mercredi 15 juin 2022

La librairie "Claudine" à Wavre

Diane Platteuw, la responsable de la librairie "Claudine" à Wavre (ouverte depuis octobre 2020), s'est confiée à la revue "Le Carnet et les Instants" :

"Le projet est né d'une réflexion bien mûrie à un moment de ma vie professionnelle. Je lis depuis l'enfance, j'ai toujours aimé partager mes découvertes littéraires. J'étais déjà prescriptrice pour mes connaissances. De plus, je suis fascinée par la créativité et par le croisement des disciplines culturelles. Ouvrir une librairie, c'est faire de ce partage, de ce goût de la découverte une profession. C'est aussi créer un espace qui participe à la diffusion et à la création culturelles. J'avais aussi envie de créer un projet dans la ville où je vis depuis dix ans et dans laquelle je me suis impliquée. 

J'ai contacté plusieurs libraires en me proposant comme stagiaire. Yves Limauge m'a accueillie dans sa librairie de Woluwé-Saint-Lambert. Il m'a ensuite engagée pendant un an. Il m'avait dit à l'époque que tenir une librairie est un sport de combat. C'est lui qui m'a appris le métier avec talent et passion. Je lui dois un immense merci pour son parrainage. Nous continuons à nous voir régulièrement. Beaucoup de gens viennent à la librairie pour me demander ce que je leur conseillerais pour ouvrir ce genre de commerce. Je réponds que le passage par une autre librairie me paraît essentiel. Il faut se cogner à la réalité :  la trésorerie, les retours, les négociations avec les distributeurs, être attentive à ses charges fixes, etc. Le Syndicat des libraires francophones indépendants est un précieux référent également. Le réseau des libraires indépendantes n'est pas un mythe, et j'ai envie de m'inscrire dans cette dynamique : entre collègues, nous n'hésitons pas à faire appel à l'un ou à l'autre.

Des lecteurs sont venus acheter le livre "Brasiers" de Marie-Pierre Jadin sans savoir qu'elle travaillait ici. Elle apporte une touche particulière au conseil. Elle a une manière différente de lire un texte et de qualifier une écriture, un livre. C'est très excitant aussi de se dire qu'elle est en train d'écrire son deuxième roman. Et Louisa Van Breusegem est stagiaire chez nous. Je l'ai rencontrée dans le cadre d'une réorientation d'études. Elle nous apporte la vivacité de ses 25 ans. Elle appartient à la génération Harry Potter qui traque les nouveautés sur les réseaux sociaux. Elle a un contact différent avec les ados et certains viennent pour elle. 

Librairie généraliste veut dire ouverture. C'est même une condition de survie pour nous à Wavre. Cela me plaît d'avoir un public diversifié qui sait que nous nous couperons en quatre pour lui, pour le conseiller, lui apporter le service qu'il attend. En retour, il comprend nos contraintes et accepte d'attendre si nécessaire. Il sait que nous nous inscrivons dans une autre démarche d'Amazon qui entraîne le dépeuplement du centre-ville par la dématérialisation et la décommercialisation du secteur. 

Nous avons un rayon essais où les ouvrages féministes occupent pas mal de place. Même si la lecture apparait comme une activité plus féminine, notre clientèle est mixte. Ce féminisme, nous l'incarnons aussi en tant que femmes cheffes d'entreprise engagées dans la vie sociale. Sans avoir un axe militant affirmé, on donne de facto une certaine image".

Soutenons nos libraires !  Plus d'infos :   www.librairieclaudine.be