- Défendre une idée justifie-t-il le fait d'abandonner ses propres enfants ?
- C'est l'angle mort de cette histoire. Personne ne comprend, surtout pas ses enfants. Mais nous étions en 1942 et Marina était russe. Elle n'avait pas exactement le même rapport à la violence, à la mort, à l'au-delà. Elle était extrêmement pieuse, hyper religieuse. Tout cela a dû jouer.
- Dans cette histoire, personne n'est tout blanc ou tout noir. Vous arrivez à vous dire que chacun a ses raisons ?
- Pas du tout. J'ai même plutôt tendance à devoir me réfréner. Dans la vie, je pense que ne pas juger est une faute morale. Dans les livres, par contre, juger est une faute esthétique. Juger ses personnages, c'est insupportable. Je ne sais pas pourquoi je suis à ce point contradictoire. J'ai un peu de mal avec les donneurs de leçons. Et puis, ici, j'étais aussi dans l'obligation de ne pas juger mes personnages puisque la plupart d'entre eux ont encore de la descendance. On pourrait croire, à tort, qu'on peut s'emparer de cette histoire comme si de rien n'était car elle a eu lieu il y a 80 ans... Mais non, il faut encore faire preuve de précaution.
- C'était la première fois que vous écrivez un roman historique. L'exercice vous a plu ?
- Oui. Même si au départ, je me disais que ce n'était pas pour moi. A ce moment-là, je ne pensais pas que ce quelqu'un pouvait être moi. Je ne suis pas historienne, je ne savais pas comment chercher mes sources. J'étais assez démunie, désorientée mais heureusement, les portes se sont ouvertes. J'ai toujours aimé les vieux journaux, les archives, la désuétude du passé...mais ce n'est pas une motivation suffisante. Je crois que le sujet d'un roman doit être profondément vital, sans qu'on ne sache toujours l'expliquer. Qu'on doit avoir l'impression qu'on va s'effondrer si l'on ne continue pas à creuser".
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