, mais sans jamais les terminer ou les envoyer à des tiers, voire des producteurs. C'était la première fois que j'entreprenais un projet toute seule. La deuxième étape était de le jouer deux fois, dans un petit café-théâtre à Bruxelles, et ça me paraissait accessible de remplir la salle, en rassemblant tous mes amis. Quand j'ai eu fini d'écrire, j'ai envoyé le texte à Nathalie Uffner : vu mon manque de notoriété, elle ne pouvait pas me programmer au Théâtre de la Toison d'Or, et m'a plutôt conseillé de le monter et de le rôder dans des petites salles. Ma première représentation était au Rideau Rouge à Lasne. J'étais pétrifiée. Heureusement, Gaëtan Bayot, mon metteur en scène, était là pour m'insuffler du courage. Et il y a même eu une standing ovation. Ce public-là, tout de même particulier, s'est senti visé mais en a ri. Beaucoup de gens sont venus me voir en me disant : "Waw, tu nous fais vaciller dans nos petites certitudes, ça fait du bien". Je ne suis pas certaine que ça ait bouleversé leurs habitudes, mais une petite impulsion après l'autre, eh bien… C'est en tout cas comme ça que moi, j'ai changé de regard.
- Après la pièce, nous voici à l'étape de "Pousse-Café", le thème du Grand Concours de Nouvelles 2017 de la Fédération Wallonie-Bruxelles ?
- J'avais pris une discipline d'écriture quotidienne et n'avais pas envie de m'arrêter. Je me suis dit que ça serait sans doute une bonne chose de confronter une de mes nouvelles à un jury de professionnels. J'étais persuadée qu'elle ne serait pas prise, mais je pensais que je recevrais peut-être quelques notes ou conseils en retour. J'avais déjà en partie ce texte en tête, et l'ai adapté pour qu'il puisse coller au thème, en intégrant le passage sur la liqueur que boit Juliette avec André. Comme j'ai fait beaucoup d'impro, gérer un thème n'est pas un souci. Je l'ai non seulement envoyé au concours mais aussi, de nouveau, à Thomas Gunzig. Il m'a répondu : "Je dois donc t'annoncer que tu es écrivain. Mais un grand pouvoir implique une grande responsabilité : celle de continuer à écrire. Les nouvelles, ça n'intéresse pas grand monde, donc commence dès demain à écrire un roman!". J'ai conservé ce mail, que j'ai relu quarante-cinq fois au moins, en me disant que ça valait sans doute la peine que je m'accroche. C'est à ce moment que j'ai entamé l'écriture de "La vraie vie".
- En tant que jeune auteure, comment vit-on l'attente des résultats d'un concours?
- Au mois de janvier, j'ai reçu un mail qui m'annonçait qu "Amarula" faisait partie des cinquante nouvelles finalistes. J'étais superfière, les retours personnels parlaient d'images marquantes, de très peu de choses à retravailler. J'ai un peu affiné mais à peine. Pour moi, c'était déjà un très beau résultat, mais le mail suivant m'indiquait que j'étais parmi les dix gagnants. Le jour dit, je suis arrivée à la remise des prix à la bibliothèque de Saint-Josse. Venir chercher le recueil imprimé était en soi un accomplissement. Sur scène, les noms se suivaient, sans que je réalise, au point de me dire qu'ils avaient peut-être fait une erreur en me conviant. Au deuxième, ça n'était toujours pas moi, puis enfin, l'annonce incroyable! Il n'y a pas un seul prix qui m'a fait autant plaisir que celui-là. J'avais déjà bien entamé "La vraie vie" à ce moment-là, mais j'étais un peu perdue dans ma trame et ça m'a vraiment redonné de l'énergie".
Retrouvez la suite de cette interview dans la revue "Le Carnet et les Instants" que vous pouvez recevoir gratuitement sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
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