Chers amis lecteurs, vous avez un rôle à jouer : soutenez nos librairies indépendantes ! Leur métier n'est pas facile avec la concurrence d'Amazon. La revue "Le Carnet et les Instants" a la bonne idée de les mettre à l'honneur.
Laurence Merveille s'est confiée à la revue à l'occasion des 30 ans de la librairie Antigone qu'elle a reprise à Gembloux :
"La librairie a toujours été une passion et dès que j'ai pu me réorienter, je n'ai pas hésité. En 2001, j'ai travaillé trois mois avec Patrice Gilly qui tenait à l'époque Point-Virgule à Namur, ce qui m'a remise dans l'ambiance et m'a permis de peaufiner mon expérience. C'était une manière de retourner à mes premiers amours, la lecture et la littérature, que m'avaient transmises une prof du secondaire et un père qui emmenait ses enfants une fois par semaine à la bibliothèque.
J'ai une âme d'indépendante. On a cette fibre dans ma famille. J'aime gérer. En secondaire, j'avais opté pour les latines et les sciences économiques. J'avais déjà des notions de gestion avant d'entrer dans la vie professionnelle. Cet aspect est important, car être libraire, ce n'est pas que vivre de la littérature.
Jacques Gérard m'a engagée en octobre 2001, ce qui m'a permis de me familiariser avec la clientèle de la librairie et de nouer des contacts commerciaux avec les bibliothèques et les écoles de l'entité. Jacques faisait tout à la main, avec des cahiers pour la comptabilité où il notait tous les mouvements, des feuilles de commande, etc. Il allait chercher lui-même les colis chez les distributeurs de l'époque. Cela prenait beaucoup de temps. Avec l'informatique, l'image de la librairie s'est améliorée, car la clientèle a constaté une nette amélioration dans la gestion des commandes et dans la rapidité des livraisons. Cela l'a encore plus fidélisée. Cela fait donc bientôt 20 ans que j'ai repris Antigone.
D'abord, l'accueil et le conseil. Les clients viennent chez moi parce que je lis les livres que je vends. Je leur raconte les histoires, leur dis si c'est bien écrit. Je ne peux pas tout lire évidemment, mais je peux les orienter dans la masse des livres qui sortent toutes les semaines. Je suis de près l'actualité littéraire en lisant la presse, même si je n'en vends pas. Je m'informe aussi avec "Le Carnet et les Instants". C'est important d'être curieux.
Le service est l'un de mes atouts également. Je n'ai pas peur de chercher et de commander un livre édité par un petit éditeur français. Les clients savent que je me décarcasse pour eux. C'est important également de nouer des partenariats. Ma libraire est installée à côté du collège d'enseignement secondaire Saint-Guibert. Depuis 2003, la librairie s'occupe de sa rentrée scolaire, ce partenariat est très positif pour les deux parties. J'ai aussi des relations avec la faculté de Gembloux.
Autre clé : avoir un bon comptable, en qui on a confiance, à qui on ose poser des questions. Sans oublier le commercial : je suis très impliquée dans l'essor économique de la ville comme membre de l'Union des Indépendants de Gembloux. J'aide à l'organisation de manifestations dans le centre. J'ai recours à la monnaie locale. J'aime assurer moi-même des animations avec des auteurs. J'y retrouve un plaisir de ma formation de romaniste, celui de l'analyse d'un texte. Cela me stresse, mais je passe outre".