jeudi 23 juin 2016

La littérature belge francophone en classe

En prévision d'un prochain congrès de la Fédération Internationale des Professeurs de Français, une centaine de professeurs ont répondu à un questionnaire (95 professeurs du secondaire supérieur, 12 professeurs du secondaire inférieur, 10 professeurs de l'enseignement supérieur).

Ces enseignant distinguent des auteurs belges liés au "patrimoine" et des auteurs belges de la littérature contemporaine. La frontière n'est cependant pas nette : certains estiment que c'est après la deuxième guerre mondiale, d'autres jusqu'aux années 1980, tandis que des professeurs estiment que la littérature contemporaine englobe des oeuvres du milieu du XXème siècle quand elle relève de la littérature de genre (comme "L'assassin habite au 21" de Stanislas-André Steeman et "Malpertuis" de Jean Ray).

Qui sont les auteurs belges que ces professeurs font lire à leurs élèves?  Parmi les auteurs belges liés au "patrimoine",  Maurice Maeterlinck et Georges Rodenbach se détachent très nettement (tous deux cités 30 fois), suivis par Charles De Coster (cité 14 fois), Emile Verhaeren (cité 13 fois), Camille Lemonnier (cité 12 fois), Marie Gevers (cité 9 fois), Michel De Ghelderode (cité 9 fois), Madeleine Bourdouxhe (cité 8 fois), René Baillon (cité 8 fois) et Jean Ray (cité 7 fois).  Parmi les auteurs belges de la littérature contemporaine,  c'est Armel Job et Amélie Nothomb qui sont les plus lus (tous deux cités 21 fois), suivis par Nicolas Ancion (16 fois), Georges Simenon (cité 13 fois), Thomas Gunzig (cité 12 fois), Jacqueline Harpman (citée 11 fois), Henry Bauchau (cité 8 fois), André-Marcel Adamek (cité 8 fois), les auteurs du Prix des Lycéens (cités 7 fois), Barbara Abel (citée 7 fois).

Jean-Louis Dufays enseigne la littérature à l'UCL et explique les trois plus-values à la lecture d'auteurs belges :

"D'abord, la proximité. Il y a plus de chances que les élèves s'intéressent à la lecture d'une oeuvre si les décors dans lesquels évoluent les personnages, la réalité décrite appartiennent à leur environnement culturel. Ensuite, cela contribue à construire le lien social et culturel. Même si la Belgique, contrairement à la France, peine à se construire une spécificité culturelle, et même si les classes sont de plus en plus multiculturelles, la lecture d'auteurs belges aide à s'interroger sur ce qui fait l'identité des habitants de ce pays, qu'ils soient de souche ou non. Enfin, il y a le côté pratique : les auteurs belges contemporains sont accessibles. Les enseignants peuvent inviter en classe la littérature qui se crée, donner aux jeunes l'occasion de questionner les écrivains, les illustrateurs sur leur pratique. Ils peuvent aussi les emmener voir les créations de ces artistes. Quand on assiste à un spectacle, quand on rencontre un écrivain, il y a une incitation à participer de manière active à la culture d'aujourd'hui, voire à en devenir un acteur, en écrivant, en chantant, en montant sur scène".

Où les professeurs de français recherchent-ils des informations sur la littérature belge?  Ils consultent avant tout la presse écrite ("Le Soir" et "La Libre Belgique"), la radio (La Première) et la télévision (l'émission "Livres à domicile"). Apparaissent ensuite les discussions entre collègues, la revue "Le Carnet et les Instants" (qu'on peut recevoir gratuitement sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles), les réseaux sociaux et les blogs littéraires, ainsi que le Prix des Lycéens.

Propriété de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la collection Espace Nord (www.espacenord.com) rassemble plus de trois cent titres du patrimoine littéraire francophone belge. Ses atouts? Format de poche, prix accessible, dossier pédagogique (renseignements sur la vie de l'auteur, genèse du texte, cadre spatio-temporel, personnages, style, etc.).

Rappelons que les textes légaux n'imposent pas l'étude des auteurs belges en formation initiale. Les enseignants qui les abordent, le font par choix et par goût personnels. Chez les plus petits, plus de 5.000 enfants de 3 à 13 ans ont participé à "La petite fureur", prolongeant la lecture de livres de chez nous par une création. Il y a aussi le projet "Ecrivains en classe" qui permet d'accueillir un auteur ou un illustrateur en classe (du fondamental au supérieur) avec leurs déplacements défrayés.

Si vous êtes enseignant, n'hésitez pas dans les commentaires à nous faire part de vos expériences, suggestions et remarques !



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