jeudi 26 février 2009

Interview d'Edmée De Xhavée (2ème partie)

1° Ce roman est-il autobiographique? J'ai déjà remarqué qu'il se passait dans trois pays où tu as vécu (la Belgique, le sud de la France et l'Italie)?
Il n'est pas du tout autobiographique, même si je me suis en effet servie de la trame de ma vie. C'était plus facile pour commencer. Il y a des éléments vrais, bien sûr, vécus, mais l'ensemble de l'histoire n'a rien à voir avec ma propre vie.

2° Les femmes, leur émancipation à travers les générations et la relation mère/fille sont très présentes dans ton roman, tandis que les hommes sont à l'arrière-plan?
C'est vrai. Mes parents ont divorcé et nous sommes restés, mon frère et moi, avec ma mère. Pas d'homme dans notre quotidien. Mes grands-parents paternels étaient morts et mes grands-parents maternels étaient séparés. Donc, pour moi, l'homme n'est pas très présent! Mais tu remarqueras que je donne un rôle de coeur à certains hommes, parce que même absent, mon père s'occupait, s'informait, et m'a notamment transmis l'amour des beaux livres et de l'art. La présence physique n'est pas l'unique façon d'être là!

3° As-tu voulu faire passer un message aux familles de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou cette maladie était un prétexte pour raconter la vie de Suzanne?
En effet, la maladie n'a été qu'un prétexte, cette idée de la mémoire qui risquait de partir devait créer l'urgence de raconter.

4° En lisant ton roman, on a l'impression que beaucoup d'histoires d'amour se terminent mal?
Pour moi, ces histoires ne finissent pas mal! L'amour est bien là. Je ne crois vraiment pas que le quotidien soit nécessaire, absolument nécessaire. Il y a plusieurs façons d'aimer, on ne les choisit pas toujours bien sûr...

5° Ce roman n'est-il pas aussi une critique des secrets de famille, des conventions et de l'hypocrisie qui régnaient - et règnent parfois encore aujourd'hui - dans certaines couches sociales élevées?
Tout à fait! Je ne vais pas dire que "j'en ai beaucoup souffert" parce que je souffrais en dérangeant et que çà, çà m'amusait plutôt. Mais j'ai vu d'autres personnes se laisser écraser par ce rouleau compresseur, et çà me met en rage. Je dois dire, malgré tout, que lorsque je suis partie à Aix-en-Provence, j'y ai trouvé justement une société bien plus vivante, généreuse qu'en Belgique. Naturellement, je fréquentais un groupe assez hétéroclite (artistes, ingénieurs, profs de philo, gens du coin, antiquaires, vendeuses) qui ne se souciait pas du tout de savoir si on était "bien nés" ou pas.

6° J'ai relevé une citation de ton livre ("Le passé, c'est bon seulement quand on y retourne pour se faire plaisir, pour se dire qu'on a eu de la chance d'avoir vécu çà, ou vu çà. Mais des larmes, on a assez d'occasions d'en verser sans en plus aller les rechercher dans le passé!"). N'est-ce pas le message principal de ton roman?
Le passé compte beaucoup, en tous cas pour moi. Il y a eu plein de moments moches, et j'en suis désormais détachée, je peux y penser et en parler sans me réimpliquer. Mais le bon, ah quelle merveille en effet d'avoir eu tout çà! Quel privilège d'avoir connu ces gens exceptionnels, ces moments, ces arômes, ces explosions de vie. Je pense que les vieux qu'on va voir volontiers, ce sont ceux qui font leur bain de jouvence dans un passé unique!

7° Peut-on avoir quelques informations sur le sujet de ton prochain livre?
Voici ce que dit le comité de lecture des Editions Chloé des Lys : "C'est toute une vie. C'est triste, c'est gai, c'est vrai et sans fards. Et Boris Cyrulnik ne désavouerait pas ce livre, si bel exemple de sa théorie sur la résilience". De nouveau, j'aborde le thème du poids moral dans certains milieux. Il y a un personnage très lumineux qui suit les vies d'un frère et d'une soeur pratiquement brisés dans leur enfance. De nouveau, les hommes sont absents, fragiles, mais il y a beaucoup d'amour en eux, pourtant.

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