mercredi 28 août 2019

La bibliothèque de Corinne Hoex

                           L'auteure belge Corinne Hoex est membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique depuis 2017. Elle a répondu aux questions de la revue "Le Carnet et les Instants" du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles :

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"Quelles sont vos premières lectures marquantes? Ces lectures sont-elles associées pour vous à la matérialité du livre?
- Les textes qui m'ont marquée ont toujours été associés à la musicalité, à la sonorité, au rythme de la phrase, bien plus qu'à la matérialité du livre. J'ai découvert Tristan Corbière au lycée grâce au cours de déclamation (une dizaine d'année plus tard d'ailleurs, j'ai mis en chanson plusieurs poèmes des "Amours jaunes"). Je me suis passionnée pour La Fontaine suite à un stage donné par Charles Kleinberg. J'ai abordé "Plume" de Michaux à l'Académie des arts de la parole de Molenbeek, où je suivais le cours de Pascale Mathieu. C'est aussi là que j'ai travaillé "Marie-Madeleine ou le salut" de Yourcenar. Ces textes ont d'emblée pris corps et voix en moi. Et il en a été ainsi pour tous les auteurs que j'ai abordés par la suite, de Baudelaire à Sarraute, de Cendras à Flaubert, d'Apollinaire à Beckett, de Lilar à Calvino. Depuis l'adolescence, la chanson française me captive, Georges Brassens particulièrement et Barbara. Je les ai écoutés, ré-écoutés et chantés avec une attention de lectrice. J'avais la chance d'avoir des parents qui m'emmenaient à L'Ancienne Belgique. Grâce à eux, j'ai vu sur scène Brel, Bécaud, Aznavour, Brassens, Montand, Ferré et, même un soir dans un cabaret, Boby Lapointe.

- Dans votre enfance, y avait-il une bibliothèque familiale dans laquelle vous pouviez puiser?
- Non, pas de bibliothèque dans l'enfance. Quelques livres auxquels ma mère tenait beaucoup, enfermés dans l'armoire du bureau. Il n'était pas question d'y toucher. Un peu comme chez la petite fille de mon premier roman, "Le grand menu". Mes parents lisaient le Soir et, chaque semaine, le "Pourquoi pas?". J'y repérais les "Dialogues de la semaine" de Virgile. J'accompagnais mon père chez la marchande de journaux :  il m'y achetait le magazine "Belle du ballet" et, de temps à autre, un Bob et Bobette ou un Bessy (il refusait que je lise Tintin). J'avais l'autorisation de lire au lit avant de m'endormir. La lecture avait sans doute, aux yeux de mes parents, une vocation lénifiante, à visée soporifique. Je possédais à cet effet quelques volumes de la Bibliothèque Rouge et Or. Pour la même fonction, mes parents avaient leurs propres livres. Mon père privilégiait les récits d'exploration, et ma mère les policiers. Chez mes grands-mères (ma grand-mère et mon arrière-grand-mère maternelles), les livres étaient plus présents. Elles m'en offraient pour les anniversaires et les fêtes. Comme mes parents travaillaient, j'étais souvent chez elles. Mon arrière-grand-mère était une conteuse magnifique, intarissable. Ainsi, auprès d'elle, dès la petite enfance, c'est à travers la voix que mes mots m'ont structurée. J'évoque cette arrière-grand-mère dans "Décidément, je t'assassine".

- Prêtez-vous facilement vos livres? Mais surtout les récupérez-vous en général aussi facilement?
- Je préfère offrir les livres que les prêter. Cela m'évite d'attendre éternellement qu'on me les rende. Je les achète pour en faire cadeau, mais je ne me défais pas des miens. Depuis quelque temps, j'opère un grand tri dans ma bibliothèque. Je m'efforce de ne garder que peu de choses, les livres que j'aimerais lire ou relire. Ce "peu de chose" occupe tout de même encore douze étagères bien pleines qui montent jusqu'au plafond".

La suite de cette interview dans la revue "Le Carnet et les Instants" que vous pouvez recevoir gratuitement sur simple demande auprès du Service de Promotion des Lettres de la Fédération Wallonie-Bruxelles...

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