mercredi 6 mars 2019

"Félix et la source invisible" (Eric-Emmanuel Schmitt)

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Nouveau roman en 2019 pour Eric-Emmanuel Schmitt :  "Félix et la source invisible", paru aux éditions Albin Michel. Beaucoup de chroniqueurs et journalistes l'ont associé à "Oscar et la dame en rose" et "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran", deux anciens ouvrages de l'écrivain franco-belge.

Eric-Emmanuel Schmitt a confié au groupe "Vers l'Avenir" :   "Ce roman m'est tombé dessus cet été. Je cherchais depuis des années à aborder le thème de l'animisme. J'essayais de le comprendre avec la raison. Or, on ne peut y avoir accès qu'avec l'imagination. Et c'est en relisant la poésie africaine, particulièrement Léopold Sédar Senghor, qu'il y a eu comme un déblocage. Et que j'ai pu enfin écrire ce roman. Enfants, nous sommes tous animistes. Quand nous tapons sur une porte parce que nous nous sommes cognés dessus, nous lui donnons une certaine personnalité. Mais c'est surtout une façon de voir plus loin que ce que le monde nous montre. C'est donner une âme à l'arbre, au vent, au fleuve. C'est considérer que les morts ne sont pas partis puisque leurs âmes restent là. Je voulais raconter l'histoire d'une déracinée qui a choisi de se couper de son passé. Même si on comprend très bien pourquoi, on constate qu'elle s'est perdue en renonçant aux mots et au monde de son enfance. Mais c'est aussi l'histoire d'un amour fusionnel entre une maman et son fils. Jusqu'au moment où Félix se rend compte qu'il a aussi des responsabilités à assumer vis-à-vis de sa mère. Et surtout, qu'il comprend qu'il ne peut pas être tous les hommes pour elle, mais uniquement un fils... Papa Loum apprend aussi une chose fondamentale à Félix :   l'Afrique, c'est l'imagination et l'Europe, c'est la raison. Je pense vraiment que notre monde occidental manque d'espace, de poésie et d'imaginaire".

Il a aussi répondu aux questions de "Maxx", le supplément des quotidiens du groupe Sud Presse : 

"Est-ce important de garder contact avec ses racines?
- Je pense qu'on ne peut pas se couper de ses racines. Et c'est encore plus important aujourd'hui où les gens bougent beaucoup, où il y a une migration énorme, des gens qui resteront toujours dans un pays mais qui sont d'ascendance étrangère. Vraiment, la question de l'identité ne se pose plus comme dans le passé. Quand Homère raconte le destin d'Ulysse, pour Ulysse, redevenir lui-même, c'est rentrer à Ithaque. Mais maintenant Ulysse, il va quelque part ailleurs et ne rentrera peut-être plus jamais à Ithaque. Mais il faut quand même qu'il soit lui. Notre époque nous montre que nous avons plusieurs couches identitaires :  il y a la famille, l'endroit où on est né, la langue dans laquelle on a prononcé nos premiers mots. Si on se coupe de ça, on dérive. On peut ajouter des tas de couches identitaires, mais pas en nier certaines. Les gens qui disent "je ne suis pas l'enfant de", qui coupent avec leur passé, ils vont avoir un retour du refoulé. Et la plupart des dépressions que je vois autour de moi, c'est un retour du refoulé....

- Vous parlez de dépression. Est-ce une maladie que vous avez connue?
- J'ai connu l'espace de quelques heures parfois ce que ça pouvait être, mais personnellement, je ne l'ai pas vécue. Par contre, je l'ai beaucoup vue autour de moi, j'ai beaucoup soutenu des gens qui en souffraient. Je connais très bien les hôpitaux psychiatriques, mais en visiteur. J'ai eu une quasi-dépression pendant mon adolescence, la mort du désir. Je ne voulais plus grandir, plus vivre, je me sentais inapte et j'étais suicidaire. C'est quelque chose d'horrible.

- On voit dans le livre ces gens dont le seul lien est le bistrot de Fatou. Des lieux qui disparaissent aujourd'hui. Que deviennent ces gens sans ce point de rencontre?
- Vous voyez aujourd'hui les Gilets Jaunes? C'est le bistrot :  ce sont des solitudes fracassées qui viennent là et qui échappent ainsi à la solitude. C'est le nouveau bistrot. Ce sont des gens seuls et tout à coup, ils forment une famille, une communauté humaine. C'est d'ailleurs la force de Fatou : elle est la mère de tout le monde. Elle a ce truc de la mère qui est de créer du lien. Moi, ma mère, elle a été capable de faire en sorte que ma sœur et moi, on s'entende. On n'aurait pas été frère et sœur, ma sœur et moi, on ne se serait jamais parlé car on est complètement différent. On s'adore, en étant différent, et c'est le résultat de la bienveillance et de la générosité de ma mère. Il y a cela chez Fatou : elle crée du lien, et ces gens qui n'ont rien en commun, elle les met ensemble.

- Et Fatou, elle n'a que son fils qui joue tous les rôles pour elle. C'est dur pour un enfant, non?
- C'est un rôle que de plus en plus d'enfants jouent dans les familles monoparentales. Félix, il est le fils, mais aussi le père et l'ami. Et celui qui va la sauver".

2 commentaires :

  1. Je n'ai pas été enthousiasmé par ce récit...

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  2. Avant je lisais Eric-Emmanuel Schmitt. Et je suis en train de me demander, avant quoi?

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