mardi 5 janvier 2010

"Les Catilinaires" (Amélie Nothomb)

"Les Catilinaires" est le premier roman d'Amélie Nothomb que je lis et je n'ai donc aucun point de comparaison avec ses autres ouvrages. Elle m'a fait passer deux heures agréables, sans aucun ennui.

Emile, le narrateur, explique son rêve dans les premières pages : "J'étais professeur de latin et de grec au lycée. J'aimais ce métier, j'avais de bons contacts avec mes rares élèves. Cependant, j'attendais la retraite comme le mystique attend la mort. Ma comparaison n'est pas gratuite. Juliette et moi avons toujours aspiré à être libérés de ce que les hommes ont fait de la vie. Etude, travail, mondanités même réduites à leur plus simple expression, c'était encore trop pour nous. Notre propre mariage nous a laissé l'impression d'une formalité. Juliette et moi, nous voulions avoir soixante-cinq ans, nous voulions quitter cette perte de temps qu'est le monde. Citadins depuis notre naissance, nous désirions vivre à la campagne, moins par amour de la nature que par besoin de solitude. Un besoin forcené qui s'apparente à la faim, à la soif et au dégoût".

Après avoir déniché la maison de leurs rêves, le couple subit chaque après-midi entre 16h et 18h la visite du voisin antipathique et sans-gêne, qui ne prend aucun plaisir à la vie. Trop bien élevé, Emile accepte cette situation jusqu'au jour où sa colère éclate et il refuse de le laisser entrer. Les mois passent...

Emile ne revoit l'intrus que pour le sauver du suicide. Il comprend ensuite qu'un homme dépourvu du désir de vivre n'a qu'un droit, celui de mourir, et il va s'employer à l'aider. Ce roman alterne humour et réflexions plus profondes. La fin n'est pas prévisible, ce que j'apprécie. Voici le dernier paragraphe du livre :

"Aujourd'hui, il neige, comme il y a un an, lors de notre arrivée ici. Je regarde tomber les flocons. "Quand fond la neige, où va le blanc?" demandait Shakespeare. Il me semble qu'il n'y a pas de plus grande question. Ma blancheur a fondu et personne ne s'en est aperçu. Quand je me suis installé à la maison, il y a douze mois, je savais qui j'étais : un obscur petit professeur de grec et de latin, dont la vie ne laisserait aucune trace. A présent, je regarde la neige. Elle fondra sans laisser de trace, elle aussi. Mais je comprends maintenant qu'elle est un mystère. Je ne sais plus rien de moi".

4 commentaires :

  1. "Les Catilinaires" est, à mon sens, un roman majeur d'Amélie Nothomb (je le place juste après "Stupeur et tremblements"). La visite quotidienne programmée du voisin cause au lecteur de véritables contractions stomacales: elle est inéluctable.
    la description monstrueuse de son épouse est un sommet d'humour noir. Le génie d'Amélie Nothomb s'y déploie.

    Tel est mon sentiment que je vous soumets très cordialement,

    Apolline Elter

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  2. Intéressant! J'ai aimé Stupeur et tremblements, et détesté l'hygiène de l'assassin qui me rendait vraiment malade.

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  3. Je n'ai pas lu Les Catilinaires mais votre critique (et celle d'Apolline Elter) me donne envie d'aller voir de plus près l'ouvrage, je vais donc me laisser tenter! J'avais beaucoup aimé Stupeur et Tremblements également.

    Merci beaucoup et bonne continuation !

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  4. La première moitié (mise en place et mystère) est excellente. La seconde, qui débute avec l'explication, m'a paru ridicule, en tout cas décevante. Une vraie déception pour moi.

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